5.2. Qualité
et validité des résultats de l'étude
Pour cette étude, nous avons utilisé la
méthode non probabiliste pour atteindre toutes nos cibles. Les personnes
handicapées motrices et/ou leur famille ont été choisis de
façon raisonnée. Le nombre total de PHM prévues
était de cinquante-cinq (55) ; et tous ont répondu à
notre étude, soit un taux d'investigation de 100%.
Les dossiers des patients ont été choisis de
façon raisonnée. Le nombre de dossiersprévus était
de cinquante-cinq(55) ; tous ont été
dépouillés, ce qui représente un taux d'investigation de
100%.
Tous les prestataires en réadaptation médicale y
compris les responsables ont été recrutésde façon
exhaustive. Tous les huit (08) prestataires ont été
interrogé, ce qui représente un taux d'enrôlement des
prestataires de 100%.
Une observation des salles de prise en charge
réadaptative, des équipements installés et le
matériel disponible a été faite. Les outils ont
été en adéquation avec les techniques utilisées
pour la collecte des données.
Pour évaluer le processus des services de
réadaptation, l'observation des pratiques du prestataire en salle de
rééducation fonctionnellea été faite avant de
prendre le patient à la sortie de la consultation pour lui soumettre le
questionnaire. Cette multiplicité de techniques a l'avantage de
renforcer la qualité des résultats.
L'enquête a été menée par deux
volontaires de réadaptation à base communautaires (RBC) de
Lokossa. Une formation d'une journée et avec un pré-test
réalisé à l'unité de rééducation
fonctionnelle de l'hôpital de zone (HZ) d'Aplahoué a permis
d'harmoniser l'utilisation des outils. Ceci a permis de minimiser les biais
d'information qui pourraient agir sur la qualité des
résultats.
Les prestataires, du fait de la présence de
l'enquêteur dans la salle de rééducation fonctionnelle,
peuvent se démarquer de la routine et respecter les protocoles. Le biais
que pouvait engendrer cette présence a pu être minimisé en
mettant en place une observation participante, par notre présence
permanente dans les centres et notre implication lors des séances de
rééducation fonctionnelle.
De l'analyse ci-dessus, il ressort que les résultats de
notre étude peuvent refléter la qualité des services de
réadaptation médicale offert au CHD-MC et au centre Bethesda de
Lokossa.
5.3. Comparaison
des principaux résultats à ceux des autres études
5.3.1. La structure
Politiques et normes
Les politiques et normesont été
appréciées"mauvaise" dans les deux centre eu égard
à la non effectivité d'application des textes législatifs
et règlementaires en matière d'assurance qualité des
services et en l'absence de documents de normes et standards en
infrastructures, équipements et ressources humaines. Ce sont des aspects
importants qui constituent des critères d'évaluation de la
fonctionnalité de l'hôpital ou de centre de santé.Ces
différents documents devraient être élaboréspar les
responsables des deux centres pour mieux manager le fonctionnement des services
de santé. Leur absence ou leur non mise en application porte
préjudice aux fonctions managériales et à la
qualité des services.Selon Boudin, la direction d'une structure de
santé doit être en mesure de définir la politique de
qualité, les objectifs, les plans d'actions, affecter les moyens humains
et techniques en cohérence avec sa stratégie globale. Sans une
direction persévérante, le projet ne sera ni durable, ni vrai,
malgré la présence d'un responsable qualité en interne
[40].
La disponibilité desprotocoles d'examen clinique etdes
algorithmes de prise en charge estindispensable, surtout dans le cadre de la
prise en charge réadaptative. Ces algorithmes de prise en charge
orthopédique et kinésithérapique étaient absents
aussi bien au CHD-MC qu'au Centre Bethesda. Les prestataires
enquêtés trouvaient qu'ils n'avaient pas grand besoins des
protocoles et algorithmes de prise en charge parce qu'ils avaient
mémorisé toutes les démarches thérapeutiques.Alors
que leur présence aiderait les prestataires non qualifiés en
sciences de la réadaptation à renforcer leur connaissance sur les
services de réadaptation médicale, et améliorer leurs
pratiques professionnelles.
Ressources humaines
La présence de ressources humaines en quantité
et en qualité suffisante constitue un élément important de
la qualité des services de réadaptation. Dans notre étude,
les professionnels qualifiés en sciences de la réadaptation
étaient de deux kinésithérapeutes au CHD-MC ; ce qui
est en deçà des normes et standards en matières des
ressources pour le secteur de la santé au Bénin de 2006 qui est
d'au moins trois kinésithérapeutesqualifiés dans les
centres hospitaliers départementaux [24]. Ceci pourrait
s'expliquer par le fait que le Bénin ait accusé du retard dans la
formation des professionnels de la réadaptation. En effet,selon la
politique et stratégies de développement de la
réadaptation médicale au Bénin 2016-2025 du
Ministère de la santé du Bénin, la première
école de formation des kinésithérapeutes a commencé
en 2000 [41].
Un seul professionnel sur les huit a participé à
une formation continue au cours des deux dernières années. Ces
résultats contrastent avec l'étude deSibomanaqui,
dans le contexte du financement basé sur des résultats
(FBR)dans la zone sanitaire Zogbodomey-Bohicon-Zakpota en 2014 (Bénin)
avait trouvé que 77,7% du personnel avait bénéficié
de formations continues [42]. Ainsi, cette insuffisance de
remise à niveau des prestataires de réadaptation au CHD-MC et au
centre Bethesda pourrait s'expliquer par une insuffisance de fonds propres de
ces centres pour payer les formations des agents.
Infrastructures,matériel et équipements
L'unité de rééducation fonctionnelle du
CHD-MC ne disposait pas de salle d'attente. Un banc placé sur une
terrasse faisait office de lieu d'attente des patients. Dans notre
étude, le matériel et l'équipement de l'unité de
rééducation fonctionnelle du CHD-MC a obtenu une
appréciation acceptable. Cette insuffisance en matériel et en
équipement pourrait s'expliquer par la non-couverture du budget de
l'Etat aux besoins des différentes structures de santé.Cette
insuffisance pourrait aussi s'expliquer par l'absence de prise en compte des
services de réadaptation médicale par le FBR.
Organisation des ressources
L'absence des fiches d'inventaire du matériel dans les
deux centres pourrait être liée à une faible
capacité managériale des responsables du CHD-MC et du centre
Bethesda. A l'interview, les fiches de description de poste de chaque
prestataire n'existaient pas dans les deux centres. La méconnaissance de
l'importance de la fiche de description de poste ou une mauvaise volonté
des responsables du CHD-MC et du centre Bethesda pourraient expliquer l'absence
des fiches.
Accessibilité aux soins de réadaptation
Il ressort de notre étude, que 12,1% des patients du
centre Bethesda et 54,5% de ceux du CHD-MC mettent moins d'une heure pour
arriver aux lieux de prise en charge. Ce taux du CHD-MC s'expliquerait par le
fait que les patients prise en charge par l'unité de
rééducation fonctionnelle viennent de Lokossa ou
d'Athiémé. En effet, les communes de Lokossa et
d'Athiémé appartiennent à la même zone
sanitaire ; en plus le CHD-MC est implanté dans la commune de
Lokossa.Les patients du centre Bethesda viennent, la plupart du temps, des
autres communes lointaines et de Cotonou.Cet état de fait pourrait
s'expliquer par le fait que le Centre Bethesda est le seul qui offre les
services d'orthopédie dans le département de Mono et du Couffo.
Cette faible couverture des services de réadaptation médicale a
été prouvée par la Direction Générale
del'Evaluation du Ministère de la Santé du Bénin qui, dans
son rapport de l'évaluation de la politique de gestion du système
de santé au Bénin en juillet 2014 avait trouvé que
seulement 18,2% des établissement de santé, publics et
privés, disposaient une unité de Kinésithérapie
à leur sein [43].
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