II.1.1.2 L'alternance français/arabe
Cette forme d'alternance est moins fréquente dans notre
corpus et est attestée chez nos enquêtés tchadiens. Ces
derniers ont généralement pour langue maternelle l'arabe.
À titre d'exemples nous pouvons citer : Extrait de
l'enregistrement N°4 :
I1: [ wallay ]
(du zarma ou songhaï) j'ai presque fini même /./
je dois déposer ça le dix-sept
(toux)
I2: xxx
I3: [ almé gaye
] (de l'arabe tchadien) ( il y'a de l'eau)
I4: [ almé gaye
xxx mala xxx ] (de l'arabe tchadien) (y'a de
l'eau xxx pourquoi xxx) /../ hein
pardon
I1: Chapitre III Analyse des corpus et
présentation des résultats
71
tu veux prier
À partir de cet exemple, nous pouvons déduire
que nos enquêter pour interagir avec leurs compatriotes utilisent
généralement les langues qu'ils en commun, soit leur langue
maternelle ou soit une de leurs langues nationales, il s'agit ici de
l'alternance de compétence. C'est le cas dans l'exemple ci-dessus,
extrait de l'enregistrement N°4, lors d'un échange entre un
nigérien, un congolais et deux tchadiens. Nous avons constaté que
pendant cet échange l'un des deux tchadien s'est adressé à
l'autre en arabe tchadien, qui d'ailleurs est leur langue maternelle à
tous les deux (I3 et I4).
Nous pouvons aussi souligner l'alternance arabe
algérien, par exemple dans les extraits suivants :
Extrait de l'enregistrement N°7 :
I2: elle passe tout son temps à somnoler
(rire) /./ même interro /./ en interro
elle a somnolé
I1, I2 et I3 : (rire)
I1: [ wallah ] >
(de l'arabe algérien )
I2: [ wallah ] < (rire)
/../ pour te dire que son cas est vraiment xxx
>
Extrait de l'enregistrement N°8 :
I1: médicale /../ donc Ramah
/./ toi tu dois partir sur le terrain le
/
I2: le vingt-neuf
I1: eh :::: /../ vous allez partir
dans quelle [wilaya] (de l'arabe
algérien) donc
I2: je (ne) sais pas /./
ils ne nous ' ont pas dit /
II.1.1.3 L'alternance français/autres langues
Nous avons également relevé dans notre corpus
l'alternance du français avec d'autres langues. Notamment quelques
langues nationales des communautés subsahariennes. C'est par exemple le
cas de l'alternance français/zarma ou songhaï, langues
généralement parlées au Niger et au Mali et dont l'une est
une variété de l'autre.
Chapitre III Analyse des corpus et
présentation des résultats
72
Extrait de l'enregistrement N°7 :
I1: (rire) [ lallé
] (vraiment) (du songhai et zarma) ça craint vraiment
/./ ça craint grave >
Nous remarquons dans cet extrait l'utilisation de l'adverbe
« lallé » qui littéralement veut dire vraiment.
À celle-ci s'ajoute l'alternance
français/haoussa, le haoussa qui est une langue
généralement parlée au Niger, au Nigéria, au
Cameroun, au Tchad...
Comme exemple nous pouvons citer entre autres les extraits
ci-dessous : Extrait de l'enregistrement N°6 :
I3: ah Mousto le nigérien
c'est ton pro / euh c'est ton /
I2: oui c'est mon
promo
I3: vous faites la même chose
I2: oui on fait la même chose I1
et I3: mmm
I1: [wayo ] (pour
exprimer de la compassion) < (du haoussa) /../
moi je suis ici /
Dans cet nous relevons l'usage de l'expression « wayo
» qui est généralement utilisée dans la langue
haoussa pour exprimer sa compassion à l'égard de quelque
chose.
Extrait de l'enregistrement N°8 :
I2: xxx j'étais
/ j'étais partie à la quincaillerie /./
j'ai dit au monsieur je veux un marteau /./ ' y'a une
/ tu vas faire quoi avec le marteau > /../
je l'ai bien regardé après il m'a parlé doucement
< [ wallahi ] (du haoussa) <
xxx
L'emploie dans cet extrait de l'expression « wallahi »
qui sert de serment et qui signifie littéralement : au nom de Dieu, je
le jure.
Chapitre III Analyse des corpus et
présentation des résultats
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