2. l'extension spatiale
La forte croissance de la population urbaine entraîne
une extension spatiale de la ville. Au niveau de l'étalement progressif
des espaces conquis par la ville, la superficie de Ouagadougou est
passée successivement de 5.300 hectares en 1961 à 18.185 hectares
en 1984 pour atteindre 21.000 hectares en 1994 et 26.356 hectares en 2002.
D'après les prévisions du Ministère des
Infrastructures, de l'Habitat et de l'Urbanisme (M.I.H.U), le Grand-Ouaga
serait à l'horizon 2010, un grand pôle urbain couvrant une
superficie d'environ 33.000 hectares avec un rayon de 32 Km.
Du point de vue du découpage administratif7,
la ville de Ouagadougou est divisée depuis 1988 en cinq (5) communes
auxquelles sont rattachées 17 villages.
Les cinq communes sont :
- la commune de Baskuy comprenant les secteurs n°1
à n°12 ;
- la commune de Bogodogo constituée des secteurs
14-15-2829-30, puis des villages de Balkui et de Yamtenga ;
- la commune de Boulmiougou composée des secteurs
n°16 à n°19 et des villages de Sandogo, Zongo, Zagtouli, et
Boassa ;
- la commune de Nongremassom comprenant les secteurs
1323-24-25-26-27 et les villages de Nioko, Polesgo, Sakoula, Soguedin,
Roumtenga ;
- la commune de Signoghin constituée des secteurs
20-21-22 et des villages de Bassenko, Bissighin, Yagma, Dar-Salam et
Kamboinsé.
7 BAMAS S., 1995 : Deux roues et transport collectif
à Ouagadougou : à la recherche d'une articulation, Thèse
de Doctorat en Géographie, Université de Bordeaux III, 269
page
23
Cette forte extension spatiale de la ville de Ouagadougou
résulte du type de construction : habitations horizontales
s'étalant sur des milliers de parcelles jointives dans lesquelles les
constructions en hauteur sont rares.
L'extension démesurée de l'espace urbain de la
ville peut aussi s'expliquer par le développement de l'habitat
spontané dans les quartiers périphériques.
Avec une surface totale d'environ 21 750 hectares en 1995, les
zones non loties occupaient près de 57,8%8 de la superficie
de Ouagadougou. Selon les résultats d'une étude
réalisée par le Ministère des Infrastructures et de
l'Habitat, à Ouagadougou les populations habitant ces zones
spontanées étaient estimées à 300.000 habitants en
1996. Le besoin total de l'espace à urbaniser était estimé
à 4.281 ha entre 1997 et 2005 (DSTM) . Cela s'explique d'une part par
l'insuffisance des budgets de la municipalité et surtout de l'Etat, et
d'autre part par l'absence au départ d'une véritable politique de
l'habitat.
Cette prépondérance des quartiers non lotis,
résultat d'une importante croissance démographique apparaît
comme la principale manifestation d'une croissance spatiale mal
maîtrisée9. En plus de ces raisons de l'extension
spatiale s'ajoute la spéculation foncière, c'est-à-dire
que les habitants anticipent sur les opérations de lotissement en
réalisant un investissement minimal sur un terrain dont ils ont acquis
le droit d'occupation auprès d'un chef coutumier en espérant se
voir ainsi reconnaître le droit à une parcelle dans la
8 SAWADOGO L.,2005 : La problématique des
transports collectifs à Ouagadougou, mémoire de maîtrise,
Département de Géographie, Université de Ouagadougou, 123
pages.
9 BAMAS S., 1995 : Deux roues et transports
collectifs à Ouagadougou :à la recherche d'une articulation,
thèse de doctorat en Géographie, Université de Bordeaux
III, 269 pages.
future opération de restructuration puisque le principal
critère retenu pour les attributions de parcelles est d'être
résident. Cette spéculation foncière touche une bonne
partie des lotissements et des attributions des parcelles à Ouagadougou
.
En 199910, le directeur de l'urbanisme et de
l'aménagement confirmait que la «spéculation foncière
occupe près de 50% des lotissements à Ouagadougou et qu'un an
après un lotissement 50% des parcelles sont revendues aux prix forts de
2000 à 5000 FCFA/ m2 ». Cette spéculation foncière ne
permet pas aux populations à faibles revenus d'accéder à
un logement.
A Ouagadougou11 comme partout ailleurs dans les
villes africaines, la forte croissance spatiale des agglomérations s'est
accompagnée d'une spécialisation : les quartiers
périphériques se caractérisant par une fonction de
résidence, le centre ville affiche une vocation tertiaire abritant
l'administration et le commerce. De ce fait, des foules de migrants
pénètrent chaque matin le centre pour des motifs aussi
variés que le travail, les démarches administratives, les
affaires, les achats etc.
Dans un espace aussi centralisé, il est évident
que le centre-ville est un noeud d'attraction des populations et par
conséquent du réseau de transport. Ainsi on peut distinguer trois
sous-ensembles spatiaux dans la structuration de la ville de Ouagadougou :
- le centre-ville12 est composé de cinq
secteurs n°1-2-3-4 et 5 s'organisant autour de « la place de la
nation » et du « rond point des nations unies ». De ce noyau
partent les routent nationales vers
10 Cité par SAWADOGO Léon in Quotidien
Ouest Africain, le journal du soir, 1999, N°1490.
11BAMAS S., 1995 : Deux roues et transports
collectifs à Ouagadougou :à la recherche d'une articulation,
thèse de doctorat en Géographie, Université de Bordeaux
III, 269 pages.
24
12 Ibidem
25
Bobo-Dioulasso (RN1), Ouahigouya (RN2), Léo (RN3), Fada
N'Gourma (RN4), qui sont les routes internationales vers la Côte
d'Ivoire, le Mali, le Ghana et le Niger. C'est la zone par excellence des
activités commerciales et administratives. La zone administrative est le
siège du pouvoir central qui regroupe le palais présidentiel, le
secrétariat général du gouvernement, les
ministères, les services publics comme la Caisse Nationale de
Sécurité Sociale (CNSS), la Société Nationale
Burkinabè d'Electricité (SONABEL), L'Office National des
Télécommunications (ONATEL), L'Office National des Postes (ONP)
et les établissements secondaires. Juxtaposée à cette
dernière, se trouve la zone commerciale comprenant le marché
central, les banques et assurances, les organismes internationaux, les salles
de cinéma, la cathédrale et la grande mosquée.
- La zone péricentrale est constituée
essentiellement d'habitations et dans une moindre mesure de quelques
activités commerciales (marchés et yaars13 de
quartiers), administratives, ainsi que des équipements sanitaires et
éducatifs.
- Le troisième sous ensemble (la zone
périphérique) est constitué de quinze secteurs (secteurs
n°15 à 30) et des zones non loties, résultant des
déséquilibres entre la croissance démographique et
l'occupation de l'espace urbain. Elle renferme en majorité des habitats
spontanés sous équipés en infrastructures de base (voirie,
adduction d'eau, électricité...).
La croissance démographique urbaine accompagnée
de l'extension spatiale accélérée, ainsi que la
spécialisation des quartiers (centre-ville, zone péricentrale et
périphérie) se traduit sur
13 Marché ou petit marché en langue
nationale mooré
26
la demande de transport en induisant des distances de
déplacement longues et des coûts de transport plus
élevés.
27
Carte2 : Structure spatiale de Ouagadougou
28
|