INTRODUCTION
Le Burkina Faso est un pays sahélien de l'Afrique de
l'Ouest dont la majeure partie de la population est rurale (INSD, 2015). Si le
nord du pays présente un climat particulièrement hostile à
l'agriculture, le Sud par contre est une région relativement favorable
à l'activité agricole (Région du Centre Sud, 2005). Cette
population du Burkina Faso a pour activités principales l'agriculture et
l'élevage (INSD, 2015). Malheureusement cette agriculture ne peut pas
à elle seule satisfaire leurs besoins (Région du Centre Sud,
2005). Ainsi, pour accroitre leurs revenus, ces populations doivent s'investir
dans d'autres types de production dont celui des Produits Forestiers Non
Ligneux (PFNL). Le concept de PFNL est défini par le Document de
Stratégie Nationale de Valorisation et de Promotion des PFNL comme
« tout bien d'origine biologique autre que le bois et la faune à
l'exception des insectes, dérivé des forêts, des autres
terres boisées et des arbres hors forêts, notamment des
végétaux spontanés, domestiqués, et ceux
destinés au reboisement » (MECV, 2010). Les Produits Forestiers Non
Ligneux notamment ceux comestibles provenant du karité (Vitellaria
paradoxa C.F.Gaertn.) et du néré (Parkia biglobosa
(Jacq.) R.Br. ex G.Don), sont d'une importance capitale pour les
populations burkinabés. Des plantes comme Adansonia digitata L.
(baobab), Tamarindus indica L. (tamarinier), Bombax costatum
Pellegr. & Vuill. (Kapokier à fleurs rouges), Balanites
aegyptiaca (L.) Delile (Datier du desert), Detarium microcarpum
Guill. & Perr., Ziziphus mauritiana Lam. (Jujubier),
Sclerocarya birrea (A.Rich.) Hochst. et Elaeis guineensis
Jacq. (Palmier à huile) assurent aussi un rôle
socio-économique important (MECV, 2010 ; FAO, 2012). Ces plantes sont
généralement dans des systèmes de parcs agroforestiers qui
sont des parcs dans lesquels des arbres sont maintenues volontairement sur des
terres cultivées ou des jachères récentes (Boffa ,2000).
Le karité occupe une place importante dans ces parcs. Le terme «
parc » est utilisé pour désigner un paysage
façonné par les activités agricoles. Il n'en demeure pas
moins que les arbres de ses parcs ne sont pas complétement
domestiqués (Roch, 2008). Le karité occupe une place de choix
parmi les PFNL du Burkina (APFNL, 2012).
La filière karité représente le
quatrième produit d'exportation pour le Burkina après l'or, le
coton et l'élevage (Akossongo, 2014). En tant que premier maillon de la
filière karité, les femmes tirent un profit économique
assez important dans l'exploitation de la pulpe et de l'amande du karité
(APFNL, 2011 a,b). Le karité couvre 28% du territoire burkinabé
soit 65 000 km2 avec une densité moyenne de 30 pieds à
l'hectare (Akossongo, 2014). Le peuplement est estimé à 195
millions d'arbres (Akossongo, 2014).
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L'effectif total des ménages collectant des amandes de
karité au Burkina Faso est d'au moins 646 000 (APFNL, 2011). Mille
soixante-neuf organisations professionnelles interviennent dans la collecte, la
transformation et la commercialisation des amandes de karité. 88 % des
ménages en milieu rural consomment le beurre de Karité, contre 25
% des ménages en milieu urbain. Chaque partie du Karité a un
usage particulier. La Contribution du karité à l'économie
nationale en 2011 est de 28,991 milliards de FCFA, soit de l'ordre de 0,60 % de
la valeur du PIB du Burkina (APFNL, 2011 ; Akossongo, 2014).
Face aux énormes potentialités de la
filière, se dressent des contraintes multiples et multiformes
(Akossongo, 2014) et ceux malgré les nombreuses recherches menées
dans le sens de l'amélioration de la productivité du
karité.
Ainsi Lamien (2006) s'est intéressé aux causes
de la déperdition de la production fruitière. Les travaux de
Boussim et al., (1993), Abome Bilounga (2002) indiquent clairement
l'impact négatif des parasites phanérogames et positif de
l'entomofaune florale sur la floraison et la fructification du karité.
Tandis que les travaux de Guinko et al., (1987 et 1988) soutiennent
que les insectes jouent un rôle capital dans sa pollinisation.
L'état du rendement du karité est
inféodé à l'existence de facteurs de déterminisme
de la production comme le suggère Picasso (1984), Bagnoud et
al., (1995), Guinko et al. (1988) et Serpentié (1997).
Pour Monselise et Goldschmidt (1982) cités par Lamien (2006), ces
facteurs souvent interdépendants peuvent être regroupés en
déterminants externes (conditions pédoclimatiques et parasitisme
animal et végétal) et internes (facteurs éco
physiologiques) à la plante (Guira, et al.,2002).
Plusieurs indices indiquent une dégradation importante
des parcs de karité au Burkina Faso (Kaboré et al.,
2012). Ceci a pour conséquence une faible
régénération naturelle entraînant un vieillissement
progressif de nombreux parcs (Maïga, 1988 ; Boussim, 1991 ; Senou, 2000).
Dans ces conditions, Soumana et al., (2010) notent une baisse des
rendements de certains ligneux dont Vitellaria paradoxa. Pour faire
face à ces problèmes Bonkoungou (1987) préconise une
amélioration de la production fruitière par une meilleure gestion
des populations existantes. Or l'amélioration de la production
fruitière passe par une bonne compréhension de la reproduction du
karité (Okullo et al., 2004). Les travaux de Guinko et al.,
(1988), Sallé et al., 1991, Diallo (2001), montrent que la
production de fruits est limitée par la faible pollinisation.
Très peu d'étude se sont focalisées sur la pollinisation.
En effet la plupart des études portent sur la transformation, la
distribution, la commercialisation, les impacts socioéconomiques et les
systèmes d'agroforesterie.
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Pour toutes ces raisons, nous nous sommes
intéressés à l'influence de la pollinisation sur la
fructification du karité. C'est justement la réponse à
cette question qui nous permettra d'augmenter les rendements du karité
et permettre ainsi un mieux-être des populations vivants de ces parcs
agroforestiers.
L'objectif général de la présente
étude est de déterminer l'impact du mode du pollinisation sur le
rendement du karité. Spécifiquement il s'agira :
- de comparer la fructification du karité selon
différents types de pollinisation (pollinisation libre et pollinisation
manuelle) ;
- d'inventorier les insectes pollinisateurs du Karité.
Pour atteindre les objectifs de cette étude nous avons
formulé les hypothèses suivantes :
- la pollinisation manuelle améliore le rendement fruitier
du karité.
- le karité est visité par de nombreux insectes.
Le présent mémoire comporte quatre (04) chapitres.
Le premier chapitre est consacré
aux généralités du milieu d'étude
et la présentation de Vitellaria paradoxa. Le deuxième
chapitre traite du matériel et des méthodes utilisées dans
le cadre de cette étude. Le troisième chapitre traite des
résultats et discussion. Le quatrième chapitre est
consacré à la conclusion et aux perspectives.
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