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Analyse de la politique de décentralisation du système de santé au Burkina Faso.


par Issa SOMBIE
Université de Ouagadougou - Master en Population et Santé 2006
  

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4.1.9 Commentaire

Après avoir apprécié les huit dimensions du cadre de Kochen et de Deutch, des observations s'imposent :

- le district sanitaire dispose de pouvoir très limité dans la gestion des ressources humaines ;

- l'autonomie de gestion des ressources financières semble une chimère car jusqu`à nos jours, plusieurs autres structures de l'Etat prennent activement part dans le processus des dépenses des districts. Le niveau central continue toujours à exécuter une part importante des dépenses en lieu et place des districts.

Il appert de ce constat que les districts ne peuvent pas être considérés comme des unités décentralisées. Nous estimons que les domaines clés d'une décentralisation restent les ressources financières, les ressources humaines, la planification. Ainsi, tout service qui s'adjuge le label de décentralisé doit au moins disposer du contrôle total sur ces ressources humaines, la gestion des fonds, la planification et l'exécution de son plan d'action. Le degré de décentralisation se mesure non seulement par rapport aux compétences et au financement des organisations décentralisées mais aussi par à l'autorité de ces organisations (Lemieux, 1997) S'administrer, se gérer financièrement sont essentielles pour la décentralisation d'un service publique. Or tel ne semble pas le cas pour les districts qui en matière de gestion du personnel ne possèdent aucun pouvoir de sanction ; dans le domaine des dépenses, ils sont à la remorque du niveau central et de l'administration publique au niveau décentralisé. Le mode actuel de financement des districts accorde une place importante au niveau local et aux services financiers publics qui relèvent du ministère des finances. Aucun district ne peut engager des dépenses sans l'accord de ces derniers par qui tout passe en ce qui concerne les finances car les comptes des districts sont désormais logés au niveau du trésor en lieu et place des banques comme cela se faisait il y a quelques années.

Au vue de ce qui se passe en réalité sur le terrain, nous osons affirmer sans ambages que beaucoup d'efforts sont à pourvoir afin de faire des districts, des services décentralisés comme le discours politique tend de le faire admettre. Le système de santé de district en cours vient si besoin en était, confirmer une tare majeure des politiques. En effet, entre ce qui était prévue et ce qui est fait en réalité, l'écart est toujours grand dans le domaine des politiques publiques. Rares sont les politiques qui sont mises en oeuvre tel que prévue depuis la phase de la formulation. Cette

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Analyse de la politique de décentralisation du système de santé du Burkina Faso

difficulté inhérente aux politiques publiques émane de l'action des acteurs qui est très difficile à prévoir et à canaliser. Dans le cas de la décentralisation du système de santé, une réelle autonomie concédée au district n'allait t- elle pas restreindre le champ de pouvoir de certains acteurs ? La lutte des uns pour élargir leur sphère de pouvoir et le combat des autres afin de conserver leurs prérogatives est ce qui caractérise et explique la mise en oeuvre de cette réforme de santé.

L'autonomie dont on crédite les districts sanitaires semble de façade car, entre ce qui est prévu par les textes et ce qui se donne à voir sur dans la réalité, l'écart est considérable et suscite des interrogations légitimes. En effet nous n'avons trouvé dans aucun des textes qui créent et réglemente, le fonctionnement des districts que certains types de dépenses devraient être exécutés par le niveau central, encore moins que le secrétaire général d'une province avait le droit de s'immiscer dans les passations des marchés pour le compte des districts. Telle que les choses se déroulent sur le terrain, on ne peut s'empêcher de s'interroger sur la réussite d'une décentralisation sectorielle dans un contexte de gestion globale centralisée. Quelles garanties le ministère de la santé a- t- elle reçu des autorités à même de permettre aux districts de s'affranchir des mécanismes empreints de lourdeur et implication de plusieurs structures étatiques dans le processus des dépenses des services de santé ? La réalité des faits démontre que l'autonomie dont on crédite les districts est sous perfusion

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