Chapitre 1 : MODES DE RÉSISTANCE DU BAS
SOCIAL
Comme nous le savons déjà le picaresque est une
esthétique marxiste. Et ce marxisme qui fait partie intégrante de
sa vision du monde lui confère un rôle révolutionnaire.
Ceci dit, le picaresque est par essence un genre voulant refaire l'histoire de
l'humanité à travers bien entendu sa vision du monde. Si l'on
s'en tient à cette modalité de révolution, le picaresque
devient donc un mode de Résistance ; résistance dans le temps,
résistance dans l'espace. Cette résistance s'exprime d'ailleurs
à travers son caractère subversif lié à la satire
des moeurs sociales.
Toutefois, il incombe de cerner la notion de Résistance
dans le picaresque. Ainsi, on comprend avec François Marcot (1997 : 21)
que la Résistance peut se percevoir comme :
Un combat volontaire et clandestin contre l'occupant ou ses
collaborateurs afin de libérer le pays. Résister, c'est agir.
[...1 la Résistance est une action. Comme mouvement social, la
résistance [...1 revêt toute son ampleur quand elle se structure
et quand elle se donne une visibilité identitaire sous forme
d'organisations porteuses de valeur.
De ce qui précède, on constate que la
Résistance est synonyme de la volonté de changer le monde, de le
voir autrement car les institutions sont suffisamment mal structurées
pour créer un climat de justice social. La Résistance est
à la fois révolution et changement. Ici on note aux
critères du picaresque dans la mesure où ce dernier divinise les
mêmes actions, celui de se soulever, de révolutionner la vision du
monde centralisée sur la dichotomie entre les classes sociales
créant un climat d'injustice sociale totale. Vu que le picaresque est
une réaction contre la bipolarisation de la société ayant
engendré que de misères et de peines de la couche
vulnérable, on comprend dès lors qu'il obéit à un
imaginaire de Résistance. Aussi bien en France que dans le reste du
monde, il devient toute une autre histoire de mentalité.
1. Virulence et subversion comme déconstruction
de l'idéologie dominante
Si une chose caractérise le genre et l'esprit
picaresque, c'est bien entendu le verbe de son discours. Il se dit satirique
à travers la virulence de ces mots. « Virulence » de
l'adjectif « virulent » et qui vient du bas latin « Virulentus
» signifie littéralement tour à tour « virus » et
« poison ». De cette étymologie, nous voyons dans «
virulence » ce qui est nocif, violent et surtout essentiellement agressif
voire mordante. Ainsi, les mots qui dénotent la satire dans le
picaresque doivent être suffisamment mordants pour lui attribuer une
valeur considérable. C'est la raison pour laquelle dans son ouvrage
intitulé Mauvais genre : la satire littéraire
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moderne, Duval Sophie (2008 : 5) oriente
l'écriture de la satire dans le registre des mauvais genres et
déclare :
Mauvais genre que celui de la satire, qui se délecte de
travers, de vices et de folies, qui dénigre, dégrade et
démolit, qui s'adonne aux attaques féroces, aux
dénonciations sarcastiques et aux flétrissures railleuses, qui se
complait à outrepasser les tabous, à recourir aux coups les plus
bas et à se rire du bon goût.
On voit ici la valeur discursive de la satire dans le
picaresque. Elle s'engage uniquement dans la sélection des mots les plus
redoutablement triviaux. Le langage de la satire est centré sur la
stricte représentation des moeurs de la société qui se
matérialise par une violence verbale. De ce fait, par le biais du
comique, il engendre de la polémique lorsqu'il fait la peinture acerbe
des personnages et de leurs actions. Ceci s'observe dans le Gil Blas de
Santillane lorsque le narrateur fait la description des personnages
rencontrés durant ses aventures comme dans ce cas précis avec le
personnage Annibal :
D'abord que je fus à Madrid, j'établis mon
domicile dans un hôtel garni où demeurait, entre autres personnes,
un vieux capitaine qui, des extrémités de la Castille Nouvelle,
était venu solliciter à la cour une pension qu'il croyait n'avoir
que trop méritée. Il s'appelait don Annibal de Chinchilla. Ce ne
fut pas sans étonnement que je le vis pour la première fois.
C'était un homme de soixante ans, d'une taille gigantesque et d'une
maigreur extraordinaire. Il portait une épaisse moustache qui
s'élevait en serpentant des deux côtés jusqu'aux tempes.
Outre qu'il lui manquait un bras et une jambe, il avait la place d'un oeil
couverte d'un large emplâtre à de taffetas vert, et son visage en
plusieurs endroits paraissait balafré. A cela près, il
était fait comme un autre. De plus, il ne manquait pas d'esprit, et
moins encore de gravité. Il poussait la morale jusqu'au scrupule et se
piquait surtout d'être délicat sur le point d'honneur.
(LGBS, 409)
On remarque dans cet extrait la manière dont Lesage
organise ses mots. Ces mots qui font l'unanimité de ce récit sont
bien entendu très virulents. Mêlant gradation et
périphrases hyperboliques - homme de soixante de dix ans, d'une taille
gigantesque et d'une maigreur extraordinaire - Les observations faites par
Lesage, à travers ses multiples descriptions sur l'ensemble de ses
personnages confirment la verve caricaturale qui anime cette plume satirique.
Le choix des mots est important et la manière de les agencer pour en
former un discours trivial et amer est ce qui confère au picaresque une
esthétique particulière. Cette esthétique est avant tout
une praxis. Une praxis qui a longtemps animé l'écriture des
libellistes. Puisqu'en effet, les libelles sont la forme virulente de la
satire. Très prisée entre XVIe-XVIIIe siècle, la
littérature libelliste s'est constituée autour des grands
classiques comme Mathurin Régnier, Agrippa d'Aubigné, Boileau ou
encore Montesquieu. Avec leur côté injurieux vu la rudesse des
mots employés, dénonciateur des écarts en politique, les
libelles peuvent être considérés comme la forme exclusive
d'une vraie satire. Par extension dans le domaine de la littérature,
beaucoup d'oeuvres littéraires se sont constituées en de
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véritables libelles jusqu'à nos jours. Ainsi
tout comme le libelle, l'oeuvre littéraire satirique prend parti, avant
toute chose. La raison de l'oeuvre, son but, est d'exprimer l'indignation ou la
raillerie, de réformer le monde, de corriger les hommes. Ainsi le
satiriste n'est pas toujours un artiste ; il est aussi un partisan, un
militant, un moraliste. Il se jette dans la bataille que l'auteur comique se
borne à observer et à dépeindre. Il arrive cependant que
sans avoir d'intention sociale ou morale l'artiste fait une oeuvre satirique
par la simple peinture d'une réalité haïssable, honteuse,
blâmable par elle-même. Et les textes de notre corpus peuvent
être considérés comme tels car ils sont l'exemple
adéquat d'une critique amère des problèmes et moeurs de
leur temps.
Dans Onitsha, les mots qu'emploie Le Clézio
pour décrire les méfaits de la guerre connue par la ville
d'Onitsha et presque tout le secteur de la baie de Biafra ne laissent personne
indifférente. Les souvenirs de Fintan sont exprimés d'une
façon douloureuse et les mots employés à cet effet rendent
encore la situation plus satirique :
Fintan ne peut pas oublier le regard des enfants
affamés, ni les jeunes garçons couchés dans les herbes, du
côté d'Owerri, du côté d'Omerun, là où
il courait autrefois, pieds nus sur la terre durcie. Il ne peut pas oublier
l'explosion qui a détruit en un instant la colonne des camions qui
apportait des armes vers Onitsha, le 25 Mars 1968. Il ne peut pas oublier cette
femme calcinée dans une jeep, sa main crispée vers le ciel blanc.
Il ne peut pas oublier les noms des pipelines, Ugheli Field, Nun river, Ignita,
Apara, Afam, Korokovo. Il ne peut pas oublier ce nom terrible : Kwashiorkor.
(Onitsha, 272)
On présente dans cet extrait des souvenirs d'une
Onitsha en proie à la guerre qui a fait des milliers de morts et de
déplacés. Cette guerre qui a visé le processus de la
décolonisation de cette ville du Nigéria a été
sanglante. Ce fut une grande révolution et ayant vécu cette
horreur, Fintan ne peut cesser de penser à ses milliers de Noirs qui ont
subis l'atrocité de ces émeutes, conséquence de leurs
revendications. La reprise « il ne peut pas oublier » met en exergue
ici la mémoire, une mémoire qui continue à dénoncer
les méfaits du colonialisme et le deuil que ce dernier a
orchestré à Onitsha. Fintan ne supporte pas l'esprit colonialiste
et refuse de partager la marginalité dont les colons ont couvert les
Noirs. Puisqu'en fin de compte cela ne cause que souffrance et guerre comme
Fintan affirme lui-même :
La guerre efface les souvenirs, elle dévore les plaines
d'herbes, les ravins, les maisons des villages, et même les noms qu'il a
connus. (Onitsha, 274)
Plus loin, on remarque que cette verve virulente, cette
subversion du langage s'inscrit dans tous les genres satiriques. Que ce soit
dans le pamphlet, la parodie ou encore le burlesque auxquels notre corpus
s'identifie d'une manière ou d'une autre, la symbolique du langage est
bien entendu liée à son esthétique, à la
manière dont les mots sont agencés. C'est pourquoi le
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langage qui fait la substance même du genre satirique
s'observe dans une certaine mesure à travers ses invariants
thématiques : marques boursoufflées du sujet de
l'énonciation, pathos de l'outragé sans spécialité,
sans autre légitimité que son rapport à une
vérité paradoxale enfouie et évidente, que l'adversaire a
travestie. Ainsi, d'après Bleton (1985 : 444) le langage satirique du
picaresque aussi prophétique que soit-il :
Doit redonner aux mots leur vrai sens, aux imposteurs leur
véritable identité, le tout sur fond de pessimisme
intégral, puisqu'il est toujours déjà trop tard, que le
complot pernicieux a suffisamment perverti les valeurs pour que son rapport
privilégié à la vérité signe l'isolement
définitif du pamphlétaire. Le manichéisme
sémantique tend à donner la plus grande extension à
l'écart entre notion formant paradigme, blanc et noir doivent être
irréconciliables, bien et mal parfaitement identifiés, le
poudroiement des phénomènes ramené par l'amalgame à
une cause cryptique et diabolique.
Ainsi, la virulence des mots est considérée
comme un mode de résistance et se réclame par essence le symbole
de toute écriture satirique. Elle fait la particularité aussi
bien du pamphlet, de la parodie, du libelle, du burlesque que du picaresque. Se
réclamant comme symbole, ces mots satiristes font l'unanimité et
relèvent généralement de la symbolique des imaginaires
très répandus chez les auteurs français à travers
des siècles. C'est pourquoi depuis la Renaissance, les
littératures se sont penchées sur cette esthétique pour
prendre en compte les problèmes de l'existence. L'esprit picaresque
qu'incarne la satire à travers la virulence de ses mots est ce qui a
poussé nos auteurs à s'opposer à un moment donné
aux idéologies cannibales qui ne profitent qu'à une caste de
personne. Lesage oriente ses écrits dans la caricature des moeurs du
XVIIIe siècle engendrées par l'instauration des classes et du
pouvoir exclusivement monarchique. Le Clézio pour sa part vise
l'idéologie du colonialisme tout en exposant les horreurs de
l'exploitation abusive de l'homme noir par l'homme blanc. Ces mots
étalent au grand jour la mesquinerie du climat colonial, la
discrimination raciale et sociale.
2. L'esprit de satire et l'érection de
l'agentivité (agency)
La satire est une modalité primordiale qui
confère au picaresque toutes ses lettres de noblesse. La satire à
travers les auteurs est fondée d'abord sur la notion
d'intentionnalité puisqu'ici ceux-ci ont une obligation morale et
sociétale de participer à la vie sociale des individus.
Dès lors que ces derniers sont freinés par les multiples
discriminations, les auteurs doivent se mouvoir pour trouver des solutions
idoines à l'établissement d'une justice sociale. C'est donc dans
ce sens que la satire se réclame l'imaginaire de nos différents
auteurs du corpus. Ils trouvent que le monde dans lequel ils évoluent
est suffisamment lugubre pour que leur action satirique soit
considérée comme pleinement légitime pour venir à
bout des souffrances que vit
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le bas social. La pauvreté que vit cette
couche vulnérable la transforme et la rend encore plus amère face
à la vie. Dans le passage qui suit, le lieutenant des brigands se
retrouve face à la souffrance d'une enfance qu'il aurait voulu vivre
autrement. La condition miséreuse de sa famille a rendu ses parents
détestables :
Mon père était un boucher de Tolède. Il
passait, avec justice, pour le plus grand brutal de la ville, et ma mère
n'avait pas un naturel plus doux. Ils me fouettaient dans mon enfance comme
à l'envi l'un de l'autre. J'en recevais tous les jours mille coups. La
moindre faute que je commettais était suivie des plus rudes
châtiments. J'avais beau demander grâce les larmes aux yeux et
protester que je me repentais de ce que j'avais fait, on ne me pardonnait rien,
et le plus souvent on me frappait sans raison. Quand mon père me
battait, ma mère, comme s'il ne s'en fût pas bien acquitté,
se mettait de la partie, au lieu d'intercéder pour moi. Ces traitements
m'inspirèrent tant d'aversion pour la maison paternelle, que je la
quittai avant que j'eusse atteint ma quatorzième année.
(LGBS, 20)
On voit à travers cet extrait comment le gout de la
satire du mode de vie du bas social semble prend à coeur
l'écriture de Lesage. Ce dernier nous présente à travers
la décadence de la vie de son personnage, les multiples problèmes
auxquels sont confrontés les individus du bas social et
à quoi leurs enfants doivent passer et vivre. L'inexistence de la classe
sociale aurait permis à ces derniers de vivre autrement, dans de
condition plus acceptable. La satire de Lesage vient donc ici nous montrer
comment elle parait importante pour exprimer une classe en proie à moult
malheurs existentiels. L'esprit de satire est donc ici un symbole
d'imaginaire.
Chez Le Clézio, cet esprit de satire s'exprime aussi
à travers sa volonté de vouloir changer le monde, à son
intention de s'opposer au colonialisme sur le continent africain.
L'environnement dans lequel les Noirs évoluent est fait de
promiscuité et de discrimination. Les Noirs ne sont pas
considérés comme des hommes à part entière. Ainsi
à travers l'extrait ci-dessous :
A Cotonou, Maou et Fintan avaient marché sur la longue
digue qui coupait les vagues. Dans le port, il y avait beaucoup de cargos
entrain de décharger. Plus loin, les barques des pécheurs,
entourées de pélicans. [...] Fintan refusait de porter un
chapeau. Ses cheveux châtains, raides et coupés droit sur le
front, lui faisaient comme un casque. [...] Il faisait une chaleur torride
dès les premières heures du jour. Sur les quais, les dockers
entassaient les caisses de marchandises et préparaient celles qu'on
allait embarquer, les cotons, les secs d'arachide. (Onitsha, 54)
Les Noirs dans cet extrait sont des esclaves, ils sont
appelés bien entendu à des métiers plus avilissants
à l'instar d'être « docker » comme mentionné dans
le passage. La vie en Afrique n'est pas aisée, rien qu'un océan
de mal-être causé par un vécu quotidien miséreux.
Chez Le Clézio, la satire n'est pas anodine, elle va au-delà d'un
simple fait formel, de l'écriture. Cette satire transcende l'imagination
et se réclame être en réalité une position brutale
sur le réel dans la mesure où les auteurs veulent agir et
s'affirmer.
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Ces deux auteurs exigent à travers le corpus une vision
du monde, celle de ne jamais se taire devant une horreur qui met en jeu la vie
des individus. Ceci dit, les images et schèmes textuels satiriques que
Lesage et Le Clézio mettent en exergue dans notre corpus, nous font part
de leur désir volontaire de changer la réalité des choses,
de le rendre d'une manière ou d'une autre plus supportable. Ils veulent
guérir la société du mal-être auquel elle
s'identifie et souhaitent sortir une bonne fois pour toute du voûte de
l'enfermement qu'est le quotidien du bas social. A ce titre, nous
aboutissons à la dimension active de la satire qui nous permet d'ouvrir
le champ d'analyse de l'agentivité28.
Du terme anglais agency, théorie
appliquée en sciences humaines et sociales et aujourd'hui dans le
domaine des études littéraires, la notion d'agentivité est
définie par Véronique Lord (2012 : 19) comme :
La capacité d'agir en fonction de ses propres
intérêts [...], ce qui implique de s'autodéterminer, de
prendre des décisions et d'agir de manière autonome [...]. Elle
suppose la possibilité d'effectuer des changements dans trois registres:
la conscience individuelle, la vie personnelle et la société
[...], et éventuellement de faire un lien entre expérience
personnelle et réalité collective, entre malaise ou souffrance
vécus sur le plan individuel et oppression par les institutions sociales
et politiques [...].
A partir de cet essai de définition, on note que
l'agentivité ou encore agency renvoie alors à une
puissance d'agir qui n'est pas une détermination
inhérente au sujet, plus ou moins certifiée, mais le fait d'un
individu ou plusieurs qui se désignent comme des sujets sur une
scène d'interpellation marquant la forte présence d'un pouvoir
dominant. Ainsi, on comprendra également avec Albert Bandura (2004) que
l'agentivité se conçoit également comme « cette
capacité humaine à influer intentionnellement sur le cours de sa
vie et de des actions » (9). En ce sens, les différents auteurs
à travers leur esprit de satire se représentent comme des «
agents actifs » dans la mesure où leur intention est de mettre en
place des plans d'actions afin de remédier aux problèmes du
bas social. C'est pourquoi Durandi (2004: 453) trouve que:
Agency is here understood as the property of those entities
(i) that have some degree of control over their own behavior, (ii) whose
actions in the world affect other entities'(and sometimes their own), and (iii)
whose actions are the object of evaluation (e.g. interms of their
responsibility for a given outcome).
Cet auteur étend l'idée selon laquelle nos
auteurs du corpus sont ici considérés comme des sujets sociaux.
Ils doivent cependant opérer des choix29 et prévoir
des projets d'actions30.
28 De l'anglais Agency.
29 Ici on fait
référence à l'intention
De ce qui précède, on note en priorité la
question de la volonté et de l'intention chez nos auteurs. Pour eux si
le bas social est en proie aux multiples problèmes de
l'existence et bien c'est à cause du fait qu'il soit
considéré comme une classe inférieure. Cette
dernière est marginalisé et laissé au dépourvu en
ce sens qu'elle est obligée d'utiliser les moyens immoraux pour se faire
une place respectable dans la société. Il se retrouve donc dans
l'obligation morale de riposter face à ces différentes
scènes. On remarque que cette volonté et cette intention de
changer les choses à tout prix se réclament l'essentiel de
l'écriture de Lesage comme vous pouvez le remarquer à travers
l'extrait suivant où « Gil Blas se met dans le goût du
théâtre et s'abandonne aux délices de la vie comique »
:
Je voyais des actrices et des acteurs que les applaudissements
avaient gâtés, et qui, se considérant comme des objets
d'admiration, s'imaginaient faire grâce au public lorsqu'ils jouaient.
J'étais choqué de leurs défauts j mais par malheur je
trouvai un peu trop à mon gré leur façon de vivre, et je
me plongeai dans la débauche. Comment aurais-je pu m'en défendre
? Tous les discours que j'entendais parmi eux étaient pernicieux pour la
jeunesse, et je ne voyais rien qui ne contribuât à me corrompre.
Quand je n'aurais pas su ce qui se passait chez Casilda, chez Constance et chez
les autres comédiennes, la maison d'Arsénie toute seule
n'était que trop capable de me perdre. Outre les vieux seigneurs dont
j'ai parlé, il y venait des petits-maîtres, des enfants de
famille, que les usuriers mettaient en état de faire de la
dépense ; et quelquefois on y recevait aussi des traitants, qui, bien
loin d'être payés comme dans leurs assemblées pour leur
droit de présence, payaient là pour avoir droit d'être
présents. (LGBS, 196)
Le milieu des comédiens est mis à nu par Lesage
dans le passage ci-dessus. Leurs déboires et leurs différentes
mascarades pour tromper la Noblesse s'avèrent avantageuses. La vie de
débauche est ce qui caractérise ce groupe d'individu. Et ils
utilisent leurs atouts de séducteurs véreux pour accéder
à la fortune. Ainsi, on remarque une présence satirique. Cette
satire relève de la volonté intentionnelle de dire les choses
telles qu'elles sont même si la censure reste réelle en ce qui
concerne l'Histoire de la période. Lesage montre enfin la couleur des
choses, ce que vit la basse classe31, de quoi elle se nourrit et par
quels moyens. Cet auteur se révèle alors un agent actif pour
mettre un terme définitif à aux discriminations sociétales
par le biais de son esprit satirique.
L'écriture Le clézienne à travers
Onitsha ne reste pas muette dans cette aventure satirique. Cet auteur
révèle également son intentionnalité de mettre fin
à l'injustice sociale causé par la montée d'un capitalisme
triomphant. Il s'insurge contre le colonialisme et revendique l'humanité
du Noir. L'extrait suivant l'explicite indéniablement :
30 Il s'agit ici de la pensée anticipatrice
(anticipation) qui permet de supposer les résultats de nos actes et
d'anticiper les évènements.
31 Plus particulièrement le bas
social, confère le chapitre 2 de la première partie du
présent mémoire.
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Sur les quais de Dakar, il n'y avait que les barils d'huile,
et l'odeur jusqu'au centre du ciel. [...] il y avait le grincement du
mât, les cris des dockers. Dakar résonnait du bruit des camions,
des voix d'enfants, des postes de radio. Le ciel était rempli de cris.
Et l'odeur ne cessait jamais [...] ; c'était donc cela, l'Afrique, cette
ville chaude et violente, le ciel jaune où la lumière battait
comme un pouls secret. [...] la forteresse maudite où les esclaves
attendaient leur voyage vers l'enfer. Au centre des cellules, il y avait une
rigole pour laisser couler l'urine. Aux murs, les anneaux où on
accrochait les chaînes. C'était donc cela l'Afrique, cette ombre
chargée de douleur, cette odeur de sueur au fond des geôles, cette
odeur de mort. (Onitsha, 39)
Ce fragment met en scène le regard de Le Clézio
sur le continent africain. Les Noirs, personnes du bas social, sont
victimes de l'oppression exercée sur eux par la colonisation
occidentale. Ce sont des esclaves, des sous-hommes abandonnés à
leur triste sort. On note une ville comme Dakar32 en plein
croissance économique sous le joug du colonialisme. On note
également la misère opulente du Noir à travers cette
description péjorative. Ceci dit, Le Clézio présente ici
son intentionnalité d'aider l'humanité, surtout le Noir à
se mouvoir, à prendre position face aux situations de
déséquilibre social. Pour ce fait, l'auteur prend cette action
sur lui et revendique une société de justice et
d'égalité. Cependant, on note une idée anticipatrice
découlant d'une pareille prise de position, ce sont les
répercussions positives et révolutionnaires qui pourront changer
la vie du Noir. Ici le Noir doit faire face à ses oppressions afin de se
projeter dans le futur.
De ce qui précède, on note, à travers ces
deux auteurs du corpus, une agentivité collective33 dans la
mesure où il tente d'atteindre des buts communs. Celui de faire la
satire de la société afin d'espérer délivrer le
bas social du joug d'enfermement dans lequel la division sociale l'a
enfermé. Le bas social compte bien entendu sur l'intervention
des auteurs pour contribuer à la réalisation des buts auxquels il
aspire intimement. Dans ce cas, on conclut que les auteurs ont des intentions
communes et chacun contribue à la concrétisation de ses
dernières.
3. Le picaresque comme expression d'une identité
commune
La pratique d'une esthétique littéraire est
probablement liée à une vision de la vie commune à un
groupe d'individus particulier comme à une société et
généralement à partir de l'histoire, de l'évolution
et de la construction de celle-ci à travers les âges. Pour ce
fait, nous remarquons dans nos textes, une prédominance des motifs
liés à l'esthétique picaresque et nous pensons que l'une
des raisons qui pousse nos auteurs à écrire sous un joug
satirique est forcément et consciemment liée à la notion
d'identité. Et qui parle d'identité ici, fait appel
32 La capitale du Sénégal, pays de
l'Afrique de l'ouest.
33 Elle met en évidence la coordination de
l'effort des auteurs.
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sans aucun doute à sa forme collective. Le picaresque
est donc une forme d'identité collective dans la mesure où il
anime le corpus.
De prime abord, les sociologues et les psychosociologues ont
tenté d'apporter des définitions se résumant en quelques
mots à la notion d'identité. Ainsi pour M. Castra (2012 : 72)
l'identité peut être perçue comme « l'ensemble des
caractéristiques et des attributs qui font qu'un individu ou un groupe
se perçoit comme une entité spécifique et qu'il soit
perçu comme tel par les autres ». Il faut noter que ce concept doit
être appréhendé à l'articulation de plusieurs
instances sociales, qu'elles soient individuelles ou collectives. Cependant, en
nous concentrant sur l'identité collective comme l'une des formes de
l'identité, on convient qu'elle trouve son origine dans les formes
identitaires communautaires où les sentiments d'appartenance sont
particulièrement forts (culture, nation, ethnie...) et les formes
identitaires sociétaires qui renvoient à des collectifs, à
des liens sociaux provisoires (famille, travail, religion, etc.). Puisqu'en
effet et comme le dit Freund (1979 : 78):
Il n'y a d'identité collective que sur la base de la
conscience de particularismes. [...] Il y a identité collective parce
que les membres s'identifient à quelque chose de commun, c'est à
dire le même qui constitue ce quelque chose de commun n'est pas une
similitude totale, mais partielle. Ce qui cimente une identité
collective c'est à la fois la représentation commune que les
membres se font des objectifs ou des raisons constitutives d'un groupement et
la reconnaissance mutuelle de tous dans cette représentation, sinon
l'identité ne peut se former ou, si elle existait déjà, il
se produit une crise de l'identité.
De cet extrait, on peut en déduire l'esthétique
picaresque qui anime les textes du corpus. Ils s'opposent sans aucun doute
à la misère sociétale qui touche une classe sociale
particulière et revendique, à travers des caricatures
exacerbées, une société plus morale. Cette revendication
commune est en effet l'expression d'une identité collective dont
partagent ces auteurs. Puisqu'avant tout comme l'affirme Wittorski (2008 : 196)
« la notion d'identité collective est une intention sociale, venant
des groupes de personnes qui cherchent à revendiquer une place et
à se reconnaitre dans l'espace social ».
L'histoire Gil Blas de Santillane et Onitsha
sont deux textes exclusivement très éloignés,
situés tous les deux à l'extrémité des temps
moderne et contemporain. Mais malgré cela, ils laissent entendre une
même voix. Les voix, les paroles de leur auteur se font ressentir d'une
façon unique comme s'il s'agissait d'un même discours. À
partir de ce discours se laisse entendre une identité collective qui
anime les textes du corpus. Ainsi on observe chez ces auteurs une vision de la
vie, ils partagent sans aucun doute une même idéologie. Puisqu'ils
prennent sur eux le devoir de perpétuer le picaresque en
littérature. Ainsi le devoir de
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censurer, tourner en ridicule, les vices, les passions
déréglées, les sottises des hommes se retrouve donc
l'identité même de tout récit picaresque.
Par ailleurs, si l'on part du principe selon lequel « la
constitution d'une identité collective pour un groupe semble
répondre d'abord au besoin de se défendre vis-à-vis des
contraintes qui lui sont imposées, mais aussi de revendiquer une
définition autonome de son propre projet d'existence et enfin
d'être reconnu dans l'espace social » (Wittorski, 2008 :196),
l'esthétique picaresque se constitue donc véritablement en une
identité collective dans la mesure où elle intervient dans tous
les événements et prend la défense de la liberté
d'esprit contre l'autorité, de la libre humanité contre
l'asservissement social. Le picaresque à travers ses diverses formes
satiriques exprimées par la raillerie, la moquerie, l'ironie cinglante,
le rire vengeur, a dû, à travers des siècles
d'écriture littéraire, se revendiquer comme l'arme du faible
contre le puissant.
En addition, Bryndis Gunnarsdottir (2009 : 4) pour sa part
ajoute que la satire, ici en référence au picaresque, se situe
également aux confins des problèmes de la société
qu'elle tente de résoudre par le biais de sa verve dénonciatrice.
Pour ce faire, il déclare :
In order to discuss sensitive contempory social issues many
authors use the form of satire. It gives them the freedom to raise questions
about serious matters that people may find difficult to discuss because of
their serious nature. Discussing issues with humour and irony can take the
sharpest sting out of the issue and make it easier to figure out and find a
solution to. Satire can also be effective in catching people's attention since
it often shocks and stirs things up. Therefore i believe that the use of satire
can be helpful when serious social matters and tabus are being discussed.
On comprend que l'identité collective s'exprime dans
l'esthétique picaresque à travers la satire lorsque cette
dernière devient l'aiguille qui pique et fait se dégonfler les
outres énormes de la sottise. Et comme le mentionne Cohen Edouard, elle
est le « chétif insecte » qui déclare la guerre au
lion. Elle cloue au pilori les faux grands hommes, les pitres malfaisants qui
empoisonnent le monde de leur imposture, l'accablent de leurs dogmes et
tiennent sous leur puissance les foules fanatiques et abruties. Elle montre le
gâtisme maître du monde, la débauche législatrice de
la vertu, la friponnerie dirigeant les affaires, la forfaiture distribuant la
justice, le proxénétisme patronnant les bonnes moeurs. Elle
sème le rire, vengeur de la solennelle imbécillité
pontifiante. C'est elle qui souffle dans les roseaux que Midas a des oreilles
d'âne. Elle est nécessaire à l'humanité contre les
fausses « élites » qui ne doivent leur
prééminence qu'à leur insanité. Elle est la justice
immanente qui remet en place le monde à l'envers où le coquin
triomphe. Cette idée se voit majestueusement dans notre corpus. Ainsi
dans Onitsha Le Clézio met en relief le personnage de Maou
portant le flambeau de la
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révolte. Elle s'investit avec ardeur pour faire le
portrait de l'environnement oppressant de la colonie anglaise, la ville
d'Onitsha :
Elle se souvenait, elle avait tellement espéré
cette nouvelle vie, Onitsha, ce monde inconnu, où rien ne ressemblerait
à ce qu'elle avait vécu, ni les choses, ni les gens, ni les
odeurs, ni même la couleur du ciel et le goût de l'eau.
C'était à cause du filtre peut-être, le grand cylindre de
porcelaine blanche qu'Elijah emplissait chaque matin avec l'eau du puits, et
qui sortait si fine et blanche par le robinet de laiton. Puis elle était
tombée malade, elle avait cru qu'elle allait mourir de fièvre et
de diarrhées, et de maintenant le filtre lui faisait horreur, l'eau
était si fade, elle rêvait de fontaines, de ruisseaux
glacés, comme à Saint-Martin. (Onitsha, 74)
Maou a cru découvrir une belle terre, elle a
rêvé d'une vie plus spéciale près de son Geoffrey ;
mais hélas, la vérité est qu'elle ne rencontre que
d'amères désillusions. Son regard des uses et coutumes du
terroir, surtout le comportement des gestionnaires de l'administration
coloniale c'est-à-dire Gérard Simpson et son clan
d'administrateurs véreux et sans scrupules, la rend triste. A cause de
son amour pour Geoffrey, elle veut rester et souhaite en même temps
étaler au grand jour les insanités que sont les moeurs
coloniales. Malgré les méthodes peu persuasives de Geoffrey pour
qu'elle ferme une bonne fois sa bouche et qu'elle cesse de causer des
problèmes, Maou va en guerre contre le D.O Gérald Simpson, contre
Sabines Rhodes, contre le Resident Rally. Elle prend son courage et leur jette
en plein visage leurs comportements malsains et deshumanisants dans leurs
rapports avec les colonisés noirs.
Dans l'histoire de Gil Blas de santillane, cette
satire s'identifie, bien entendu, à travers son côté
comique outré. Une note d'indignation réelle est présente
dans la mesure où l'auteur se borne à faire une
représentation impersonnelle de son sujet en y mêlant une attaque,
une critique, une raillerie mais aussi une intention morale et surtout
réformatrice. Lesage, par le biais de son talent de satiriste, exprime
son indignation par un rire moqueur, la raillerie y est dans toute sa splendeur
et il cherche avant tout à réformer le monde, à corriger
les moeurs des hommes. C'est pourquoi, le Gil Blas de Santillane se borne
à faire des observations et à dépeindre simplement une
réalité haïssable, honteuse, blâmable par
elle-même. Ce cas s'observe bien évidemment dans le chapitre de
« Gil Blas continue d'exercer la médecine avec autant de
succès que de capacité. Aventure de la bague retrouvée
». Camille et sa mère avaient abusé de la gentillesse de Gil
Blas et s'étaient emparées par ruse « la bague de ce
dernier. Il retrouva la bague et choisit de jouer à son tour des deux
voleuses. Mais le plus important dans ce passage est la manière dont Gil
Blas joue le rôle du substitut du Docteur Sangrado :
Au sortir d'une maison où je venais de voir un
poète qui avait la frénésie, je rencontrai dans la rue une
vieille femme qui m'aborda pour me demander si j'étais
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médecin. Je lui répondis que oui. Cela
étant, reprit-elle, je vous supplie très humblement de venir avec
moi. Ma nièce est malade depuis hier, et j'ignore quelle est sa maladie.
Je suivis la vieille, qui me conduisit à sa maison, et me fit entrer
dans une chambre assez propre, où je vis une personne alitée. Je
m'approchai d'elle pour l'observer. D'abord ses traits me frappèrent ;
et, après l'avoir envisagée quelques moments, je reconnus,
à n'en pouvoir douter, que c'était l'aventurière qui avait
si bien fait le rôle de Camille. Pour elle, il ne me parut point qu'elle
me remît, soit qu'elle fût accablée de son mal, soit que mon
habit de médecin me rendît méconnaissable à ses
yeux. Je lui pris le bras pour lui tâter le pouls ; et j'aperçus
ma bague à son doigt. Je fus terriblement ému à la vue
d'un bien dont j'étais en droit de me saisir ; et j'eus grande envie de
faire un effort pour le reprendre ; mais considérant que ces femmes se
mettraient à crier, et que don Raphaël ou quelque autre
défenseur du beau sexe pourrait accourir à leurs cris, je me
gardai de céder à la tentation. Je songeai qu'il valait mieux
dissimuler, et consulter là-dessus Fabrice. Je m'arrêtai à
ce dernier parti. Cependant, la vieille me pressait de lui apprendre de quel
mal sa nièce était atteinte. Je ne fus pas assez sot pour avouer
que je n'en savais rien. Au contraire, je fis le capable, et, copiant mon
maître, je dis gravement que le mal provenait de ce que la malade ne
transpirait point ; qu'il fallait par conséquent se hâter de la
saigner, parce que la saignée était le substitut naturel de la
transpiration ; et j'ordonnai aussi de l'eau chaude, pour faite les choses
suivant nos règles. (LGBS, 93)
Ce récit comique, teinté de sarcasmes, met en
exergue une société où tout le monde est fripon. On
assiste à une anarchie totale, personne ne respecte rien. Le
médecin, incarné ici par Gil Blas, ne maitrise rien du domaine de
la médecine. Il n'a jamais fait une école de médecine, ni
reçu une formation essentielle pour faire « saigner » les
malades. Il invente des méthodes pour soigner ses patients. Ses patients
sont des ignorants, mais aussi des voleurs qui veulent qu'on leur porte
assistance. Ce passage est en vérité un cri de colère pour
Lesage qui dénonce les us et moeurs d'une société
corrompue jusqu'à l'âme. On dénote à travers ce
récit humoristique, une satire violente des comportements des hommes.
Au vu des extraits précédents tirés des
deux textes du corpus, on note que le picaresque par le biais d'une satire
spécialisée anime les deux textes. Ces ouvrages se veulent
caricaturaux, dans la mesure où ils nous font le portrait des
environnements sociaux des héros, ce qu'ils ont à affronter comme
moeurs corrompues des hommes. Tout compte fait, force est de constater qu'une
identité commune prend corps dans les deux ouvrages du corpus. Cette
identité commune liée à l'esthétisation du picaro
nait du constat que les deux textes se mettent à faire de la satire,
à dénoncer les travers sociaux des hommes avec indignation et
visant un seul objectif : celui de la correction de l'esprit. En gardant sa
tradition gréco-romaine avec Juvénal, Perse ou Horace, et sa
tradition classique avec Marot, Boileau ou encore Aubigné, l'esprit
satirique présent dans le corpus cherche à instruire et à
toucher. C'est pourquoi l'objectif se double d'une méthode : les auteurs
cherchent l'amusement, ils font rire de leur verbe. Ici tous les
procédés du comique : mouvement dialogué, monologue
grotesque, portrait
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caricatural, anecdotes intercalées, jeux de mots et
quiproquos sont mis en exergue pour exprimer une identité collective.
En définitive, ce chapitre nous a instruits sur les
différents modes de Résistance qu'emploie le bas social
pour faire face aux multiples problèmes dont il est au centre. A
travers la virulence des mots, l'érection de l'agence et le picaresque
pris comme une identité commune par des auteurs, on constate que le
bas social s'arme effectivement pour résister aux diverses
oppressions qu'il subit quotidiennement. Le picaresque devient donc le canal
d'expression du bas social dans la mesure où il met en
scène les difficultés auxquelles font face les
déshérités, la couche vulnérable de la
société. De ce fait, le picaresque se revendique être
définitivement une vision du monde.
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