1. INTRODUCTION
1.1 Justification du stage
Depuis la rentrée académique 2005-2006,
l'université de Ouagadougou à travers l'Institut Supérieur
des Sciences de la Population (ISSP) a initié un programme de formation
sur les questions de population et santé avec pour objectifs de disposer
pour la sous région en cadres à même d'analyser les
problèmes de population et santé, formuler des politiques, mettre
en oeuvre les programmes issus de ces politiques, faire également les
suivis et les évaluations y afférentes. Cette formation accorde
une importance en analyse des politiques en dotant les étudiants de
compétences pour leur permettre non seulement d'adresser des critiques
aux programmes formulées mais aussi de faire des recommandations
réalistes et pertinentes dans l'optique d'une meilleure
amélioration tant dans l'élaboration que dans la mise en oeuvre
des politiques. A ce titre la formation vient à point nommé vu
que les déficits dans l'identification des priorités, la
détermination des d'objectifs, le choix des instruments et
stratégies, tous éléments préalables à la
formulation des politiques sociales, restent une réalité palpable
dans les pays de l'Afrique subsaharienne. Nous avons eu la chance de faire
partie de la première cohorte de cette formation inédite dont la
fin est sanctionnée par un stage autour d'un thème en rapport
avec les questions de populations et santé.
C'est ainsi que nous avons sollicité et obtenu
un stage au sein de Cellule d'Appui à la Décentralisation du
Système de Santé (CADSS). Cette structure est logée au
niveau du secrétariat général du ministère de la
santé avec pour mission de suivre, d'évaluer et d'orienter la
mise en oeuvre de la politique de décentralisation du système de
santé. Notre séjour à la CADSS nous a permis non seulement
d'accéder à certaines données mais aussi et surtout
faciliter notre contact avec des personnes ressources et d'autres structures
partenaires. Nous y avons passé six semaines.
8
Analyse de la politique de décentralisation du
système de santé du Burkina Faso
1 .2 Contexte de l'étude
Le Burkina Faso a entrepris depuis les années
1980, une réforme de son système de santé sous
l'inspiration de l'OMS (Organisation Mondiale de la Santé) et
l'impulsion de la Banque Mondiale. Après la conférence de Alma
Ata tenue en 1978, le Burkina Faso, à l'instar de nombre pays du
continent, a ratifié la charte de développement sanitaire de la
région africaine d'ici l'an 2000, qui était fondée
essentiellement sur les soins de santé primaires comme stratégie
pour atteindre l'objectif de la «santé pour tous d'ici l'an 2000
».
De nombreuses autres initiatives ont été
développées sur le continent pour impulser une véritable
dynamique à la promotion de la santé. On peut citer la
conférence de Lusaka (Zambie) en 1985, celle de Harare (Zimbabwe) en
1987 et enfin celle de Bamako(Mali) en 1987. Le Burkina Faso a participé
à toutes ces conférences et a adhéré à
toutes les résolutions qui y ont été prises. En 1992, un
atelier national sur le renforcement des sons de santé primaires s'est
tenu à Bobo Dioulasso, avec pour but la définition des
orientations générales de la politique nationale en la
matière. Ce fut le début de la mise en application de
l'Initiative de Bamako. C'est en ce moment que le système de
santé a connu une restructuration avec une pyramide à quatre
niveaux : les CSPS (Centre de Santé et de Promotion Sociale), le Centre
Médical avec Antenne Chirurgicale(CMA), le Centre Hospitalier
Régional(CHR), le Centre Hospitalier National(CHN). Sur le plan
administratif, le système de santé comprend trois niveaux : le
niveau central, le niveau intermédiaire avec les Directions
Régionales de la Santé et enfin les districts sanitaires. Depuis
1994, en ce qui concerne les districts, les efforts convergent vers
l'opérationnalisation de ces entités par la construction
d'infrastructures, d'équipement, de renforcement des capacités
des acteurs, d'une mise en place de structures d'appui.
Aussi, afin de disposer d'un cadre de
référence pour toutes les interventions dans le domaine de la
santé, le gouvernement a adopté en 2000 la première
politique nationale de santé de son histoire. Pour donner effet à
cette politique, un plan national de développement sanitaire (PNDS) a
été élaboré pour la période 2001-2010. Le
PNSD qui poursuit 8 objectifs et 22 objectifs spécifiques, a
été adopté en juillet 2001. Pour faciliter sa mise en
oeuvre, des plans triennaux sont
9
Analyse de la politique de décentralisation du
système de santé du Burkina Faso
élaborés régulièrement. Au
moment où nous rédigeons ce document, le PNDS vient de boucler
son premier plan triennal. Le rapport d'évaluation mentionne que «
on peut conclure que le PNDS a obtenu d'importants résultats en
matière de réforme du secteur de la santé et de
l'amélioration de certains indicateurs de santé. Un des
résultats probants est l'extension géographique de la couverture
sanitaire à travers la normalisation1 de 65% des dispensaires
et maternités. L'amélioration de l'accessibilité
financière n'est pas clairement documenté par le PNDS »
(Ministère de la santé, 2005).
La communalisation intégrale est de nos jours
une réalité au Burkina. En effet, le processus entamé en
1992 avec les premières élections municipales qui avaient
consacré 45 localités en commune, s'est poursuivi avec la
division du territoire en 13 régions avec chacune à sa tête
un gouverneur ; 305 communes rurales ont été crées ainsi
des conseils régionaux. Le code général des
collectivités territoriale en ses articles 7 et 13 précise que :
« Le Burkina Faso est organisé en collectivités
territoriales. La collectivité territoriale est une subdivision du
territoire dotée de la
personnalité juridique et de l'autonomie
financière. Elle constitue une entité
d'organisation et de
coordination du développement. Les
collectivités territoriales sont : la région et la commune »
. Cependant, cette avancée significative sur le chemin de la
démocratie ne sera pas sans conséquence sur la
décentralisation du système de santé en cours.
Au regard du niveau de quelques indicateurs de
santé du moment, on note que la santé des populations tarde
à s'améliorer tel que souhaitée. Les réformes
mettent du temps à produire les effets escomptés. Le tableau
suivant donne un aperçu sur quelques indicateurs de
santé.
1 Normaliser un dispensaire ou une maternité,
c'est la transformer en un CSPS qui comprend : une maternité, un
dispensaire, quelques salles d'observation, un dépôt
pharmaceutique, un forage, des logements pour l'infirmier et l'accoucheuse
auxiliaire.
10
Analyse de la politique de décentralisation du
système de santé du Burkina Faso
Tableau 1 : Tendance de quelques indicateurs de
santé
Indicateurs
|
1995
|
2000
|
2005
|
Prévalence de la malnutrition (pour
100)
|
|
|
15, 26
|
Taux de mortalité infantile (pour1000)
|
93,7
|
105,00
|
83
|
Taux de mortalité maternelle (pour
1000)
|
566
|
484
|
484
|
Taux de couverture prénatale (pour
100)
|
47, 77
|
61,05
|
79,97
|
Prévalence contraceptive (pour 100)
|
8,32
|
11,84
|
21,89
|
Taux d'utilisation des formations sanitaires (pour
100)
|
18, 17
|
20,56
|
34,08
|
Source : Annuaire des Statistiques de santé
2005/DEP/Ministère de la santé
La réflexion pour aboutir à un
système de santé performant à même de permettre
d'améliorer l'état de santé des populations s'impose.
C'est dans ce sens que, nous avons choisi de travailler sur le thème:
« Analyse de la politique de décentralisation du système
de santé du Burkina Faso ». Nous comptons de ce fait, apporter
notre modeste contribution au débat sur la réorganisation du
système de santé dans l'optique de l'adapter aux besoins et aux
conditions de vie des populations.
|