1.4.2. Jocelyne Arquembourg : l'événement
et les médias
Son article est une réflexion sur
l'événement médiatique qui, mettant en son centre la
relation entre factualisation et événementialisation, renouvelle
cette problématique qui s'écarte résolument des
perspectives médiacentriques, fréquentes lorsqu'il s'agit
d'étudier la construction médiatique d'une affaire ou des
problèmes sociaux. L'auteur met en évidence la
multiplicité des interactions qui conduisent à une forme de
récit médiatique original, notamment du fait que plusieurs
actions médiatiques visent un évènement et que la
prolifération de ces actions interroge le lien entre l'information et la
solidarité.
L'article de Jocelyne tente de resituer le lien qui fait
l'originalité et la distinction phénoménologique entre
fait et événement d'une part et de l'autre la complexité
des interactions liées à la dimension sociale de
l'événement. Pour mettre cela en évidence, Jocelyne
s'appuie sur une double comparaison de collecte des faits. Ce qui permet de
distinguer les structures sous-jacentes à la mise en intrigue, les
cadres d'interprétation et la disparité des relations.
L'idée d'opposer la réalité à sa
représentation est en revanche heureusement absente des travaux qui se
focalisent sur la construction discursive des événements.
Très souvent, les analystes du discours, indique l'auteur,
intègrent le sujet langagier oubliant le concept
d'événement ou sa composante narrative.
Pendant la période de campagne électorale, il
serait vrai de faire remarquer que les médias de Mbujimayi ont
certainement traité certains sujets de manière massive. Ce qui a
expliqué leur solidarité dans la diffusion des mêmes
informations. Ils se sont donc rués sur les mêmes
événements de manière à forcer le public à
adhérer à leurs représentations. Nous estimons que les
événements politiques diffusés pendant la campagne
électorale sont par nature des faits bruts. Ils ont subi une certaine
influence grandissante des médias qui a fait que l'on tend vers
l'événementialisation de ces derniers.
1.4.3. Gregory Derville : Le pouvoir des
médias
Derville (2013) tente d'apporter des réponses relatives
à la prétendue omnipotence des médias ou à leur
influence néfaste sur la démocratie. Ce livre destiné aux
étudiants et au grand public entend faire preuve de clarté et de
pédagogie. Il est structuré en deux parties respectivement
consacrées à une approche sociologique et historique de la
question du pouvoir des médias. Nous ne pouvons rendre compte de la
totalité des chapitres et ne mettons l'accent que sur le premier
chapitre.Dans son introduction, le chercheur rappelle à juste titre le
rôle que jouent les médias, les instituts de sondage ou les
conseillers en communication. La première partie est consacrée
à un historique du traitement réservé par la sociologie au
pouvoir authentique ou supposé des médias.
Le premier chapitre met l'accent sur l'influence
exercée sur la vie citoyenne et la politique politicienne par la
propagande qui se définit comme un type de discours à
visée persuasive enjoignant explicitement le récepteur de penser
ou d'agir d'une façon précise. L'auteur passe en revue les
premières apparitions de la propagande dans l'histoire politique
occidentale du XX Siècle et s'interroge sur le degré
d'efficacité dans la propagande dans les différentes situations
ou desquelles elle a été mobilisée. Si les premiers
travaux sur la propagande prêtaient à celle-ci un pouvoir sans
limites et une capacité à duper les foules et les manipuler les
esprits, les recherches ultérieures ont largement permis de relativiser
cette conception initiale.
Ce que les sociologues des médias ont appelé le
paradigme des effets puissants qui définit une relation entre le public
et les médias,c'est pensée le point de vue de la
dépendance, du conditionnement ou de la manipulation. C'est ce qu'on a
désigné un peu plus tard par l'expression « seringue
hypodermique » et qui laissait entendre qu'un émetteur pouvait
injecter n'importe quelle idée ou injonction dans l'esprit de n'importe
quel individu.
L'auteur explique que la persuasion dépend
principalement des habitudes de l'individu. En effet, les messages auxquels il
s'expose en priorité sont plutôt ceux qui le confrontent dans ses
opinions, ou qui du moins, le concernent personnellement. Derville clôt
le premier chapitre en affirmant qu'il n'y a pas aucune raison valable de
croire en l'omnipotence des médias, car leur influence est
médiatisée par l'appartenance sociale des individus, par leurs
prédispositions psychologiques et par les codes culturels à
partir desquels ils interprètent les messages reçus.
L'auteur isole trois effets persuasifs de l'information
médiatique. Le premier, l'effet d'agenda, considère les
médias comme capables d'exercer un impact fort sur l'opinion publique,
en orientant son attention sur un nombre limité d'enjeux. Le second,
l'effet de cadrage, concerne la capacité de l'information à
cadrer les enjeux publics et orienter le point de vue des individus. Le
troisième, l'effet d'amorçage, concerne l'influence de
l'information sur certaines situations sociales et politiques. Derville
conclut que l'effet des médias sur le public passe par le fait que les
contenus qu'ils diffusent et influencent sur le long terme et sans
volonté persuasive apparente notre façon de voir le monde :
« les contenus médiatiques (discours, métaphores,
vocabulaires) façonnent nos catégories de perception et de ce
fait ils contribuent à construire la réalité dans laquelle
nous évoluons ».
Dans ce mémoire, nous concevons l'idée que les
médias sont capables d'exercer un impact fort sur l'opinion publique, en
orientant son attention sur un nombre limité d'enjeux. Pendant la
campagne électorale, il a été plus facile de voir comment
les médias de Mbujimayi ont pu focaliser leur attention sur certains
sujets ou certaines personnalités politiques. Etant tenus par l'enjeu de
captation qui s'inscrit globalement dans la concurrence médiatique, les
médias de Mbujimayi ont effectivement recouru à de nombreux
procédés pour maintenir l'attention du public sur les situations
politiques au pays.
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