9.1.11 6.2. Suggestions aux autorités en charge de
l'implantation des projets structurants et aux populations
Nous tentons dans cette section sans être exhaustif de
faire quelques suggestions pour une meilleure politique de développement
dans le sens de l'amélioration de la qualité de vie des
populations. Nous pensons que les projets structurants doivent s'inscrire dans
un processus de développement où la communauté participe
au façonnement de son propre environnement dans le but
d'améliorer la qualité de vie de ces citoyens. C'est pourquoi
nous faisons des suggestions aussi bien à l'Etat qu'aux populations
elles-mêmes.
· Suggestions aux autorités en charge de
l'implantation des projets structurants
Les projets structurants sont des projets de
développement. Cependant, le développement, quelle que soit
l'approche dans laquelle on s'inscrit, renvoie à un processus dont
l'acteur fondamental est la personne humaine. De la sorte, cet acteur a
cherché pendant longtemps à réaliser le
développement et le bienêtre en agissant ailleurs que sur
lui-même. C'est dans ce sens que nous interpellons les autorités
en charge de l'implantation des projets structurants au Cameroun pour que la
priorité soit mise sur l'amélioration de la qualité de vie
(sous toutes ses variables) de l'homme quand on sait quele développement
est synonyme de libération de l'Homme, d'émancipation de tout ce
qui l'empêche de se développer sur le plan économique,
social, politique et culturel.
Nous proposons aux autorités de faire, au
préalable, une étude d'impact environnemental et social en vue de
déceler les effets négatifs du projet aussi bien sur
l'environnement que sur la société et de trouver des mesures
d'atténuations. Ceci en associant les populations dans le processus.Pour
le cas de l'étude d'impact environnemental(EIE) par exemple, La
participation du public au processus d'étude d'impacts est
énoncée par la loi-cadre relative à la gestion de
l'environnement et explicitée dans le décret N° 2005/0577/PM
du 23 février 2005 fixant les modalités de réalisation des
EIE en ses articles 9, 17(2) et 72.
Nous pensons en outre qu'un projet structurant doit être
en phase avec les aspirations du milieu auquel il est implanté ce qui le
rendra plus efficient, efficace et bénéfique pour les populations
locales.Ce diagnostic est d'autant plus important qu'on peut faire le
parallèle avec la médecine en disant qu'on ne peut proposer un
traitement à une maladie qu'on n'a pas décelé lors du
diagnostic du médecin. Cela constituerait un contre sens.
Le constat est que la mal gouvernance est la principale cause
de l'échec de développement dans la plupart des pays
subsahariens. Dès lors, la « bonne gouvernance » est
bienvenue dans un processus de développement qui se veut efficace et
pérenne. Pour éviter une discussion ardue sur les
éléments définitionnels que recouvre ou devrait recouvrir
un tel concept, retenons en rapport avec notre sujet celle qui veut que la
bonne gouvernance soit un mode d'exercice de l'autorité dans la gestion
impartiale, transparente et efficace des affaires publiques, fondé sur
la légitimité.Elle implique la démocratie. Selon Amartya
Sen, la démocratie fait partie intégrante du
développement, envisagé comme « un processus d'expansion des
libertés réelles dont les personnes peuvent jouir. De cette
façon, l'expansion des libertés constitue à la fois la fin
première et le moyen principal du développement » (Sen
2000).
Les gouvernements doivent être capables de gérer
efficacement les ressources dont ils peuvent disposer au profit de tous les
citoyens. En effet, nous tentons de dire qu'un bon gouvernement est la
condition sine qua none d'un développement durable. Des politiques
économiques rationnelles et des institutions démocratiques
solides répondant aux besoins de la population et des infrastructures
améliorées sont indispensables pour maintenir la croissance
économique, réduire la pauvreté et créer des
emplois. Cette conception impliquerait l'existence d'un dialogue social
véritable, ouvert à toutes les forces économiques et
sociales ; ce dialogue étant lui-même l'une des garanties de la
« bonne gouvernance » qui est au principe de cette approche de
développement. Ainsi, les projets structurants doivent être
implantés en associant les populations à toutes les
étapes. C'est dans ce sens que Ela (2001) suggère, pour le
développement de l'Afrique, qu'il faut passer de la recherche
« pour » les populations à la recherche
« avec » les populations.
C'est pour quoi l'on assiste à l'émergence d'un
concept nouveau dans le développement communautaire. Il s'agit de
l'empowerment (terme anglais) qui réfère à la prise en
charge de l'individu par lui-même, de sa destinée
économique, professionnelle, familiale et sociale. La notion
d'empowerment est à la mode, c'est augmenter le pouvoir d'agir des
personnes et des groupes. C'est comme son nom l'indique, c'est le processus
d'acquisition d'un « pouvoir » (power), le pouvoir de travailler, de
gagner son pain, de décider de son destin de vie sociale en respectant
les besoins et termes de la société.
· Aux populations
Les résultats de notre modeste travail dans la
localité de la centrale à gaz de Kribi, nous ont permis de
constater un manque d'implication des populations dans les projets de
développement qui les concernent. Cela est peut-êtredû
à une mal gouvernance. Cependant, nous pensons que certaines populations
se désolidarisent souvent des actions qui sont menées dans le
sens de leurs propres intérêts. C'est pourquoi nous les exhortons
à être plus « acteur » que
« spectateur » dans toutes les phases d'implantation d'un
projet de développement ceci dans le but de s'approprier le dit projet
et permettre ainsi sa pérennité.
En effet, nous invitons les populations à adopter des
attitudes responsables en veillant à l'entretien des projets dont elles
sont bénéficiaires quand on sait qu'après la construction
d'une infrastructure dans une localité le suivi que cela implique n'est
toujours pas au rendez-vous. C'est donc aux populations que revient cette
délicate tâche dès lors que leurs conditions de vie en
dépendent.
Il faudrait que les populations locales puissent
procéder de façon participative à l'élaboration de
plans locaux de développement en accord avec les grandes orientations du
pays.
Le chapitre 6 nous a permis d'interpréter les
résultats auxquels nous sommes parvenus dans notre étude. Ceci a
été fait à la lumière des théories
convoquées pour expliquer notre étude. Nous avons,
également dans ce chapitre, essayé d'apporter des suggestions aux
autorités en charge de la construction des projets structurants dans
notre pays.
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