II. LES INDICATEURS ET LES INDICES DE LA SECURITE
ALIMENTAIRE
II.1 Les indicateurs usuels
de Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (SAN): l'état de
l'art
Un indicateur doit refléter une situation donnée
ou une réalité sous-jacente qui est difficile à quantifier
directement. Il donne généralement un ordre de grandeur sur une
échelle donnée. Plus le phénomène à mesurer
est complexe, plus il y a nécessité d'un ensemble d'indicateurs
pour le saisir. Cela signifie qu'un simple indicateur ne peut pas
résumer la complexité de la Sécurité Alimentaire et
Nutritionnelle (SAN). Par conséquent un ensemble d'indicateurs (qu'ils
soient compilés ou non dans un indice) doit être construit en vue
de capturer toutes les dimensions de la SAN. Lors de l'analyse de l'impact de
différents facteurs sur la SAN, l'évaluation de l'impact peut
alors être effectuée sur chaque indicateur unique ou sur l'indice
composite de la SAN. Le problème avec la construction d'indice composite
à partir des indicateurs de SAN est qu'elle nécessite la
pondération des différents indicateurs d'une manière ou
d'une autre. Une pondération simple (c'est-à-dire que les
indicateurs ont la même pondération) permet une
compréhension plus facile tandis qu'une pondération plus complexe
peut être justifiée théoriquement ou empiriquement mais
accroit la difficulté en termes d'interprétation de l'indice.
Enfin le choix de la pondération peut être un jugement de
valeur.
L'indicateur doit être également choisi de
manière à ce qu'il réponde à un ensemble de
propriétés souhaitables. Certaines de ces
propriétés sont basées sur la pertinence politique des
indicateurs (l'indicateur devant être crédible,
c'est-à-dire dans un cadre conceptuel et théorique solide,
rapidement disponible, communicable aux utilisateurs finaux), tandis que
d'autres sont basées sur des critères scientifiques
(c'est-à-dire, la robustesse aux variations des paramètres et aux
erreurs de mesure) (Wiesmann, 2004). Dans les aspects techniques de la collecte
des données pertinentes pour un indicateur, en particulier concernant le
coût de la collecte, Chambers (1992) propose les principes de
«l'ignorance optimale» - ne pas collecter plus de données que
nécessaire, et «l'imprécision appropriée» - ne
pas mesurer plus précisément que ce qui est nécessaire. En
outre, la notion de coût de la collecte par rapport aux coûts de
non collecte est discutée dans Haddad et al. (1994). Ce critère
relie les coûts directs de la collecte de données et de l'action
politique que l'information génère, aux avantages que
l'indicateur a en termes d'améliorations apportées par l'action
de la politique (par exemple les coûts de la collecte des données
sur les ménages pour identifier les ménages en
insécurité alimentaire, les coûts de répondre
à cette insécurité alimentaire, et les avantages sociaux
d'y avoir remédié).
Il y a une préoccupation croissante pour
l'amélioration des mesures de la SAN comme une réponse au besoin
urgent d'atteindre une sécurité alimentaire et nutritionnelle
durable au niveau mondial. Il est alors nécessaire d'identifier les
populations et les individus qui sont dans un état
d'insécurité alimentaire et nutritionnelle. Plusieurs indicateurs
existent au niveau mondial, national, familial et individuel. Chaque indicateur
reflète un aspect spécifique de la SAN et n'est ainsi pertinent
que pour certaines situations. Cette section documente la liste des indicateurs
qui ont été les plus utilisés dans la littérature
de diverses disciplines. Plusieurs indicateurs énumérés
ci-dessous sont des mesures bien connues approuvées par le Comité
de la Sécurité Alimentaire mondiale (CSA) et utilisées
pour le suivi des réalisations des OMD. Les indicateurs de
sécurité alimentaire présentés dans cette section
sont: L'indicateur FAO de la sous-alimentation (FAOSA); l'Indice de la Faim
dans le Monde (IFM); l'Indice de Sécurité Alimentaire Mondiale
(ISAM); L'indice de la Pauvreté et de la Faim (IPF); L'Indice
d'Engagement de Réduction de la Faim, (IERF); Les indicateurs
anthropométriques (IA); le Score de Diversité Alimentaire (SDA);
les Indicateurs Médicaux et de Bio-marqueurs (IMB).
II.1.1 Un ensemble d'indicateurs
pour couvrir les multiples dimensions de la SAN
L'édition 2013 du rapport SOFI met l'accent sur la
nécessité de considérer de multiples dimensions dans
l'analyse de l'insécurité alimentaire. On parle de
sécurité alimentaire et nutritionnelle « lorsque tous les
individus ont à tout moment accès physiquement, socialement et
économiquement à de la nourriture suffisante, saine et nutritive
leur permettant de satisfaire leurs besoins énergétiques et leurs
préférences alimentaires pour mener une vie saine et active»
(Comité de la Sécurité Alimentaire mondiale, 2009). Quatre
dimensions de la sécurité alimentaire se dégagent de cette
définition : la disponibilité des aliments, l'accès
économique et physique à la nourriture, l'utilisation de la
nourriture et la stabilité (vulnérabilité et chocs) dans
le temps. Chaque dimension est décrite par des indicateurs
spécifiques (Tableau 1)
II.1.1.1 La dimension «
disponibilité »
Cinq indicateurs sont utilisés pour saisir la dimension
disponibilité de la SAN. La valeur moyenne de la production alimentaire
par tête est calculée comme le rapport entre la valeur totale de
la production annuelle alimentaire en dollar international (estimation de la
FAO) et la population. Il s'agit d'une mesure transfrontalière
comparable de la taille économique du secteur de production alimentaire
du pays. La suffisance des apports énergétiques alimentaires
moyens mesure l'adéquation de l'apport alimentaire national en calories
et permet de comprendre si la malnutrition est principalement due au manque
d'approvisionnement alimentaire ou à une mauvaise distribution. Les
trois autres indicateurs, à savoir : la part de l'apport
énergétique alimentaire provenant des céréales, des
racines et des tubercules, l'apport protéique moyen et l'apport moyen en
protéine animale permettent de rendre compte de la diversité de
l'approvisionnement alimentaire.
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