4.2.4. 4 La suspicion
La suspicion se caractérise par le manque de
confiance entre les acteurs. Soit on doute de la compétence des autres,
soit on reste septique quant à leur bonne foi. Cette situation conduit
à la méfiance ou à un contrôle poussé de
l'autre. Cette façon de penser et d'agir caractérise
l'intervention de certains acteurs dans le processus de mise en oeuvre : il
s'agit des agences de coopération bilatérale et
multilatérale, de certaines ONG. Elles n'ont pas confiance à
l'administration publique dans son ensemble et aux agents de l'Etat en
particulier. Une telle façon de concevoir les rapports n'est pas sans
conséquence sur la collaboration et s'illustre par la complexité
et la lourdeur des outils de gestion que ces institutions imposent aux agents
de l'Etat à chaque fois qu'elles interviennent dans le processus. La
rigueur de gestion qui prétend
41
Analyse de la politique de décentralisation du
système de santé du Burkina Faso
caractériser les institutions de
coopération crée sans nul doute des désagréments et
des ratés qui ralentissent la progression du processus. Un directeur de
service regrettait le fait que des districts n'arrivent pas épuiser les
fonds mis à leur disposition par l'UNFPA, tout simplement à cause
des péripéties des procédures administratives. Ce que ces
institutions exigent dépassent dans nombre de situation, les
compétences du personnel disponible dans les districts.
(Enq02).
4.2.4.5 L'évitement
« Nous avons qualifié cette
stratégie d'évitement dans la mesure où elle fait
référence à des comportements humains cherchant à
tout prix à éviter la survenue d'un conflit direct entre les
acteurs sociaux ». (Ridde, 2005) Le but de l'évitement poursuit
l'auteur, est l'instauration et la pérennisation de la paix sociale.
Pour ce faire, il est essentiel d'empêcher l'éclatement des
conflits, des poursuites judiciaires et autres sanctions à même
d'entamer les bonnes relations indispensables à la
collaboration.
L'évitement s'exprime dans le refus de
dénoncer les agents qui se répandent dans des comportements peu
orthodoxes, qui inhibent l'utilisation des services de santé et le
fonctionnement des structures d'appui. Afin de sauvegarder la cohésion
sociale, certains membres des CoGes ne s'aventurent pas à s'opposer de
façon affichée et tranchée à certaines
dérives des présidents ou des trésoriers dont la gestion
compromet l'avenir de leur CSPS. Cette logique guide nombre d'acteurs dans
leurs relations avec les autres. Nous pensons que cette façon de se
conduire ouvre la voie à toutes de sortes de dérives dans la
gestion des districts.
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