4.1.9 Commentaire
Après avoir apprécié les huit
dimensions du cadre de Kochen et de Deutch, des observations s'imposent
:
- le district sanitaire dispose de pouvoir très
limité dans la gestion des ressources humaines ;
- l'autonomie de gestion des ressources
financières semble une chimère car jusqu`à nos jours,
plusieurs autres structures de l'Etat prennent activement part dans le
processus des dépenses des districts. Le niveau central continue
toujours à exécuter une part importante des dépenses en
lieu et place des districts.
Il appert de ce constat que les districts ne peuvent
pas être considérés comme des unités
décentralisées. Nous estimons que les domaines clés d'une
décentralisation restent les ressources financières, les
ressources humaines, la planification. Ainsi, tout service qui s'adjuge le
label de décentralisé doit au moins disposer du contrôle
total sur ces ressources humaines, la gestion des fonds, la planification et
l'exécution de son plan d'action. Le degré de
décentralisation se mesure non seulement par rapport aux
compétences et au financement des organisations
décentralisées mais aussi par à l'autorité de ces
organisations (Lemieux, 1997) S'administrer, se gérer
financièrement sont essentielles pour la décentralisation d'un
service publique. Or tel ne semble pas le cas pour les districts qui en
matière de gestion du personnel ne possèdent aucun pouvoir de
sanction ; dans le domaine des dépenses, ils sont à la remorque
du niveau central et de l'administration publique au niveau
décentralisé. Le mode actuel de financement des districts accorde
une place importante au niveau local et aux services financiers publics qui
relèvent du ministère des finances. Aucun district ne peut
engager des dépenses sans l'accord de ces derniers par qui tout passe en
ce qui concerne les finances car les comptes des districts sont
désormais logés au niveau du trésor en lieu et place des
banques comme cela se faisait il y a quelques années.
Au vue de ce qui se passe en réalité sur
le terrain, nous osons affirmer sans ambages que beaucoup d'efforts sont
à pourvoir afin de faire des districts, des services
décentralisés comme le discours politique tend de le faire
admettre. Le système de santé de district en cours vient si
besoin en était, confirmer une tare majeure des politiques. En effet,
entre ce qui était prévue et ce qui est fait en
réalité, l'écart est toujours grand dans le domaine des
politiques publiques. Rares sont les politiques qui sont mises en oeuvre tel
que prévue depuis la phase de la formulation. Cette
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Analyse de la politique de décentralisation du
système de santé du Burkina Faso
difficulté inhérente aux politiques
publiques émane de l'action des acteurs qui est très difficile
à prévoir et à canaliser. Dans le cas de la
décentralisation du système de santé, une réelle
autonomie concédée au district n'allait t- elle pas restreindre
le champ de pouvoir de certains acteurs ? La lutte des uns pour élargir
leur sphère de pouvoir et le combat des autres afin de conserver leurs
prérogatives est ce qui caractérise et explique la mise en oeuvre
de cette réforme de santé.
L'autonomie dont on crédite les districts
sanitaires semble de façade car, entre ce qui est prévu par les
textes et ce qui se donne à voir sur dans la réalité,
l'écart est considérable et suscite des interrogations
légitimes. En effet nous n'avons trouvé dans aucun des textes qui
créent et réglemente, le fonctionnement des districts que
certains types de dépenses devraient être exécutés
par le niveau central, encore moins que le secrétaire
général d'une province avait le droit de s'immiscer dans les
passations des marchés pour le compte des districts. Telle que les
choses se déroulent sur le terrain, on ne peut s'empêcher de
s'interroger sur la réussite d'une décentralisation sectorielle
dans un contexte de gestion globale centralisée. Quelles garanties le
ministère de la santé a- t- elle reçu des autorités
à même de permettre aux districts de s'affranchir des
mécanismes empreints de lourdeur et implication de plusieurs structures
étatiques dans le processus des dépenses des services de
santé ? La réalité des faits démontre que
l'autonomie dont on crédite les districts est sous perfusion
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