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Industrie 4.0, une revolution industrielle et sociale ?


par Vincent Kergueme
ESLI - Master 2 2020
  

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2. Conséquences sur l'organisation du travail dans les entreprises

Que signifie concrètement l'industrie 4.0 pour l'organisation du travail ?

Changement de la nature du travail

Konrad Klingenburg, directeur du bureau de Berlin du principal syndicat allemand de l'industrie, IG Metall, analyse les changements attendus sur six dimensions (graphique 8).

Les savoir-être, la capacité à échanger, à partager, à s'accorder, l'autonomie et la créativité vont prendre une importance capitale dans l'industrie du futur. Les relations horizontales tendront à se substituer aux rapports hiérarchiques verticaux. Les collaborations s'étendront hors de l'entreprise dans une logique d'entreprise-réseau ou entreprise-plateforme.

Changement des formes d'organisation

À ces changements dans la nature du travail répond toute une gamme de formes d'organisation des entreprises, allant de l'organisation polarisée à l'organisation en essaim - en passant par des variantes issues d'une conjugaison de ces deux modèles.

L'organisation polarisée s'appuie sur l'hétérogénéité des tâches, des qualifications et des emplois au sein de l'entreprise. Elle répond aux besoins des systèmes de production qui consistent à maintenir un nombre limité d'opérateurs en charge de tâches simples, n'offrant que peu ou pas de marges de manoeuvre, et un groupe croissant de techniciens et de spécialistes, dont le niveau de qualification est nettement supérieur à celui des ouvriers qualifiés traditionnels. Ces salariés sont non seulement chargés des tâches de maintenance (par exemple, gestion des pannes), mais assument aussi diverses tâches de gestion de la production.

À l'autre bout du spectre se trouve l'organisation en essaim (en France, on parle plutôt d'« entreprise libérée », ce qui introduit un jugement de valeur assez contestable, ou encore d'holacratie). Cette forme d'organisation du travail se caractérise par un réseau plus souple de salariés très qualifiés et opérant sur un pied d'égalité. Dans cette forme d'organisation, on ne trouve plus de tâches simples, nécessitant peu de qualifications, celles-ci ayant été en grande partie automatisées. Les tâches ne sont pas définies pour chacun des salariés : le collectif de travail opère en s'auto-organisant et en s'adaptant à chaque situation (figure 8).

Figure 8. Changement de la nature du travail

Source : Zukunft der Arbeit - IG Metall

Figure 9. Organisation polarisée versus en essaim

Source : Hirsch-Kreinsen

Dans chacune de ces hypothèses, l'homme reste au centre de l'activité mais sa dépendance à l'égard des données augmente fortement. C'est l'une des raisons pour lesquelles la sécurité et la protection des données revêtent une importance particulière.

Risques et opportunités pour les travailleurs

Les changements dans la nature du travail, ainsi que dans les modèles d'organisation, ouvrent pour les travailleurs des risques et des opportunités. Le représentant d'IG Metall les résume dans le tableau ci-contre.

Il estime probable que, le travail quittant de plus en plus ses formes et ses lieux classiques, on observera une forte augmentation du « travail à distance » et du « travail sur le cloud », effectué par des personnes moins bien payées, travaillant en freelance, bénéficiant d'une moindre protection sociale et sans accès à la participation. Ce crowdworking se déploiera d'abord et prioritairement dans le monde des nouvelles technologies, mais pourrait à court terme essaimer et « contaminer » les entreprises traditionnelles. Il faut donc s'attendre à un creusement des inégalités entre actifs (salariés versus travailleurs indépendants et indépendants économiquement dépendants), particulièrement en matière de protection sociale, d'accès au crédit et aux assurances.

Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, va dans le même sens en soulignant que la pression sur les salariés risque encore d'augmenter en raison du décloisonnement entre vie professionnelle et vie privée, d'astreintes « en continu » et d'une surveillance accentuée, concrétisant le « panoptique » cher à Michel Foucault. La géo-localisation des chauffeurs de poids lourds en offre déjà un exemple.

Dans les prochaines années, l'organisation du travail devrait devenir l'un des principaux enjeux du dialogue social.

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle