CHAPITRE I : GÉNÉRALITÉS
I. Présentation générale de la zone
d'étude
1. Situation géographique
L'étude a été conduite dans deux sites du
village de Torem à environ 10 km de la ville
de Pô. L'étude s'est déroulée dans le
secteur phytogéographique Sud Soudanien du Burkina Faso (Figure 1).
Situé au coeur de l'Afrique de l'Ouest, le Burkina Faso partage une
frontière avec 6 pays que sont la Côte d'Ivoire, le Benin, le
Ghana, le Mali, le Niger et le Togo.
Figure 1 : Carte de la zone d'étude Source : BNDT 2012 et
données de terrain
2. Découpage administratif
Torem est une localité située à environ 10
km au Nord-Est de la ville de Pô.
Administrativement, Torem est un village relevant du
département de Pô. La commune urbaine de Pô fait partie des
cinq communes de la province du Nahouri dont elle est le chef-lieu. La ville de
Pô est située sur les coordonnées 1°09' Ouest et 11
°11' Nord pour une altitude de 321,5 mètres.
5
La province du Nahouri compte actuellement cinq (5)
départements, 131 villages, et une (1) commune urbaine. Elle est
située au centre de la région du Centre Sud à 90 km
environ de Manga et à 145 km de Ouagadougou sur la route nationale
n° 5.
La commune de Pô totalise une superficie de 1 642
km2. Elle est limitée au Nord par le Parc National
Kaboré Tambi, à l'Est par les communes de
Tiébélé et de Gombousgou, à l'Ouest par la commune
de Guiaro et au sud par la république du Ghana.
Au niveau de l'organisation administrative, la commune urbaine
de Pô compte 25 villages administratifs et six secteurs. Elle
relève de la région du Centre-sud qui regroupe trois provinces
(le Bazèga, le Nahouri et le Zoundwéogo). La Région du
Centre-Sud qui partage une partie de la limite Sud du Burkina est située
entre les latitudes 12° 10' et 11°09' Nord et les longitudes 2°
et 0°34' Ouest. Avec une superficie totale d'environ 11 327
km2, elle est limitée au Nord par la Région du Centre,
à l'Est par celles du Centre-Est et du Plateau Central, à l'Ouest
par le Centre-Ouest et au Sud par la République du Ghana. (Région
du Centre Sud, 2005 ; PDI, 2013).
3. Caractéristiques socio-économique et
démographique
a. Population
La population de Pô est constituée d'une part,
par les autochtones qui sont les Kassena (78,5%) venus de Kassana au Ghana et,
d'autres part, par les allochtones constitués par les ethnies comme les
Mossi (14,85%), les Bissa (2,7%), les Peuhl (1,35%) et les autres (2,7%). (PLD,
2000).
Au dernier recensement Général de la Population
et de l'Habitation (RGPH) de 2006, la population résidente de la commune
urbaine de Pô était de 51 552 personnes, repartie dans 10 119
ménages, soit une moyenne de 05 habitants par ménage. La
population urbaine de la commune représente 47% de l'ensemble de la
population communale. La population de la commune représentait à
cette période environ 33% de la population de la province et 8% de la
région. Le taux d'accroissement moyen annuel (TAMA) de la Commune s'est
établi à 3,13%.
Le RGPH (2006) indique que les femmes représentent
50,49% de l'ensemble de la population communale (PDI, 2013).
b. L'agriculture et
l'élevage
L'agriculture demeure la principale activité de production
et d'emploi dans la commune de Pô. C'est une agriculture de subsistance
dans son ensemble et de type pluvial étroitement lié à
l'organisation sociale basée sur le principe du patrilignage
(père en fils).
6
Les principales productions vivrières enregistrées
sont le sorgho blanc, le sorgho rouge, le maïs, le mil et le riz.
L'arachide, le coton, le soja et le sésame sont les principales
productions de rente. En 2010 le coton est la spéculation qui occupe le
plus d'espaces cultivable dans la commune devant le mil.
Les populations de la commune pratiquent également
d'autres cultures de rente que sont les cultures maraîchères dont
les principales spéculations sont les choux, l'oignon et la tomate.
Malgré les conditions agro climatiques, la productivité demeure
relativement faible au regard des potentialités. En effet 77% des
agriculteurs utilisent des techniques culturales archaïques, 17% seulement
bénéficient de l'encadrement du service provincial de
l'agriculture et très peu d'intrants sont utilisés (Zallé,
2008 ; PDI, 2013).
L'activité pastorale, de plus en plus
intégrée à l'agriculture (traction animale et en fumure
organique) constitue la seconde activité des populations. En
dépit de cette intégration, le système sédentaire
extensif ou transhumant reste dominant. Cela occasionne des fortes pressions
sur les ressources engendrant un fort niveau de développement de
conflits entre agriculteurs et éleveurs et à l'origine d'une
faible productivité. (Zallé, 2008 ; PDI, 2013)
L'élevage sédentaire est pratiqué par les
agropasteurs autochtones et de plus en plus par les Peuls qui se fixent
à la périphérie des villages. Ces Peuls transhument
néanmoins avec une grande partie de leurs animaux loin des champs
pendant l'hivernage (Ilboudo, 1989).
c. Exploitation forestière
Ilboudo, (1989) désigne l'exploitation forestière
comme étant « la production de bois de chauffe, de charbon de bois
et la collecte d'autres produits floristiques et fauniques liée à
l'existence des parcs nationaux ».
La province du Nahouri regorge de nombreuses ressources
végétales et fauniques telles le Ranch de gibier du Nazinga, le
Parc National Kabore Tambi. L'économie locale est fortement tributaire
de l'exploitation des ressources forestières.
La présence de nombreux cours d'eau et de vastes zones
de pâturage permet de couvrir les besoins énergétiques
(bois de chauffe) et économiques (produits forestiers non ligneux) de la
population (Zallé, 2008 ; PDI, 2013).
4. Climatologie a.
Pluviométrie
Le climat de type soudano-sahélienne se caractérise
par une pluviométrie assez abondante mais mal répartie dans le
temps et dans l'espace.
Le nombre de jours de pluie par an varie en moyenne entre 50 et
80 jours ; la moyenne décennale (1994 à 2004) des
précipitations est de 1 145,8 mm au Nahouri (Région du Centre
Sud, 2005).
L'essentiel des pluies est enregistré entre Avril et
octobre, avec un maximum de précipitation en août (Figure 2). Les
pluies ne sont pas sans influence sur le butinage. En effet les pluies
réduisent les mouvements des insectes, diluent et lessivent les
nutriments (pollen, nectar) (Nombré, 2003).
Précipitations T°C
Température (°C)
Pluviométrie (mm)
300
250
200
150
100
50
0
150
125
100
75
50
25
0
7
Figure 2 : Diagramme ombrothermique de la zone de Pô de
2010-2014 Source : Direction Générale de la
Météorologie et de l'aviation civile
b. Température
La température moyenne mensuelle tourne depuis 1978 autour
de 30°C (Région du
Centre Sud, 2005). Les mois les plus chauds sont les mois de
mars et mais avec des températures supérieures ou égales
à 39°C et la période de froid se situe entre novembre et
février avec des températures oscillant autour de 20°C. En
général la température au niveau de cette zone est
favorable à une activité de butinage (Nombré, 2003).
c. Humidité relative
L'humidité relative moyenne annuelle est de 55%.
L'humidité semble n'influencer que faiblement l'activité des
butineuses (Otiobo et al., 2015) mais aurait une incidence sur la
floraison.
90
80
70
60
50
40
30
20
Humidité relative (%)
10
0
8
Figure 3 : Humidité relative moyenne mensuelle de
2010-2014
Source : Direction Générale de la
Météorologie et de l'aviation civile
d. Vitesse du vent
La vitesse moyenne du vent est de 1,5 m/s. Deux types de vents
soufflent dans la zone
de Pô. Il s'agit des vents de saison sèche ou
harmattan et de saison de pluvieuse ou mousson. Les fortes vitesses de vents se
manifestent entre le mois de décembre et le mois d'Avril avec des
vitesses supérieures à 1,5 m/s. les faibles vitesses se
rencontrent dans le mois de juin à novembre.
Les vents restent suffisamment faibles tout au long de
l'année pour ne pas gêner l'activité des insectes
néanmoins l'harmattan gênent le butinage des abeilles pendant les
mois de novembre, de décembre et de janvier (Nombré, 2003).
2,5
2
1,5
1
Vitesse du vent (m/s)
0,5
9
0
Figure 4 : Vitesse moyenne mensuelle du vent de 2010-2014
Source : Direction Générale de la
Météorologie et de l'aviation civile
5. Pédologie et hydrologie
a. Pédologie
Le relief de la région est composé d'une
pénéplaine caractérisée par des buttes de roches et
de cuirasses au Nord et d'un ensemble de formations de roches magmatiques
acides, granitiques à biotite, métamorphiques à
faciès birrimiennes et d'alluvions le long des cours d'eau au Sud. Le
sol est composé dans sa partie Nord de grandes unités
hydrogéologiques peu aptes aux cultures (les granites
antébirrimiennes recouverts d'argile puis les unités de
grès siliceux) ; au Sud s'étendent des sols minéraux bruts
sans utilité agropastorale et des sols minéraux bruts d'apport
adaptés à toutes les cultures. (Région du Centre Sud,
2005)
b. Hydrologie
Le réseau hydrographique assez dense est
essentiellement constitué par les bassins du Nakambé, du Nazinon
et de la Sissili comportant de nombreux affluents périodiques. Certains
de ces ruisseaux dans leur parcours se transforment en zone d'épandage
au niveau des bas-fonds. Le fleuve Nazinon a un débit moyen de 26
m3/s (de 1975 à 2002) et le Nakambé 48,3
m3/s (de 1975 à 2002). On dénombre 69 plans d'eau
(retenues et plans naturels) dont la capacité de stockage avoisine 1 176
729 m3 (Région du Centre Sud, 2005).
10
6. Végétation
La zone de Pô est située dans le district Est
Mouhoun du secteur phytogéographique sud
soudanien. Ce secteur est caractérisé par
l'espèce grégaire Isoberlinia doka Craib & Stapf et
comporte de nombreuses galeries. La végétation du district Est
Mouhoun est essentiellement caractérisé par des galeries
forestières constituées en majeure partie d'espèces
soudaniennes caducifoliée. On y trouve les espèces
guinéennes ripicoles suivantes : Cola laurifolia Mast.,
Pterocarpus santalinoides DC., Elaeis guineensis
DC., Manilkara multinervis (Baker) Dubard (Boussim, 2010).
II. Revue bibliographique sur le Vitellaria paradoxa
C.F.Gaertn.
1. Systématique
Vitellaria paradoxa C.F.Gaertn. ou karité en
français ou encore shea-butter tree en anglais a été
rebaptisé plusieurs fois au cours du XIXème
siècle (Sallé et al, 1991). D'abord appelé
Vitellaria paradoxa par Carl Friedrich Von Gaertner en 1805, le
karité prit ensuite le nom de Bassia parkii en 1837. Le nom
d'espèce « parkii » fut attribué par Mungo Park qui fut
le premier auteur à décrire le karité en 1796 lors d'une
exploration dans la région de Ségou au Mali. Kotschy crée
en 1864 le genre Butyrospermum qui signifie « graine de beurre »
(Bongoungou 1987 ; Guira, 1997).
Actuellement la combinaison binomiale acceptée est
Butyrospermum paradoxum (Gaertn. f.) Hepper. Mais le synonyme
Vitellaria paradoxa C.F.Gaertn. est également utilisé
(Sallé et al., 1991 ; Guira, 1997). Boffa (1999) note que le
genre Vitellaria comprend deux sous-espèces. Du
Sénégal à la République centrafricaine on a la
sous-espèce paradoxa, tandis que la sous-espèce
nilotica se rencontre dans le Sud Soudan, en Ethiopie, en Ouganda et
dans le nord-est du Zaïre.
Le Karité, « Vitellaria paradoxa
C.F.Gaertn. », appartient à la famille des Sapotaceae.
2. Distribution et écologie
Le karité (Vitellaria paradoxa C.F.Gaertn.),
ou shea tree en anglais, est un arbre fruitier sauvage indigène des
savanes semi-arides et sub-humides d'Afrique subsaharienne (Bonkoungou,
2002).
11
C'est un arbre très caractéristique des savanes
soudaniennes (Guira et al., 2002). Selon Sallé et al.,
1991 il s'étend du Sénégal oriental au nord-ouest de
l'Ouganda, soit du 16e degré de longitude Ouest au
34e degré de longitude Est sur une bande de 5000
kilomètres de long pour 400 à 750 kilomètre de large.
L'aire du karité couvre une surface d'environ un (1) million de
km2. Les peuplements les plus denses se rencontrent surtout au Mali,
au Burkina Faso, dans le Nord de la Côte-d'Ivoire, du Ghana, du Togo, du
Bénin et du Nigeria. Toutefois, le Burkina Faso et le Mali sont les deux
pays qui se trouvent entièrement à l'intérieur de la zone
de prédilection de l'espèce.
Au Burkina Faso, l'espèce se rencontre sur presque
toute l'étendue du territoire à l'exception de la partie Nord du
pays c'est-à-dire au Nord du 14è parallèle
(Bonkoungou, 1987 et Guinko, 1988).
D'après Guinko (1984), l'espèce est absente
à l'état spontané au Burkina Faso dans la zone des steppes
sahéliennes. C'est surtout dans l'ouest et le Sud que l'espèce
est prédominante (Sandwidi, 2012).
Comme pour la plupart des espèces des parcs
agroforestiers, la distribution du karité est liée à la
présence de l'homme qui en assure la protection et la dispersion
(Guinko, 1984 ; Boffa, 1999).
La distribution presque totale du karité sur une bonne
partie du territoire montre que cette espèce s'adapte à une
grande gamme de conditions écologiques. Selon Hall et al.,
(1996), l'espèce se présente dans les zones où la
pluviosité moyenne annuelle est comprise entre 600 et 1400 mm, avec une
évapotranspiration potentielle comprise entre 1400 et 2300 mm et une
période sèche de 5 à 7 mois. Néanmoins, Bonkoungou
(1987), note que l'intervalle pluviométrique propice se situe entre 500
mm et 1500 mm. Picasso, (1984) indique que le karité prospère sur
les sols sablo-argileux ou argilo-siliceux. On retrouve également cet
arbre sur des sols latéritiques et les pentes colluviales profond
où les sols sont moyennement humides mais néanmoins ils
évitent les zones potentiellement inondables (Boffa, 1999).
Dans les parcs agroforestiers les paysans épargnent
certains arbres pour leurs utilités. C'est ainsi que le karité
(Vitellaria paradoxa C.F.Gaertn.) est
généralement associé au néré (Parkia
biglobosa (Jacq.) R.Br. ex G. Don), le résinier (Lannea
microcarpa Engl. &K. Krause), le tamarinier (Tamarindus indica
L.) et le kade (Faidherbia albida (Delile) A.Chev.). Le
karité étant une plante héliophile, il peut donc
bénéficier dans ces conditions de la lumière et de la
protection indispensable à son bon développement (Guira ,1997 ;
Millogo, 2011).
12
Figure 5 : Aire de distribution du karité en Afrique
(Elias, 2008)
3. Physiologie
a. Germination
La germination du karité est particulière et est
dite cryptogée. En effet l'organe
cotylédonaire s'enfonce dans le sol puis une tige prend
naissance au niveau du pivot à 6 ou 7cm de profondeur du sol. Ceci
participe à la protection du bourgeon de la plantule contre la
sécheresse et les feux de brousse. (Zerbo, 1987 ; Sallé et
al., 1991).
b. Croissance et
développement
La croissance du karité est très lente même
placée dans de bonnes conditions (Serpentié,
1996). L'allongement de la tige se situe entre 10 et 12 cm la
première année. La croissance racinaire est plus forte que la
croissance caulinaire avec des variations qui sont fonction des conditions
climatiques.
A l'âge adulte le karité possède un pivot
court de 70 à 90 cm mais les racines latérales traçante
peuvent atteindre 20 m de longueur (Picasso, 1984 ; Sallé et al.,
1991).
4. Botanique descriptive
a. Port
Le karité est un arbre trapu d'une quinzaine de
mètre de hauteur avec de puissantes
branches ramifiées (Arbonnier, 2009). Trois ports ont
été décrits au niveau de la couronne des arbres par Lamien
(2001) :
13
- Le port en boule : les branches secondaires
s'étalent rapidement pour donner un aspect sphérique à la
frondaison ;
- Le port en balai ou parasol : les branches
secondaires s'étalent vers le haut en V donnant un aspect de parasol
à la cime.
- Le port semi-dressé ou érigé
qui est l'intermédiaire entre les deux (02) premiers types. Le
type de port présente un intérêt en agroforesterie.
b. Tronc
Arbre à tronc écailleux, de forme cylindrique, le
tronc a un diamètre pouvant atteindre
1 m et une hauteur allant de 6 à 9 m. La croissance en
hauteur et en diamètre du fût est très lente. La couleur de
l'écorce est gris foncé ou noirâtre et présente un
aspect rugueux et crevassé et produit un peu de latex blanc (Arbonnier,
2009 ; Sacande, 2012).
Photo 1 : Tronc de Vitellaria paradoxa
c. Racines
Le karité possède un système racinaire de
type pivotant. Le diamètre du pivot diminue
au fur et à mesure qu'il s'enfonce dans le sol. Avec
un diamètre de 0,75 à 1 m, le pivot émet des racines
latérales pouvant atteindre 20 m de longueur. Cependant ces racines
latérales sont sans influences sur les cultures sous-jacentes
(Bonkoungou, 1987).
d. Feuilles
Les feuilles sont groupées en bouquets par 30 au sommet
des rameaux (Sallé et al.,
1991). Comme pour la plupart des plantes de la zone
soudano-sahélienne le karité est un arbre à feuilles
caduques. Les feuilles du karité sont de type simples, entières,
allongées et alternes.
14
Le limbe est coriace, luisant et vert. Les jeunes feuilles
apparaissent après la floraison. Les arbres au feuillage dense sont
généralement de bon producteurs (Sallé et al.,
1991 ; Guira, 1997).
e. Inflorescences et fleurs
La floraison commence en janvier ou en février mais
souvent et pas toujours après la chute des feuilles (Serpentié,
1996). L'Inflorescence (Photo 2), caractéristique des Sapotaceae
est en glomérule terminal de fleurs pédicellées. Les
fleurs, mellifères sont odorantes et blanc-crème. (Sallé
et al., 1991 ; Millogo, 2011).
Le nombre de fleurs par inflorescence peut atteindre 100
fleurs. La fleur, hermaphrodite et actinomorphe, est enveloppée à
la base de son pédoncule par une très petite bractée et
présente les caractéristiques suivantes :
- Le nombre de sépales externes varie de 3 à 9
alors que le nombre de sépales internes varie de 2 à 10. Les
sépales et les bractées sont pubescents.
- Le nombre de pétales varie de 6 à 10. Ces
pétales sont glabres, blanc-jaunâtres et soudés à
la base en un tube. Ils alternent avec les sépales.
- L'androcée est composé de 8 à 10
étamines disposées en un seul cycle. Ces étamines sont
opposées aux pétales auxquels elles sont soudées par la
base de leurs filets. Les anthères sont médifixes, extrorses et
comportent deux loges à déhiscence longitudinale et
latérale. Les grains de pollen d'un blanc brillant sont visibles
à la loupe. Les graines de pollen libérées sont
transportées par les abeilles sur les stigmates des fleurs (Guinko et
al., 1988). Les staminodes apiculés, dentés et
alternipétales ont un nombre variant de 4 à 10.
- Le gynécée comporte un ovaire libre et de
forme conique, reposant sur le réceptacle floral. C'est un ovaire
couvert de longs poils glandulaires, jaunes parfois roses et secrétant
du nectar. Il est aussi surmonté d'un style se terminant par un stigmate
papilleux.
Le nombre de loges de l'ovaire varie de 4 à 8. Ce sont
des loges uniovulées, parfois
biovulées (Guira, 1997).
Photo 2 : Inflorescence de Vitellaria paradoxa
15
f. Fruit et noix
Les fruits (Photo 3) sont des baies vertes jaunâtres
renfermant une, deux et parfois trois
graines avec une large gamme de forme. A maturité les
fruits mûrs n'exsudent plus de latex. Le fruit présente les
caractéristiques suivantes :
- Le péricarpe ou pulpe épaisse de 4 à 8
mm est très charnu, sucré et parfumé. Le goût est
fonction du type d'arbre. L'épicarpe lisse et légèrement
nervié longitudinalement, porte quelquefois jusqu'à la maturation
une pubérulence ferrugineuse.
- Le fruit contient une graine encore appelée noix qui
est luisante et longue de 2,5 à 3,5 cm.
- L'amande (Photo 5) contenue dans la noix (Photo 4) est
généralement de l'ordre de 4 cm de long et 2,5 cm de
diamètre. Elle est formée de deux cotylédons intimement
soudés (Sallé et al.,1991 ; Guira, 1997).
|
|
Photo 3 : Amande de Vitellaria paradoxa.
|
Photo 4 : Noix de Vitellaria. paradoxa
|
Photo 5 : Rameau portant des fruits de Vitellaria
paradoxa.
5. Multiplication sexuée et
asexuée
a. Multiplication sexuée
La fécondation croisée est surtout entomogame.
Ce sont les abeilles qui jouent un rôle prépondérant dans
la pollinisation qui a lieu au petit matin ou par les vents légers.
(Guinko et al., 1988 ; Sallé et al., 1991 ;
Serpentié, 1996 ; Djonwangwe et al., 2011).
16
La fructification se réalise de février à
juin et la maturation des fruits intervient entre le mois de juin et
Août. Dans une population, la maturation des fruits est
échelonnée (Guira, 1989).
A maturité les fruits du fait de leur poids tomberont
sous la frondaison de l'arbre. Ce sont ces fruits, dont très peu
germeront d'ailleurs pour donner un nouvel individu. Des expériences de
semis de graines fraîches ont donnée des résultats
fortement appréciables (Zerbo, 1987).
b. Multiplication asexuée
Plusieurs techniques de multiplications
végétatives ont été observées et ont
été expérimentées au cours des dernières
années. Il s'agit :
- Du rejet des tiges et des racines : Des
rejets apparaissent sur la souche principale. De même que les rejets
des tiges, les rejets des racines, à partir de la plante mère,
ont été utilisés pour multiplier la plante avec
succès, particulièrement pendant la saison pluvieuse.
- Greffage et bourgeonnement : il est
possible de multiplier le karité en utilisant des greffons qui ont
été élevés dans un bac de bouturage assurant ainsi
une bonne humidité des scions. D'autre part des bourgeons terminaux
(choisi sur un bon arbre) peuvent être utilisés.
- Bouturage : le bouturage se fait à
partir de bouture choisit au début de la période de floraison
des arbres et de boutures pas trop dures. Le bouturage doit se faire pendant la
saison pluvieuse et avec des hormones à concentration
élevée (à 1,5 % d'acide indol-butyrique (AIB) et d'acide
indol-acétique (AIA)) (Kalinganire, 2006).
c. Production
Guira (1997), définit la production d'un arbre comme
étant «la quantité (ou le nombre total) de fruits provenant
de cet arbre au cours d'une année ».
A Kamboinsé on a noté une production moyenne par
arbre de 48,65 kg sur un échantillon de 17 arbres (Guira, 1997). Une
étude réalisée à Bondoukouy en 2002 par Lamien
indique que la productivité des karités dans les parcs
agroforestiers est plus importante que dans les formations naturelles. Le
rendement moyen des karités dans les parcs agroforestiers est de 4,32
kg·arbre-1 contre 1,58 kg·arbre-1 pour les
formations naturelles (Lamien, 2004). En moyenne 15-20 kg de fruit sont
produits par arbre et par an et les grands arbres produisent mieux que les
petits arbres (Hall et al., 1996 ; Kalinganire, 2006).
17
d. Techniques d'amélioration de la
production
Les rendements de karité sont fortement aléatoires
il est donc important de mettre en
place des techniques susceptibles de garantir la production
continue de l'espèce. Grolleau, 1989 et le Centre National de Semence
Forestière (CNSF) ont mis au point des techniques de greffages
permettant d'obtenir des individus susceptibles de donner une meilleure
productivité. Lamien (2006), a démontré que la technique
d'incision annulaire peut être utilisée pour contrôler
l'irrégularité de la fructification du karité et
d'accroitre ainsi les rendements du karité. Le marcottage, le bouturage
et le greffage sont aussi des techniques d'amélioration susceptible de
donner de très bons résultats (Sallé et al.,
1991).
6. Usages et importances
socioéconomiques
a. Usages locaux
La pulpe des fruits est comestible par les hommes et les
animaux (chauve-souris, oiseaux, ...). Les fruits qui arrivent à
maturité dans la période hivernale représente un apport
nutritif non négligeable pendant la période de soudure
(Sallé et al., 1991 ; Millogo, 2011).
Le beurre de karité, extrait des amandes est
utilisé dans la cuisine, la cosmétique. Les feuilles,
l'écorce, l'amande, les racines et le beurre sont aussi utilisés
en médecine traditionnelle (Sanou et Lamien, 2011).
Les feuilles sont utilisées comme fourrage et comme
engrais. Le latex est utilisé dans la chasse pour capturer les animaux
mais aussi comme isolant. (Nkouam, 2007 ; Sanou et Lamien, 2011).
L'écorce est utilisée pour attirer les essaims
d'abeilles et les fleurs sont très appréciée par les
abeilles d'où la présence de ruche à proximité des
parcs à karité (Nombré et al., 2009 ; Djonwangwe
et al., 2011). La chenille (Cirina butyrospermii Vuillet),
parasite du karité est très appréciée par les
populations du Sud-ouest du Burkina (Ziba et Yaméogo, 2002).
b. Usages industriels
Dans l'industrie agroalimentaire européenne le beurre
de karité est utilisé dans l'enrobage des biscuits et du chocolat
(Dubut, 2012). On retrouve le beurre de karité en Europe dans les
produits cosmétique et en pharmacologie où il entre dans la
fabrication du savon, des crèmes utilisées pour les soins des
cheveux et de la peau (Dubut, 2012). Les résidus des graines issues de
la transformation du beurre sont transformés en pesticides (Nkouam, 2007
; Sanou et Lamien, 2011).
18
III. Pollinisateurs et pollinisation du
karité
Au regard de l'immobilité des plantes, leur
reproduction sexuée est tributaire d'un agent de transport de pollen
biotique ou abiotique disséminant les gamètes mâle et
femelle entre les individus (Delmas, 2012).
La pollinisation est le transfert sur le stigmate floral
récepteur du pollen de l'anthère produit par une étamine.
Elle a lieu au moyen d'animaux (Pollinisateurs), du vent et de l'eau. La
pollinisation précède la fécondation et celle-ci donne
directement lieu à la production de la graine et du fruit par la plante
(FAO, 2007).
1. Modes de pollinisation
a. Autopollinisation ou autogamie
L'autogamie est une autofécondation de la plante : les
deux gamètes sont issus du même individu. Des expériences
réalisées à Ferkessedougou par Halff ont montré que
l'autofécondation du karité est possible. En effet Halff a obtenu
9,6% de nouaison par autofécondation contre 23% pour les fleurs
témoin non ensachées (Serpentié, 1996).
Cependant à la station expérimentale de l'IDR
à Gampéla le suivi de 50 inflorescences ensachées
appartenant à 5 pieds de karités n'a pas permis d'observer une
nouaison après la fin de la période de floraison (Guira,
1989).
b. Pollinisation croisée ou
allogamie
L'allogamie se dit d'une plante dont la fécondation se
fait par du pollen issu d'une autre plante. Les faibles succès des
différents essais d'autofécondation semblent confirmer le
rôle primordial des insectes dans la pollinisation du karité
(Bonkoungou, 1987). La fécondation croisée et surtout entomogame
est majoritaire et est influencée par l'anatomie de la fleur et par le
retard de l'ouverture des anthères par rapport à la
maturité de l'ovaire (Sallé et al., 1991 ;
Serpentié, 1996). La fécondation croisée est d'une
importance capitale (évolution, conquête de nouvelles niches
écologiques). La pollinisation croisée permet les recombinaisons
génétiques, la formation de génotypes nouveaux au sein de
l'espèce et donc l'adaptabilité au milieu (Souchon, 1965
cité par Alleaume, 2012).
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Le mode de reproduction des arbres est essentiellement
allogame. Cette préférence de l'allogamie est due notamment aux
mécanismes d'autoincompatibilité, à la dépression
de consanguinité, et à la dioécie potentielle des organes
reproducteurs (Allal, 2010).
Figure 6 : Pollinisation croisée et directe (Pouvreau,
2004 ; cité par Alleaume, 2012)
1 : Pollinisation directe ou autopollinisation
2 : Pollinisation croisée ou allopollinisation
A : anthère ; P : grain de pollen ; TP : tube
pollinique ; Ova : ovaire ; SE : sac embryonnaire ; Ovu : ovule.
2. Agents de la pollinisation ou vecteurs de
pollen
a. Insectes
Les insectes, particulièrement les abeilles jouent un
rôle important dans la pollinisation
du karité (Guinko et al., 1988). Les graines de
pollen libérées pendant la floraison sont transportées et
déposées par les abeilles sur les stigmates des fleurs. La
sécrétion du nectar recherché par les abeilles s'effectue
à la déhiscence des anthères (Guinko et al.,
1988).
b. Vents
Avec la pollinisation anémophile, les grains de pollen
sont transportés par le vent
(Alleaume, 2012). La pollinisation du karité peut
être assurée par le vent (Guinko et al., 1988).
Néanmoins la force des vents doit rester légère. Des
coulures de fleurs peuvent s'observer en cas de vent trop fort (Bonkoungou,
1987).
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c. Homme
Dans le cas de la pollinisation manuelle c'est l'homme qui
intervient dans le transport
du pollen. Il peut intervenir directement dans la
pollinisation. La plante est ainsi pollinisée manuellement, avec du
pollen provenant d'une autre fleur de la même plante ou d'une autre
plante.
L'homme peut aussi intervenir dans la pollinisation en
apportant les insectes. Le choix de l'insecte est fonction de la plante mais
aussi des objectifs visés. Les conditions de production (en plein air ou
en enceinte fermée) et la morphologie de la fleur sont
déterminantes (Pierre et Phamdélègue, 2008 cité par
Alleaume, 2012).
La pollinisation manuelle croisée est
généralement laborieuse et augmente de manière importante
la production fruitière par rapport à la pollinisation ouverte
assurée par les insectes, les oiseaux, le vent et l'eau (FAO, 2007).
CHAPITRE II : MATÉRIEL
ET MÉTHODES
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