1.4.4. Les incidences sociodémographiques des
exploitations minières
La concentration humaine sur les sites d'exploitation
minière qui sont une source d'enrichissement rapide et facile, y
provoque une certaine dépravation des moeurs qui débouche sur le
développement de la délinquance, la prostitution, l'usage des
stupéfiants et l'escroquerie (HUMAN RIGHT WATCH, 2011).
En outre, ces phénomènes migratoires concourent
à la dégradation des conditions de vie dans les zones
minières. Pour FREDERIC T. (2013), la croissance de la population dans
les environs d'une mine peut générer une forte pression sur les
services sociaux comme la santé, l'éducation, le logement et le
commerce et par contrecoup établir les bases d'une paupérisation
plus aigüe des populations pauvres. La hausse des prix des loyers par
exemple oblige les familles dont un membre ne travaille pas dans la mine
à avoir recours à des logements de
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fortune. Ce qui peut à la suite avoir un retentissement
sur leur qualité de vie et sur l'apprentissage des enfants.
Une autre conséquence de la croissance de la population
dans les localités abritant des industries minières est la
naissance de conflits. La recherche immodérée du gain qui anime
les ouvriers sur les sites d'orpaillage peut entrainer une rivalité et
semer les germes de conflits.
Les nombreuses crises que la RDC a connues avaient pour motifs
l'accès, le contrôle ainsi que la commercialisation de cinq
ressources minérales de première importance qui sont le
colombotantalite, le diamant, le cuivre, le cobalt et l'or (OGP, 2010
cité par ALLOU T. 2015).
Toutefois, des conflits peuvent aussi naitre entre les
populations autochtones des sites d'industries minières qui
généralement ne bénéficient pas de la richesse de
leur sous-sol et les travailleurs étrangers (FREDERIC T., 2013), qui ont
une bien meilleure qualité de vie. Les populations locales nourrissent
donc le sentiment de frustration qui peut très vite entrainer des
révoltes.
1.4.5 Les mines : facteur de développement local
En vue de se faire accepter dans les communautés, les
exploitants miniers se prêtent souvent à la réalisation
d'infrastructures dans les zones abritant les sites miniers. En effet, «
l'évolution de la responsabilité sociétale d'entreprise
(RSE) a amené l'industrie minière a admettre que mettre en oeuvre
des programmes de développement communautaire et avoir conscience des
responsabilités sociales sont rentables. » (CEA, 2011).
Ainsi les différentes sociétés
minières en exercice dans le département de Bouaflé ont
investi dans la construction ou la réhabilitation d'infrastructures
éducatives, sanitaires, et sportives dans les villages directement
impactés par l'activité minière. Pour ce qui concerne la
Compagnie Minière d'Afrique (CMA,) les villages Allahou Bazi et Angovia,
ont bénéficié d'abord au niveau éducatif à
la réhabilitation de trois (3) classes avec bureau et des logements
d'enseignants. La société a par la suite construit le logement
des directeurs. Au plan sanitaire, la compagnie a doté Allahou-Bazi et
Angovia d'un dispensaire rural avec deux (2) logements du personnel et d'une
Hydraulique Villageoise Amélioré (HVA) plus quatre (4) fontaines
pour l'amélioration des conditions de vie des populations. Au niveau
sportif, un (1) terrain de football a été aménagé
respectivement à Allahou-Bazi et à Angovia (KOUADIO A.C.,
2015).
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Dans cette même logique, la compagnie Randgold Resources
qui exploite la mine d'or de Tongon dans le Nord Ivoirien a consacré 379
918 200 FCFA aux projets de développement communautaire en 2015. Deux
(2) centres de santé et six (6) salles de classe ont été
construits dans la communauté limitrophe de même qu'un barrage de
faible capacité à Kofiple et des installations de soccer
récréatif au village de Tongon. À Kationron, des rues du
village ont également été ouverte (RANDGOLD RESOURCES,
2015).
A Hiré la situation n'est pas différente. La
société Newcrest qui exploite la mine a investi 520 millions de
FCFA entre 2010 et 2011 dans la construction d'infrastructures de base (eau,
santé, route, éducation, électricité). Petit
Bouaké par exemple a bénéficié d'une école
primaire, Hiré d'un stade et Bouakako de logements pour les enseignants
(ALLOU T., 2015).
L'activité minière apparait comme une source de
développement économique pour les pays qui possèdent un
sous-sol riche. L'impôt prélevé sur les exploitations et
les dividendes économiques des Etats sur les revenus miniers contribuent
à la croissance économique. En outre cette activité
contribue à atténuer le chômage, à la
réalisation d'infrastructures sociales de base et à lutter contre
la pauvreté dans certains pays avec les nombreuses opportunités
d'emploi tant directs qu'indirects qu'elle offre aux populations.
Parallèlement à ces incidences positives sur la vie
économique, il ne faut pas négliger les conséquences
négatives de l'activité extractive qui sont d'ordre
environnemental, sociodémographique et sanitaire. Mais vu que c'est une
activité qui continuera de se développer corollairement à
l'urbanisation croissante dans le monde, il devient impératif de
l'inscrire dans le cadre de la durabilité.
1.5.Pour une industrie extractive durable
Plusieurs mesures sont prises pour amenuiser les effets
néfastes des exploitations minières et faire d'elles un secteur
bénéfique aux Etats, aux firmes industrielles et aux populations.
Ainsi pour le PNUE (2008) il serait important pour les Etats de mettre en place
des textes et lois en vue d'exploiter en réduisant les risques de
contamination des populations liées aux résidus miniers.
Par ailleurs la Commission Economique Africaine (CEA, 2011)
pense que Les gouvernements doivent mettre en place, sinon renforcer les cadres
régissant l'évaluation, la gestion et la règlementation
des impacts négatifs des mines. Ils doivent également renforcer
les capacités et l'efficacité des organismes de régulation
et améliorer la manière dont ces institutions interagissent avec
les nationaux, en particulier ceux affectés par les mines.
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Pour le programme régional de l'Union Internationale
pour la Conservation de la Nature (UICN, 2008), il faut encourager un
environnement politique, économique, social favorisant une gestion et
une utilisation durable des ressources naturelles, tant terrestre que
maritimes. Ainsi, les exploitations minières se doivent de concevoir des
méthodes pour limiter les impacts sociaux et pour valoriser les
retombées positives.
Cependant, un autre défi des compagnies minières
est de se faire accepter par les communautés locales. Ainsi, elles se
doivent donc faire comprendre aux communautés dans quelles mesures leurs
activités peuvent aussi contribuer au développement local
(DESHAIES M., 2007).
Les activités d'exploitation minière doivent
alors être bénéfique à toutes les parties prenantes
(Pouvoir publics, communautés, entreprises). Pour BOTTIN J. (2009)
cité par BRUNO B. et FRANCIS S. (2016) , les politiques de
développement durable dans le secteur minier doit correspondre à
une « approche de gestion qui intègre efficacement les questions
économique, environnementales et sociales dans les opérations,
visant à créer des avantages à long terme pour les parties
prenantes, y compris les actionnaires, et à assurer le soutien, la
coopération et la confiance des communautés locales dans laquelle
l'entreprise évolue ». Pour cela, la chaire en éco-conseil
(2012) définit trois bases prioritaires en vue d'opérationnaliser
la durabilité dans l'industrie minière. Ce sont le renforcement
de la mise en oeuvre de la responsabilité sociale d'entreprise (RSE) ;
l'implication des partie prenantes dans la prise des décisions et le
rôle du secteur public.
En somme, nous pouvons dire que les écrits
consultés traitent en essences de l'approche définitionnelle du
développement, des formes et types d'exploitation minière ainsi
que de leurs impacts économiques, environnementaux, sanitaires et
sociodémographiques. Toutefois la question relative à la
contribution de la mine d'or de Sissingué au développement de la
souspréfecture de Kanakono n'a pas encore été
abordée. Cela explique l'importance de mener cette étude en vue
de connaitre les effets de la mine d'or de Sissingué sur le
développement de la sous-préfecture de Kanakono.
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