Conclusion partielle
La forte croissance urbaine de Ouagadougou engendre des
besoins de plus en plus importants pour les citadins dont celui des transports
en commun. La forte croissance du nombre des taxis témoigne de
l'acuité des besoins de transport en commun dans la ville
L'analyse des transports en commun a montré une
prédominance des taxis sur les autobus. En effet, les taxis transportent
au moins 3,08 fois plus de passagers que les autobus par jour. Par ailleurs le
trafic des taxis dans la circulation urbaine a le plus augmenté entre
1996 et 2000, à près de 25 % par an, soit un doublement en trois
ans.
Cette prédominance des taxis collectifs au sein des
transports en commun est favorisée d'une part par l'inadaptation et
l'insuffisance de l'offre d'autobus et d'autre part par l'importation massive
des véhicules d'occasion. En l'absence d'une politique de transport
volontariste, la croissance des taxis collectifs se maintiendrait en raison de
la pertinence de leur service. Les taxis permettent le transport des bagages,
circulent aux heures tardives, desservent les zones périphériques
très faiblement parcourues par les autobus et jouent un rôle
très important que ne peuvent assumer les autobus, notamment le
transport des malades etc.
49
DEUXIEME PARTIE : OFFRE ET DEMANDE DE TRANSPORT PAR
TAXIS COLLECTIFS
50
CHAPITRE III : L'ORGANISATION ET LE FONCTIONNEMENT
DU SECTEUR DES TAXIS
1 L'organisation des taxis
D'un point de vue historique, c'est vers
1953-195428 que sont apparus les premiers taxis à
Ouagadougou. Il s'agissait plus exactement de véhicules Citroën de
puissance deux chevaux appartenant à des français. Vers la fin de
1960, le Ministre de l'Intérieur de l'époque, sous
prétexte que les taxis deux chevaux n'étaient pas dignes d'une
capitale, décida de leur suppression.
Avec l'implantation de l'usine de montage des véhicules
Renault à Abidjan dans les années 1962, des commerçants
burkinabè s'intéressent aux taxis en important de Côte
d'Ivoire des voitures Renault 429.
Aujourd'hui avec la croissance urbaine les taxis sont devenus
plus importants. Les acteurs du secteur sont organisés au sein d'une
structure syndicale et l'exploitation est régie par un cahier de charges
signé par le ministre des transports et de la communication en 1987.
1.1 Le cahier de charges des taxis
Sur le plan de la réglementation, un cahier de
charges30 en date du 12 février 1987 signé par le
Ministre des Transports et
28 BAMAS S ; 1994 : Artisans et entrepreneurs
dans le secteur des taxis à Ouagadougou, in Développement urbain
et filières d'activités au Burkina, Programme Campus, IRSSH
/GLYSI/ Université de Ouagadougou, 42 pages.
29 BAMAS S., 1995 : Deux roues et
transports collectifs à Ouagadougou : à la recherche d'une
articulation, thèse de doctorat en Géographie, Université
de Bordeaux III, 269 pages
30 Cf annexe
51
des Communications définit les conditions d'exercice de
la profession d'exploitants de taxis. Nous retiendrons essentiellement de ce
cahier des charges que le conducteur doit tenir à bord de son
véhicule les pièces suivantes :
- son permis de conduire en cours de validité et
correspondant à la catégorie du véhicule utilisé
;
- la carte grise du véhicule ;
- une carte de circuler et de stationner sur la voie publique
délivrée par la mairie ;
- une attestation d'assurance en cours de validité
couvrant la responsabilité du propriétaire envers les tiers et
les usagers conformément à la législation en vigueur ;
- le carnet de visite technique délivré par le
Centre de Contrôle des Véhicules Automobiles (CCVA) dont le
délai de validité est de trois mois ;
- une vignette de l'année en cours représentant
la taxe sur l'utilisation des véhicules à moteur31
;
- la carte d'affiliation du conducteur à la Caisse
Nationale de Sécurité Sociale.
Dans la pratique, il faut reconnaître qu'une partie non
négligeable est rarement en règle vis-à-vis de la loi. Nos
enquêtes ont prouvé que 30,5%32 des exploitants ne
possèdent pas toutes les pièces sus-indiquées, notamment
de l'attestation d'assurance, du carnet de visite technique et de la carte de
stationnement. En effet l'état vétuste des véhicules
n'encourage pas les exploitants à contracter une assurance, encore moins
faire la visite technique qui
31 Cette taxe a été supprimée en
janvier 1994 à la suite de la dévaluation du F CFA.
32 Source : nos enquêtes (Août 2007)
52
nécessiterait d'importantes réparations, et
partant, de dépenses considérables.
Par ailleurs, les conditions d'application de ce cahier de
charges sont difficiles à respecter. Le texte prévoit en effet un
parc d'au moins cinq véhicules pour un particulier désireux
d'exercer dans ce métier et d'au moins dix véhicules lorsqu'il
s'agit d'une société ou d'un groupement d'intérêt
économique. Le texte exige également pour toute exploitation de
taxis la création d'un service chargé des questions
financières et administratives y compris pour un particulier.
Dans le contexte économique difficile que connaît
le pays, il n'est pas réaliste d'exiger des parcs de véhicules
aussi importants pour les particuliers et les sociétés
désireuses d'exercer dans ce secteur. Cette inadaptation du cahier des
charges a d'ailleurs entraîné son non respect par les exploitants
avec la complicité de l'administration qui leur délivre
l'autorisation d'exploitation pour un seul taxi.
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