3 Les transports collectifs
A Ouagadougou, les transports en commun sont constitués
des autobus de la Société de Transport en Commun (SOTRACO), des
taxis et de quelques services de ramassage scolaire.
3.1 Les transports collectifs par autobus
La ville de Ouagadougou n'a connu sa première
société de transport en commun (la régie X9) qu'en 1984,
contrairement aux autres capitales comme Dakar, Abidjan, Bamako où les
transports par autobus ont circulé au début des années
70.
C'était un établissement public à
caractère industriel et commercial (EPIC) avec un capital de
1.271.773.136 F.CFA. Elle avait un parc de 48 autobus en 1989. Cependant, son
arrivée n'a pas transformé radicalement le système de
déplacement des ouagalais. Selon l'enquête ménage de 1992,
la part des transports en commun (autobus et taxis) n'était que de 6%
sans la marche à pied et 3% avec la marche à pied.
La régie X9 sera très tôt
confrontée à un déficit budgétaire de 200 millions
par an entre 1985 et 1992 ; ce qui entraînera sa privatisation en juin
1994.
En 1996, soit deux ans plus tard, l'exploitation du
réseau des transports collectifs a été
concédée à la SOTRAO (Société de Transport
Alpha Oméga). Tout comme la première entreprise d'autobus, elle
va connaître de nombreuses difficultés.
Au 31 décembre 1999, le déficit d'exploitation
de la SOTRAO était évalué à plus d'un milliard FCFA
grandement imputable au mauvais
37
état du réseau de voirie urbaine, à la
vétusté et à l'insuffisance quantitative du parc
automobile. A ces contraintes s'ajoutent des difficultés de maintenance
caractérisées par la cherté et la non disponibilité
des pièces de rechange ,à l'insuffisance tarifaire du ticket de
base. Ce ticket était de 100 FCFA alors que le coût de revient par
voyageur s'élevait à 186 F CFA soit une perte de 86 F CFA par
ticket vendu.
Face à toutes ces difficultés et à la
baisse continue des recettes d'exploitation au début des années
2000, la SOTRAO a officiellement fermé ses portes en janvier 2002 pour
faire place à la nouvelle société de transport en commun
(SOTRACO).
La SOTRACO a vu le jour en novembre 2003. C'est un
établissement privé à caractère industriel et
commercial avec un capital de 800 millions de F CFA.
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Tableau n°3 : Répartition du capital de la
SOTRACO
|
Actionnaire
|
Capital souscrit
|
Montant versé
|
Solde au
31/12/2005
|
1
|
Kilimandjaro-Sarl
|
240 000 000
|
240 000 000
|
-
|
2
|
Commune de Ouagadougou
|
120 000 000
|
120 000 000
|
-
|
3
|
Burkina Moto SA
|
68 000 000
|
42 500 000
|
25 500 000
|
4
|
STMB
|
68 000 000
|
42 500 000
|
25 500 000
|
5
|
Al Tanaf
|
48 000 000
|
48 000 000
|
-
|
6
|
Médiacom
|
10 000 000
|
10 000 000
|
-
|
7
|
Rayi's
|
10 000 000
|
6 250 000
|
3 750 000
|
8
|
Sopam
|
68 000 000
|
42 500 000
|
25 500 000
|
9
|
Diacfa-SA
|
40 000 000
|
30 000 000
|
10 000 000
|
10
|
Fadoul Technibois SA
|
40 000 000
|
40 000 000
|
-
|
11
|
Sogebaf Sarl
|
28 000 000
|
4 000 000
|
24 000 000
|
12
|
Tilgui Transit Transport
|
28 000 000
|
17 500 000
|
10 500 000
|
13
|
TCV-SA
|
10 000 000
|
5 000 000
|
5 000 000
|
14
|
OA-Transport
|
10 000 000
|
6 250 000
|
3 750 000
|
15
|
INTEGRAL-SARL
|
8 000 000
|
8 000 000
|
-
|
16
|
RAKIETA
|
4 000 000
|
4 000 000
|
-
|
17
|
TOTAL
|
800 000 000
|
666 500 000
|
133 500 000
|
Source : BAMAS S., 2006 : L'implication des collectivités
locales dans la gestion des transports urbains en Afrique de l'ouest,
Ouagadougou, Rapport pour le compte du programme de développement
municipal
Cette société a débuté ses
activités le 07 novembre 2003 avec pour objectif de résoudre le
problème récurrent des transports urbains en améliorant la
qualité de la circulation ainsi que la qualité de l'environnement
urbain par la réduction de la pollution générée par
le système actuel de transport de personnes22.
22 SAWADOGO L.,2005 : La problématique des
transports collectifs à Ouagadougou, mémoire de maîtrise,
Département de Géographie, Université de Ouagadougou, 123
pages.
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Le siège de la SOTRACO se trouve à
Somgandé sur la route de Kaya. Depuis sa création jusqu'à
nos jours, son parc a évolué comme suit :
Tableau n°4 : Evolution du parc de la SOTRACO de
2003 à 2007
Année
|
Parc théorique
|
Parc opérationnel
|
2003
|
30
|
30
|
2004
|
35
|
30
|
2005
|
49
|
36
|
2006
|
54
|
28
|
2007
|
55
|
20
|
Source : Direction de la SOTRACO (mars 2008)
Le parc théorique croit chaque année en passant
de 30 à 55 autobus de 2003 à 2007, tandis que le parc
opérationnel a évolué en dents de scie avec une tendance
générale à la baisse. En effet de 30 autobus en 2003, on
est passé à 36 en 2005 puis à 28 et à 20
respectivement en 2006 et 2007. Selon le chef du service exploitation, la
réduction continuelle du parc opérationnel est due au fait que
les autobus sont surexploités car on a besoin de 33 autobus pour les 9
lignes fonctionnelles alors qu'il n'y a que 20.
Ces autobus sont de marque Volvo avec une carrosserie JONKHEER
et ayant une capacité totale de 80 places, soit 1600 places pour les 20
autobus en décembre 2007.
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Tableau n°5 : Répartition des autobus par
ligne
Lignes
|
Liaison assurée
|
Nombre de Bus
|
Longueur en Km
|
1
|
Mairie BGD-Naba Koom
|
3
|
9
|
2
|
SIAO-Naba Koom
|
3
|
12
|
2B
|
Trame Zaca-Dag-noin
|
3
|
16
|
3
|
Kilwin-Zone écoles
|
3
|
9
|
4
|
Pissy-Zone écoles
|
3
|
9
|
5
|
Bendogo-Naba Koom
|
2
|
7
|
6
|
Koulwéoghin-Naba koom
|
1
|
6
|
6B
|
NiokoII-Naba Koom via Hopital
|
3
|
11
|
10
|
Tengandogo-Zone des écoles
|
3
|
12
|
Total
|
|
24
|
91
|
Source : Direction de la SOTRACO ( 29 février 2008)
Le réseau de la SOTRACO comporte 09 lignes
transversales de 7 à 16 Kilomètres (de longueur) convergeant vers
le centre-ville, particulièrement vers la place Naaba-Koom. L'analyse
spatiale du réseau montre une couverture spatiale très
inégale : les secteurs centraux sont mieux desservis que les secteurs
périphériques. Par exemple au nord de l'agglomération, les
quartiers d'habitation situés au-delà du barrage sont parmi les
plus défavorisés. Ce sont les secteurs 20, 21, 22, 23, 24 et 25.
De plus, les autobus circulent quasiment sur les routes bitumées.
Pour certains, il faut parcourir de longues distances à
pied pour accéder au bus.
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Dans la pratique, les temps d'attente aux arrêts
d'autobus sont parfois longs en raison de l'insuffisance du nombre de bus par
ligne, de la congestion de la circulation et des retards causés par le
manque de civisme de certains usagers (bousculades à
l'entrée).
Toutes ces contraintes compromettent la fréquentation
des autobus au profit des autres modes de transport pour deux raisons. D'abord
les citoyens continuent à porter leur choix sur le transport individuel
et sur les taxis collectifs qui sont plus souples et rapides en terme de
compétitivité. Ensuite vu les longues attentes dans les
arrêts d'autobus ainsi que le tarif qui est de 150 FCFA pour un ticket
simple contre celui des taxis qui est de 200 FCFA, certains usagers
préfèrent prendre le taxi pour éviter les retards.
A l'instar des entreprises précédentes de
transport en commun, la SOTRACO connaît également quelques
difficultés majeures à l'heure actuelle. Son déficit
cumulé à la date du 31 juillet 2006 s'élevait à 938
402 42323 F CFA et les besoins du moment s'estimaient à 133
000 000 de F CFA. Face à cette crise la société a
interrompu momentanément ses activités le jeudi 24 août
tout en lançant un appel aux autorités compétentes afin
qu'elles lui apportent leurs soutiens. La réaction de l'Etat fut
immédiate dès le lendemain par la fourniture d'un bon de
carburant d'une valeur de 60 millions de F CFA pour permettre à la
SOTRACO de fonctionner en attendant de trouver des solutions idoines et
durables. Cette mesure a permis aux autobus de reprendre service dans
l'après-midi du vendredi 25 août. A la fin du mois de septembre,
un nouveau président de Conseil d'Administration a été
désigné à la tête de la société et
l'Etat a affirmé son intention de renforcer le parc
23DIARRA I., 2006 : Le transport des scolaires et des
étudiants à Ouagadougou, mémoire de maîtrise,
département de Géographie, Université de Ouagadougou, 107
pages.
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automobile grâce à l'importation prochaine d'une
centaine d'autobus.
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