Tout commence véritablement dans les années 1960
avec les premières critiques du mode de croissance productiviste.
· 1968: création du Club de Rome regroupant
quelques personnalités occupant des postes relativement importants dans
leurs pays respectifs et souhaitant que la recherche s'empare du
problème de l'évolution du monde pris dans sa globalité
pour tenter de cerner les limites de la croissance économique. Face
à la surexploitation des ressources naturelles liée à la
croissance économique et démographique, cette association,
prône la croissance zéro : seule croissance capable de concilier
évolution démographique exponentielle et quantité
limitée de ressources naturelles. En clair, le développement
économique est alors présenté comme incompatible avec la
protection de la planète à long terme. En parallèle, face
à la montée des mouvements sociaux qui intègrent largement
les préoccupations environnementales, les premiers ministères de
l'environnement sont créés au sein de différents
gouvernements nationaux (1969 pour les Etats-Unis; 1971, pour la France).
· 1971, les 24 pays membres de l'OCDE (Organisation de
Coopération et de Développement Economique) proclament le
principe de pollueur-payeur. En 1972, ils commandent une étude à
une équipe du Massachusetts Institute of Technologie (M.I.T.)
dirigée par Dennis Meadows.
· 1972: le Club de Rome publie le rapport
rédigé par l'équipe du MIT intitulé The Limits
of Growth (traduit en français par Halte à la
croissance, ou Les limites de la croissance. Ce premier rapport
donne les résultats de simulations informatiques sur l'évolution
de la population humaine en fonction de l'exploitation des ressources
naturelles, avec des projections jusqu'en 2100. Il en ressort que la poursuite
de la croissance économique entraînera au cours du XXIème
siècle une chute brutale des populations à cause de la pollution,
de l'appauvrissement des sols cultivables et de la raréfaction des
énergies fossiles. Selon certain, nombre de ses prévisions se
sont révélées fausses. Au contraire, les auteurs
eux-mêmes, dans leur mise à jour de 2004 intitulé
Limits to Growth. The 30-Year Update démontrent que la
réalité est relativement conforme à leurs
prévisions de 1972. Suite à ce rapport, de nombreux travaux
critiques de certaines limites du système économique de
l'époque sont publiés : citons entre autres Nocholas
Georgescu-Roegen et sa comparaison entre système économique et
thermodynamique, ou encore l'économiste britannique E.F. Schumacher qui
prône des solutions plus locales et moins technologiques et
technocratiques dans son livre Small is beautiful.
· 1972 (5 au 16 juin) : une Conférence des
Nations Unies sur l'Environnement humain (rétrospectivement
qualifié de premier Sommet de la Terre) à Stockholm
expose notamment l'écodéveloppement, les interactions entre
écologie et économie, le développement des pays du Sud et
du Nord. Il sera. Mais cette Conférence des Nations Unies s'est tenue
dans un climat de confrontation et non de conciliation entre l'écologie
et l'économie. Les thèmes centraux de la Conférence
étaient :
? L'interdépendance entre les êtres humains et
l'environnement naturel
98
? Les liens entre le développement économique et
social et la protection de l'environnement ? La nécessité d'une
vision mondiale et de principes communs
Des personnalités comme Maurice Strong, organisateur
de la Conférence, puis le professeur René Dubos, Barbara Ward et
Ignacy Sachs, insistent sur la nécessité d'intégrer
l'équité sociale et la prudence écologique dans les
modèles de développement économique du Nord et du Sud. Il
en découlera la création du Programme des Nations Unies pour
l'Environnement (PNUE) ainsi que le
Programme des Nations Unies pour le Développement
(PNUD).
Le concept d'écodéveloppement est alors mis en
avant.
C'est un échec relatif, avec aucun compromis clair,
mais la problématique semble dès lors posée :
l'environnement apparaît comme un patrimoine mondial essentiel à
transmettre aux générations futures.
· 1979: le philosophe Hans Jonas exprime cette
préoccupation dans son livre Le Principe de
responsabilité.
· 1980: L'Union internationale pour la conservation
de la nature publie un rapport intitulé La stratégie
mondiale pour la conservation où apparaît pour la
première fois la notion de « développement durable »,
traduite de l'anglais « sustainable development ». Mais cela
est passé inaperçu.
· 1983, l'ONU demande à Mme Gro Harlem BRUNDTLAND
(ex-chef du gouvernement de Norvège) de présider une commission
indépendante chargée d'enquêter sur la question de
l'environnement global et le développement.
· 1987, une définition du développement
durable est proposée par la Commission mondiale sur l'environnement
et le développement. Cette commission remet le rapport dit «
rapport Brundtland », qui a pour titre « Our common future »
(« Notre avenir à tous »). Ce rapport introduit une rupture
fondatrice dans la conception des gouvernements sur les relations entre
l'environnement et les politiques publiques et prône le concept de «
sustainable development », développement durable ou soutenable.
Reprenant ces thèmes, la Commission mondiale sur l'environnement et le
développement (la Commission Brundtland) a rendu public, en 1987, un
rapport demandant un développement qui permet de : "répondre aux
besoins du présent sans compromettre la possibilité pour les
générations futures de satisfaire les leurs". Le
développement durable n'est pas un état fixe de l'harmonie, mais
plutôt un processus d'évolution durant lequel l'exploitation des
ressources, l'orientation des investissements, l'avancement du
développement technologique et les transformations institutionnelles
sont conformes à nos besoins aussi bien futurs que présents".
· 1987, le protocole de Montréal relatif aux
substances qui appauvrissent la couche d'ozone est signé le 16
septembre, signe qu'un engagement collectif est possible.
· 1992 (3 au 14 juin) : Conférence des Nations
unis sur l'environnement et le développement (CNUED) de Rio de Janeiro
(appelée aussi deuxième Sommet de la Terre). Adoption de la
Convention de Rio et du plan mondial "Action 21". Le concept de
"développement durable" est donc consacré et commence à
être largement médiatisé devant le grand public. La
définition Brundtland, axée prioritairement sur la
préservation de l'environnement et la consommation prudente des
ressources naturelles non
99
renouvelables, sera modifiée par la définition
des « trois piliers » qui doivent être conciliés dans
une perspective de développement durable : le progrès
économique, la justice sociale, et la
préservation de l'environnement.
· 1992 (décembre) : Création de la
Commission mondiale du développement durable (CDD). Elle doit assurer un
suivi efficace de la Conférence de Nations Unies sur l'environnement et
le développement (UNCED), contrôler et faire le suivi de la mise
en oeuvre des accords du Sommet de la Terre tant au niveau local, national,
régional qu'international
· 1994: Publication de la Charte d'Aalborg sur les
villes durables, au niveau européen.
· 1997 (1er au 12 décembre) : troisième
Conférence des Nations unies sur les changements climatiques, à
Kyoto, au cours duquel sera établi le protocole de même nom. Les
pays développés se donnent comme objectif une réduction de
5,2% des émissions de gaz à effet de serre en 2008-2012 (par
rapport au niveau de 1990).
· 1999 : Le Traité d'Amsterdam (mai 99) renforce
l'importance de la politique de l'environnement dans l'Union européenne
par la prise en compte du principe de développement durable
· 2002 (26 août au 4 septembre) : Sommet de
Johannesburg : En septembre, plus de cent chefs d'État, plusieurs
dizaines de milliers de représentants gouvernementaux et d'ONG ratifient
un traité prenant position sur la conservation des ressources naturelles
et de la biodiversité. Quelques grandes entreprises françaises
sont présentes.
· 2005: Entrée en vigueur du Protocole de Kyoto
sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre
dans l'Union européenne. Adoption, en France, d'une Charte de
l'environnement, insistant sur le principe de précaution.
· 2006: Publication du rapport Stern sur
l'économie du changement climatique: premier rapport
financé par un gouvernement sur le réchauffement climatique
mené par un économiste et non par un météorologue.
Selon ce rapport, le changement climatique présente un défi
unique pour l'économie : il constitue l'échec du marché le
plus important et le plus étendu que l'on n'ait jamais connu. En
conséquence, l'analyse économique se doit d'être
mondiale.
· 2007: Publication du rapport final de synthèse
(Fourth Assessment Report ou AR4) du Groupe d'experts
intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC, en anglais
Intergovernmental Panel on Climate Change, IPCC)
établissant notamment des liens entre les activités
économiques et l'évolution du climat.
· 2009 (décembre) : Sommet de l'ONU sur le
changement climatique à Copenhague exigeant notamment des États
des engagements précis sur leurs réductions de gaz à effet
de serre.