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Financement de l'investissement en capital humain face à  la théorie de cycle de vie de l'épargne .


par David SEFU DAUDA
Université de Lubumbashi - Licence en gestion financière 2018
  

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SECTION II : CADRE THEORIQUE

La pensée économique s'est toujours intéressée à l'étude du rôle et de l'impact de l'investissement en capital humain, notamment par les biais de l'éducation et de la formation sur la croissance économique et le développement d'une nation. Les approches théoriques défendent des thèses et des arguments multiples et différents à ce sujet. Pour les théories du capital humain et de la croissance endogène, nous affirmons que l'éducation est un vecteur fondamental pour créer et stimuler la croissance et le développement. On établit un lien très étroit entre le niveau de scolarisation de la population et la qualité du système éducatif d'une part et les performances économiques et humaines d'autre part.

18 J. M. Keynes, Op.cit. P. 60.

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Notre objectif dans cette deuxième section est de présenter et d'analyser les thèses et arguments de ces approches théoriques. Il s'agit d'analyser et discuter les fondements et bases théoriques sur lesquels nous attendons construire notre argumentaire dans les deux prochains chapitres.

Cette section sera divisée en deux parties. Dans la première partie, nous allons nous concentrer sur l'étude de l'impact positif de l'éducation sur la croissance économique à travers l'augmentation et l'amélioration de la productivité des individus; des chances de leur employabilité; des salaires; et du progrès technologique. Alors que dans la deuxième partie, nous allons mettre l'accent sur les bienfaits non marchands de l'éducation en matière de développement humain. La littérature théorique affirme que :

? L'éducation favorise l'émergence et la constitution d'une société démocratique ; le renforcement des liens de cohésion et de paix sociales ; l'amélioration de la santé maternelle et des enfants ; la réduction de la taille des familles ; et, la scolarisation des générations futures.

II.1. ÉDUCATION ET CROISSANCE ECONOMIQUE

Pour bien saisir le débat théorique concernant l'impact de l'éducation sur la croissance économique, nous avons opté pour l'étude et l'analyse des positions de quatre approches théoriques, que nous considérons parmi les plus représentatives et celles qui ont le plus travaillé sur les questions d'économie politique d'éducation. Il s'agit de la théorie classique ; la théorie du capital humain ; la théorie néolibérale, et les théories de la croissance endogène.

II.1.1. Le Lien Education-Croissance Dans La Pensée Economique Classique

Dans la perspective de la théorie classique, la principale source de création des richesses et de la croissance économique est l'accumulation des facteurs de production, à savoir le capital et le travail. D. Ricardo, affirme que l'augmentation de la productivité est le résultat de l'augmentation de la quantité et de la qualité des facteurs à la disposition des travailleurs. A. Smith dans son chef d'oeuvre: La Richesse des Nations, publié en 1776, considère que « l'investissement dans l'apprentissage et l'éducation est un des moyens permettant l'accroissement de la productivité des individus et de la nation, malgré les coûts qu'il entraîne pour son acquisition19 ». Cette attention accordée par A. Smith, à l'investissement en éducation

19 Jean Luc de Meulemeester et Claude Diebolt, (2007), « Éducation et croissance : Quel lien, pour quelle Politique ? », Association française de Clinométrie, Working papers n° 8, p. 3.

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s'explique à notre avis par l'évolution des contextes politique et socio-économique pendant cette période (XVIIIe siècle) en Europe. Il s'agit notamment, du renforcement de la pénétration du capital dans la production industrielle et l'entrée des producteurs dans un rapport de concurrence salariale pour la réduction de leurs coûts ; l'amélioration de leur compétitivité ; et, l'augmentation de leurs profits. Dans ce contexte, deux questions principales ont occupé la réflexion des classiques : Premièrement, faut-il instruire les ouvriers et si oui quelle instruction leur donner ? Et deuxièmement, comment produire et financer cette offre d'instruction ? Sur le premier niveau, les classiques ont insisté sur la nécessité de l'instruction élémentaire des travailleurs qui n'ont besoin que de leurs forces physiques pour l'accomplissement de leurs tâches.

L'objectif étant « de les domestiquer, leur apprendre le bon sens et faire en sorte qu'ils se conforment à l'ordre et la discipline (ponctualité et régularité, respect de l'autorité et sobriété et morale) au sein des lieux de travail20 ».

Il en résulte, que dans une perspective classique l'éducation a une double fonction. « Elle n'est pas seulement considérée comme un moyen pour le développement des capacités productives des individus mais également comme un moyen d'amélioration morale21 ».

Sur le niveau de développement de la productivité des individus et travailleurs, J. S. Mill, considère que: « L'instruction rend le travailleur plus avisé, plus prompt, plus honnête dans son travail quotidien: c'est donc un facteur important dans la production de richesses matérielles22». D'un autre côté, A. Smith, défend le droit d'un travailleur éduqué et en charge d'un travail exigeant une grande habileté à un salaire lui permettant non seulement d'indemniser les coûts et frais occasionnés par sa formation, mais également de lui permettre de réaliser un certain niveau de profit dans une période donnée du temps. II affirme à cet effet que :

« Quand on a établi une machine coûteuse, on espère que la quantité supplémentaire de travail qu'elle accomplira avant d'être usée remplacera le capital employé à l'établir, avec les profits ordinaires tout au moins. Un homme éduqué au prix de beaucoup de travail et de temps en vue de l'une de ces professions qui exigent une habileté supérieure

20 Jean-Jacques Paul, Op.cit., p. 304.

21 Éric Delmotte, (1998), Une introduction à la pensée économique en éducation, Presse universitaire de France (PUF), p. 37.

22 J. S. Mill, (1848), Principles of Political Economy, London; Longmans, Green and Co. L. 1. Chap. VII. §. 5.

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peut être comparé à l'une de ces machines coûteuses. On doit espérer que la fonction à laquelle il se prépare lui rendra, outre les salaires du simple travail, de quoi l'indemniser de tous les frais de son éducation, avec au moins les profits ordinaires d'un capital de même valeur. Il faut aussi que cette indemnité se trouve réalisée dans un temps raisonnable, en ayant égard à la durée très incertaine de la vie des hommes, tout comme on a égard à la durée plus certaine de la machine. C'est sur ce principe qu'est fondée la différence entre les salaires du travail qui demande une grande habileté et ceux du travail ordinaire23. »

A. Smith, distingue entre les individus en fonction de leurs qualifications et leurs capacités acquises par l'éducation. « La différence entre les hommes adonnés aux professions les plus opposés, entre un philosophe, par exemple et un portefaix, semble provenir beaucoup moins de la nature que de l'habitude et de l'éducation24 ». Cela dit, il explique les différences de salaire et de rémunération du travail par « Les coutumes, moeurs, et police de l'Europe », en affirmant que :

« La police de l'Europe considère comme travail demandant de l'habileté celui de tous les ouvriers, artisans et manufacturiers et comme travail commun celui de tous les travailleurs de la compagne. Il peut en être ainsi dans certains cas ; mais le plus souvent il en est autrement. Ainsi les lois et coutumes d'Europe, afin de rendre ['ouvrier capable d'exercer la première de ces deux espèces de travail, lui imposent la nécessité d'un apprentissage25 ».

Il invoque également, l'impact de l'éducation sur la productivité à travers la division

du travail:

« Les plus grandes améliorations dans la puissance productive du travail, et la plus grande partie de l'habilité, de l'adresse et de l'intelligence avec laquelle il est dirigé ou appliqué, sont dues, à ce qu'il semble, à la division du travail (...) l'augmentation dans la quantité d'ouvrage qu'un même nombre de bras est en état de fournir, en conséquence de la division du travail, est due à trois circonstances différentes: premièrement, à un accroissement d'habilité dans chaque ouvrier individuellement; deuxièmement, à l'épargne du temps qui se perd ordinairement quand on passe d'une

23 A. Smith, Op. Cit., p. 175.

24 A. Smith, Op. Cit. P.50.

25 A. Smith, Op. Cit. p. 51

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espèce d'ouvrage à un autre; troisièmement, à l'invention d'un grand nombre de machines qui facilitent et abrègent à un homme de remplir la tâche de plusieurs26 ».

Le raisonnement d'A. Smith s'inscrivait dans le cadre de l'institution corporative d'apprentissage. Une institution dont la mission est non seulement la formation de la main d'oeuvre, mais également de rationner l'accès de nouveaux producteurs au marché. L'idée est de justifier que, l'on ne peut imposer les coûts de longs apprentissages aux apprentis que si ceux-ci sont certains de pouvoir rentabiliser ultérieurement leurs investissements éducatifs sur le marché du travail. Il s'agit d'une théorie de la demande d'éducation en fonction des revenus anticipés. « Ce n'est pas la formation qui explique et justifie le revenu, mais à l'inverse, la coalition des producteurs pour assurer la sécurité de leurs revenus qui explique et justifie l'institution d'une barrière à l'entrée, dans ce cas les institutions corporatives d'apprentissage27 ». Dans cette optique, l'éducation est envisagée non pas comme un investissement productif, mais comme un placement financier, réductible à un simple calcul rationnel en termes pécuniaires. L'éducation ne serait entreprise par les individus que si les perspectives de rendement sont au moins égales à celles des affectations alternatives des ressources de l'individu. En ce qui concerne la deuxième question, à savoir celle de la production et de financement de l'offre éducative, la théorie classique défend deux arguments principaux basés sur le principe de la libre concurrence. « Premièrement, des marchés du travail concurrentiels représentent le meilleur moyen pour assurer une affectation rationnelle des ressources à l'éducation dans la sphère économique et, deuxièmement, une concurrence en matière de l'offre éducative permettrait un meilleur rapport qualité/prix pour les demandeurs de l'éducation28 ».

Un point en commun entre les idées et les écrits de l'école classique est de ne pas traiter de l'éducation en général, mais souvent d'un seul type d'éducation en particulier, ou plus précisément de l'instruction d'un groupe social déterminé. C'est le cas par exemple, d'A. Smith, qui traitait des formes sociales de l'éducation dans différents chapitres dans son oeuvre « La Richesse des Nations ».

En général, on peut affirmer que la théorie classique établit un lien d'interaction positive entre éducation et croissance économique. L'augmentation et l'amélioration de la productivité des travailleurs, des salaires et de la croissance économique sont en partie le

26 A. Smith, Op. Cit. p. 52

27 A. Smith, Op. Cit, P. 58.

28 Jean-Jacques Paul, Op.cit. p. 304.

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résultat d'un accroissement, augmentation et amélioration de l'éducation des individus. Les affirmations de la théorie classique ont été reprises et développées par la théorie du capital humain pour en montrer et prouver que les différences de niveaux de croissance économique entre pays ne sont en fin de compte que le résultat tout à fait logique des différences dans la conception du rôle et de la place du système éducatif et des niveaux de scolarisation de la population.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway