5.1.1 Le débat, un préalable
nécessaire
Un ancien cadre, alors artisan de la
décentralisation sanitaire nous confiait qu'une des insuffisances de la
politique de décentralisation sanitaire est sans conteste le manque de
débat aussi bien à l'interne qu'à l'externe. La conduite
du processus avait été confiée à un noyau de cadres
convaincus de la nécessité d'une telle réorganisation du
système de santé, qui ne rendaient compte qu'au ministre de la
santé. Il eut peu d'échanges avec les autres acteurs du
ministère. Cette situation s'expliquerait par le fait que la mise en
oeuvre a été engagée sous pression de la Banque mondiale
et qu'il fallait faire les choses selon les exigences des bailleurs de fonds.
Le ministère n'a pas voulu d'un débat car, les
incompréhensions et les tensions qui en résulteraient,
constitueraient sans nul doute de sérieux obstacles.
Il reste que les conséquences de cette
situation pèsent lourdement sur le fonctionnement des districts. En
effet, cette façon de procéder a généré des
mécontents au sein du ministère qui sont, si on peut l'exprimer
ainsi les opposants à cette politique et s'investissent assidument pour
prouver son impertinence. Ce qui fait qu'à chaque changement de
ministre, on note une rupture dans la marche du processus ; des
activités sont supprimées, de nouvelles directives sont mises en
circulation souvent en contradiction avec des textes en vigueur.
Une autre conséquence de l'absence de
débat s'exprime dans la faible participation des populations dans la
gestion des districts sanitaires. Les structures dites communautaires mises en
place à la faveur de la décentralisation sanitaire ne sont la
plupart que l'ombre d'elles sans une emprise réelle sur la gestion des
services de santé qui est resté confinée entre les mains
du personnel médical et paramédical. Des échanges francs
et simples assortis des séances de sensibilisation auraient permis aux
populations de prendre conscience de leurs devoirs et de comprendre qu'elles
peuvent et doivent demander des comptes aux gestionnaires des questions de leur
santé. Comment les populations peuvent-elles jouer pleinement leurs
rôles dans l'ignorance. Il aurait fallu un débat tant avec les
acteurs à l'interne qu'à l'externe pour aplanir
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Analyse de la politique de décentralisation du
système de santé du Burkina Faso
certaines divergences, lever des équivoques,
toute chose favorable à une participation et une adhésion des
différents acteurs. Un débat aurait permis de prendre compte les
préoccupations de tous les acteurs et d'agir en
conséquence.
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