4.2 Facteurs d'influence de la mise en oeuvre
Il convient de rappeler que nous avons opté
d'utiliser le modèle de Walt et Gilson pour analyser les facteurs
d'influence. Ce cadre met en exergue quatre facteurs : le contenu de la
politique c'est à dire les choix opérés, les
stratégies adoptés pour l'implantation, le contexte et enfin le
jeu des acteurs impliqués dans la mise en oeuvre. Nous restons
fidèles à notre engagement.
4.2.1 Les contenus de la politique et la réaction
des acteurs
La politique de décentralisation accorde une
importance certaine à la formation des médecins en
chirurgie et en gestion.
Force est de constater que le principe même de
formation en chirurgie essentielle ne semble pas être bien accepté
par les médecins. Certains estiment que c'est un alibi pour le
ministère de réduire ou de retarder la formation des chirurgiens.
Il faut préciser que ce choix politique n'a pas
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Analyse de la politique de décentralisation du
système de santé du Burkina Faso
reçu l'assentiment de tous les acteurs du
système. A commencer par les enseignants de la Faculté de
médecine qui doutaient fort de l'efficacité de cette formation.
Former un médecin en 6 mois en chirurgie lui permettrait- il de prendre
réellement en charge les patients ? Il reste que ce choix politique
continue toujours à faire l'objet de discussion vu qu'il ne semble pas
pertinent. La composante technique (formation des médecins en chirurgie)
introduite par la politique de décentralisation est loin d'être la
solution pour un meilleur fonctionnement des hôpitaux de districts. La
formation des médecins en chirurgie, introduit sans nul doute des
changements dans leurs activités traditionnelles qu'ils ne sont pas
prêts à accepter, toute chose préjudiciable à la
mise en oeuvre effective de cette politique. Selon Paul SABATIER, une des
conditions de réussite d'une politique est attribuable aux choix des
composantes techniques qui ne doivent être loin de la
préférence des principaux acteurs. (Paul Sabatier 1986,
cité par Ridde, 2005, p 21).Ce qui ne semble pas le cas ici. Les
manifestations caractéristiques du désaccord se trouvent dans le
refus de certains médecins pourtant ayant reçu la formation de
poser des actes chirurgicaux ; d'autres usent de leurs relations pour
être mutés hors des districts. C'est ce qui explique en partie le
déficit récurrent de médecins dans les districts. On note
une faible motivation des médecins à accepter ce choix : «
C'est faute de mieux que nous acceptons d'y aller. Tu sais, ce sont des
risques énormes que nous prenons pour effectuer les interventions
chirurgicales et au finish, tu n'as rien. Tu n'es pas un spécialiste, tu
abats un grand boulot et c'est toujours le même salaire. Nous n'avons
aucun avantage, même pour les spécialisations, on vient passer le
concours comme tous les autres. Franchement, on ne gagne rien à
travailler dans un district. C'est ce qui fait que chacun cherche mieux
ailleurs », nous affirmait un médecin de district.
Un autre choix qui ne semble pas rencontrer
l'assentiment des populations est la facturation des actes médicaux.
Pour bénéficier des soins, les utilisateurs doivent
débourser de l'argent. Ce sont les frais générés
par les actes médicaux et la vente des MEG qui alimentent les fonds des
districts en sus des subventions de l'Etat et des contributions d'autres
partenaires. Ce qui est reproché à ce choix est qu'on tente
d'uniformiser le cout des actes à travers l'ensemble du pays alors qu'il
est indéniable que les régions ne disposent pas des mêmes
atouts. Dans un rapport d'évaluation (Ministère de la
santé 1994), des consultants ont mentionné qu'il fallait tenir
compte des réalités économiques de chaque région
dans la facturation des actes médicaux car c'est aussi une façon
de travailler dans le sens de l'instauration de l'équité dans la
gestion des questions de santé. Ils prévenaient que la
tarification des actes sans tenir compte des réalités locales
explique
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Analyse de la politique de décentralisation du
système de santé du Burkina Faso
dans une large mesure le faible taux de
fréquentation des services de santé dans certaines parties du
pays.
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