3 INTRODUCTION
GENERALE
Il y a un peu plus de cinquante ans est née une
espérance aussi grande pour les peuples du tiers-monde, que le
socialisme l'avait été pour les prolétariats des pays
occidentaux. Une espérance peut-être plus suspecte dans ses
origines et ses fondements, puisque les colons en avaient apporté des
prémisses aux pays qu'ils avaient pourtant durement colonisés.
Cette espérance, c'était le développement. Mais enfin, les
responsables, dirigeants, élites des pays nouvellement
indépendants présentaient à leur peuple le
développement comme la solution de tous leurs problèmes. En
effet, depuis les indépendances, les pays du Sud et de l'Afrique
subsaharienne en particulier cherchent toujours des modèles de
développement qui vont leur permettre d'améliorer la
qualité de vie de leurs citoyens. Cela passe notamment par le
développement de l'économie, des infrastructures et de divers
secteurs prioritaires à un développement durable.
Dès lors, le développement, quelle que soit
l'approche dans laquelle on s'inscrit, renvoie à un processus dont
l'acteur fondamental est la personne humaine. De la sorte, cet acteur a
cherché pendant longtemps à réaliser le
développement et le bienêtre en agissant ailleurs que sur
lui-même. Ainsi, alors que le Tiers monde, caractérisé par
une absence globale de moyens, souffre du sous-développement, les pays
économiquement riches souffrent du mal développement.
Dans les pays africains, l'échec des politiques de
développement à la suite des indépendances dans les
années 1960 est simplement dû à leur focalisation trop
accrue sur la croissance économique. Cette situation est reconnue par
Meister (1997) repris par Amouzou (2007:190) lorsqu'il déclare: «
Le développement ne résulte pas seulement de mesures purement
économiques: investissement, planification, transfert de technologie
etc....L'échec est probable si la population, ne se sentant pas
concernée reste passive. Son élan est l'une des clés du
succès du développement...». Ces priorités
illustrent la prépondérance de l'homme dans le processus de
développement. Beaucoup de pays en voie de développement en ont
pris la mesure et ont opté pour le développement centré
sur l'homme. En effet, Il s'agit de placer l'homme au centre de toutes les
actions de développement pour réussir une société
humaine satisfaisante : emploi, niveau de revenu, accès aux services
sociaux, protection de l'environnement et implication des femmes dans la vie
économique et sociale.
Il est aujourd'hui de notoriété publique que
l'élan de l'humanité comme l'une des clés de succès
du développement dont parlait Meister (1997) est miné par la
pauvreté dont le plan stratégique d'éradication
élaboré par chaque pays vient en échos aux efforts qui se
font dans ce domaine. La Banque Mondiale dans son Rapport sur le
développement dans le monde 2000-2001 intitulé : «
combattre la pauvreté » remarque que : « Le XXe
siècle a été une époque de grands progrès
dans la lutte contre la pauvreté et l'amélioration du
bien-être. (...)Pourtant, en ce début du XXIe siècle, la
pauvreté reste un problème mondial de proportions colossales.
».
Cette pauvreté porte un coup sérieux au
bien-être des populations. De plus, les causes de cette situation sont si
multiples que les programmes qui oeuvrent de nos jours pour y remédier
sont en quête de repère. La question que posait donc Loup en 1981
sur la survie du Tiers Monde reste d'actualité puisque la situation de
ces pays ne s'est pas tout à fait améliorée. Le
problème de la pauvreté reste depuis longtemps une question
fondamentale qui exige des solutions au niveau mondial puisque plus de deux
milliards de personnes vivent avec un revenu inférieur à deux
dollars par jour (ONU, 2009). C'est un sujet de préoccupation des
dirigeants, planificateurs et économistes, qui ne cessent de chercher
des solutions pour lutter contre ce fléau et faire sortir le pauvre de
son emprise.
La lutte pour le bien-être des populations est un
processus dans lequel s'inscrivent tous les êtres humains. Il est
illimité, nous semble-t-il, parce qu'étroitement lié
à l'existence même de l'humanité. Mais par quels moyens
arriver à cette fin? Tout change et des disparités de
bien-être apparaissent si on pose la question en ces termes-là.
Malheureusement, c'est en ceux-là qu'elle se pose. C'est ainsi que
lorsqu'on compare le niveau de bien-être des populations sur l'ensemble
de la planète, les disparités sont frappantes. On a la triste
impression de l'existence d'une humanité de seconde zone. Les termes qui
sont apparus formant les couples pays développés/pays
sous-développés, pays riches/pays pauvres, pays du nord/pays du
sud, illustrent bien la situation. Pour y remédier, les efforts
d'amélioration de la situation des populations se sont accentués
dans plusieurs domaines ces dernières années et ont pris des
dénominations telles que l'émancipation, le développement,
la lutte contre la pauvreté etc. Pourtant, du chemin reste encore
à parcourir et, de nos jours, les axes pour une action efficace sont
encore recherchés.
Les 189 pays présents au sommet du Millénaire,
tenu en septembre 2000, ont adopté la déclaration du
Millénaire des Nations Unies qui définit les objectifs à
atteindre par la communauté internationale pour le XXIe siècle.
Cette déclaration a servi à préciser l'orientation et le
rôle des Nations unies face aux problèmes liés à la
paix et à la sécurité, au développement et à
la pauvreté, à l'environnement, aux droits de l'homme et à
la protection des populations vulnérables. La fusion dans un cadre
commun de la déclaration et des objectifs de développement
internationaux définis dans les années 1990 lors d'autres grandes
conférences et sommets internationaux des Nations unies a conduit
à l'établissement des Objectifs du Millénaire pour le
développement (OMD). Composés de huit objectifs clés, ils
doivent être atteints d'ici 2015.
En septembre 2005, cinq ans après la déclaration
du Millénaire, plus de 170 chefs d'État et de gouvernement se
sont réunis lors du sommet du Millénaire organisé par les
Nations unies pour dresser le bilan approfondi des progrès accomplis par
rapport aux actions proposées dans la déclaration et plus
particulièrement les OMD. Les rapports établis ont clairement
montré que la communauté internationale était fermement
résolue à ce que chaque nation atteigne les objectifs de
développement en s'appuyant sur ses propres initiatives et
partenariats.
En septembre 2010, une réunion plénière
de haut niveau de l'Assemblée générale des Nations unies a
estimé que la réalisation des OMD était possible si la
communauté internationale accentuait ses efforts. Cependant les
progrès accomplis diffèrent selon la cible à atteindre et
la région et il reste de nombreux défis, tels que la hausse des
prix alimentaires, les crises économiques, les changements climatiques
et les conflits.
En Afrique, la Banque Mondiale (BM) rapporte que ces 15
dernières années la forte croissance économique a produit
des changements visibles dans presque tout le continent. De nombreux pays
Africains commencent à croire en la possibilité de leur Emergence
à moyen terme. Les pays fixent donc les bases de leur
développement en adoptant les OMD.
Au Cameroun, depuis 2009 l'Etat a adopté le Document
de Stratégie et de Croissance pour l'Emploi (DSCE) qui est une
locomotive, en tant que document-cadre des choix économiques du
Cameroun. Le DSCE a pour vision : « le Cameroun, un pays
émergent à l'horizon 2035 ». En effet, cette
orientation vers l'Emergence consiste à mettre en oeuvre une
stratégie de développement dont le ressort est la valorisation du
potentiel en ressources humaines, naturelles, minéralières et
énergétiques du pays. L'objectif général est
l'atteinte d'un Produit Intérieur Brut (PIB) de 5000 dollars US par
tête à l'horizon fixé. L'atteinte de cet objectif passe par
l'intégration de chaque secteur de l'économie dans une approche
programme. C'est dans ce contexte que le Cameroun a élaboré les
différentes stratégies sectorielles qui se traduisent dans la
majorité sous forme de plans sectoriels. En effet, Depuis 2011 l'Etat a
opéré des choix primordiaux afin d'axer le développement
du pays autour des projets structurants. Ceux-ci consistent, à
réhabiliter ou à construire des infrastructures (barrages
hydroélectriques, ports en eau profonde, infrastructures sportives,
infrastructures routières, etc.). Le DSCE détaille ces
stratégies sectorielles comme suit :
Secteur de l'énergie. A travers la
réalisation des programmes d'entretien, de réhabilitation et de
développement de la capacité énergétique du pays,
le Cameroun compte successivement résorber définitivement le
déficit structurel, accompagner les besoins énergétiques
pour l'atteinte des objectifs de croissance escomptés, devenir un
exportateur d'électricité et contribuer ainsi à
l'équilibre de la balance commerciale du pays. Il s'agira à
l'horizon 2020 de porter les capacités de production du pays à 3
000 MW. Le programme d'aménagement dans le sous-secteur
énergétique contient des actions de court, moyen et long termes,
correspondant aux objectifs spécifiques précédemment
déclinés. Parmi les actions de court terme, on peut citer
notamment le barrage de Lom Pangar, la centrale thermique de Yassa et la
centrale à gaz de Kribi. A moyen terme, sont envisagés le barrage
de Memve'ele, les centrales de Nachtigal, Song Mbengue, Warak, Colomines et
Ndockayo. A long terme, il est envisagé le développement de
plusieurs sites présentant un potentiel à l'exportation
d'énergie. Le coût global de ce programme décennal se
chiffre à près de 5 853 milliards de francs CFA pour les ouvrages
de production et de transport d'électricité par grands
réseaux et 663 milliards de francs CFA pour le programme
d'électrification rurale.
Secteur des travaux Publics. Dans le
sous-secteur routier, les orientations stratégiques à moyen et
long terme du Gouvernement à l'horizon de la stratégie sont
cohérentes avec le scénario ambitieux du Plan Directeur Routier
(PDR) et la stratégie sectorielle élaborés. Les
opérations d'entretien routier vont permettre, à l'horizon de la
stratégie, d'améliorer nettement le niveau de service (55% du
réseau en bon état), grâce à la mise en place d'une
stratégie pertinente d'intervention. La réhabilitation du
réseau routier
(2000 km de routes bitumées à réhabiliter
d'ici 2020), ainsi que l'intensification du bitumage des routes en terre (plus
de 3500 km à l'horizon 2020) viendront compléter ce dispositif.
Les priorités d'intervention concerneront l'accompagnement des grands
projets industriels et agropastoraux, les corridors régionaux
(transafricaine, corridors nord-sud, réseau CEMAC), le réseau des
routes nationales, ainsi que les grands projets d'infrastructure
d'accompagnement au secteur privé (second pont sur le Wouri, boucle
autoroutière Yaoundé-Douala-Bafoussam-Yaoundé). Des
réformes institutionnelles importantes devront accompagner cette
stratégie. Ainsi, un accent particulier devra être mis sur : (1)
la responsabilisation et le renforcement de la maîtrise d'ouvrage
routière (2) le renforcement de la planification et de la programmation
à travers l'élaboration et la mise en oeuvre d'une
stratégie d'intervention qui privilégie le respect des standards
de travaux au détriment des opérations de saupoudrage, (3) le
renforcement du parc d'engins de génie civil, (4) l'organisation du
secteur privé afin de disposer d'un tissu d'entreprises et de bureaux
d'études performants, (5) la recherche de matériaux ou de
procédés susceptibles d'accentuer la pérennité des
interventions, en entretien routier notamment et, (6) le recours à
chaque fois que possible, à des techniques à haute
intensité de main d'oeuvre (HIMO) pour réduire les coûts et
promouvoir l'emploi.
Secteur des transports. Le système des
transports devra se fonder sur les atouts indéniables du pays afin de
contribuer efficacement à la croissance économique et à la
lutte contre la pauvreté. Une approche multimodale sera
systématiquement privilégiée, afin de bâtir à
moindre coût un réseau de transport intégré,
performant, quadrillant tout l'espace national et résolument ouvert vers
les pays voisins. Le Gouvernement mettra l'accent sur l'aménagement de
nouvelles infrastructures portuaires et ferroviaires qui accompagneront les
projets prioritaires porteurs de croissance. Il s'agira principalement
de : 1) la construction d'un port en eau profonde à Kribi ; 2) la
construction du port en eau profonde à Limbe ; 3) la construction du
Yard pétrolier de Limbé) l'aménagement de nouvelles voies
ferrées (plus 1000 km) selon les standards internationaux.
Technologies de l'Information et de la Communication.
Les objectifs stratégiques du domaine des
Télécommunications/TIC à l'horizon 2020 seront notamment
de : (1) porter la télé densité fixe à 45% et la
télé densité mobile à 65% ; (2) doter 40 000
villages de moyens de télécommunications modernes ; (3) mettre
à la disposition du public une offre d'accès à 2 Mb/s dans
toutes les villes ayant un central numérique ; et (4) multiplier par 50
le nombre d'emplois directs et indirects.
Secteur des postes et services financiers postaux.
Dans ce domaine, la stratégie permettra d'organiser et de
rendre significative à l'horizon 2020 l'offre publique et privée
de service postal de manière à satisfaire pleinement la demande
en quantité et en qualité à des prix abordables. Deux
programmes doivent ainsi être menés à terme : (1) densifier
le réseau et améliorer la couverture nationale postale en vue
d'assurer un équilibrage géographique des services postaux, (2)
développer le service universel postal à l'effet de favoriser
l'accès de tous aux services postaux.
Secteur des infrastructures de développement
urbain et de l'habitat. Le défi dans ce domaine est de
créer un espace économique national intégré. Il
s'agit non seulement de maîtriser le développement des villes
(taux d'urbanisation de 57,3% en 2020) et d'en faire des centres de production
et de consommation nécessaires à l'essor du secteur industriel,
mais également de promouvoir l'émergence des
agglomérations périphériques, le développement des
villes moyennes ou secondaires capables de structurer les activités
économiques dans l'espace urbain et de concourir au développement
des zones rurales environnantes. Pour atteindre ces objectifs, six
stratégies ont été identifiées : (1) l'entretien et
la réhabilitation des infrastructures urbaines, (2) le
développement des infrastructures urbaines (construction de 150 km de
voiries et construction de 17000 logements sociaux), (3) l'amélioration
de l'accès aux services urbains de base, (4) la maîtrise de
l'occupation du sol, (5) la protection des groupes sociaux vulnérables
et, (6) le renforcement des capacités institutionnelles du secteur.
Eau et assainissement. L'accès
à l'eau potable et aux infrastructures d'assainissement de base en
milieu rural est limité. Le Gouvernement entend par conséquent,
améliorer cette situation, porter à 75% en 2020 le taux
d'accès à l'eau potable et pour cela : (1) réhabiliter les
infrastructures existantes réalisées dans leur très grande
majorité depuis plus de 20 ans ; (2) réaliser des extensions des
réseaux existants qui n'ont pas suivi le rythme d'expansion urbain et
démographiques ; (3) favoriser la réalisation des programmes des
branchements à grande échelle. En milieu urbain, l'option retenue
par le Gouvernement, notamment dans la lettre de politique d'hydraulique
urbaine d`avril 2007 est le partenariat public - privé et la
création de deux entités chargées respectivement des
infrastructures et de la distribution. En milieu rural, la politique
d'approvisionnement a pour principaux objectifs : (1) une meilleure
planification des ouvrages en répondant à la demande, augmentant
la couverture des services et évitant les incohérences ; (2) une
pérennisation des investissements réalisés en
améliorant l'entretien, sécurisant le financement et
prévoyant le financement du renouvellement et, (3) une moindre
dépendance vis-à-vis de l'Etat afin d'asseoir le
développement du secteur sur toutes les forces disponibles.
En effet, les grands chantiers ou projets structurants
devraient contribuer à améliorer la qualité de vie des
Camerounais, quand on sait que beaucoup d'entre eux ont du mal à
satisfaire leurs besoins primaires. Dès lors, un projet structurant peut
se comprendre comme un projet qui s'inscrit dans les priorités de
développement de la région et dans un axe ayant un potentiel de
croissance appréciable démontré, qui provoque un effet
multiplicateur dans l'économie régionale. Au sens de la Banque
Mondiale (BM), le point de départ des projets est la stratégie de
réduction de la pauvreté.
C'est au regard de cet arrière fond
socio-économique que s'inscrit la présente étude dont le
titre est : « projets structurants du Cameroun et
amélioration de la qualité de vie des populationsen zone
rurale : cas de la centrale à gaz de Kribi ». Nous
comptons mener une réflexion en deux grandes parties.
Dans la première partie qui se veut théorique,
nous aborderons trois chapitres. Il s'agira, dans le premier chapitre, de la
problématique où nous allons poser les bases de notre
étude, son problème, sa pertinence et son intérêt.
L'insertion théorique constituera le deuxième chapitre où
nous comptons examiner les concepts clés liés à notre
étude ainsi que les théories explicatives de notre sujet. Le
troisième chapitre est intitulé revue de littérature dans
lequel il sera question de recenser les écrits ayant abordés la
problématique dont nous traitons.
Dans la deuxième partie nommée cadre
méthodologique et opératoire, nous aurons également trois
chapitres : méthodologie de l'étude ; présentation et
analyse des résultats ; interprétation des résultats. Il
sera question dans ces chapitres de rappeler notre question de recherche, nos
hypothèses de recherche, présenter la population d'étude,
les techniques d'échantillonnage, l'instrument de collecte des
données, les outils de traitement des données recueillies sur le
terrain. Enfin les résultats obtenus seront analysés,
interprétés et discutés avant de faire des suggestions.
CADRE THEORIQUE
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