CHAPITRE II : MATÉRIEL ET MÉTHODES
II. Matériels et Méthodes
1. Echantillonnage et collecte des
données
a. Choix du site
Pour cette étude deux (02) sites ont étés
choisis. Le choix de ces sites s'est fait en
fonction de la disponibilité des propriétaires
terriens à assurer un suivi et une protection du site mais aussi en
fonction de l'accessibilité de ces sites et la capacité de chaque
site à disposer d'un nombre suffisant de pieds de karités
exploitables pour l'étude. En effet, chacun des sites retenus devrait
abriter au moins dix arbres de karité chacun portant un nombre suffisant
d'inflorescences susceptibles de répondre aux exigences de
l'expérimentation. Les deux sites sont distants d'environ 2 km et se
trouvent à l'intérieur de parcs agroforestiers.
b. Matériel
végétal
Le choix de Vittelaria paradoxa tient compte de son
importance socio-économique tant
pour les populations rurales que pour le gouvernement qui le
place parmi les espèces prioritaires à développer. Il est
le plus abondant dans les parcs agroforestiers. De plus, ce sont des
espèces apicoles très fortement nectarifères et
pollinifère (Guinko, 1987).
c. Autres matériels
Pour la capture des insectes trois (03) types de pièges
ont étés utilisés. Il s'agit des pièges
adhésifs ou collants, du filet et des coupelles. Chaque
coupelle est placée au sommet de trois tubes PVC. Les insectes
capturés au niveau des filets et des coupelles sont conservés
dans des tubes contenant de l'alcool 70°. Ces échantillons
étiquetés sont envoyés pour identification.
Le marquage des différentes inflorescences
concernées par l'expérimentation s'est fait à l'aide d'un
ruban plastique de couleur bleue et violet.
Une balance électronique nous a permis de faire les
pesés.
2. Méthodes
a. Suivi de la pollinisation
Sur chaque pied nous avons appliqué deux (02)
traitements. Chaque traitement étant répliqué trois (03)
fois sur trois (03) inflorescences différentes. Les deux (02)
traitements appliqués sont les suivants :
· pollinisation naturelle : inflorescences non
ensachées
· pollinisation manuelle : les grains de pollen sont
apportés manuellement d'un autre arbre.
V' Pollinisation naturelle ou libre
Le comptage des fleurs des trois (03) inflorescences libres
marquées sur chaque arbre et non ensachés s'est effectué
tous les quinze (15) jours durant toute la période de la floraison. A la
fructification le comptage des fruits a été fait selon la
même périodicité (tous les quinze (15) jours) jusqu'au
murissement des fruits. Les fruits mûrs ont été ensuite
récoltés et pesés. Après avoir enlevé la
pulpe, le poids de la noix est mesuré par pesée. Ensuite la noix
fut débarrassée de sa coque et l'amande obtenue est pesée
(Djonwangwe, 2011).
V' Pollinisation manuelle
Pour la pollinisation manuelle nous avons pris la
précaution de sélectionner uniquement les fleurs qui
n'étaient pas totalement ouvertes ; c'est-à-dire celles dont le
pistil seul avait émergé. Les autres fleurs ayant
été détruites. Des fleurs cueillies sur d'autres arbres
sont utilisées pour la pollinisation des inflorescences
identifiées pour la pollinisation manuelle. Le pollen de ces fleurs est
répandu sur le pistil des inflorescences marquées. Par la suite
nous avons procédés au comptage et aux différentes
pesées comme dans les cas du premier traitement (Pollinisation
naturelle).
Fleur propice à la pollinisation manuelle
Fleur non propice à la pollinisation manuelle
22
Photo 6 : Caractéristiques des fleurs utilisées
pour la pollinisation manuelle
23
b. Suivi des pollinisateurs
Trois méthodes ont été utilisées pour
capturer les insectes.
y' Le filet
Il est muni d'une longue tige pouvant atteindre la cime des
arbres. Ce filet est en forme d'une urne rétrécie à sa
base. Il présente l'avantage de mieux appréhender les insectes
qui visitent réellement l'arbre à karité.
Nous avons passé 5 à 10 minutes à
observer chacun des dix arbres marqués. Nous procédons ensuite
à la récolte des insectes qui visitent ces arbres à l'aide
du filet. Chaque site est visité de 6 heures à 8 heures du matin,
de 11 heures à 13 heures et de 16 heures à 18 heures tous les
quinze jours.
Photo 7 : Séance de capture des insectes.
y' Les coupelles
Les coupelles contiennent de l'eau savonneuse empêchant
les insectes qui y tombent d'en ressortir. Les cuvettes sont colorées en
blanc, jaune (à l'image des fleurs) et bleue de sorte à attirer
les insectes. A proximité de chaque arbre est placé trois (03)
tubes PVC surmontés chacun d'une coupelle.
A Chaque cycle de quinze jours des coupelles sont
placées au sommet des tubes PVC pour être
récupérées vingt-quatre (24) heures plus tard. Les
insectes qui y tombent sont introduit dans les tubes contenant l'alcool
70° après rinçage des insectes (Westphal et al.,
2008).
24
Photo 8 : Tubes PVC surmontés de coupelles
ü Les pièges collants
Sur chaque site, cinq (05) pièges collants de couleur
jaune sont attachés sur cinq (05) arbres pris aléatoirement parmi
les arbres concernés par l'étude. Au contact de ce piège,
les insectes y sont fortement retenus (Droege et al., 2010).
Les pièges collants sont attachés sur cinq
arbres dans chaque site et récupérés au bout de
vingt-quatre (24) heures.
Le suivi des pollinisateurs s'est achevé à la fin
de la floraison.
Photo 9 : Piège collant
25
c. Collecte des données
Le 11 et 12 Janvier 2016, 120 inflorescences (portant 3
à 119 fleurs chacune) de Vitellaria paradoxa ont
été étiquetées sur 20 plantes situées dans
deux sites et deux lots constitués sur chaque site.
Site 1
· lot 1 : 30 inflorescences non protégées
· lot 2 : 30 inflorescences manuellement
pollinisées Site 2
· lot 1 : 30 inflorescences non
protégées
· lot 2 : 30 inflorescences manuellement
pollinisées
Le suivi de la pollinisation du karité a
été fait de la floraison à la fructification soit de
février à juillet. Les visites ont eu lieu toutes les deux
semaines.
Les données concernant le nombre de fleurs par
inflorescence, le nombre de fruits formés, le nombre de fruits matures
et le nombre d'insectes récoltés par les différentes
techniques ont été consignées dans des fiches
élaborées à cet effet (Annexe 3 ; 4 ; 5).
Photo 10 : Séance de pesée de fruit
Les observations pour la collecte des insectes ont
été faites tous les 15 jours sur les fleurs du lot 1 et du lot 2
du 04 février au 13 avril 2016. Chaque site est visité de 6
heures à 8 heures du matin, de 11 heures à 13 heures et de 16
heures à 18 heures tous les quinze jours. Les différents insectes
rencontrés sur les fleurs ont été comptés à
chacune de ces tranches horaires.
26
3. Traitement et Analyses des données a.
Traitement
V' Détermination de l'impact du mode de
pollinisation sur la nouaison de Vitellaria paradoxa
L'indice de nouaison (In) a été
calculé pour chacune des inflorescences selon la formule ci-après
: In = (N / F) où N est le nombre de fruits
formés et F le nombre de fleurs initialement portées.
Le test W de shapiro-wilk a été effectué
pour vérifier la normalité de la distribution des indices de
nouaison. Le résultat de ce test a permis d'effectuer le test non
paramétrique de Kruskal-Wallis pour comparer les indices de nouaison de
la pollinisation manuelle avec celles de la pollinisation libre.
V' Détermination de l'impact du mode
de pollinisation sur la maturation de Vitellaria paradoxa
L'indice de maturation a été calculé pour
chacune des inflorescences selon la formule suivante : Imr = (M/F)
où M est le nombre de fruits matures et F le nombre de fruits
initialement formés (Djonwangwe, 2011).
Le test W de shapiro-wilk a été effectué
pour vérifier la normalité de la distribution des indices de
nouaison. Le résultat de ce test a permis d'effectuer le test non
paramétrique de Kruskal-Wallis pour comparer les indices de maturation
du lot non protégé et du lot pollinisé manuellement.
V' Détermination de l'impact du mode de
pollinisation sur le poids des fruits matures et sur le poids des amandes de
Vitellaria paradoxa
Après les pesés, le poids moyen des fruits
matures et des amandes ont été calculés puis une
comparaison a été faite avec le test non paramétrique de
Kruskal-Wallis pour déterminer l'impact du type de pollinisation sur ces
différents paramètres.
V' Détermination des agents
pollinisateurs de Vitellaria paradoxa L'identification des
insectes a été faite par le « stingless Bee Research Center
from University of Cape Cost, Ghana ».
Les données bibliographiques permettent de donner le
trait biologique des communautés d'insectes collectés.
27
b. Analyses des données
La statistique descriptive, le test de shapiro-wilk, le test de
Kruskal-Wallis, le tracé des
graphiques et la saisie des données, ont
été faite à l'aide du logiciel R 3.3.3 et du tableur Excel
2013.
Les tests ont été considérés
significatifs pour p < 0,05. Le seuil de probabilité utilisé
pour comparer les différentes combinaisons de traitement est P <
0,05. Le traitement appliqué étant le type de pollinisation
(Pollinisation naturelle et pollinisation manuelle). Les deux sites ont
été analysés ensemble.
CHAPITRE III : RÉSULTATS
ET DISCUSSION
|
28
CHAPITRE III : RÉSULTATS ET DISCUSSION I.
Résultats
1. Impact du mode de pollinisation sur la nouaison de
Vitellaria paradoxa Le mode de pollinisation influence la
nouaison du Vitellaria paradoxa. Etant donné que
la p-value calculée est inférieure au seuil de
significativité alpha=0,05 ; le test non-paramétrique de
Kruskal-Wallis indique qu'il y'a une différence significative entre les
indices de nouaison
de la pollinisation manuelle et celle de la pollinisation
naturelle (chi-squared = 33,437, df = 1 ; p-value = 7,361 10-09).
L'indice de nouaison varie entre 0,83 et 0 avec une
médiane de 0,21 pour la pollinisation manuelle. La variation de l'indice
de nouaison se situe entre 0,17 et 0 avec une médiane de 0,03 pour la
pollinisation naturelle (Figure 7).
|
|
Pollinisation manuelle Pollinisation naturelle
|
|
|
Figure 7 : Variations des indices de nouaison de la
pollinisation manuelle et de la pollinisation naturelle
2. Impact du mode de pollinisation sur la maturation des
fruits de Vitellaria paradoxa Le mode de pollinisation
influence la maturation du Vitellaria paradoxa. Etant donné
que la p-value calculée est inférieure au seuil
de significativité alpha=0,05 ; le test non-paramétrique de
Kruskal-Wallis indique qu'il y'a une différence significative entre les
indices de maturation de la pollinisation manuelle et celle de la pollinisation
naturelle (Kruskal-Wallis chi-squared = 4,5113 ; df = 1 ; p-value =
0,03367).
L'indice de maturation varie entre 0,80 et 0 avec une
médiane de 0 pour la pollinisation manuelle. La variation de l'indice de
maturation se situe entre 0,08 et 0 avec une médiane de 0 pour la
pollinisation naturelle (Figure 8).
29
Pollinisation manuelle Pollinisation naturelle
Figure 8 : Variations des indices de maturation de la
pollinisation manuelle et de la pollinisation naturelle
3. Impact du mode de pollinisation sur le poids des
fruits matures et sur le poids des amandes de Vitellaria
paradoxa
a. Poids moyen des fruits
Le mode de pollinisation n'influence pas le poids des fruits
matures du Vitellaria
paradoxa. Etant donné que la p-value
calculée est inférieure au seuil de significativité
alpha=0,05 ; le test non-paramétrique de Kruskal-Wallis indique qu'il
y'a une différence significative entre les indices de maturation de la
pollinisation manuelle et celle de la pollinisation naturelle (Kruskal-Wallis
chi-squared = 0,18756 ; df = 1 ; p-value = 0,665).
Les poids moyens des fruits varient entre 40,71 et 9,29 avec
une médiane de 18.38 pour la pollinisation manuelle. La variation du
poids moyen des fruits se situe entre 34,46 et 11,04 avec une médiane de
16,79 pour la pollinisation naturelle (Figure 9).
30
Pollinisation manuelle Pollinisation naturelle
Figure 9 : Variations des poids moyens des fruits de la
pollinisation manuelle et de la pollinisation naturelle
b. Poids moyen des amandes
Le mode de pollinisation n'influence pas le poids des amandes du
Vitellaria paradoxa.
Etant donné que la p-value calculée est
inférieure au seuil de significativité alpha=0,05 ; le test
non-paramétrique de Kruskal-Wallis indique qu'il y'a une
différence significative entre les indices de maturation de la
pollinisation manuelle et celle de la pollinisation naturelle (Kruskal-Wallis
chi-squared = 1,0421 ; df = 1 ; p-value = 0,3073).
Les poids moyens des amandes varient entre 6,93 et 1,48 avec
une médiane de 2,75 pour la pollinisation manuelle. La variation du
poids moyen des amandes se situe entre 5,83 et 1,89 avec une médiane de
3,46 pour la pollinisation naturelle (Figure 10).
Pollinisation manuelle Pollinisation naturelle
Figure 10 : Variations des poids moyens des amandes de la
pollinisation manuelle et de la pollinisation naturelle
4. Inventaire des agents pollinisateurs de Vitellaria
paradoxa
a. Dénombrement des insectes par les
différentes méthodes
Les captures des insectes réalisées pendant la
période de floraison se sont faits avec trois
méthodes. Chaque méthode de capture
présentant des avantages et des inconvénients. L'utilisation de
plusieurs méthodes permet d'obtenir un échantillonnage plus
complet de la faune des visiteurs de la plante (Westphal et al.,
2008).
La méthode des coupelles a permis une collecte d'un
nombre beaucoup plus élevé d'insectes dans les deux sites que la
méthode du filet. A Torem 1 on a collecté plus d'insectes par la
méthode des coupelles que par la méthode du filet (Figure 11).
Nombre d'insectes
140
120
100
40
80
60
20
0
31
Coupelle Filet
Torem 1 Torem 2
Figure 11 : Nombre d'insectes collectés suivant les
différentes méthodes et sur chaque site
32
b. Détermination des insectes collectés
par les différentes méthodes
Les captures des insectes réalisées pendant la
période de floraison ont permis de collecter grâce à la
méthode de la coupelle et du filet 204 insectes. Les insectes
capturés par la méthode du filet et de la coupelle ont
été déterminés par le « stingless Bee Research
Center from University of Cape Cost, Ghana » (Tableau I).
Les individus collectés par la méthode du filet
étaient principalement composés d'abeilles appartenant à
quatre espèces (Apis mellifera adansonii, Ceratina
moerenhouti, Hypotrigona gribodoi, et Meliponula
beccari). Il est a noté qu'aucune abeille n'a été
capturée sur les fleurs dans le site de Torem 1.
Sur les deux sites un total de 172 insectes a
été capturé par la méthode de la coupelle. Les
individus d'abeilles appartiennent à six espèces (Amegilla
calens, Compsomelissa nigrinervis, Hypotrigona gribodoi,
Lassioglossum duponti, Lipotriches natalensis et
Pseudoanthidium truncatum).
D'autres insectes appartenant à plusieurs Ordres ont
été identifiés. Il s'agit des hyménoptères
(des guêpes et des fourmis), Diptère (mouches),
coléoptère (coléoptères), Hémiptère
(bogues) et d'autres spécimens non identifiés (Tableau I). Torem
2 a eu la plus grande richesse d'espèce d'abeilles (neuf
espèces).
Tableau I : Détermination des insectes collectés
par les différentes méthodes
|
COUPELLES
|
FILET
|
Sites
|
Torem 1
|
Torem 2
|
Torem 1
|
Torem 2
|
Abeilles
|
|
|
|
|
Apis mellifera adansonii
|
-
|
-
|
-
|
+
|
Hypotrigona gribodoi
|
+
|
+
|
-
|
+
|
Meliponula ferruginea
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Meliponula beccari
|
-
|
-
|
-
|
+
|
Megachile
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Compsomelissa nigrinervis
|
+
|
+
|
-
|
-
|
Pasites atratulus
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Xylocopa olivacea
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Amegilla calens
|
+
|
+
|
-
|
-
|
Lassioglossum duponti
|
+
|
+
|
-
|
-
|
Lipotriches natalensis
|
+
|
+
|
-
|
-
|
Pseudoanthidium truncatum
|
-
|
+
|
-
|
-
|
Ceratina moerenhouti
|
-
|
-
|
-
|
+
|
Nonbre d'espèces d'abeilles
|
5
|
6
|
0
|
4
|
Hyménoptères (des guêpes et des
fourmis)
|
+
|
+
|
+
|
+
|
Diptère (mouches)
|
+
|
+
|
+
|
+
|
Coleoptères
|
+
|
+
|
+
|
+
|
Hémiptère (bogues)
|
+
|
+
|
+
|
+
|
Autres
|
+
|
+
|
+
|
+
|
+ = Présence - = Absence
33
|