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Médias de Mbujimayi et le traitement des informations politiques pendant la campagne électorale de 2018.


par Ronsard Luabeya
Université de Mbujimayi - Licence en journalisme 2018
  

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1.4. INFORMATION COMME EVENEMENT

1.4.1. La construction de l'évènement

Envisager l'information comme étant événement en amont exige qu'on interroge le processus de construction de l'événement par les médias. Lorella Sini (2015) pense que pour que le fait se transmute en événement, il faut qu'une dynamique événementielle soit enclenchée, ce processus, appelé « événementialisation », construit une identité sociale en conférant au singulier des significations collectives qui le sémiotisent, en quelque sorte, en lui conférant par là-même le statut de fait institutionnel et politique.

Dans cette approche sémiotique de l'événement, Lamizet et alii (2013) considèrent que l'événement est un constituant identitaire de par sa médiation. Il se manifeste sur une échelle spatio-temporelle aussi bien que par sa mise en forme narrative et esthétique. Qu'il soit réel, symbolique ou imaginaire, l'évènement mis en scène par les médias se décline sous des formes sémiotiques multiples qui participent à la construction du sens et de l'interprétation qu'on pourra lui donner. Aux différents niveaux de temporalité qui structurent l'événement « le temps réel » et sa mise en récit « le temps symbolique », s'ajoute toute une sémiotique de l'espace qui évoque « la scène événementielle » des faits d'actualité et de leurs représentations médiatiques.

Selon ces auteurs, l'événement se présente comme ayant à la fois des bornes spatiales et temporelles. « La sémiotique de l'événement se fonde sur une sémiotique politique de la spatialité ». L'espace-temps qui s'exprime en rapport avec le sujet de l'énonciation, est inscrit dans les formes linguistiques :

· Le présent renvoie à l'actualisation empathique

· Le passé renvoie à la distanciation

· Le futur et le conditionnel renvoient à l'imagination ou à la volonté.

Dans une dynamique de construction, de constitution, de mise en forme ou encore de préfiguration, Laura Calebrese (2013 : 114-115) conçoit que l'événement est soumis à un processus de mise en sens par les médias, parmi d'autres institutions sociales qui y participent ultérieurement dans une plus ou moins grande mesure. L'événement médiatique, loin d'être un produit original du méta-énonciateur, se construit selon des normes collectives d'un stock social de connaissances et en fonction de scripts façonnés par les imaginaires professionnels qui anticipent les attentes du public. Selon l'auteure, l'événement médiatique, résultant d'une pratique sociale et discursive, est une représentation dynamique, produite collectivement dans la cité par un certain consensus, son expression reflète les habitus linguistiques de tel ou tel organe de presse, des formulations en partie prévisibles mais que l'auditoire peut toujours à son tour remodeler.

Pour Pascale Goestshel et Christophe Granger (2011 :7-23), la question de constitution de l'événement mérite d'être saisie pour prendre en compte les procédés rhétoriques ou figuratifs qui, explorant les ressources de sa mise en récit, lui donnent corps et en façonnent durablement l'intelligibilité de la dramatisation à la distanciation didactique, de l'allégorie à la mise en scène réaliste, sans oublier les stratégies d'occultation ou d'euphémisation. Ces auteurs estiment que l'événement produit doit posséder les propriétés requises pour accéder au marché médiatique sur lequel se négocient désormais l'existence, la signification et parfois l'issue des mobilisations collectives. L'événement mobilise les ressources morales (justice, bon, droit) et affectives (attendrissement, indignation, révolte) propres à émouvoir le public, à se sentir concerné ou à prendre comme fait et cause.

Patrick charaudeau (2000) propose que la construction d'un événement par les médias se fait selon trois principes : de perception, de saillance et de prégnance. Le principe de perception implique que l'être humain soit en mesure de voir ce qui est modifié dans le monde. Ce serait le rôle des médias de le faire percevoir, mais cela renvoie au problème de la sélection. Le principe de saillance implique qu'un évènement serait d'autant plus mieux perçu et aurait d'autant plus d'intérêt qu'il briserait le continuum des routines et des normes. Les médias ne se privent pas de la mise en évidence. Le principe de prégnance implique qu'on saisisse d'autant mieux la signification d'un évènement dans de systèmes de référence déjà connus. Les médias cherchent, à cette fin, à décrire et commenter les évènements en s'appuyant sur ces systèmes de références, les plus larges possibles.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote