4 CHAPITRE 1 :
PROBLEMATIQUE DE L'ETUDE
La problématique est l'orientation que décide de
prendre le chercheur. D'après QUIVY et CAMPENHOUDT (1995), elle est
« l'approche ou la perspective théorique qu'on
décide d'adopter pour traiter le problème posé par la
question de départ. Elle est la manière d'interroger les
phénomènes étudiés ». Le premier
chapitre s'inscrit dans cette perspective.
4.1 Contexte et justification de l'étude
Au cours de ces dernières années, il est apparu
de plus en plus nécessaire, tant au plan international qu'à
l'échelle de la plupart des pays en développement, d'axer les
programmes économiques sur la lutte contre lapauvreté et
l'amélioration des conditions de vie des populations.
C'est ainsi que, pour une meilleure prise en compte des
questions sociales et en droite ligne avec la déclaration de Copenhague
de mars 1995, le Sommet des Chefs d'Etat du G7/G8 tenu à Cologne en juin
1999 a préconisé l'adoption d'une nouvelle approche de lutte
contre la pauvreté dans les pays en développement. Celle-ci
devait revêtir la forme d'un programme triennal (révisable d'une
année à l'autre) et s'appuyer sur les objectifs de progrès
social fixés pour ces pays.
Dans le même ordre d'idée, les institutions de
Bretton Woods ont adopté une nouvelle approche afin de renforcer
l'efficacité de leurs interventions. Celle-ci repose désormais
sur une stratégie de réduction de la pauvreté
élaborée par chaque pays concerné, avec la participation
active de la société civile et en relation étroite avec
l'initiative en faveur des Pays Pauvres Très Endettés (PPTE). En
particulier, les ressources épargnées du fait de
l'éligibilité à cette initiative doivent être
consacrées en priorité au financement des programmes sociaux.
La Conférence au Sommet de Libreville, du 17 au 19
janvier 2000 a été l'occasion pour les Chefs d'Etat africains,
d'examiner le nouveau cadre de lutte contre la pauvreté proposée
par les institutions de Bretton Woods et de s'accorder sur les points devant
faire l'objet d'engagements internationaux, clés pour un
développement durable.
C'est dans ce contexte que les gouvernements ont pris sur eux
d'élaborer des documents de stratégies visant à
définir les politiques de développement nationales en
étroite ligne avec les Objectifs du millénaire pour le
développement (OMD) en vue de l'atteinte de l'émergence.
Au Cameroun, Les autorités ont élaboré
suivant une démarche participative impliquant les administrations
publiques, les opérateurs économiques, la société
civile, et les partenaires au développement, le premier Document de
Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP) en avril
2003. Pour le suivi et la mise en oeuvre de ce document, le Gouvernement s'est
doté d'un cadre institutionnel de pilotage de la stratégie qui
comprend : un Comité interministériel de suivi de la mise en
oeuvre du DSRP, et un Comité technique de suivi et d'évaluation
de la mise en oeuvre du DSRP. Certes, La mise en oeuvre du DSRP, adopté
en avril 2003, a permis au Gouvernement de maintenir la stabilité du
cadre macroéconomique et de soutenir des taux de croissance positifs
jusqu'en 2008. Toutefois, le profil général de croissance est
resté en retrait du niveau espéré pour résorber
substantiellement la pauvreté.En conséquence, sous la très
haute impulsion du Président de la République, Son Excellence
Paul BIYA, et dans l'optique de poursuivre son projet de société
des « Grandes Ambitions », formulé dans la vision de
développement à long terme, le Gouvernement a entrepris de
réviser la stratégie de croissance économique et de
réduction de la pauvreté. Les pouvoirs publics affirment ainsi
leur volonté de centrer la stratégie sur la création des
richesses et comptent s'appuyer sur la création d'emplois pour assurer
une bonne redistribution des fruits de la croissance.
En effet, la révision du DSRP vise la correction des
distorsions ou des manquements relevés lors des évaluations
successives de la mise en oeuvre, et des consultations participatives de mars
2008. Le processus de révision de la stratégie a abouti à
un Document de Stratégie pour la Croissance et l'Emploi (DSCE), et
confirmé l'option d'implication des populations à la base, dans
une démarche participative. Les populations ont notamment
souhaité que les stratégies soient l'émanation d'une
vision de développement à long terme assortie de programmes de
développement pluriannuels. Cette recommandation a été
satisfaite avec la formulation par les autorités d'une vision de
développement à l'horizon 2035 et l'adoption en décembre
2007 du nouveau régime financier. Notons que L'élaboration du
DSCE a nécessité la réalisation de nombreux travaux
d'envergure notamment : la formulation d'une vision de développement
économique à l'horizon 2035, la revue des stratégies
sectorielles, les consultations participatives, la revue des enquêtes et
études statistiques pour la période 2001 à 2008, la
réalisation avec l'appui de certains partenaires de la troisième
enquête camerounaise auprès des ménages (ECAM III), le
reporting et le costing des Objectifs du millénaire pour le
développement (OMD), le cadrage macroéconomique et
budgétaire qui a permis de préparer un cadre budgétaire
à moyen terme en cohérence avec les estimations de croissance
à l'horizon de la stratégie.
Les travaux d'élaboration du DSCE se sont notamment
appesantis sur la crise économique mondiale. Les stratégies
développées dans le document constituent entre autres des
réponses appropriées aux problèmes soulevés par
ladite crise. Le DSCE a été élaboré dans un
contexte caractérisé par le renchérissement du coût
de la vie au niveau national, la crise financière internationale, la
crise alimentaire et la crise énergétique au niveau mondial.
Plaçant résolument le défi de la
croissance et de la création d'emplois au centre de ses actions en
faveur de la réduction de la pauvreté, le DSCE est
désormais, conformément à la Déclaration de Paris,
le cadre de référence de la politique et de l'action
Gouvernementale ainsi que le lieu de convergence de la coopération avec
les partenaires techniques et financiers en matière de
développement. Il constitue ainsi le vecteur de la recherche de la
croissance et de la redistribution de fruits jusqu'aux couches les plus
vulnérables de la population avec un accent particulier sur les femmes
et les jeunes.
Le DSCE, première phase pour l'accomplissement de la
vision de développement à très long terme, est un document
de stratégie globale intégrée, socle de toute action
engagée dans les 10 prochaines années. Il est donc l'expression
empirique d'un cadre intégré de développement humain
durable à moyen terme pour le Cameroun et propose un cheminement
progressif du pays vers les OMD et la vision. Ce document se présente en
conséquence comme : un cadre intégré de
développement ; un cadre de cohérence financière. ; Un
cadre de coordination de l'action Gouvernementale et des appuis
extérieurs ; un cadre de consultation et de concertation avec la
société civile, le secteur privé et les Partenaires au
développement ; et un cadre d'orientation des travaux analytiques pour
éclairer la gestion du développement.
En effet, le Document de Stratégie et de Croissance de
l'Emploi (DSCE) constitue la déclinaison de la Vision de
développement pour la période 2010-2020. La vision du DSCE est:
« le Cameroun : un pays émergent, démocratique et
uni dans sa diversité». En parlant de cette vision, le
Président Paul Biya lors de son discours d'ouverture du troisième
congrès ordinaire du RDPC en septembre 2015 parlait en ces termes :
«(...) Cette vision de l'avenir, celle d'un Cameroun
émergent auquel nous aspirons tous, nous l'avions baptisée en
2004 Les Grandes Ambitions. Cette vision est en train de devenir une
réalité. En effet, toutes les études concernant notre
programme de Grandes Ambitions sont réalisées et nous avons
obtenu les financements. Les Grandes Ambitions d'hier vont devenir Les Grandes
Réalisations. Et à partir de janvier 2012, le Cameroun sera
transformé en un immense chantier... »
La volonté de devenir un pays émergent
intègre quatre objectifs généraux dont le premier est
de : « Réduire la pauvreté
à un niveau socialement acceptable ». Il est question de
ramener le taux de pauvreté monétaire de 39,9% en 2007 à
28,7% en 2020 selon le DSCE. Il s'agit là d'un décalage
mesuré de l'objectif du millénaire pour le développement.
En effet cet objectif général se décline en plusieurs
objectifs spécifiques:
- Faire de la population un facteur effectif de
développement
- Intensifier les investissements dans les infrastructures et
les secteurs productifs
- Réduire les écarts entre riches et pauvres par
l'amélioration des systèmes de redistribution
- Améliorer l'offre et garantir l'accès de la
majorité aux services de santé de qualité
- Améliorer la protection et la sécurité
sociales
- Augmenter l'offre, la qualité et l'adéquation
de la formation
- Promouvoir la création d'emplois
décents ;
D'une manière plus large, le DSCE va poursuivre
l'atteinte des objectifs du millénaire qui trouvent un ancrage
évident dans la vision à long terme et s'inscrivent à
fortiori dans l'amélioration des conditions de vie des populations.
Les grands chantiers ou projets structurants de construction
et de réhabilitation des infrastructures nationales lancés en
2011 sont des batteries mises en marche pour l'atteinte de l'émergence.
Si l'on s'en tient à la déclaration du millénaire
adoptée par 189 nations et signées par 147 chefs d'Etat pendant
le sommet du millénaire de septembre 2000 à New York, les huit
(08) objectifs du millénaire pour le développement (OMD) visent
d'une manière générale l'amélioration des
conditions de vie. En effet, le DSCE résume ces OMD dans le contexte
camerounais :
1. éliminer l'extrême pauvreté et la faim
en réduisant de moitié le nombre de Camerounais vivant au-dessous
du seuil de pauvreté et qui souffrent de la faim ;
2. assurer une éducation primaire pour tous en donnant
à tous les enfants les moyens d'achever le cycle d'études
primaires ;
3. promouvoir l'égalité des sexes et l'autonomie
des femmes, en éliminant les disparités entre les sexes dans les
enseignements primaires et secondaires, et si possible à tous les
niveaux d'enseignement ;
4. réduire de deux tiers, la mortalité à
la naissance et celle des enfants de moins de cinq ans;
5. améliorer la santé maternelle, en
réduisant de trois quarts la mortalité maternelle ;
6. combattre et stopper la propagation du VIH/SIDA,
maîtriser le paludisme et d'autres grandes endémies en inversant
leur tendance ;
7. assurer un environnement durable en réduisant de
moitié la proportion de la population qui n'a pas accès à
l'eau potable, améliorer sensiblement l'habitat en intégrant les
principes de développement durable dans les politiques nationales et
inverser la tendance actuelle de la déperdition des ressources
environnementales ;
8. mettre en place un partenariat pour le développement
des technologies de l'information et de la communication et pour l'application
des politiques et des stratégies qui permettent aux jeunes de trouver un
travail décent et utile.
D'un point de vue global donc, la qualité de vie est
la variable que le développement, peu importe le type, vise à
améliorer. En ce sens, Il semble assez dangereux d'envisager le
développement et surtout le développement à long terme
sans tenir compte de la qualité de vie, des aspirations et besoins des
populations et des réalités du milieu ciblé par le projet
de développement. Le niveau d'appropriation doit être effectif
pour toutes les parties prenantes du processus d'un projet de
développement pour une démocratisation des décisions
devant être bénéfiques pour la zone où le projet est
implanté. Cela est d'autant plus important du fait que les populations
ciblées par le développement auront la possibilité de
soulever les problèmes auxquelles elles font face dans leurs
localités et de proposer des solutions qu'elles approuvent.
Belem (2010) reprenant la
définition du développement durable selon le rapport Bruntdland
(1987) déclare que c'est : « un
développement qui permet de répondre aux besoins du
présent sans compromettre la capacité des
générations futures à répondre aux leurs
», souligne à la page 51 de son article que :
« Outre sa célèbre citation, le
rapport prend le soin de préciser que :
Deux concepts sont inhérents à cette notion
: le concept de besoins et, plus particulièrement des besoins essentiels
des plus démunis à qui il convient d'accorder la plus grande
priorité et l'idée des limitations que l'état de nos
techniques et de notre organisation sociale font peser sur la capacité
de l'environnement à répondre aux besoins actuels et à
venir.
Avec cette précision, le rapport Bruntdland prend
en compte non seulement les problématiques à l'origine du
développement durable (limite des ressources et satisfaction des
besoins) mais adopte une conception du développement priorisant
l'humain ».
De ce qui précède, il est à souligner que
l'humain est dans la plupart de cas l'objet du développement. Les
projets structurants ne dérogent pas à cette règle, ils
participent au développement qui entraine de ce fait
l'amélioration de la qualité de vie des populations. Il s'agit
des projets d'envergure bénéfiques en termes d'implication de
synergie et de développement.
La Direction
Générale des impôts retient quatre critères pour
définir un projet structurant au Cameroun :
· Etre un pôle de développement
économique et social,
· Etre générateur d'emplois ;
· Donner lieu à des investissements
importants ;
· Etre exécuté dans les secteurs retenus
comme prioritaires (agricole, énergétique, touristique, habitat
social.)
L'article (« Politique de soutien aux projets
structurants pour améliorer les milieux de vie (PSPS) », 2016)
indique en parlant de la ville de Lévis que Plus spécifiquement,
un projet structurant :
· Répond aux priorités d'intervention
de la Ville de Lévis;
· Répond aux besoins socioéconomiques
identifiés par la communauté visée;
· Contribue à la viabilité et
bénéficie de l'appui du milieu;
· Produit de nouveaux biens, de nouveaux services ou
accroît les services existants;
· Présente des impacts significatifs sur la
communauté visée;
· Est réalisé par une entreprise ou un
organisme qui possède l'expertise et la compétence pour le mener
à bien et à terme.
Le même article parle en ces
termes : « Par ailleurs, pour être
qualifié de structurant, tout projet doit être cohérent
avec les finalités du développement durable
spécifiées dans l'Agenda 21 et avoir un impact positif sur au
moins l'une d'entre elles, ceci sans pour autant avoir d'impact négatif
sur les autres. »
En ramenant ce qui précède dans notre contexte,
disons que les projets structurants du Cameroun qui s'inscrivent dans cette
logique du développement durable devraient, au-delà de booster
l'économie, mettre les besoins de l'humain au centre de leurs objectifs
et plus précisément le bien-être. Or, le bien-être ne
vient pas toujours avec l'implantation et l'avènement d'un projet de
développement dans une localité. De cette situation, Il semble
donc opportun d'envisager une étude
intitulée « projets structurants du Cameroun et
amélioration de la qualité de vie des populations en zone
rurale :cas de la centrale à gaz de Kribi » pour étudier l'impact des projets structurants sur
l'amélioration de la qualité de vie des populations
environnantes; mieux encore, pour voir si la centrale à gaz de Kribi
comme projet structurant contribue à améliorer la qualité
de vie des populations environnantes.
1.2. Position du problème
Les conseils d'administration de la Banque Mondiale (BM) et du
Fonds Monétaire International (FMI) ont, à travers l'atteinte du
point de décision survenu le 1er octobre 2000, jugé le
Cameroun éligible à l'initiative Pays Pauvres Très
Endettés (PPTE). Cette décision faisait suite à
l'exécution satisfaisante d'un programme économique et financier
appuyé par le FMI au titre de la Facilité d'Ajustement Structurel
Renforcé (FASR) et à la soumission au FMI et à la Banque
Mondiale du Document intermédiaire de stratégie de
réduction de la pauvreté. L'atteinte du point de décision
a permis l'exécution d'un deuxième programme économique
triennal appuyé par le FMI au titre de la Facilité pour la
Réduction de la Pauvreté et Pour la Croissance (FRPC) avec pour
objectif de stabiliser le cadre macroéconomique et les finances
publiques. Le Cameroun a également bénéficié de la
part de la Banque Mondiale d'un troisième Crédit d'Ajustement
Structurel (CAS III) visant les réformes structurelles et sectorielles
approuvées par ladite Banque. L'énoncé du
déclencheur DSRP disposait que le DSRP complet soit
préparé et mis en exécution de façon satisfaisante
pendant une période d'un an. C'est dans cette logique que le Document de
stratégie de réduction de la Pauvreté (DSRP), version dite
complète a été élaboré et adopté par
les autorités camerounaises en avril 2003, et par les conseils
d'administration de la Banque Mondiale (BM) et du Fonds Monétaire
International (FMI) en juillet de la même année.
Le DSRP définissait la stratégie nationale en
matière de croissance avec un accent particulier sur la réduction
de la pauvreté. Son objectif ultime était
« d'améliorer de façon durable et effective les
conditions de vie des populations en s'appuyant aux principales causes de la
pauvreté ». Par ailleurs le DSRP contribuait à la
réalisation des Objectifs du Millénaire pour le
Développement (OMD) dont le premier est « éliminer
l'extrême pauvreté et la faim en réduisant de moitié
le nombre de Camerounais vivant au-dessous du seuil de pauvreté et qui
souffrent de la faim » à l'horizon 2015. Notons cependant
qu'au cours du sommet sur le développement durable (du 25 au 27
Septembre 2015 à New York), un nouvel ensemble d'objectifs mondiaux pour
éradiquer la pauvreté, protéger la planète et
garantir la prospérité pour tous, a été
adopté dans le cadre d'un nouveau programme de développement
durable par les Etats membres de l'ONU. Ce programme comprend un ensemble de 17
objectifs de développement durable (ODD) à atteindre d'ici 2030
dont le premier milite pour la réduction de la pauvreté.
Le 28 avril 2006, le Cameroun a finalement atteint le point
d'achèvement de l'initiative PPTE après la tentative malheureuse
de 2004. Il en est résulté un allègement de sa dette
à hauteur de 1150 milliards de FCFA. Le montant total de la dette
annulée représente près de 10% du budget national. Suite
à l'atteinte du point d'achèvement, le Club de Paris a
décidé de réduire la dette publique du Cameroun de 2,7
milliards d'euros, soit 99% du total des prêts contractés par le
Cameroun auprès de 19 créanciers du Club de Paris.
Une étude « DSRP au Cameroun : État
des lieux et portes d'entrée pour la prise en compte des
préoccupations indigènes et tribaux » concluait
déjà que : « En franchissant le point
d'achèvement de l'initiative PPTE, le Cameroun va certainement
réduire le poids de sa dette extérieure et disposera ainsi de
ressources additionnelles devant servir à assurer sa croissance
économique et à réduire la pauvreté (...)»
A la suite du Document de Stratégie de
Réduction de la Pauvreté (DSRP),Le Document de Stratégie
pour la Croissance et l'Emploi (DSCE) réaffirme aussi la volonté
du Gouvernement camerounais de poursuivre la réalisation des Objectifs
du Millénaire pour le Développement (OMD) dans leur ensemble. Il
a été élaboré par le Gouvernement, dans le cadre
d'un processus dynamique et ouvert, mettant à contribution la pleine
participation des populations à la base, de la société
civile, du secteur privé et des partenaires au développement. Que
tous trouvent ici, pour leur disponibilité et pour le travail accompli,
l'expression de la profonde gratitude du Gouvernement camerounais.
Plaçant résolument le défi de la croissance et de la
création d'emplois au centre de ses actions en faveur de la
réduction de la pauvreté, le DSCE est désormais,
conformément à la Déclaration de Paris, le cadre de
référence de la politique et de l'action Gouvernementale ainsi
que le lieu de convergence de la coopération avec les partenaires
techniques et financiers en matière de développement. Il
constitue ainsi le vecteur de la recherche de la croissance et de la
redistribution de fruits jusqu'aux couches les plus vulnérables de la
population avec un accent particulier sur les femmes et les jeunes.
Le DSCE, en parlant du secteur rural, précisait
déjà qu'après l'adoption en 2005 de la stratégie de
développement du secteur rural et les résultats mitigés
atteint lors de sa mise en oeuvre, le Gouvernement entend lancer un vaste
programme d'accroissement de la production agricole en vue de satisfaire non
seulement les besoins alimentaires des populations, mais également des
agro-industries. Dans ce cadre, il procèdera à la modernisation
de l'appareil de production. Il s'agira de : rendre accessible et disponible
les facteurs de production notamment la terre, l'eau et les intrants agricoles
; promouvoir l'accès aux innovations technologiques à travers
notamment le renforcement de la liaison recherche/vulgarisation ; et
développer la compétitivité des filières de
production. Selon le DSCE, Les stratégies de développement du
secteur social permettront, non seulement d'améliorer les conditions de
vie des populations, mais aussi de disposer d'un capital humain solide, capable
de soutenir la croissance économique. Pour le rapport national des
Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), la lutte
contre la pauvreté et la faim (l'objectif 1) demeure parmi les
préoccupations majeures du Gouvernement. S'agissant de la
problématique de la pauvreté, l'objectif fixé par le DSCE
est de ramener le taux de pauvreté monétaire de 39,9% en 2007
à 28,7% en 2020. Pour atteindre cet objectif, le Gouvernement a
axé sa stratégie sur une croissance durable et forte de
l'économie et la création de milliers d'emplois décents.
Par ailleurs, pour faire face à la faim qui affecte certaines
catégories de populations et la malnutrition qui touche les enfants dont
la croissance nécessite une alimentation équilibrée, les
pouvoirs publics ont opté pour une « révolution agricole
» dite agriculture de 2e génération, dont le
préalable est la mise en oeuvre des moyens modernes de production pour
apporter une riposte face à ces problèmes. La réussite de
cette nouvelle politique permettra d'assurer au Cameroun la
sécurité alimentaire et de lutter efficacement contre la faim et
la malnutrition.
Cependant, Malgré la mise en oeuvre du DSRP et du DSCE,
l'économie camerounaise n'a pas connu de changement structurel notable,
elle continue de faire face à un certain nombre de défis qui
pourraient empêcher l'atteinte des résultats escomptés.
D'ailleurs, après les précédents Plans d'Ajustement
Structurel (PAS I, PAS II, PAS III), le pays vient d'être à
nouveau (en juin 2017) sous ajustement structurel alors qu'il est à
mi-parcours du chemin vers l'émergence. Ce qui montre sans doute que
l'économie du Cameroun connait des difficultés et ne permet pas
d'envisager certaines réformes socioéconomiques dans le sens du
bien-être de ses populations.
En effet, l'économie du pays demeure fragile et
entravée par des lacunes structurelles, relatives à la faible
compétitivité du secteur productif et aux déficiences des
facteurs de production clés que constituent les infrastructures et
l'énergie. Le faible niveau du taux de croissance moyen annuel du PIB au
cours de la période d'intérêt n'a pas permis d'influer de
manière positive sur l'évolution des conditions de vie des
ménages. Ainsi la pauvreté monétaire qui a reculé
de 13 points entre 1996 et 2001 reste stable sur la période 2001-2007.
En 2007, l'ECAM3 estimait déjà la population du pays à
près de 17,9 millions d'âmes dont 7,1 millions de pauvres. En 2014
la quatrième enquête camerounaise auprès des ménages
(ECAM 4) situe le nombre de pauvres à 8.1 millions de personnes. En
effet, l'ECAM 4 indique que la situation des pauvres s'est
détériorée entre 2007 et 2014, surtout en milieu rural. En
effet, il faudrait allouer en moyenne à chaque adulte pauvre, la somme
annuelle de 130 200 FCFA pour le sortir de la pauvreté. En 2007, ce
montant était de 83 000 FCFA. Dès lors, compte tenu du nombre de
pauvres, il faudrait leur transférer la somme de 775 milliards de FCFA
en 2014, contre 433 milliards de FCFA en 2007 pour les sortir de la
pauvreté. Cette même enquête révèle que le
milieu rural, où habitent près de 60% de la population totale,
concentre 90% des personnes vivant au-dessous du seuil de pauvreté,
c'est-à-dire avec moins de 931 FCFA par jour pour couvrir tous les
besoins prioritaires de base d'un adulte. L'incidence de pauvreté se
situe dans ce milieu à 56,8% en 2014, en hausse de 1,8 point par rapport
à 2007. A contrario, le milieu urbain affiche une incidence de
pauvreté de 8,9%, en baisse de 3,3 points par rapport à 2007.
Toujours en référence à l'ECAM 4, il y a
eu depuis 2014, une augmentation des inégalités entre pauvres et
non pauvres. L'indice de concentration de Gini, qui permet de mesurer les
inégalités entre différents groupes, est passé de
0,39 en 2007 à 0,44 en 2014. Ce résultat traduit le fait que les
inégalités entre les pauvres et les non pauvres se sont
accentuées de 13% entre 2007 et 2014. A titre d'illustration, la
consommation des 20% des ménages les plus riches (Q5) représente
10,1 fois celle des 20% des ménages les plus pauvres (Q1).
L'écart s'est creusé entre les plus riches et les plus pauvres
puisqu'en 2007 ce rapport (Q5/Q1) était de 7,5.
Par ailleurs, d'après les résultats de l'ECAM 4
(Enquête Camerounaise auprès des Ménages 4), il convient de
relever que les inégalités se sont plus accentuées en
milieu rural qu'en milieu urbain.
Au niveau des projets structurants la situation est
stressante. Parmi ses « grands projets », certains tardent
encore à décoller ou n'avancent pas véritablement dans
leurs phases d'exécution (l'autoroute Douala-Yaoundé en est une
illustration). Aussi, on peut voir dans plusieurs régions de notre pays
des chantiers aux arrêts. Cela est peut-être dû à une
mauvaise politique d'attribution des marchés publics ou à une
crise économique que traverserait le Cameroun.
Si les projets structurants sont, dans la logique du DSCE, des
facteurs sur lesquels s'appuie la vision de l'émergence du Cameroun en
2035, le constat est que l'on a souvent vu des zones dans notre pays qui n'ont
pas pu sortir de la précarité après l'implantation des
dits projets dans leurs localités. Par exemple, dans un arrondissement
comme Messondo dans le département du Nyong-et-Kellé
traversé par la ligne de fer, l'on note l'absence d'un
développement véritable. Cet arrondissement n'a pas de connexion
électrique. Ce qui contredit la fameuse phrase :
« où passe la route, le développement
suit ».
De ce fait, nous nous rendons compte que les projets
structurants ont le mérite d'avoir un effet direct sur le plan
infrastructurel mais leur impact sur le plan humain en ce qui concerne la
qualité de vie semble parfois mitigé. On a parfois l'impression
à l'avènement d'un projet structurant que les communautés
bénéficiaires n'ont pas pu améliorer leur qualité
de vie. Le projet structurant est plutôt venu avec un lot de
problèmes beaucoup plus complexes. En plus claire, aujourd'hui,
malgré la mise en oeuvre des différents projets structurants dans
les villes et villages du Cameroun, il n'est pas rare de constater en zone
urbaine ou rurale, que des habitants n'ont pas toujours accès aux
avantages que devraient apporter un projet structurant dans une
localité. Dans certains cas même, il est souvent fréquent
qu'un projet structurant nécessitant la destruction des biens
privés et la perte des terres appartenant aux populations de la
localité concernée par le projet entraine des grincements de
dents du fait de l'absence d'indemnisation. Ces dédommagements, certes
sont pour le plus importants ; par contre ils ne sont pas suffisants
surtout pour un citoyen de bas échelle habitué à un faible
avoir et qui reçoit d'un seul coup une somme considérable
d'argent. Il y a donc des difficultés à pouvoir gérer cet
argent dans le sens de le rentabiliser en vue de s'assurer une meilleure
qualité de vie.
Nous recensons aussi un problème lié à la
politique et à la méthodologie des projets. Nous tentons de dire
que les actions de développement menées sous formes de projets
identifiés, sont souvent confrontées à des grandes
difficultés tout au long de leur cycle. L'une des difficultés de
pérennisation de ces actions est l'inefficacité des
méthodologies et des approches utilisées. En effet, elles
connaissent dans la plupart des cas, des déficits dans la planification,
le suivi et l'évaluation des projets. Il y a aussi un manque de ciblage
des priorités et des zones à besoins spécifiques.
De plus, le projet est souvent à l'origine des
pollutions et nuisances, de l'afflux des personnes, de l'exploitation abusive
des ressources naturelles qui à leur tour entrainent la
prolifération de nombreux fléaux tels que la délinquance,
la criminalité, des maladies (MST, IST), les conflits sociaux et
même l'infertilité des sols (pour des zones où la
population vit des bienfaits de la terre) due au déversement des
polluants ... Pourtant, ces grands chantiers en cours et ceux projetés
dans les prochains mois devraient contribuer à améliorer le
niveau de vie des Camerounais, dont beaucoup ont du mal à satisfaire les
besoins primaires et élémentaires et vivent en dessous du seuil
de pauvreté. L'état des lieux actuel démontre que beaucoup
restent à faire pour parvenir au progrès social souhaité
et atteindre l'Emergence en 2035.
La présente étude pose le problème de
l'inadéquation entre les projets structurants du Cameroun et
l'amélioration de la qualité de vie des populations
environnantes, le cas de la centrale à gaz de Kribi. En effet, ce
problème nous amène à nous poser la question de recherche
suivante : lacentrale à gaz de Kribi comme projet structurant
est-elleà même d'améliorer la qualité de vie des
populations environnantes?
1.3. Questions de recherche
Suite à la position du problème qui
précède, une question générale impliquant trois
questions spécifiques constituent le fil conducteur de notre
investigation.
1.4. Question générale de
recherche
Notre question générale de recherche est
formulée de la manière suivante : lacentrale à gaz de
Kribi comme projet structurant est-elleà même d'améliorer
la qualité de vie des populations environnantes?
1.4.1. Questions spécifiques de
recherche
Dans cette étude, les questions spécifiques sont
les suivantes :
Question de recherche 1 : la
centrale à gaz de Kribi comme facteur de développement
économique est-elle à même d'améliorer la
qualité de vie des populations environnantes?
Question de recherche 2 : la
centrale à gaz de Kribi comme facteur de développement
social est-elle à même d'améliorer la qualité de
vie des populations environnantes ?
Question de recherche3 :la centrale
à gaz de Kribi comme facteur de développement humain
est-elle à même d'améliorer la qualité de vie des populations
environnantes ?
1.4. Objectifs de l'étude
Nous allons dans ce paragraphe présenter
d'une part l'objectif général et d'autre part les objectifs
spécifiques de notre étude.
4.1.1 1.4.1. Objectif
général
L'objectif général est d'étudier l'impact
de la centrale à gaz de Kribicomme projet structurant sur
l'amélioration de la qualité de vie des populations
environnantes.
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