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Analyse des déterminants de la sécurité alimentaire en république Centrafricaine.


par Chancel Japhet KPATAGUELE
Université de Yaoundé II-SOA - Master 2 en politique publique et développement durable 2018
  

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I.1.2 Accès à l'alimentation

La crise politico-militaire déclenchée en 2012 a provoqué la détérioration de la sécurité alimentaire dans un pays où le tiers de la population se trouvait déjà en situation d'insécurité alimentaire (PAM, 2014). Avec la fragilisation des moyens d'existence, les ménages se sont rabattus sur des activités secondaires (cueillette, travaux journaliers, taxi-moto...). Ces mécanismes n'ont pas suffi à assurer la sécurité alimentaire à long terme : une baisse de la fréquence et de la qualité des repas a été observée.

Le niveau global de l'insécurité alimentaire reste actuellement très préoccupant en RCA. Au bout de quatre années de crise, les ménages ont vu leurs ressources progressivement s'éroder alors que l'insécurité et les déplacements se poursuivent.

Selon l'ENSA de 2016, 54% des ménages font face à l'insécurité alimentaire dont :

· 48% des ménages en insécurité alimentaire modérée. Ces ménages ont une consommation alimentaire déficiente donc ne peuvent assurer leurs besoins alimentaires minimum sans avoir recours à des stratégies d'adaptation irréversibles telles que la réduction des dépenses de santé ou d'éducation, le retrait des enfants de l'école ou la mendicité ;

· 6% des ménages en insécurité alimentaire sévère. Ces ménages dépendent étroitement de l'assistance alimentaire et ont une consommation alimentaire extrêmement pauvre. Ils sont dans une situation de très grande vulnérabilité économique et recourent à des stratégies qui mettent irréversiblement en péril leurs moyens de subsistance futurs (vente de maison, de parcelle de terrain...).

L'insécurité alimentaire est inégalement répartie dans le pays. Ainsi la situation est plus critique à cause des problèmes sécuritaires dans certaines préfectures où l'insécurité alimentaire touche plus de 60% des ménages. Il s'agit des préfectures du Haut Mbomou avec 66%, de l'Ouham avec 64%, de la Ouaka avec 63%, de la Lobaye avec 61% et de la Basse Kotto avec 60% comme le montre la figure suivante. Par ailleurs, les réfugiés, les retournés et les personnes déplacées en camps/sites/enclaves sont particulièrement touchés par l'insécurité alimentaire avec respectivement 77% et 58% des ménages qui se retrouvent le plus souvent dans une situation de grande vulnérabilité économique.

Figure 1 : Situation de la sécurité alimentaire par préfecture

Source : Auteur à partir des données de la FAO (FAOSTAT, 2019)

L'insécurité alimentaire des ménages est liée à leur pauvreté. Ces ménages sont fortement dépendants des marchés pour s'approvisionner et ont du mal à y accéder financièrement.

Pour plus de 90% des ménages, les marchés sont la principale source d'approvisionnement et sont donc très vulnérables à la hausse des prix (VAM, 2017). A cela s'ajoutent une forte variabilité des prix des denrées sur le territoire depuis novembre 2016 et la mauvaise intégration au marché due à des difficultés de transport, à l'insécurité et à la baisse de production des principales spéculations du pays les quatre dernières années.

Les prix du riz, du maïs et de l'huile de palme ont augmenté graduellement surtout entre janvier et mars 2017 (VAM, 2017). Cette situation a entraîné un faible pouvoir d'achat et des difficultés d'accès alimentaires pour les ménages pauvres. En outre, en raison de la recrudescence du conflit, on observe la baisse de la plupart des sources de revenus et d'alimentation ainsi que des circuits de commercialisation traditionnels qui restent perturbés à travers le pays, ce qui va donc continuer d'affecter l'accès à l'alimentation des déplacés, des retournés, des familles hôtes et des ménages pauvres. L'agriculture constitue l'activité principale de la majorité des ménages en RCA. Ces ménages tirent la majeure partie de leurs revenus de la vente de leurs productions agricoles.

Les ventes de produits agricoles interviennent de façon massive au moment des récoltes (entre août et décembre en fonction des zones agro-écologiques), période où la disponibilité de ces produits est la plus forte et donc les prix les plus bas. Les ménages se trouvent ensuite dans l'obligation d'avoir recours aux marchés pour leur alimentation, aux périodes où les prix remontent (du début de l'année aux premières récoltes vers juillet). Les stratégies commerciales ainsi développées par les ménages, sont finalement peu efficaces et ne leur permettent pas de tirer le meilleur profit de leur production. La dépendance des ménages aux marchés pour leur alimentation et la précarité de leur stratégie commerciale, les rendent particulièrement vulnérables aux chocs.

L'accès matériel ou financier aux denrées alimentaires a été entravé par le déplacement des populations, l'insécurité et les grandes perturbations du secteur agricole. La baisse de la production agricole a aussi fait largement augmenter le prix des denrées alimentaires. Par ailleurs, les consommateurs ont perdu un tiers de leur pouvoir d'achat par rapport à 2012, ce qui a encore aggravé leur précarité. Les femmes, les populations déplacées, les minorités isolées dans les enclaves, les populations de retour et les réfugiés sont les plus gravement touchés par l'insécurité alimentaire.

Les systèmes traditionnels de solidarité sociale se sont effondrés et les déplacements ont détruit les réseaux de solidarité communautaire et affaibli la cohésion sociale. Les personnes pauvres et vulnérables ne bénéficient pratiquement d'aucune protection sociale, hormis les programmes financés par les bailleurs de fonds. Les dispositifs nationaux existants sont principalement contributifs et centrés sur les employés de la fonction publique (RCPCA, 2016).

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