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L'intelligence artificielle au sein des services marketing

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par Erwan Roux de Bezieux
Kedge BS - BAC+5 / Ecole de Commerce 2018
  

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Annexe 3 : Entretien Frédéric Bornuat

 

Frédéric BORNUAT

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Titulaire d'un DESS en Marketing, il débute sa carrière dans le secteur de la grande distribution au sein du groupe Carrefour puis intègre une société de marketing relationnel spécialisée dans l'exploitation comportementale des bases de données clients du retail.

Après plusieurs années, il intègre le groupe Cegid en charge du CRM puis encadre les équipes d'analytique et de Data Science au sein du marketing corporate. Depuis 3 ans, il est le Chief Data Officer du groupe Cegid dans la Direction des Technologies et pilote avec les équipes R&D et IT l'ensemble des initiatives dans le domaine de la Data et de l'intelligence artificielle.

Biographie tirée du sommet AI Summit à Lyon (2018)

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Précision : Dû à un problème d'enregistrement, une partie de l'entretien a été tronquée. L'entretien retranscrit sera donc réaménagé de sorte que l'introduction prévue soit lisible au début de la retranscription et non pas en fin comme enregistrée.

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- Merci d'avoir proposé cette rencontre aujourd'hui dans vos locaux, et ce afin de dis-

cuter un peu plus longuement que si nous l'avions fait hier lors du IA Summit de Lyon à l'INSEEC.

- C'est plus simple de se poser une heure ici dans mes bureaux et tout le monde y

gagne (rires).

- Je vais vous poser quelques questions réglementaires désormais. Êtes-vous toujours

d'accord pour que je conserve l'enregistrement de notre discussion ?

- Oui sans problème.

- Est-ce que vous avez évoqué des choses confidentielles qu'il faut que je supprime de

cet échange ?

- Non je ne vous ai pas cité d'informations personnelles, de clients ou de partenaires

qui pourraient fuiter. Ce sont des éléments descriptifs de notre pratique et cette pratique-là elle n'est pas confidentielle. Loin de là.

- Plus vous personnellement, j'aimerais avoir un très bref résumé de votre emploi au-

jourd'hui, vous l'aviez déjà un peu évoqué tout à l'heure, mais cette fois-ci de manière un peu plus institutionnelle désormais ainsi que votre mobilité professionnelle que vous avez pu avoir précédemment et enfin que certains détails personnels que vous voudriez peut-être évoquer.

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- Je vais le faire de manière rétroactive. En tant que CDO j'appartiens à la direction des

technologies. Il y a deux axes sur lesquels je travaille principalement : l'ensemble des initiatives qui sont destinées à l'innovation autour de la Data et l'IA, cela m'occupe avec les équipes R&D et Product Management du groupe (les deux sont extrêmement liées), c'est la vocation fondamentale et première de mon rôle ; et puis j'ai une casquette plus « classique » si je puis dire car le poste de CDO est assez récent, et là je m'occupe de tout ce qui est interne concernant la Data Science et Data Gouvernance dans le groupe en travaillant cela avec la DSI.

Avant cela, mon expérience au sein du groupe Cegid a été de m'occuper du CRM et de l'Analytics dans la Direction Marketing en sachant que j'avais dans ce giron là tout ce qui est l'user and research marketing (étude marketing sur la marque, les marchés, nos clients, leur satisfaction etc.) avec la partie business analytics que j'ai indiqué. C'est avec l'équipe qui a été constitué et initialement j'avais été embauché au sein de Cegid pour m'occuper du CRM dans le groupe. C'est un peu mon histoire et mon historique au sein du Groupe Cegid.

J'ai aussi passé 8 ans au sein de Catalyna Marketing qui est une société de marketing relationnel travaillant dans le domaine du retail et de la grande consommation. J'ai principalement été Chef de Projet dans cette organisation pour le marché du retail et dans le domaine de ce qui ne s'appelait pas encore du Big Data mais qu'on appelait « méga base de données » mais mon histoire a toujours été, et cela fait 20 ans que je travail, autour de la data et je dirais que mon expérience s'est façonnée dans le monde B2C puisque la manipulation des données étaient des données consommateurs principalement issus des tickets de caisse des retailers. Mon héritage il est là et il a été aussi très profitable dans mon parcours parce que je le mets à profit dans un monde plus B2B et qui est moins en ancrage par rapport au monde B2C.

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J'ai démarré ma carrière chez Carrefour et j'y ai passé quelques mois avec un bref passage par ce que le retail m'a toujours plu donc j'ai commencé par là.

- Pour quel emploi ?

- Dans le merchandising à l'époque où les supermarchés Carrefour théâtralisaient leurs

espaces de vente et ils avaient besoin de collaborateurs pour travail sur des plans merchandising et ce qui m'intéressait déjà le plus à l'époque c'était l'analytics autour des plans merchandising, sur la performance du positionnement des produits dans les points de vente et donc j'étais très attaché à cela. Après moi j'ai une formation de Marketing, ce qui s'appelait un DSS en Marketing à l'époque et j'ai été assez tôt attiré par le retail et la Data et donc ça fait 20 ans que j'ai progressivement un peu dérivé mais pas trop. Ça a du sens mais ça n'empêche pas qu'un jour je pivoterai mais j'ai conservé cette forme de ligne directrice. Et puis le marché et les évolutions ont fait que l'on ne s'ennuie pas. On est sur un métier, on le sait, très vivace et qui évolue très vite, ce n'est pas un métier je dirais très réglementaire ou legacy ou régalien dans les entreprises donc il y a encore je dirais un boulevard à faire pour exercer des activités dans le domaine de la data puisque le numérique ça a perduré et il y aura forcément le besoin d'exploitation de solutions de la donnée. C'est une certitude.

- {Concernant l'implémentation dans les services} (...) La situation aujourd'hui a un

petit peu évolué, à savoir qu'il n'y a plus vraiment de Marketing dans les Business Unit, donc d'un point de vue organisationnel tout a été organisé et transféré de manière globale au niveau marketing.

L'entité Business Analyst est d'un point de vue organisationnel lié à une entité qui s'appelle LeadGen (le Lead Generation c'est l'acquisition de comptes de développement de la base installée). Les équipes de Business Analyst travaillent à côté des équipes de

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marketing automation : ils ont pour fonction de mettre en oeuvre les programmes marketing dans la solution marketing « Marketo » qui est couplée dans notre CRM et qui nous permet d'orchestrer les campagnes multicanales qu'on conduit avec nos clients et nos prospects.

Et puis il y a à côté de cela une troisième équipe qui est une cellule de Télémarketing, qui est la cellule historique en fait et qui travail en combinaison avec le marketing automation : ça peut être du mail, réseaux sociaux, l'historique, le téléphone et on continue bien évidemment à qualifier et pré qualifier des leads à travers la cellule de télémarketing et cela nous permet de scorer des comptes que l'on donne à la cellule télémarketing.

Donc nous aujourd'hui la cellule data science a été détachée depuis ma nomination il y a 3 ans en tant que CDO, pour qu'elle soit transverse à la totalité du groupe et pas exclusivement réservée à la partie Marketing du groupe. Les deux Data Scientist qui travaillent avec moi travaillent beaucoup pour la team Marketing (70% de leur job) mais ils travaillent aussi avec la fonction Ressources Humaines par ce qu'on mène aussi des travaux avec eux ; avec ceux du Cloud également autour de la problématique du prédictif avec le Cloud autour des machines et des incidents. Ils travaillent aussi en combinaison avec le Marketing et la vente sur des plans d'action qui sont on va dire de type circuit court avec que du marketing et de la vente. On va dire que s'il y a une base à scorer de 10 000 clients et que y'a pas un dispositif marketing d'accompagnement et bah nous on fournit la cible qui est automatiquement appelée (souvent dans cet apanage) en fonction des scores qu'on établit. Là encore récemment on a moins travaillé dans un cadre d'acquisition business mais plutôt dans un cadre défensif pour scorer des comptes qui ont été attaqués par un concurrent bien identifié et de faire un score de « churn » pour identifier les clients qui sont les plus à risque « versus » ceux qui le sont le moins. Là on est dans une situation plutôt défensive pour dire « quelles sont les actions qu'il faut que l'on prenne » ...

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- Auriez-vous un exemple concret ?

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- C'est plus ou moins confidentiel mais je peux vous dire qu'on est attaqué sur le ser-

vice comptable (secteur de la paie) avec un acteur qui pénètre à vitesse grand V le marché et qui nous a pris une centaine de comptes donc c'est significatif par ce qu'on est sur des marchés (sans dire qu'ils sont captifs) où érosion d'une base client est faible et donc ça se joue sur un marché fermé. La bataille est assez aiguisée sur quelques comptes et là on a une fuite assez significative et donc face à ce concurrent qui est hyper spécialisé, par ce que nous on est assez généraliste malgré tout, notre réaction c'est de dire qu'on a plus de 3000 comptes, lesquels sont fondamentalement en danger car attaqués et perdus dans les 2/3 dernières années ? On est en train de mettre en place une organisation qui permet d'identifier ces comptes avec 4 segments : des clients dangers, à surveiller, passifs, en sécurité. On a quatre segments et on va ordonner un plan d'action pour s'assurer qu'on va réduire au maximum le taux de perte et avoir des actions coup de poing pour réagir et contrer la conquête de ce concurrent sur ce marché là. Alors évidemment ça se joue sur différentes échelles : offre, plan d'action, plan marketing etc., mais ce qui est sûr c'est que notre rôle est de cibler et identifier les comptes qui sont susceptibles d'être les plus attaqués parce qu'ils correspondent à ceux qui sont tombés dans le passé.

- Et qui ont sûrement les mêmes intérêts donc.

- Il y a un profil qui se dégage tant au point de vue géographique que de la taille, et

que de l'équipement. Il y a un modèle de scoring assez clairement identifié et des éléments propices à la perte désormais identifiés. Pour faire simple, un petit cabinet de service comptable de 3 collaborateurs basé à Paris et qui a un faible niveau d'équipement chez nous : il n'est pas en danger et on peut dormir tranquille. En revanche à l'inverse, s'il est en Auvergne Rhône-Alpes et qu'il a une taille assez importante et qu'il est équipé de la plupart des solutions collaboratives chez nous : méfiance, on est en danger.

Ceci donne des clés explicatives (pas encore en deep learning) et permet d'un point de vue de la communication et de l'explicabilité d'être limpide et d'être très clair dans la

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communication. Même si c'est multidimensionnel, l'être humain a du mal à résonner au-delà de 3 dimensions. On peut donc être plus pédagogique dans la communication, plus didactique pour définir finalement les cibles et ce même si on a un score et les segments l'idée n'est pas de dire une probabilité de perte mais de packager le tout. C'est aussi le principe de l'exerce de ce métier en Data Science, d'être pédagogique et de le mettre à la portée des équipes qui ne sont pas familier à ce genre de domaine.

D'un point de vue technologique, on travaille... on n'est pas dogmatique. Notre propos c'est d'être pragmatique (comme évoqué hier). Il faut faire des choix technologique : notre orientation est de continuer à rentabiliser des investissements autour de la plate-formes IBM SPSS Modeler mais aussi dès lors que c'est nécessaire, par ce qu'on a pas les librairies et packages disponibles sous Modeler, de pouvoir travailler sous Python dès que c'est utile et nécessaire parfois (on doit scraper des documents, des librairies sont plus efficaces et pas disponibles dans nos outils) donc on se laisse le libre cours et libre possible de travailler avec des langages open source.

On fait aussi de la veille technologique donc en suivant typiquement ce que fait Microsoft autour du machine learning studio, on a fait quelques tests avec DataQu. Donc on est en veille sur des solutions type Cloud ou d'autres très propriétaires. On se laisse la possibilité de pivoter dès que nécessaire car on ne veut pas s'enfermer dans tel ou tel domaine ou univers technologique : en l'espace de 6/7 ans, les choses ont extrêmement évolué et il faut être en capacité de suivre ces évolutions technologiques et algorithmiques pour ne pas être dépassé par les enjeux et challenges lancés par Cegid.

- Comment procédez-vous à ces choix d'outils après ces veilles ?

- Il y a plusieurs évaluations. Une grille d'analyse qui regroupe des éléments technolo-

giques, techniques, d'usage et économiques. Aujourd'hui l'UX dans les produits de Data Science c'est un élément clé. On peut être sur du « coding from scratch » mais bien souvent quand même on a soit une couche d'attraction soit une application qui est beaucoup plus enrichie. Les équipes sont challengées par le temps avec le principe du « time to ana-

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lyse is time to discovery » et cela se réduit. Il faut tout le temps aller vite et il y a aussi la nécessité de collaborer ou échanger. On a des équipes qui évoluent, qui grossissent, des gens qui sortent et il faut pouvoir assurer également la capacité de transmettre le savoir de ce qu'on a fait dans le passé pour assurer une continuité d'activité et c'est un élément

très important.
C'est aussi un choix économique car la Data coûte très cher et possède plusieurs modèles économiques. Ce point est décisif très clairement.

Un élément technologique, qui n'est pas tant sur les algorithmes qui sont globalement dans le domaine publique (à part ceux spécialisés dans la santé ou choses très singulières qui nécessitent une verticalisation de l'algorithmie) en revanche tout ce qui est web service et API, des solutions sont à faire évoluer et peu ouvertes. C'est un point clé : sur le déploiement des algorithmes, il faut se brancher au système opérationnel et dans une entreprise comme chez nous il y a du legacy qui datent d'il y a 15 ans alors que chez certains c'est nouveau avec des solutions de maintenant ou 5 ans max. Donc la notion d'interopérabilité entre les solutions de Data Science et opérationnelles (CRM, ERP, help-desk) c'est un élément clé et on y est de plus en plus attaché car notre nécessité est de fournir des scores et des segments mais c'est aussi d'être en capacité d'être de plus en plus dans une forme de temps réel. Et ça, si on n'a pas d'API ou web service disponible ce n'est pas possible d'y songer.

- Dans l'implémentation, vous m'avez plus ou moins répondu en off, j'aurais aimé avoir

des précisions concernant les moyens physiques mis en oeuvre pour Cegid, à savoir comment au niveau de la communication avec et au sein de vos équipes Marketing, comment est mise en place l'installation et comment elle évolue ?

- Comme on est sur un domaine qui est assez méconnu en réalité, même si aujourd'hui

quand on parle parfois de Big Data ou d'IA les gens sont familiers avec ces concepts mais cela reste beaucoup des « buzz words » et les gens n'ont pas creusé et ne savent pas vraiment.

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Notre créneau c'est à la fois d'avoir un mécanisme de sensibilisation au sens large du terme. On utilise beaucoup le réseau social d'entreprise pour démocratiser finalement les concepts et ensuite pour faire connaître et maitriser un peu ce que l'on fait on utilise une plateforme collaborative pour travailler avec les équipes Marketing. Mon souhait c'est d'être très transparent avec ce que l'on fait. Mon planning est ouvert, on sait sur quoi on travaille, rien n'est caché et nous sommes une sorte de centre de service disponible pour les équipes. La notion de transparence est clé.

La notion de démocratisation et d'évangélisation est forte : elle se matérialise pour certains avec de la montée en compétences de la formation pour ceux qui sont concernés avec un cursus de minimum 3 jours de formation prévu au plan de formation du groupe Cegid qui traite du sujet du prédictif. Cela permet d'ouvrir les « shakra » des équipes. Et puis dans la communication c'est un moment qui est clé et c'est souvent un travail pour les Data Scientist qui sont souvent peu à l'aise et assez peu familier. Moi, ayant un « background » un peu plus Marketing, je suis beaucoup plus sensible à cette phase là puisque c'est un peu le dernier moment sur lequel quand on va présenter et situer (avec des points intermédiaires parfois) quand on parle de restitution finale des travaux, c'est vraiment pas un moment qu'il faut rater, parce que l'on peut passer à côté du sujet par ce qu'on aura mal expliqué ou présenté, qu'ils auront pas vraiment compris véritablement ce que l'on veut leur faire passer comme message, tant dans la phase explicative de « Build » (construit les choses, pourquoi on a fait ces choix et prérequis) que dans la restitution finale sur la forme que cela prend. C'est d'ailleurs pourquoi dans le début de l'histoire de la Data Science chez Cegid, les équipes ont été formées au storytelling.

Il y a une pratique aujourd'hui qui s'appelle d'ailleurs le Data Story Telling. L'idée c'était de dire finalement « ok vous avez beaucoup de chiffres, beaucoup de choses à raconter. Mais il y a une forme et des choix à faire pour les raconter et les présenter ». J'ai beaucoup vu l'évolution des collaborateurs prient à l'état zéro et ensuite post-formation storytelling : c'est radicalement différent car plus léché, beau et sexy. Pour le coup, sur des

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publics plus de marketeurs, ça leur parle beaucoup plus quand c'est bien présenté par ce que c'est plus significatif, plus clair et qu'on n'en met pas des tonnes.

La vérité c'est de dire qu'il y a des messages à faire passer, et qu'il faut savoir lesquels. Il faut savoir les maitriser et les présenter sous une forme qui soit explicite pour des initiés. C'est un exercice qui est un temps fort sur lequel on passe beaucoup de temps. Moi ce que je vois par rapport aux profils qui sont passés chez nous, les collaborateurs Data Scientists ne sont pas forcément prêts à ça et ne sont pas familiers du sujet parfois ça les désarçonne un peu par ce qu'ils ne s'attendaient pas à être attendus sur ce terrain là. Et comme ce sont souvent des matheux ou très techniques, la vulgarisation de ce qu'ils font parfois ça leur laisse quelques cicatrices car c'est un exercice sur lequel ils ont été préparés. Notre rôle en tant qu'entreprise est aussi de les accompagner par rapport à ça et de proposer des programmes d'accompagnement qui leur permettent d'être plus à l'aise dans l'exercice futur de ce moment.

- Concernant l'évolution, donc après la mise en place, lorsqu'ils utilisent les outils, est

ce qu'ils ont une parole libre dans le sens où ils pourraient donner des recommandations sur ce dernier ?

- Bien sûr. Pour moi, j'attends de mes collaborateurs qu'ils soient très responsabilisés.

Quand je parle de veille, moi je fais un peu de veille mais eux ils doivent en faire à leur échelle. Dans leur fiche de mission il y a de la veille. Il faut qu'on soit « up to date » et de leur faire gagner en responsabilisation en réalité, en autonomie et en sens critique sur là où ils en sont et là où il faut qu'on évolue. Donc, dans la plateforme technologique on a fait des évolutions qui étaient utiles et nécessaires. Ils ont été moteurs dans ces évolutions et ma responsabilité est de décider s'il faut qu'on y aille ou pas et à quel rythme.

Mais j'attends beaucoup, quand je recrute aussi, que mes data scientist soient en capacité à prendre du recul par rapport à ce qu'ils font et qu'ils soient en capacité de faire des pré-

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conisations, d'amener à nous interroger sur ce que l'on fait. Sinon on devient des Sphinx ou dinosaures et les dinosaures ils ont mal finis (rire). Fondamentalement, la remise en question finalement ça doit être perpétuel. Soit on l'a un petit peu cette ADN là, soit quand on ne l'a pas, il faut mettre quelques piqures de rappel pour ne pas oublier cela.

- A quelle proportion verriez-vous l'utilisation de ces outils au quotidien ou autre

échelle ?

- Nous ce sont des outils de production donc c'est critique. C'est à dire que nous ne

pouvons pas travailler sans. C'est à dire que si nous enlevons ça nous enlevons le métier qui va avec donc c'est très lier. On ne fait de Data Science sur bureautique ça n'existe pas donc c'est imbriqué.

- Qu'elle est la perception de l'outil selon vous à 1, puis 3 puis 5 ans ? Que ce soit en

interne et surtout ses perspectives d'évolution, et y'a-t'il des choses en place qui sont déjà présentent et qui pourrait prédire une évolution forte et auquel cas peut-être à cause d'un certain environnement qui est extrêmement changeant comme vous l'avez dit hier lors de l'AI Summit, est-ce que ces derniers vont impliquer des changements à tous les niveaux et les postes qui en sont impliqués ?

- Pour nous, notre environnement est stable et robuste et cela n'a pas de prix. C'est

important car quand on utilise un outil de production au quotidien, si c'est instable, bourré de bug, c'est invivable. Moi, dans les évolutions je suis très attentif à ça. Quand nous avons fait nos choix stratégiques, on a acheté 20 à 30 ans d'expérience (avec IBM par exemple). Finalement, on a donc acquis ce patrimoine là et on s'est acheté une forme de sécurité. Challenger cela, bien évidemment c'est possible puisque on est en veille, cependant il faut évoluer pour mieux. Ce mieux là, sur quelle dimension va t'on le trouver ?

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A mon sens sur la partie amont connecteur intégration à un environnement beaucoup plus large. C'est à dire qu'aujourd'hui il y a plein de formes nouvelles de base de données dans le monde du Big Data en particulier avec des données qui viennent du cloud etc... On est face à une hétérogénéité beaucoup plus forte des sources des données. Un des enjeux pour moi est de m'assurer que les solutions que l'on a évoluent au rythme de l'environnement data qui existe dans le monde. Pour moi, il y a un vrai enjeu sur la captation de l'hétérogénéité des data.

Deuxième point sur l'évolution est plus sur la Data Prep (Data Preparation) avec l'identification d'anomalies, d'outlayers et la maitrise des données. Bien souvent dans l'expérience que l'on a on se crée une expérience de connaissance des données mais c'est toujours bien d'avoir une solution simple d'emploi dans la correction de données ou sur la découverte des données. Là, il y a une forme d'enjeu. La question de la performance aussi elle peut être assez clé.

Aujourd'hui on n'est pas soumis à des déficits de performance, ce n'est pas du tout le cas : on n'a pas des algorithmes qui tournent 4h, ça n'existe pas. Aujourd'hui on a des plate-formes suffisamment efficaces avec l'architecture technique qui va avec qui nous permettent de travailler dans un temps respectable et raisonnable. Donc la question de la performance il faut la regarder mais ce n'est pas décisif.

Une des clés c'est le déploiement, soit la capacité de mettre sous hubservice ou API l'output des travaux que l'on mène pour que ce soit consommable par nos applications. C'est un élément clé dans le monde des API qui est le nôtre.

Après, au-delà de l'aspect quantitatif qui nous rassemble par ce que c'est les données qu'on utilise, il y a sans doute des opportunités de développement sur le domaine de la sémantique. Moi, je ne suis pas satisfait de la solution que l'on a qui est trop experte, très pointu et issue des labs mais elle n'est pas user-friendly et complexe d'approche, d'appropriation. Il y a donc une vraie question sur l'analyse textuelle. C'est un vrai pan que je dissocie. Alors bien sur souvent les choses sont liées entre le qualitatif et le quantitatif mais notre choix initial était de prendre la même plateforme pour faire les deux.

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En réalité, sur le plan quantitatif il n'y a pas vraiment de sujet mais la maitrise du qualitatif c'est un vrai métier. Cette solution j'en suis un peu déçu, et cela nous contraint pour le moment d'utiliser d'autres plateformes technologiques pour pouvoir le faire. Pour moi c'est moins gênant car ce n'est pas du quotidien mais quand on doit le faire la marche à franchir est beaucoup plus importante que sur le quantitatif.

Sur l'international nous n'avons pas de sujet de déploiement car tout est centralisé.

Pour l'aspect collaboratif on arrive à se passer les flux donc ce n'est pas un sujet. On n'a pas besoin aujourd'hui par ce qu'il y a peu de use case où une équipe développe un algorithme. C'est plus souvent une seule et unique personne qui va la développer puis la challenger en équipe. Il y a des applications qui le font, dans notre organisation à nous ça va à deux à l'heure.

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Fin de l'enregistrement (40 minutes 02 secondes).

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L'intelligence artificielle au sein des services marketing

Table des illustrations

Figure 1 : LES DOMAINES DE L'INTELLIGENCE ARTIFICIELLE, GOUVERNEMENT FRANÇAIS, 2018 22

Figure 2 : LES PERIMETRES D'ACTION ET CONSEQUENCES DE CES REVOLUTIONS, RAPPORT PARLEMENTAIRE

FRANCE IA, 2018 28

Figure 3 : LES QUATRE V DU BIG DATA, 2018 35

Figure 4 : LES 4 V DU BIG DATA VU PAR IBM ET SES IMPLICATIONS, 2014 35

Figure 5 : SCHEMA D'UN RÉSEAU DE NEURONES ARTIFICIELS, 1997 41

Figure 6 : EXEMPLE D'UNE CONVERSATION AVEC L'OUTIL CONVERSATIONNEL ELIZA,1964 - 1966 43

Figure 7 : IADVIZE, ETUDE SUR LE COMPORTEMENT DES UTILISATEURS DE CHATBOTS, 2016 44

Figure 8 : LES APPLICATIONS FRANÇAISES, RAPPORT PARLEMENTAIRE FRANCE IA, 2018 51

Figure 9 : TRAITEMENT DES DONNÉES AVEC L'EXEMPLE DE L'AGRICULTURE, INRA, 2018 51

Figure 10 : EXEMPLE D'UN SYSTÈME EXPERT, 2018 54

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