Analyse des déterminants de la sécurité alimentaire en république Centrafricaine.par Chancel Japhet KPATAGUELE Université de Yaoundé II-SOA - Master 2 en politique publique et développement durable 2018 |
CONCLUSIONLa complexité du concept de la sécurité alimentaire exige des indicateurs appropriés pour la quantifier. Nous avons fait un tour sur l'historique des indicateurs de la sécurité alimentaire dans la première section de ce chapitre, cette section a été breve car le concept de la sécurité alimentaire reste encore ressent et les débats sont encore présents sur la question des indicateurs de la sécurité alimentaire, depuis son apparition, la sécurité alimentaire ne cesse de suscité des débats autour de son concept et les indicateurs qui permettent de la mesuré subissent une parfaite évolution dans le temps. Dans la section 2 de ce chapitre nous avons parcouru les différents indicateurs et indices de la sécurité alimentaire, ces indicateurs se diffèrent selon le type d'analyse. Ce chapitre nous a permis de comprendre le concept de sécurité alimentaire dans son ensemble et c'est ce qui va nous permettre d'aborder avec clarté le chapitre suivant qui est consacré à l'analyse de la sécurité alimentaire en RCA. CHAPITRE 2 : LA RCA ET LA SÉCURITÉ ALIMENTAIREINTRODUCTIONL'agriculture, principal pilier de l'économie centrafricaine, emploie environ 70% de la population active du pays et contribue pour 55% au Produit Intérieur Brut (PIB) en 2008 contre 13,1 % pour le secteur secondaire et 31,9% pour le secteur tertiaire. Les différents sous-secteurs de l'agriculture contribuent également au PIB Agricole (PIBA), la part des cultures vivrières dans le PIBA étant de 51,40 %, celle des cultures de rente (coton, café, tabac) de 1,23 %, l'élevage (bovins, caprins, ovins), la chasse et pêche et des forêts représentaient respectivement 22,83%, 9,60% et 14,94% du PIBA (Ministère de l'Agriculture et Ministère de l'Elevage, 2014). Elle contribue également à la création d'emploi car elle est une activité génératrice de revenus pour plusieurs populations actives. En effet, environ 60% des productions vivrières sont destinées à l'autoconsommation (Aquastat, 2005) et l'agriculture vivrière constitue la principale source de revenu de la population centrafricaine dont elle emploie approximativement 67% de la main d'oeuvre totale du secteur agricole (ENDJIKPENO, 2009) tant dans les zones rurales qu'à Bangui. On a 87% des ménages pratiquant la culture vivrière sur l'ensemble du territoire (PAM Centrafrique, 2011). Cette caractérisation de l'agriculture est en effet, une partie introductive de l'analyse de la sécurité alimentaire en RCA. L'objectif de ce chapitre est de faire une analyse de la situation alimentaire et nutritionnelle en RCA dans la première section et dans la seconde section nous allons passer en revue les politiques et les programmes de la sécurité alimentaire et nutritionnelle. I. ANALYSE DE LA SITUATION ALIMENTAIRE ET NUTRITIONNELLE EN RCAL'objectif de cette section est de présenter la situation actuelle de la sécurité alimentaire et nutritionnelle. I.1 Analyse de la situation de sécurité alimentaire en RCASelon le rapport de l'indice de la faim en Afrique 2016 publié par le Nouveau Partenariat pour le Développement en Afrique (NEPAD), la RCA est le pays qui connait le score d'indice de la faim le plus élevé dans le monde. Le pays enregistre un indice de 46,1 points, un score néanmoins en baisse par rapport aux 48 points de l'année 2008. Il connaît de graves insécurités alimentaires localisées, entrainées par des récoltes précoces déficitaires, de mauvaises récoltes, un faible niveau de stocks alimentaires, la persistance des prix élevés, la crise politico-militaire, des tensions et une situation d'insécurité limitant l'accès aux travaux agricoles et à des sources de nourriture, la situation de déplacés internes etc6(*). La proportion de la population disposant d'un revenu inférieur à 1,25 dollar par jour était de 62,8% en 2008 dont la grande majorité en milieu rural. Avec 37,6% de sa population dénutrie en 2013, la RCA a le taux le plus élevé en Afrique Centrale7(*). L'ODD2 donne l'occasion d'analyser la situation de la sécurité alimentaire en RCA en vue d'identifier les opportunités et les défis liés aux différentes composantes de la sécurité alimentaire que sont la disponibilité, l'accessibilité, la stabilité/durabilité et l'utilisation des aliments. I.1.1 Disponibilité alimentaireLa RCA dispose, selon le Ministère de l'Agriculture et du Développement Rural, d'énormes potentialités naturelles : 15 millions d'ha de terres arables dont environ 5% seulement sont mis en culture chaque année ; 16 millions d'ha de pâturage et de parcours dont 9 millions d'ha sont exploités ; conditions agro-écologiques favorables ; abondance des ressources en eaux ; importantes potentialités en matière de pêche ; etc. En outre, l'économie est centrée sur un secteur agricole fortement pluvial pouvant contribuer efficacement à sa croissance. En effet, entre 2013 et 2014, les activités agricoles ont connu de sérieuses perturbations : les superficies emblavées à des niveaux nettement inférieurs à ceux d'avant la crise, en raison de l'insécurité persistante et la rareté des intrants essentiels, tels que les semences et les outils. La récolte de 2014, estimée à 759.422 tonnes et accusant une baisse de 58% par rapport à la moyenne pré-crise, a connu une augmentation de 11% par rapport à 2013 grâce à une augmentation de la production de manioc. Cependant, la production céréalière affiche un recul de 54% en 2014 par rapport à 2013. L'effectif du cheptel abaissé jusqu'à 77% par rapport au niveau pré-crise, suite aux pillages et aux abatages. Les captures en poisson étaient en baisse de 40%, à cause d'insécurité dans les zones de pêche et de perte d'équipement (PAM, 2014). La production végétale est tirée par les cultures vivrières qui représentent 95% de sa valeur ajoutée contre 5% pour les cultures de rente que représentent les exportations de coton et de café. Les principales cultures vivrières sont le manioc, le maïs, l'arachide, le paddy, le sésame, le mil/sorgho et les courges. Leurs productions sont passées de 1.041.812 tonnes en 2012 à 802.709 tonnes en 2015 après une baisse considérable en 2013. Tableau 4 : Productions vivrières de la RCA de 2012 à 2015 en tonnes
Source : DSDI La production animale reste difficile à estimer puisque la situation actuelle ne permet l'actualisation des données sur le cheptel. Toutefois, les estimations des effectifs du cheptel par espèce en 2012 donnent 3.950.000 bovins, 5.933.000 caprins, 403.000ovins, 1.068.000 porcins et 6.552.000 volailles. Sur la base des estimations théoriques, environ 73.210 tonnes de viandes ont été produites en 2012, dont 90% de viandes bovines (VAM, 2014). La production halieutique potentielle peut être estimée entre 20.000 et 50.000 tonnes par an, en fonction de l'ampleur des crues dans les bassins de l'Oubangui et de la Sangha tandis que la production piscicole est estimée à environ 250-300 tonnes par an (VAM, 2014). La production cynégétique (produits de la chasse) contribue à la sécurité alimentaire et nutritionnelle de la population de même que les produits forestiers non ligneux (gnetum, champignons, écorces, miel, chenilles, termites, escargots...) contribuent à l'alimentation et à la nutrition. Cependant, leurs contributions restent encore à explorer. Toutes ces différentes productions nationales vivrières, animales, halieutiques, cynégétiques et forestières non ligneuses concourent à la sécurité alimentaire et à la nutrition et sont complétées par des importations et de l'assistance alimentaires qui étaient relativement réduites jusqu'au déclenchement de la crise en 2012. Les importations alimentaires de la RCA sont passées de 28,328 milliards de FCFA en 2012 à 39,127 milliards de FCFA en 2015, soit 10,799 milliards de FCFA en 3 ans. Tableau 5 : Importations alimentaires de la RCA de 2012 à 2015 en millions de FCFA
Source : ICASEES L'assistance alimentaire fournie par le PAM est passée de 8.775 tonnes en 2013 à 36.530 tonnes en 2015 après une forte hausse à 45.720 tonnes en 2014 (SPR 200799, 2016). Ces données ne sont pas complètes puisqu'elles n'indiquent que les contributions du PAM et ne peuvent prétendre à l'exhaustivité de l'assistance alimentaire en RCA. Lorsqu'on considère les caractéristiques agro-écologiques du pays, on se rend compte de l'existence d'une potentialité pouvant assurer la disponibilité afin de garantir la sécurité alimentaire à la population. Cependant, le faible niveau de disponibilité alimentaire est dû à deux grands facteurs : une production faible avec un système agricole peu performant, et un système commercial peu efficace avec un faible niveau d'échange. * 6 Rapport du NEPAD sur la sécurité alimentaire en Afrique, 2016. * 7 Rapport de la Commission Economique pour l'Afrique, Nations Unies, 2015. |
|