3. Relation utérus - posture
Il existe des projections nerveuses viscérales au niveau
des centres supérieurs et notamment au niveau du cervelet, un des
principaux organes de contrôle de la posture. Ces projections sont issues
des afférences sensitives viscérales transmises aux centres du
système nerveux autonome, directement par le nerf vague, ou
indirectement par les nerfs splanchniques, hypogastriques et pelviens.
D'autre part, l'existence de dysfonctions vertébrales
ostéopathiques établit un autre lien neurologique. En effet, il
existe une origine nerveuse à ces dysfonctions par les liens
neurovégétatifs qui unissent les viscères aux dysfonctions
ostéopathiques vertébrales, expliquant ainsi le
phénomène de douleur projetée.
La dysfonction d'un viscère, la tension excessive d'un
ligament, d'un muscle ou d'un fascia, active les nocicepteurs qui transmettront
leurs informations au segment de moelle correspondant via les neurones
sensitifs somatiques ou neurovégétatifs. Si ce bombardement
afférent est suffisamment important et persistant, une dysfonction
ostéopathique apparaîtra au niveau du segment vertébral
concerné.
Ainsi, un trouble gynécologique pourra engendrer des
dysfonctions ostéopathiques au niveau lombaire. Le
déséquilibre statique de cette région, si primordiale pour
l'ensemble de la colonne vertébrale, pourra alors perturber
l'équilibre postural dans sa globalité.
Le petit bassin et notamment les organes génitaux, ainsi
que le système ligamentaire et musculaire du bassin, peuvent donc
être des éléments perturbateurs de la posture par les liens
neurovégétatifs, musculo-fasciaux qu'ils entretiennent avec les
structures modelant notre corps.
Protocole de
mémoire
Les femmes enceintes, par modifications anatomiques,
physiologiques et posturales, ont tendance à augmenter leurs courbures
par changements de la statique. Ceci aura pour conséquence une tension
permanentes des chaines antérieures et postérieures (pour
contrebalancer et garder la possibilité de se tenir debout)dûe
à la poussée du ventre et par changement des capacités
musculaires et ligamentaires.
La distension des abdominaux lors de la poussée du ventre
et les autres modifications dûes à la grossesse favorise
l'antéversion ou l'antépulsion du bassin augmentant ainsi la
lordose lombaire.
La contraction permanente des muscles postérieurs du tronc
pour maintenir la station deboutcrée des microtraumatismes au niveau de
tout le tissu conjonctif ce qui explique en partie les douleurs lombaires.
Cette contraction musculaire est d'autant plus favorisée
par l'augmentation de la laxité ligamentaire, les muscles devant prendre
le relais afin de stabiliser les articulations. Pourtant une
micro-mobilité se crée notamment au niveau des sacro-iliaques qui
a pour conséquence l'apparition de douleur surtout à la
marche.
Les douleurs sacro-iliaques sont également
favorisées pas les modifications de la géométrie
pelvienne.
Si un trouble de la statique est déjà
présent, la grossesse va exagérer ce trouble et va donc entrainer
différents types de douleurs.
L'utérus a une influence posturale par le système
musculo-fasciaux-ligamentaire auquel il est relié, c'est pourquoi une
mauvaise position de l'utérus entrainera un trouble de la posture
susceptible d'engendrer des douleurs lombaires et inversement.
Je choisisdonc demonter un protocole ayant pour but de montrer
qu'en travaillant uniquement sur le système
musculaire, ligamentaire et fascialpar l'intermédiaire dulien central
(associé à l'utérus), les douleurs lombaires diminuent ou
disparaissent.
1. Intervenant et lieux de
réalisation de l'étude
Intervenants
ü Yann UPSON, ostéopathe
ü Chloé Charpentier, élève en
5ème année d'ostéopathie au Centre
d'ostéopathie Atman (C.O.A.).
L'étude se déroulera au Centre d'Ostéopathie
Atman (C.O.A), sis 2881 route des Crêtes, à Valbonne-Sophia
Antipolis (Alpes-Maritimes)
2. Plan expérimental
Pour mon protocole je choisis de faire 2 groupes
parallèles de 10 patientes chacun :
- un groupe traité en ostéopathie à la 15sA,
24sA et 30sA
- un groupe témoin qui recevra un traitement
ostéopathique sans correction pour ne pas modifier les tissus et
donc induire un résultat positif pour l'étude
Les patientes seront réparties en 2 groupes de
manière aléatoire.
M. Upson n'aura pas connaissance du groupe d'appartenance des
différentes patientes et restera en aveugle tout au long de
l'étude.
Le traitement ostéopathique visera à travailler sur
le lien central pour allonger celui-ci (et/ou empêcher qu'il se
rétracte) et limiter les contraintes supplémentaires sur la
colonne vertébrale et plus spécifiquement sur les lombaires ainsi
que sur l'utérus.
Pour ceci, je travaillerai sur le périnée, les
psoas en association avec les pyramidaux, les ligaments sacro-iliaque
antérieurs et postérieurs et les ilio-lombaires, ainsi que sur
les piliers du diaphragme et le médiastin. Je traiterai ensuite
l'utérus spécifiquement.
Les patientes du groupe témoin n'auront pas un vrai
traitement ostéopathique c'est-à-dire que je ferai tous mes tests
normalement, sans trop de répétitions ni trop de forces pour ne
pas induire une réponse dans les tissus. Je mettrais ensuite en place
des techniquesspécifiques de correction sans faire la correction
jusqu'au bout.
Ces dernières ne seront pas effectuées pour ne pas
fausser les résultats de l'étude.
3. Sélection des
patientes
Les patientes seront sélectionnées sur les
critères suivants, par moi-même.
Critères d'inclusion
- femme entre 23 et 37ans pour éviter les
risques liés à la jeunesse et à la femme trop
âgée
- enceintes : primipare ou multipare, attendant 1 ou
plusieurs enfants
- présentant des lombalgies, sciatalgies ou douleurs
sacro-iliaques
- capable de lire et de comprendre le français
- ne pas être atteinte de pathologie médicale ou
obstétricale
- accepter un suivi ostéopathique régulier
- ayant signé le formulaire de consentement
Elles ne seront pas retenues si elle présente au moins un
des critères suivants.
Critères de non inclusion :
- patientes présentant des risques de
complications au début de grossesse (ATCD de diabète
gestationnel, hypertension...)
- prise d'AINS ou autres traitements médicamenteux en
cours
- traitement ostéopathique en cours
- participation simultanée à une autre recherche
biomédicale
- incapacité à se conformer aux contraintes de
l'étude.
Elles seront exclues de l'essai si elles présentent au
moins un des critères suivants au cours du suivi
ostéopathique.
Critères d'exclusion :
- complications au décours de la grossesse :
diabète gestationnel, RCIU, HTA...
- prise au cours de l'étude de traitements
médicamenteux visant à soulager les douleurs lombaires
- mise en route d'un traitement par médecines
alternatives ou d'un massage
- mise en route d'un traitement autre ostéopathique
- RED FLAGS des lombalgies : déficit moteurs,
lombalgies hyper-algiques...
- alitement de la patiente suite à des complications
- tout traumatisme au cours de grossesse qui conduit à
une augmentation des lombalgies ou à un risque pour la grossesse
Les patientes seront vues à 2 reprises :
- 24sA : +- 1sA
- 30sA : +- 1sA
4. Traitements interdis
Les 2 groupes auront l'interdiction de :
- prendre, sans contrôle, des antalgiques ou
d'anti-inflammatoires car elle pourrait fausser les résultats
- mettre en route un traitement ostéopathique autre
pendant l'étude
- mettre en route un traitement de médecine alternative
ou de massage
Si un de ses points ci-dessus n'est pas respecté, la
patiente sera exclue de l'étude.
5. Critères
d'évaluation
La douleur est quelque chose de subjectif mais c'est celle qui
est le plus accessible et la plus parlante pour les patientes. C'est pourquoi
mes résultats seront uniquement basés sur des tests
d'évaluation de la douleur. Je souhaite simplement évaluer
celle-ci pour connaitre le ressenti de la patiente et pouvoir définir si
le traitement du lien central a effectivement un effet dans la diminution (ou
disparition) des douleurs lombaires.
ü Echelle visuelle analogique ou EVA : qui sera
effectué à chaque débutde séance et5jours
après chaque séance (J+5)(annexe 2)
ü Schéma verbal simple ou EVS :
effectué à chaque début de séance et 5jours
après chaque séance (J+5)(annexe 3)
ü Questionnaire EIFEL : qui sera fait avant la
1ère séance, puis 5jours après chaque
séance (J+5)(annexe 4)
ü Brain pain inventory(BPI) qui fait partie du questionnaire
des douleurs chroniques : avant la 1ère séance et
5jours après chaque séance (J+5) (annexe 5)
6. Tolérance
Un relevé de la tolérance sera effectué
à chaque séance. La nature, l'intensité, la durée,
la gravité des désagréments rapportés par les
patientes après traitement seront consignées.
7. Contenu de la
séance
Les 2 séances se dérouleront de la même
façon pour le groupe traité en ostéopathie. Les patientes
seront prises en charge par moi-même. Cela débutera par la
vérification des critères d'exclusions, le recueil des
questionnaires sur la douleur, puis par l'anamnèse qui cherchera
à mettre en évidence les modalités très
précises de la douleur, le ressenti et l'évolution de la douleur
par la patiente.
Voulant montrer l'efficacité du traitement
unique du lien central chez les femmes enceintes,
aucune séance de préparation ne sera effectuée avant. En
effet, la structure ne sera pas modifiée, il n'y aura pas de traitement
ni même de recherches de dysfonctions traumatiques (compression C0-C1,
wiplash, tripode, sacrum traumatique).
Avant la 1ère séance
- information de la patiente
- signature et recueil du consentement écrit(annexe
1)
- vérification des critères d'inclusion de la
patiente à l'étude
- remplissage du questionnaire EIFEL
- remplissage du questionnaire BPI
Lors de la 1èreséance, il sera
effectué :
- la vérification des critères de
sélection
- vérification des critères d'exclusions
- évaluation de la douleur avec EVA
- évaluation de la douleur avec EVS
- recueil du questionnaire EIFEL et BPI rempli
- anamnèse sur les modalités de la douleur (le
plus précisément possible)
- déshabillage du patient
- installation du patient sur la table de soin
- traitement du lien central
- rhabillage de la patiente
- distribution du questionnaire EVS, EIFEL et BPI qui seront
à remplir à J+5
A J+5 de chaque traitement, je téléphonerais
à la patiente pour :
- relever les désagréments dont la patiente se
plaint éventuellement
- évaluation de la douleur EVA
- rappelle de remplir EVS, EIFEL et BPI
La 2ème séance se déroulera
exactement de la même façon.
Le traitement se fera dans cet ordre, cité
ci-dessous :
- étirement des 2 psoas : technique en position
cathie unilatéral
- étirement des ligaments antérieurs du
bassin : technique de cathie unilatéral
- étirements des ligaments iliolombaires : technique
en position cathie unilatéral
- détente des 2 pyriformes : technique en
contracté-relâché, décubitus dorsal
- travail sur les coupoles diaphragmatiques : technique en
lift diaphragmatique, décubitus dorsal, praticien à la
tête du sujet
- équilibration du médiastin et
péricardique : décubitus dorsal
- détente du périnée : position
latérocubitus
- détente des piliers du diaphragme : en position
assise
- étirement des fascias antérieurs du cou :
en position assise
- équilibration de l'utérus par rapport à
l'annexa et aux tensions ligamentaires : position assise
Pour ce traitement ostéopathique je choisis de travailler
sur plusieurs structures en utilisant la technique en cathie unilatéral
(annexe 6)car, de par la position du praticien et sa capacité
de varier la position de ses mains, est le très efficace pour travailler
le lien central en grande partie. En effet, le praticien peut travailler sur le
psoas, les ligaments antérieurs du bassin, les ligaments
ilio-lombaires.
L'étirement des psoasa pour but de
réduire/empêcher l'antéversion du bassin. En effet, lorsque
le bassin part en antéversion, ce sont les premiers muscles qui se
rétractent et qui empêchent ainsi l'adaptation de la courbure
lombaire. Ce sont également les rails de l'utérus durant cette
période. La détente de ces derniers permet donc une meilleure
expansion, un meilleur confort du bébé à travers
l'utérus.
L'étirement des ligaments antérieurs du bassina
pour but de redonner de la liberté au sacrum afin de faciliter les
mouvements de nutation/contre-nutation de celui-ci lors de la marche et
l'accouchement.
L'étirement des iliolombaires donnera de la liberté
entre L4 et les iliaques et L5 et les iliaques, ce qui permettra une meilleure
adaptation des 2 dernières lombaires pour les mouvements du
quotidien.
La détente du piriforme permet une meilleure adaptation du
bassin, celui-ci étant stabilisateur. Une contraction du piriforme lors
de l'accouchement vient comprimer le plexus hypogastrique innervant le col de
l'utérus ce qui va stopper la progression de l'accouchement par
diminution des contractions utérines. C'est pourquoi il est important
que celui-ci soit détendu.
Le périnée étant la fin du lien central, la
détente de celui-ci est importante notamment dans la répartition
des contraintes et des pressions du bassin, mais également par le fait
que le bébé va devoir traverser ce plancher. Une trop forte
tension du périnée pourra entrainer, dans les cas les plus
graves, une césarienne par impossibilité du bébé
à poursuivre sa progression à travers le plancher pelvien.
La détente des coupoles diaphragmatique permettra de mieux
répartir les pressions entre le thorax et l'abdomen. En diminuant la
pression abdominale, il y a une diminution du poids des viscères sur les
lombaires et sur l'utérus donc une meilleure adaptation lombaire et un
meilleur confort pour le bébé.
L'étirement des piliers du diaphragme a pour but une
diminution la tension de ceux-ci au niveau de leurs insertions sur les
lombaires, notamment sur L2. Ceci permettra de redonner une lordose lombaire
harmonieuse et ainsi diminuer les contraintes sur les 2 dernières
vertèbres lombaires.
Dans le groupe témoin, la séance se
déroulera de façon à faire une séance
complète de 40min sans faire de corrections. Pour cela je
réaliserai des tests doux du corps dans sa globalité. Tester les
membres inférieurs avec possibilité de faire des tests
spécifiques sur le genou ou la cheville et de mimer une correction si
nécessaire. Faire de même avec les membres supérieurs.
Inclure une écoute crânienne sans induction de mouvements ni de
relâchement des tissus. Tester la colonne et le rachis par des rebonds
léger sans rentrer vraiment dans les tissus, avec possibilités de
faire des tests spécifiques sur le bassin et sur les dorsales si
nécessaire. A la fin, mise en place d'une technique de Lumbaroll sans
atteindre le blocage anatomique et la mise en tension, et sans trust, seulement
mimer la position de correction.
8. Recueils des données
Le recueil des données des douleurs par l'anamnèse
avec les modalités de la douleur, l'EVA, l'EVS, ainsi que le
questionnaire EIFEL et BPI sera effectué pour permettre la discussion.
L'analyse des statistiques et la discussion ne pourra pas se faire
ci-après car le protocole décrit ne sera pas mis en application
cette année.
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