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Evaluation des immobilisations incorporelles au sein des entreprises


par Rodrigue KALUMENDO
Université adventiste de Lukanga - Licence 2017
  

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I .1.2.2. La Recherche et développement

GUEGUEN( 2011)définit laR&D (ou recherche-développement) comme un processus qui combine des moyens en personnel et en matériel pour aboutir à des innovations comme la mise en oeuvre de nouveaux procédés, la création de nouveaux produits.

Pour la même auteure, dans "Recherche-Développement", la "Recherche" adapte les résultats de la recherche fondamentale aux besoins de l'entreprise ou de ses clients, le "Développement" produit des prototypes de biens commercialisables ou de nouveaux procédés.

Conditions de comptabilisation des frais de R&D

La norme tunisienne relative aux frais de R&D, NCT 20 citée par O.Abid distingue deux conditions nécessaires pour qu'un élément soit inscrit en actif :

· Il est probable qu'il donnera lieu à des avantages économiques futurs

· Il peut être mesuré de façon fiable

Ce qui précède a conduit Abid, cité précédemment, de conclure que :

L'activité de recherche a une nature telle qu'il n'est pas certain que des avantages futurs se réaliseront à la suite des dépenses de recherche. Donc les dépenses de recherche sont comptabilisées dans les charges de l'exercice .Par contre L'activité de développement constitue une phase plus avancée que celle de la recherche où on peut déterminer dans certains cas la probabilité de recevoir des avantages futurs. Donc les dépenses de développement sont inscrites à l'actif lorsqu'elles répondent à certains critères indiquant qu'il est probable de recevoir des avantages futurs. La même logique est reconnue dans l'IAS 38 relative aux immobilisations incorporelles.

I .1.2.2. Le fonds de commerce

Le fonds de commerce, selon l'acte uniforme portant surle droit commercial général, est constitué par un ensemble de moyens qui permettent au commerçant d'attirer et de conserver une clientèle.

Selon le même acte, le fonds de commerce est constitué, en plus de la clientèle et de l'enseigne ou la clientèle et le nom commercial, des éléments suivant :

· les installations ;

· les aménagements et agencements ;

· le matériel ;

· le mobilier ;

· les marchandises en stock ;

· le droit au bail qui est reconnu comme un droit reconnu au commerçant locataire des locaux dans lesquels il exerce le commerce;

· les licences d'exploitation ;

· les brevets d'inventions, marques de fabrique et de commerce, dessins et modèles, et tout autre droit de propriété intellectuelle nécessaires à l'exploitation.

La clientèle

La clientèle est considérée comme l'élément essentiel du fonds de commerce.

Une recherche(« Les fonds de commerce » n.d)a mis en evidence la relation qui existe entre le clientèle et le fond de commerce en ces termes : « La clientèle désigne ainsi les personnes attirées par les qualités personnelles du commerçant. Cette relation qui existe entre le fonds de commerce et la clientèle implique que tout mouvement du fonds de commerce se traduit par un mouvement de la clientèle.» Dans cette recherche, il ne peut y exister une vente ou un apport de fonds de commerce sans un apport de la clientèle qui est considéré même l'âme du fonds de commerce.

L'achalandage

Selon (YAV & ASSOCIATES, 2013), l'achalandage n'a pas de sens juridique précis et de fois il se confond avec la clientèle. Néanmoins, le même auteur souligne que l'achalandage peut être définit comme étant « la partie de la clientèle qui est davantage retenue par l'emplacement du fonds que par la personne ou l'activité du commerçant. »

RETAIL (1926)soutient que le fonds de commerce, lors de sa cession, peut être vendu séparément. C'est-à-dire céder les éléments corporels à part et les incorporels à part. Pour le même auteur, l'évaluation de la première catégorie d'éléments est facile d'après les factures d'achat ou le court du jour (marchandises). Mais il n'en est pas de même pour les autres éléments comme la clientèle, l'achalandage, la confiance ; éléments qui constituent l'essentielle même du fonds de commerce à tel point, selon le même auteur le fonds de commerce de pris un sens restreint que celui évoqué plus tôt. Par ce terme il est couramment exprimé seulement les éléments incorporels. C'est manière de définir le fonds de commerce sera utile dans le troisième chapitre quand nous traiterons la question d'évaluation de fonds de commerce.

I.1.3. Pourquoi évaluer les immobilisations incorporelles ?

Dans la littérature grandissante,à propos des immobilisations incorporelle, selon ( Mantoh, 2015), différentes recherches ont identifiés des raisons non-identiques parfois conflictuelles quand il s'agit de l'évaluation des incorporelles. Pour essayer de ce concilier différentes opinions sur les raisons pouvant pousser à l'évaluation des actifs incorporelles (Marr et al. 2003 cités par Mantoh, 2015), ont identifiés, à l'issue d'un examen des littératures, 5 raisons pouvant poussées à l'évaluation des immobilisations incorporelles. Il s'agit notamment de :

1. Guider le développement, la diversification et l'expansion des décisions ;

2. Assurer une rémunération juste et équitable des employés et des gestionnaires ;

3. Formuler les indicateurs de performance susceptible à être utiliser dans la planification des stratégies.

4. Formuler les stratégies.

5. La cinquième motivation a plus de visée externe, il s'agit d'évaluer en vue de communiquer les mesures du capital immatériel aux différentes parties prenantes.

Ces quelques raisons et autant d'autres montrent en suffisance que l'évaluation des immobilisations incorporelles est inévitable pour les entreprises de nos jours.

I.2. Traitement comptable des immobilisations incorporelles

1. Des règles comptables restrictives

Stolowy et Jeny-Cazavan, 2001; Powell, 2003; Eckstein, 2004; Bessieux-Ollier et coll., 2006 .tous cités par (Zéghal & Maaloul, 2010), soutenaient que pour qu'un investissement intangible figure à l'actif du bilan d'une entreprise, il doit satisfaire tant à la définition d'un actif incorporel et qu'aux critères de reconnaissance comptable. Toutefois, les normes comptables exigent pour la comptabilisation des intangibles des conditions tellement restrictives que seuls quelques investissements peuvent figurer à l'actif des états financiers.

Partant de la définition d'un actif incorporel donné précédemment il ressort un problème de comptabilisation de ses actifs eu égard à la notion de contrôle. En effet, cette notion pose généralement problème pour un certain nombre d'actifs. C'est le cas de la protection du savoir-faire et de la compétence des employés. En 2001, Lev ( cité par Zéghal & Maaloul, 2010) soulignait que les entreprises ne sont propriétaires ni de leurs employés, ni de leurs idées.

En titre illustratif, lorsqu'une entreprise investit dans la formation de ses employés ou lorsque ces derniers sont compétents et expérimentés, les entreprises concurrentes peuvent bénéficier de ces avantages lorsque les employés se déplacent d'un employeur à un autre. À ce titre, selon le même auteur, ces investissements intangibles ne pourraient pas être activés et amortis en raison de l'incertitude relative à la relation contractuelle entre l'entreprise et ses employés.

Upton (2001, cité par (Zéghal & Maaloul, 2010) souligne aussi qu'une entité peut posséder des biens conformes à la définition d'un actif, mais qui demeurent néanmoins non reconnus dans les états financiers. En effet Zéghal et Maaloul (2010), soutenait un critère de reconnaissance important, prévu par les normalisateurs comptables (IASB, IAS 38 §21;FASB, SFAC 5 §63), à savoir la « fiabilité de mesure du coût de l'actif », pose généralement un autre problème pour la comptabilisation des intangibles. Pour le même auteur, ce critère présente une grande difficulté dans le cas des actifs développés en interne tels que logiciels, marques, brevets, etc., c'est-à-dire les résultats de l'activité de recherche et de développement.

Pour illustrer cette situation, les mêmes auteurs comparent les traitements de dépenses de recherche et de développement selon qu'ils sont appréhendés par les règles FASB et IASB. En effet, selon les règles du FASB, les dépenses de recherche et de développement (R&D) doivent être inscrites immédiatement en charges lorsqu'elles sont encourues (SFAS 2), à l'exception des frais de développement des logiciels qui peuvent être activés (SFAS 86).Toutefois, l'activation de ces coûts est conditionnée par les tests de faisabilité technologique. Dans ce sens, les frais encourus pour établir la faisabilité technologique d'un produit sont considérés comme R&D sous le SFAS 2 et inscrites en charges. En revanche, on peut activer les frais encourus après avoir établi la faisabilité technologique, mais avant que le produit ne soit disponible pour le lancement.

Selon les conclusions du FASB dans le SFAS 2, plusieurs raisons peuvent expliquer la décision de passation immédiate en charges des coûts de R&D. Ces raisons se rapportent généralement à l'incertitude du bénéfice futur, l'incapacité de mesurer les bénéfices futurs, le manque de relation de causalité entre les coûts et les bénéfices et le manque d'utilité pour les investisseurs.

Selon les règles de l'IASB, le traitement comptable des intangibles générés en interne est moins rigide mais il demeure insuffisant. En effet, l'IAS 38 prévoit des phases nécessaires à la création d'un actif incorporel en précisant à chaque étape s'il est possible de prédire des avantages économiques futurs dus à l'actif. Elle distingue ainsi une phase de recherche durant laquelle tous les frais de recherche doivent être passés immédiatement en charges lorsqu'ils sont encourus. La phase de développement permet ensuite à l'entité, dans certain cas, d'apporter la preuve de l'existence d'un actif incorporel susceptible de générer ces revenus. Dans ce cadre, les frais de développement doivent être activés sous certaines conditions.

Les cas où des frais liés à la création d'actifs incorporels pourraient figurer au bilan sont néanmoins rares. L'IAS 38 (§64) souligne en effet que « toute dépense ne pouvant être distinguée du coût du développement de l'activité dans son ensemble ne peut être comptabilisée en tant qu'actif incorporel ». C'est généralement le cas des marques, listes de clients générés en internes et autres éléments similaires qui ne doivent pas être comptabilisés en tant qu'actifs incorporels.

2. Les problèmes du conservatisme comptable

« Le principe du conservatisme (ou prudence) comptable est le principe d'évaluation le plus influent en comptabilité. » (Zéghal & Maaloul, 2010). Pour AAA, 2003; Lev et coll., 2003, 2005; Billiot et Glandon, 2005, tous cités par le même auteur, c'est ce principe qui justifie souvent la passation immédiate en charges des investissements intangibles

Selon Belkaoui (1985 cité par BALTI, 2013), le conservatisme « implique qu'il est préférable de comptabiliser les actifs et les revenus aux valeurs les plus faibles et de comptabiliser les dettes et les charges aux valeurs les plus élevées ». Cette pratique pousse le plus souvent la comptabilisation des actifs incorporels (surtout ceux générés en interne) en charge.

Toutefois, Lev et coll. (2005, cités par Zéghal & Maaloul, 2010) montrent qu'aucune pratique comptable appliquée de façon uniforme ne saurait respecter le principe de prudence pendant toute la durée de vie de l'entreprise. Autrement dit, si l'entreprise commence à être conservatrice pendant une certaine période, elle sera par la suite audacieuse en majorant le bénéfice. Dans ce sens, les entreprises présentant des taux de croissance de la R&D qui sont élevés par rapport à leur rentabilité7* (ce qui est souvent dans les secteurs en émergence comme la biotechnologie et chez les jeunes entreprises) font preuve de prudence (« conservatism») lorsqu'elles enregistrent les intangibles en charges. En revanche, les entreprises dont le taux de croissance de la R&D est faible (ce qui est le cas des entreprises matures) font preuve d'audace (« agressiveness»).

Le conservatisme comptable a des conséquences parfois négatives quand il s'agit des immobilisations incorporelles. Dans leur thèse intitulée«L'effet des investissements immatériels sur la performance d'exploitation future : une étude empirique auprès des entreprises tunisiennes », BOUJELBEN & BEN HAMAD (2010) ont soulevés trois consequences du conservatisme. D'abord,les chefs d'entreprises expriment naturellement une réticence quant aux investissements dans des domaines immatériels perdant ainsi une source importante de compétitivité. Pour ces auteurs, « Ce comportement est fort compréhensible du moment où ces dépenses diminuent considérablement le bénéfice de l'entreprise sans pour autant être perçus par les investisseurs comme une source de bénéfices économiques futurs. »

La deuxième conséquence est la remise en question de l'utilité des états financiers actuels. En effet, Canibano et al (2000 cité par BOUJELBEN & BEN HAMAD, 2010) affirment que ces derniers ne sont pas en mesure de fournir une information pertinente et une image fidèle sur le potentiel global de l'entreprise à générer des flux futurs de trésorerie. En 2008, Kumar et Krishnan (cités par BOUJELBEN & BEN HAMAD, 2010) soutenaient que l'inscription des investissements intangibles en charges ou même la constatation souvent arbitraire des amortissements (en cas d'acquisition de brevets, de la comptabilisation de certaines dépenses de R&D) sont de nature à compromettre la qualité et la valeur prédictive du bénéfice comptable. Hall (1993), Cazavan-Jenny (2003),tous deux cités par BOUJELBEN & BEN HAMAD, 2010, affirment que toute survaleur accordée par le marché par rapport à la valeur comptable de l'entreprise, est le résultat de l'existence de ressources intangibles ne figurant pas au bilan, mais susceptibles de générer des bénéfices futurs.

Enfin, Canibano et al (2000 cités par BOUJELBEN & BEN HAMAD, 2010) affirment que le manque d'information comptable renseignant sur les actifs intangibles pourrait entraver le processus d'évaluation des entreprises. Ainsi, évaluer la performance de l'entreprise par des ratios comme le ratio de rendement des actifs, le ratio rapportant la valeur boursière à la valeur comptable est une procédure trompeuse puisque une composante importante des actifs de l'entreprise à savoir son capital intangible est absente dans les dénominateurs de ces ratios.

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein