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Amélioration de la fructification du karité (vitellaria paradoxa c.f.gaertn.) cas des parcs agroforestiers du village de Torem dans le centre sud du Burkina-Faso


par Wendpanga Issaka KANAZOE
Université Ouaga 1 Professeur Joseph Ki-Zerbo - Master 2008
  

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CHAPITRE I : GÉNÉRALITÉS

I. Présentation générale de la zone d'étude

1. Situation géographique

L'étude a été conduite dans deux sites du village de Torem à environ 10 km de la ville

de Pô. L'étude s'est déroulée dans le secteur phytogéographique Sud Soudanien du Burkina Faso (Figure 1). Situé au coeur de l'Afrique de l'Ouest, le Burkina Faso partage une frontière avec 6 pays que sont la Côte d'Ivoire, le Benin, le Ghana, le Mali, le Niger et le Togo.

Figure 1 : Carte de la zone d'étude Source : BNDT 2012 et données de terrain

2. Découpage administratif

Torem est une localité située à environ 10 km au Nord-Est de la ville de Pô.

Administrativement, Torem est un village relevant du département de Pô. La commune urbaine de Pô fait partie des cinq communes de la province du Nahouri dont elle est le chef-lieu. La ville de Pô est située sur les coordonnées 1°09' Ouest et 11 °11' Nord pour une altitude de 321,5 mètres.

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La province du Nahouri compte actuellement cinq (5) départements, 131 villages, et une (1) commune urbaine. Elle est située au centre de la région du Centre Sud à 90 km environ de Manga et à 145 km de Ouagadougou sur la route nationale n° 5.

La commune de Pô totalise une superficie de 1 642 km2. Elle est limitée au Nord par le Parc National Kaboré Tambi, à l'Est par les communes de Tiébélé et de Gombousgou, à l'Ouest par la commune de Guiaro et au sud par la république du Ghana.

Au niveau de l'organisation administrative, la commune urbaine de Pô compte 25 villages administratifs et six secteurs. Elle relève de la région du Centre-sud qui regroupe trois provinces (le Bazèga, le Nahouri et le Zoundwéogo). La Région du Centre-Sud qui partage une partie de la limite Sud du Burkina est située entre les latitudes 12° 10' et 11°09' Nord et les longitudes 2° et 0°34' Ouest. Avec une superficie totale d'environ 11 327 km2, elle est limitée au Nord par la Région du Centre, à l'Est par celles du Centre-Est et du Plateau Central, à l'Ouest par le Centre-Ouest et au Sud par la République du Ghana. (Région du Centre Sud, 2005 ; PDI, 2013).

3. Caractéristiques socio-économique et démographique

a. Population

La population de Pô est constituée d'une part, par les autochtones qui sont les Kassena (78,5%) venus de Kassana au Ghana et, d'autres part, par les allochtones constitués par les ethnies comme les Mossi (14,85%), les Bissa (2,7%), les Peuhl (1,35%) et les autres (2,7%). (PLD, 2000).

Au dernier recensement Général de la Population et de l'Habitation (RGPH) de 2006, la population résidente de la commune urbaine de Pô était de 51 552 personnes, repartie dans 10 119 ménages, soit une moyenne de 05 habitants par ménage. La population urbaine de la commune représente 47% de l'ensemble de la population communale. La population de la commune représentait à cette période environ 33% de la population de la province et 8% de la région. Le taux d'accroissement moyen annuel (TAMA) de la Commune s'est établi à 3,13%.

Le RGPH (2006) indique que les femmes représentent 50,49% de l'ensemble de la population communale (PDI, 2013).

b. L'agriculture et l'élevage

L'agriculture demeure la principale activité de production et d'emploi dans la commune de Pô. C'est une agriculture de subsistance dans son ensemble et de type pluvial étroitement lié à l'organisation sociale basée sur le principe du patrilignage (père en fils).

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Les principales productions vivrières enregistrées sont le sorgho blanc, le sorgho rouge, le maïs, le mil et le riz. L'arachide, le coton, le soja et le sésame sont les principales productions de rente. En 2010 le coton est la spéculation qui occupe le plus d'espaces cultivable dans la commune devant le mil.

Les populations de la commune pratiquent également d'autres cultures de rente que sont les cultures maraîchères dont les principales spéculations sont les choux, l'oignon et la tomate. Malgré les conditions agro climatiques, la productivité demeure relativement faible au regard des potentialités. En effet 77% des agriculteurs utilisent des techniques culturales archaïques, 17% seulement bénéficient de l'encadrement du service provincial de l'agriculture et très peu d'intrants sont utilisés (Zallé, 2008 ; PDI, 2013).

L'activité pastorale, de plus en plus intégrée à l'agriculture (traction animale et en fumure organique) constitue la seconde activité des populations. En dépit de cette intégration, le système sédentaire extensif ou transhumant reste dominant. Cela occasionne des fortes pressions sur les ressources engendrant un fort niveau de développement de conflits entre agriculteurs et éleveurs et à l'origine d'une faible productivité. (Zallé, 2008 ; PDI, 2013)

L'élevage sédentaire est pratiqué par les agropasteurs autochtones et de plus en plus par les Peuls qui se fixent à la périphérie des villages. Ces Peuls transhument néanmoins avec une grande partie de leurs animaux loin des champs pendant l'hivernage (Ilboudo, 1989).

c. Exploitation forestière

Ilboudo, (1989) désigne l'exploitation forestière comme étant « la production de bois de chauffe, de charbon de bois et la collecte d'autres produits floristiques et fauniques liée à l'existence des parcs nationaux ».

La province du Nahouri regorge de nombreuses ressources végétales et fauniques telles le Ranch de gibier du Nazinga, le Parc National Kabore Tambi. L'économie locale est fortement tributaire de l'exploitation des ressources forestières.

La présence de nombreux cours d'eau et de vastes zones de pâturage permet de couvrir les besoins énergétiques (bois de chauffe) et économiques (produits forestiers non ligneux) de la population (Zallé, 2008 ; PDI, 2013).

4. Climatologie a. Pluviométrie

Le climat de type soudano-sahélienne se caractérise par une pluviométrie assez abondante mais mal répartie dans le temps et dans l'espace.

Le nombre de jours de pluie par an varie en moyenne entre 50 et 80 jours ; la moyenne décennale (1994 à 2004) des précipitations est de 1 145,8 mm au Nahouri (Région du Centre Sud, 2005).

L'essentiel des pluies est enregistré entre Avril et octobre, avec un maximum de précipitation en août (Figure 2). Les pluies ne sont pas sans influence sur le butinage. En effet les pluies réduisent les mouvements des insectes, diluent et lessivent les nutriments (pollen, nectar) (Nombré, 2003).

Précipitations T°C

Température (°C)

Pluviométrie (mm)

300

250

200

150

100

50

0

150

125

100

75

50

25

0

7

Figure 2 : Diagramme ombrothermique de la zone de Pô de 2010-2014 Source : Direction Générale de la Météorologie et de l'aviation civile

b. Température

La température moyenne mensuelle tourne depuis 1978 autour de 30°C (Région du

Centre Sud, 2005). Les mois les plus chauds sont les mois de mars et mais avec des températures supérieures ou égales à 39°C et la période de froid se situe entre novembre et février avec des températures oscillant autour de 20°C. En général la température au niveau de cette zone est favorable à une activité de butinage (Nombré, 2003).

c. Humidité relative

L'humidité relative moyenne annuelle est de 55%. L'humidité semble n'influencer que faiblement l'activité des butineuses (Otiobo et al., 2015) mais aurait une incidence sur la floraison.

90

80

70

60

50

40

30

20

Humidité relative (%)

10

0

8

Figure 3 : Humidité relative moyenne mensuelle de 2010-2014

Source : Direction Générale de la Météorologie et de l'aviation civile

d. Vitesse du vent

La vitesse moyenne du vent est de 1,5 m/s. Deux types de vents soufflent dans la zone

de Pô. Il s'agit des vents de saison sèche ou harmattan et de saison de pluvieuse ou mousson. Les fortes vitesses de vents se manifestent entre le mois de décembre et le mois d'Avril avec des vitesses supérieures à 1,5 m/s. les faibles vitesses se rencontrent dans le mois de juin à novembre.

Les vents restent suffisamment faibles tout au long de l'année pour ne pas gêner l'activité des insectes néanmoins l'harmattan gênent le butinage des abeilles pendant les mois de novembre, de décembre et de janvier (Nombré, 2003).

2,5

2

1,5

1

Vitesse du vent (m/s)

0,5

9

0

Figure 4 : Vitesse moyenne mensuelle du vent de 2010-2014

Source : Direction Générale de la Météorologie et de l'aviation civile

5. Pédologie et hydrologie

a. Pédologie

Le relief de la région est composé d'une pénéplaine caractérisée par des buttes de roches et de cuirasses au Nord et d'un ensemble de formations de roches magmatiques acides, granitiques à biotite, métamorphiques à faciès birrimiennes et d'alluvions le long des cours d'eau au Sud. Le sol est composé dans sa partie Nord de grandes unités hydrogéologiques peu aptes aux cultures (les granites antébirrimiennes recouverts d'argile puis les unités de grès siliceux) ; au Sud s'étendent des sols minéraux bruts sans utilité agropastorale et des sols minéraux bruts d'apport adaptés à toutes les cultures. (Région du Centre Sud, 2005)

b. Hydrologie

Le réseau hydrographique assez dense est essentiellement constitué par les bassins du Nakambé, du Nazinon et de la Sissili comportant de nombreux affluents périodiques. Certains de ces ruisseaux dans leur parcours se transforment en zone d'épandage au niveau des bas-fonds. Le fleuve Nazinon a un débit moyen de 26 m3/s (de 1975 à 2002) et le Nakambé 48,3 m3/s (de 1975 à 2002). On dénombre 69 plans d'eau (retenues et plans naturels) dont la capacité de stockage avoisine 1 176 729 m3 (Région du Centre Sud, 2005).

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6. Végétation

La zone de Pô est située dans le district Est Mouhoun du secteur phytogéographique sud

soudanien. Ce secteur est caractérisé par l'espèce grégaire Isoberlinia doka Craib & Stapf et comporte de nombreuses galeries. La végétation du district Est Mouhoun est essentiellement caractérisé par des galeries forestières constituées en majeure partie d'espèces soudaniennes caducifoliée. On y trouve les espèces guinéennes ripicoles suivantes : Cola laurifolia Mast., Pterocarpus santalinoides DC., Elaeis guineensis DC., Manilkara multinervis (Baker) Dubard (Boussim, 2010).

II. Revue bibliographique sur le Vitellaria paradoxa C.F.Gaertn.

1. Systématique

Vitellaria paradoxa C.F.Gaertn. ou karité en français ou encore shea-butter tree en anglais a été rebaptisé plusieurs fois au cours du XIXème siècle (Sallé et al, 1991). D'abord appelé Vitellaria paradoxa par Carl Friedrich Von Gaertner en 1805, le karité prit ensuite le nom de Bassia parkii en 1837. Le nom d'espèce « parkii » fut attribué par Mungo Park qui fut le premier auteur à décrire le karité en 1796 lors d'une exploration dans la région de Ségou au Mali. Kotschy crée en 1864 le genre Butyrospermum qui signifie « graine de beurre » (Bongoungou 1987 ; Guira, 1997).

Actuellement la combinaison binomiale acceptée est Butyrospermum paradoxum (Gaertn. f.) Hepper. Mais le synonyme Vitellaria paradoxa C.F.Gaertn. est également utilisé (Sallé et al., 1991 ; Guira, 1997). Boffa (1999) note que le genre Vitellaria comprend deux sous-espèces. Du Sénégal à la République centrafricaine on a la sous-espèce paradoxa, tandis que la sous-espèce nilotica se rencontre dans le Sud Soudan, en Ethiopie, en Ouganda et dans le nord-est du Zaïre.

Le Karité, « Vitellaria paradoxa C.F.Gaertn. », appartient à la famille des Sapotaceae.

2. Distribution et écologie

Le karité (Vitellaria paradoxa C.F.Gaertn.), ou shea tree en anglais, est un arbre fruitier sauvage indigène des savanes semi-arides et sub-humides d'Afrique subsaharienne (Bonkoungou, 2002).

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C'est un arbre très caractéristique des savanes soudaniennes (Guira et al., 2002). Selon Sallé et al., 1991 il s'étend du Sénégal oriental au nord-ouest de l'Ouganda, soit du 16e degré de longitude Ouest au 34e degré de longitude Est sur une bande de 5000 kilomètres de long pour 400 à 750 kilomètre de large. L'aire du karité couvre une surface d'environ un (1) million de km2. Les peuplements les plus denses se rencontrent surtout au Mali, au Burkina Faso, dans le Nord de la Côte-d'Ivoire, du Ghana, du Togo, du Bénin et du Nigeria. Toutefois, le Burkina Faso et le Mali sont les deux pays qui se trouvent entièrement à l'intérieur de la zone de prédilection de l'espèce.

Au Burkina Faso, l'espèce se rencontre sur presque toute l'étendue du territoire à l'exception de la partie Nord du pays c'est-à-dire au Nord du 14è parallèle (Bonkoungou, 1987 et Guinko, 1988).

D'après Guinko (1984), l'espèce est absente à l'état spontané au Burkina Faso dans la zone des steppes sahéliennes. C'est surtout dans l'ouest et le Sud que l'espèce est prédominante (Sandwidi, 2012).

Comme pour la plupart des espèces des parcs agroforestiers, la distribution du karité est liée à la présence de l'homme qui en assure la protection et la dispersion (Guinko, 1984 ; Boffa, 1999).

La distribution presque totale du karité sur une bonne partie du territoire montre que cette espèce s'adapte à une grande gamme de conditions écologiques. Selon Hall et al., (1996), l'espèce se présente dans les zones où la pluviosité moyenne annuelle est comprise entre 600 et 1400 mm, avec une évapotranspiration potentielle comprise entre 1400 et 2300 mm et une période sèche de 5 à 7 mois. Néanmoins, Bonkoungou (1987), note que l'intervalle pluviométrique propice se situe entre 500 mm et 1500 mm. Picasso, (1984) indique que le karité prospère sur les sols sablo-argileux ou argilo-siliceux. On retrouve également cet arbre sur des sols latéritiques et les pentes colluviales profond où les sols sont moyennement humides mais néanmoins ils évitent les zones potentiellement inondables (Boffa, 1999).

Dans les parcs agroforestiers les paysans épargnent certains arbres pour leurs utilités. C'est ainsi que le karité (Vitellaria paradoxa C.F.Gaertn.) est généralement associé au néré (Parkia biglobosa (Jacq.) R.Br. ex G. Don), le résinier (Lannea microcarpa Engl. &K. Krause), le tamarinier (Tamarindus indica L.) et le kade (Faidherbia albida (Delile) A.Chev.). Le karité étant une plante héliophile, il peut donc bénéficier dans ces conditions de la lumière et de la protection indispensable à son bon développement (Guira ,1997 ; Millogo, 2011).

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Figure 5 : Aire de distribution du karité en Afrique (Elias, 2008)

3. Physiologie

a. Germination

La germination du karité est particulière et est dite cryptogée. En effet l'organe

cotylédonaire s'enfonce dans le sol puis une tige prend naissance au niveau du pivot à 6 ou 7cm de profondeur du sol. Ceci participe à la protection du bourgeon de la plantule contre la sécheresse et les feux de brousse. (Zerbo, 1987 ; Sallé et al., 1991).

b. Croissance et développement

La croissance du karité est très lente même placée dans de bonnes conditions (Serpentié,

1996). L'allongement de la tige se situe entre 10 et 12 cm la première année. La croissance racinaire est plus forte que la croissance caulinaire avec des variations qui sont fonction des conditions climatiques.

A l'âge adulte le karité possède un pivot court de 70 à 90 cm mais les racines latérales traçante peuvent atteindre 20 m de longueur (Picasso, 1984 ; Sallé et al., 1991).

4. Botanique descriptive

a. Port

Le karité est un arbre trapu d'une quinzaine de mètre de hauteur avec de puissantes

branches ramifiées (Arbonnier, 2009). Trois ports ont été décrits au niveau de la couronne des arbres par Lamien (2001) :

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- Le port en boule : les branches secondaires s'étalent rapidement pour donner un aspect sphérique à la frondaison ;

- Le port en balai ou parasol : les branches secondaires s'étalent vers le haut en V donnant un aspect de parasol à la cime.

- Le port semi-dressé ou érigé qui est l'intermédiaire entre les deux (02) premiers types. Le type de port présente un intérêt en agroforesterie.

b. Tronc

Arbre à tronc écailleux, de forme cylindrique, le tronc a un diamètre pouvant atteindre

1 m et une hauteur allant de 6 à 9 m. La croissance en hauteur et en diamètre du fût est très lente. La couleur de l'écorce est gris foncé ou noirâtre et présente un aspect rugueux et crevassé et produit un peu de latex blanc (Arbonnier, 2009 ; Sacande, 2012).

Photo 1 : Tronc de Vitellaria paradoxa

c. Racines

Le karité possède un système racinaire de type pivotant. Le diamètre du pivot diminue

au fur et à mesure qu'il s'enfonce dans le sol. Avec un diamètre de 0,75 à 1 m, le pivot émet des racines latérales pouvant atteindre 20 m de longueur. Cependant ces racines latérales sont sans influences sur les cultures sous-jacentes (Bonkoungou, 1987).

d. Feuilles

Les feuilles sont groupées en bouquets par 30 au sommet des rameaux (Sallé et al.,

1991). Comme pour la plupart des plantes de la zone soudano-sahélienne le karité est un arbre à feuilles caduques. Les feuilles du karité sont de type simples, entières, allongées et alternes.

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Le limbe est coriace, luisant et vert. Les jeunes feuilles apparaissent après la floraison. Les arbres au feuillage dense sont généralement de bon producteurs (Sallé et al., 1991 ; Guira, 1997).

e. Inflorescences et fleurs

La floraison commence en janvier ou en février mais souvent et pas toujours après la chute des feuilles (Serpentié, 1996). L'Inflorescence (Photo 2), caractéristique des Sapotaceae est en glomérule terminal de fleurs pédicellées. Les fleurs, mellifères sont odorantes et blanc-crème. (Sallé et al., 1991 ; Millogo, 2011).

Le nombre de fleurs par inflorescence peut atteindre 100 fleurs. La fleur, hermaphrodite et actinomorphe, est enveloppée à la base de son pédoncule par une très petite bractée et présente les caractéristiques suivantes :

- Le nombre de sépales externes varie de 3 à 9 alors que le nombre de sépales
internes varie de 2 à 10. Les sépales et les bractées sont pubescents.

- Le nombre de pétales varie de 6 à 10. Ces pétales sont glabres, blanc-jaunâtres
et soudés à la base en un tube. Ils alternent avec les sépales.

- L'androcée est composé de 8 à 10 étamines disposées en un seul cycle. Ces
étamines sont opposées aux pétales auxquels elles sont soudées par la base de leurs filets. Les anthères sont médifixes, extrorses et comportent deux loges à déhiscence longitudinale et latérale. Les grains de pollen d'un blanc brillant sont visibles à la loupe. Les graines de pollen libérées sont transportées par les abeilles sur les stigmates des fleurs (Guinko et al., 1988). Les staminodes apiculés, dentés et alternipétales ont un nombre variant de 4 à 10.

- Le gynécée comporte un ovaire libre et de forme conique, reposant sur le
réceptacle floral. C'est un ovaire couvert de longs poils glandulaires, jaunes parfois roses et secrétant du nectar. Il est aussi surmonté d'un style se terminant par un stigmate papilleux.

Le nombre de loges de l'ovaire varie de 4 à 8. Ce sont des loges uniovulées, parfois

biovulées (Guira, 1997).

Photo 2 : Inflorescence de Vitellaria paradoxa

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f. Fruit et noix

Les fruits (Photo 3) sont des baies vertes jaunâtres renfermant une, deux et parfois trois

graines avec une large gamme de forme. A maturité les fruits mûrs n'exsudent plus de latex. Le fruit présente les caractéristiques suivantes :

- Le péricarpe ou pulpe épaisse de 4 à 8 mm est très charnu, sucré et parfumé. Le goût est fonction du type d'arbre. L'épicarpe lisse et légèrement nervié longitudinalement, porte quelquefois jusqu'à la maturation une pubérulence ferrugineuse.

- Le fruit contient une graine encore appelée noix qui est luisante et longue de 2,5 à 3,5 cm.

- L'amande (Photo 5) contenue dans la noix (Photo 4) est généralement de l'ordre de 4 cm de long et 2,5 cm de diamètre. Elle est formée de deux cotylédons intimement soudés (Sallé et al.,1991 ; Guira, 1997).

 
 

Photo 3 : Amande de
Vitellaria paradoxa.

Photo 4 : Noix de Vitellaria. paradoxa

Photo 5 : Rameau portant des fruits de Vitellaria paradoxa.

5. Multiplication sexuée et asexuée

a. Multiplication sexuée

La fécondation croisée est surtout entomogame. Ce sont les abeilles qui jouent un rôle prépondérant dans la pollinisation qui a lieu au petit matin ou par les vents légers. (Guinko et al., 1988 ; Sallé et al., 1991 ; Serpentié, 1996 ; Djonwangwe et al., 2011).

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La fructification se réalise de février à juin et la maturation des fruits intervient entre le mois de juin et Août. Dans une population, la maturation des fruits est échelonnée (Guira, 1989).

A maturité les fruits du fait de leur poids tomberont sous la frondaison de l'arbre. Ce sont ces fruits, dont très peu germeront d'ailleurs pour donner un nouvel individu. Des expériences de semis de graines fraîches ont donnée des résultats fortement appréciables (Zerbo, 1987).

b. Multiplication asexuée

Plusieurs techniques de multiplications végétatives ont été observées et ont été expérimentées au cours des dernières années. Il s'agit :

- Du rejet des tiges et des racines : Des rejets apparaissent sur la souche
principale. De même que les rejets des tiges, les rejets des racines, à partir de la plante mère, ont été utilisés pour multiplier la plante avec succès, particulièrement pendant la saison pluvieuse.

- Greffage et bourgeonnement : il est possible de multiplier le karité en utilisant
des greffons qui ont été élevés dans un bac de bouturage assurant ainsi une bonne humidité des scions. D'autre part des bourgeons terminaux (choisi sur un bon arbre) peuvent être utilisés.

- Bouturage : le bouturage se fait à partir de bouture choisit au début de la période
de floraison des arbres et de boutures pas trop dures. Le bouturage doit se faire pendant la saison pluvieuse et avec des hormones à concentration élevée (à 1,5 % d'acide indol-butyrique (AIB) et d'acide indol-acétique (AIA)) (Kalinganire, 2006).

c. Production

Guira (1997), définit la production d'un arbre comme étant «la quantité (ou le nombre total) de fruits provenant de cet arbre au cours d'une année ».

A Kamboinsé on a noté une production moyenne par arbre de 48,65 kg sur un échantillon de 17 arbres (Guira, 1997). Une étude réalisée à Bondoukouy en 2002 par Lamien indique que la productivité des karités dans les parcs agroforestiers est plus importante que dans les formations naturelles. Le rendement moyen des karités dans les parcs agroforestiers est de 4,32 kg·arbre-1 contre 1,58 kg·arbre-1 pour les formations naturelles (Lamien, 2004). En moyenne 15-20 kg de fruit sont produits par arbre et par an et les grands arbres produisent mieux que les petits arbres (Hall et al., 1996 ; Kalinganire, 2006).

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d. Techniques d'amélioration de la production

Les rendements de karité sont fortement aléatoires il est donc important de mettre en

place des techniques susceptibles de garantir la production continue de l'espèce. Grolleau, 1989 et le Centre National de Semence Forestière (CNSF) ont mis au point des techniques de greffages permettant d'obtenir des individus susceptibles de donner une meilleure productivité. Lamien (2006), a démontré que la technique d'incision annulaire peut être utilisée pour contrôler l'irrégularité de la fructification du karité et d'accroitre ainsi les rendements du karité. Le marcottage, le bouturage et le greffage sont aussi des techniques d'amélioration susceptible de donner de très bons résultats (Sallé et al., 1991).

6. Usages et importances socioéconomiques

a. Usages locaux

La pulpe des fruits est comestible par les hommes et les animaux (chauve-souris, oiseaux, ...). Les fruits qui arrivent à maturité dans la période hivernale représente un apport nutritif non négligeable pendant la période de soudure (Sallé et al., 1991 ; Millogo, 2011).

Le beurre de karité, extrait des amandes est utilisé dans la cuisine, la cosmétique. Les feuilles, l'écorce, l'amande, les racines et le beurre sont aussi utilisés en médecine traditionnelle (Sanou et Lamien, 2011).

Les feuilles sont utilisées comme fourrage et comme engrais. Le latex est utilisé dans la chasse pour capturer les animaux mais aussi comme isolant. (Nkouam, 2007 ; Sanou et Lamien, 2011).

L'écorce est utilisée pour attirer les essaims d'abeilles et les fleurs sont très appréciée par les abeilles d'où la présence de ruche à proximité des parcs à karité (Nombré et al., 2009 ; Djonwangwe et al., 2011). La chenille (Cirina butyrospermii Vuillet), parasite du karité est très appréciée par les populations du Sud-ouest du Burkina (Ziba et Yaméogo, 2002).

b. Usages industriels

Dans l'industrie agroalimentaire européenne le beurre de karité est utilisé dans l'enrobage des biscuits et du chocolat (Dubut, 2012). On retrouve le beurre de karité en Europe dans les produits cosmétique et en pharmacologie où il entre dans la fabrication du savon, des crèmes utilisées pour les soins des cheveux et de la peau (Dubut, 2012). Les résidus des graines issues de la transformation du beurre sont transformés en pesticides (Nkouam, 2007 ; Sanou et Lamien, 2011).

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III. Pollinisateurs et pollinisation du karité

Au regard de l'immobilité des plantes, leur reproduction sexuée est tributaire d'un agent de transport de pollen biotique ou abiotique disséminant les gamètes mâle et femelle entre les individus (Delmas, 2012).

La pollinisation est le transfert sur le stigmate floral récepteur du pollen de l'anthère produit par une étamine. Elle a lieu au moyen d'animaux (Pollinisateurs), du vent et de l'eau. La pollinisation précède la fécondation et celle-ci donne directement lieu à la production de la graine et du fruit par la plante (FAO, 2007).

1. Modes de pollinisation

a. Autopollinisation ou autogamie

L'autogamie est une autofécondation de la plante : les deux gamètes sont issus du même individu. Des expériences réalisées à Ferkessedougou par Halff ont montré que l'autofécondation du karité est possible. En effet Halff a obtenu 9,6% de nouaison par autofécondation contre 23% pour les fleurs témoin non ensachées (Serpentié, 1996).

Cependant à la station expérimentale de l'IDR à Gampéla le suivi de 50 inflorescences ensachées appartenant à 5 pieds de karités n'a pas permis d'observer une nouaison après la fin de la période de floraison (Guira, 1989).

b. Pollinisation croisée ou allogamie

L'allogamie se dit d'une plante dont la fécondation se fait par du pollen issu d'une autre plante. Les faibles succès des différents essais d'autofécondation semblent confirmer le rôle primordial des insectes dans la pollinisation du karité (Bonkoungou, 1987). La fécondation croisée et surtout entomogame est majoritaire et est influencée par l'anatomie de la fleur et par le retard de l'ouverture des anthères par rapport à la maturité de l'ovaire (Sallé et al., 1991 ; Serpentié, 1996). La fécondation croisée est d'une importance capitale (évolution, conquête de nouvelles niches écologiques). La pollinisation croisée permet les recombinaisons génétiques, la formation de génotypes nouveaux au sein de l'espèce et donc l'adaptabilité au milieu (Souchon, 1965 cité par Alleaume, 2012).

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Le mode de reproduction des arbres est essentiellement allogame. Cette préférence de l'allogamie est due notamment aux mécanismes d'autoincompatibilité, à la dépression de consanguinité, et à la dioécie potentielle des organes reproducteurs (Allal, 2010).

Figure 6 : Pollinisation croisée et directe (Pouvreau, 2004 ; cité par Alleaume, 2012)

1 : Pollinisation directe ou autopollinisation

2 : Pollinisation croisée ou allopollinisation

A : anthère ; P : grain de pollen ; TP : tube pollinique ; Ova : ovaire ; SE : sac embryonnaire ; Ovu : ovule.

2. Agents de la pollinisation ou vecteurs de pollen

a. Insectes

Les insectes, particulièrement les abeilles jouent un rôle important dans la pollinisation

du karité (Guinko et al., 1988). Les graines de pollen libérées pendant la floraison sont transportées et déposées par les abeilles sur les stigmates des fleurs. La sécrétion du nectar recherché par les abeilles s'effectue à la déhiscence des anthères (Guinko et al., 1988).

b. Vents

Avec la pollinisation anémophile, les grains de pollen sont transportés par le vent

(Alleaume, 2012). La pollinisation du karité peut être assurée par le vent (Guinko et al., 1988). Néanmoins la force des vents doit rester légère. Des coulures de fleurs peuvent s'observer en cas de vent trop fort (Bonkoungou, 1987).

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c. Homme

Dans le cas de la pollinisation manuelle c'est l'homme qui intervient dans le transport

du pollen. Il peut intervenir directement dans la pollinisation. La plante est ainsi pollinisée manuellement, avec du pollen provenant d'une autre fleur de la même plante ou d'une autre plante.

L'homme peut aussi intervenir dans la pollinisation en apportant les insectes. Le choix de l'insecte est fonction de la plante mais aussi des objectifs visés. Les conditions de production (en plein air ou en enceinte fermée) et la morphologie de la fleur sont déterminantes (Pierre et Phamdélègue, 2008 cité par Alleaume, 2012).

La pollinisation manuelle croisée est généralement laborieuse et augmente de manière importante la production fruitière par rapport à la pollinisation ouverte assurée par les insectes, les oiseaux, le vent et l'eau (FAO, 2007).

CHAPITRE II : MATÉRIEL ET
MÉTHODES

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote