2. PROBLEMATIQUE
L'économie de plantation fut introduite en Côte
d'Ivoire par la puissance coloniale. Après la pacification de la colonie
en 1880, l'étape suivante consistait pour les colons d'entamer
l'exploitation de celle-ci par la mise en valeur de ses potentialités
naturelles. Ainsi, fut mises en place les économies cacaoyères et
caféières (SOUMAHORO M., 2006). Les colons français ont
ainsi mené plusieurs actions en vue de développer les
économies cacaoyères et caféières qui existaient
déjà dans la Région de Tabou avec une petite production
indigène de café et de cacao intégrée à
l'économie côtière libérienne. À cet effet,
ils ont entrepris la diffusion de l'économie de plantation,
importé certaines variétés de café et de cacao,
créé des stations agricoles et des formes d'encadrement, et
encouragé les migrations de travail (CHAVEAU et DOZON, 1985).
Après les indépendances, le système
économique du pays n'a pas considérablement changé. Au
contraire de nombreux efforts ont été fournis pour élargir
la brèche ouverte par la puissance coloniale, en développant les
spéculations agricoles que sont le café et le cacao (Cogneau D.
et Mesple-Somps S, 2002) mais aussi en introduisant de nouvelles espèces
telles que l'anacarde, le coton etc. La réussite de cette politique
économique a permis à l'Etat ivoirien d'enregistrer une
excellente performance économique dans les deux décennies post
indépendance. Cette performance a occasionné l'initiation d'un
ambitieux programme de développement des infrastructures et
d'équipements sur le plan national (KOFFI Y.S.K, 2012).
Toutefois, la chute des cours des matières
premières agricoles sur le marché international associée
à l'envolée spectaculaire du cours du pétrole (KOFFI
Y.S.K, 2012), précipitera le pays dans une crise économique dans
les années 1980. Une diversification des sources de revenu de l'Etat
s'est ainsi imposée aux autorités. De ce fait, la valorisation
d'autres secteurs d'activité comme celui des mines fut donc
initié. La Cote d'Ivoire dispose en effet d'énormes
potentialités minières. Pour ce qui est de l'or, le
ministère de tutelle estimait en 2014 le potentiel à 600 tonnes.
La volonté des autorités de faire du secteur extractif le second
pilier de l'économie du pays se traduira par une révision de la
législation minière (KOFFI Y.B. et al. 2014). En effet, pour
attirer les transnationales minières, l'Etat ivoirien s'est
engagé dans un processus d'amélioration de la gouvernance
minière afin d'optimiser la production et de la diversifier. Pour la
circonstance, un nouveau code minier (Loi N°2014-138 du 24 Mars 2014) plus
attractif pour les investisseurs et en cohérence avec les principes de
transparence de traçabilité et de responsabilité
sociétaire fut adopté. Corollairement, l'afflux des
transnationales minières vers le pays débouchera sur la
découverte et la mise en exploitation de nombreux
18
gisements miniers tels que celui Sissingué dans le Nord
du pays. Cette mine est située dans la sous-préfecture de
Kanakono et est exploitée par la société australienne
Perseus Mining Limited (PML) depuis le début de l'année 2018.
Cette transnationale y détient une participation de 86%, le gouvernement
ivoirien 10% et 4% pour des entreprises locales (PML, 2018)
Les textes régissant le secteur minier en Côte
d'Ivoire font des exploitants miniers des acteurs du développement de
leurs arrière-pays. Dans un tel contexte, la mine d'or de
Sissingué représente un important motif d'espoir pour les
populations de la sous-préfecture de Kanakono quand le Document
Stratégique de Réduction de la Pauvreté (DSRP, 2002)
présente cette zone du pays comme l'une des plus pauvres. Par ailleurs
elle est en proie à un sous-équipement. Ainsi, l'on se demande
comment l'exploitation de la mine d'or de Sissingué participe-t-elle au
développement de la sous-préfecture de Kanakono ?
De cette question centrale, découlent trois autres qui
sont :
· Quelles sont les caractéristiques de la mine d'or
de Sissingué ?
· Comment expliquer les incidences socio-économiques
et spatiales issues de l'exploitation de la mine d'or de Sissingué ?
· Quelle analyse fait-on des effets résultant de
l'exploitation de la mine d'or de Sissingué ?
|