Introduction
La classification étiologique des ASR est essentielle
pour comprendre le mécanisme physiopathologique, conduire les
explorations et décider d'un traitement. Les anomalies utérines,
les anomalies chromosomiques et génétiques, les perturbations
hormonales ou métaboliques, les causes infectieuses, les thrombophilies
héréditaires ou acquises, les anomalies immunologiques, les
causes masculines et les facteurs environnementaux sont les principaux facteurs
responsables d'ASR (Merviel et al., 2013). Les études
épidémiologiques montrent en effet que si le risque d'avortement
spontané est bien de 10 à 15% chez une femme qui n'a jamais fait
de fausse couche, il passe de 20 à 25% chez celle qui a
déjà fait une fausse couche, et à 30% chez une patiente
qui a présenté deux fausses couches et plus. Par ailleurs, ce
risque augmente significativement avec l'âge de la patiente (Diaby,
2006).
Les fausses couches spontanées à
répétition constituent un domaine de recherche très
intéressant qui mérite d'être exploré. À
travers ce modeste travail de recherche, nous nous sommes assignés les
objectifs suivants :
- Faire un rapport bibliographique actualisé sur l'aspect
physiopathologique et génétique
des avortements spontanées à
répétition en mettant l'accent sur les étiologies
possibles de ce dysfonctionnement. Les anomalies chromosomiques
associées seront largement détaillées.
- Réaliser une enquête
épidémiologique descriptive, prospective, par la
réalisation d'un questionnaire avec des couples ayant vécus
des fausses couches spontanées à répétition,
recrutées au niveau du service de gynécologie du CHU Benbadis -
Constantine ainsi que de la maternité Sidi Mabrouk - Constantine.
- Contribuer à la détermination des
fréquences des fausses couches spontanées à
répétition dans la région de Constantine ainsi que
l'étiologie sous-jacente de ce dysfonctionnement.
- Appliquer les techniques de diagnostic
cytogénétiques (caryotype standards et en bande R) sur des
prélèvements sanguins issus de couples ayant subis des
avortements spontanées à répétition, et ce à
la recherche d'une étiologie cytogénétique à ce
dysfonctionnement.
![](Etude-cytogenetique-des-avortements-spontanes--repetition-dans-la-region-de-Constantine8.png)
![](Etude-cytogenetique-des-avortements-spontanes--repetition-dans-la-region-de-Constantine9.png)
Chapitre I Physiologie et physiopathologie de la
reproduction chez l'humain
3
I- Physiologie de la reproduction chez l'humain 1- Rappel
anatomique
L'utérus est un organe musculeux creux médian,
impair et contractile en forme de poire inversée qui se situe dans la
région hypogastrique faisant partie du système de reproduction
féminin. Chez une femme adulte nullipare, sa taille moyenne est de 7,5
cm de long pour 5 cm de large, et 2,5 cm d'épaisseur, il est plus gros
après une grossesse, et s'atrophie après la ménopause. Il
est situé entre la vessie et le rectum dans un plan
antéro-postérieur et entre le plancher pelvien qui le soutient et
l'intestin, le cæcum, le colon sigmoïde, dans un plan vertical,
suspendu par son système ligamentaire (Le Moigne et Foucrier, 2009). Il
est séparé en 3 parties :
- Le fundus de l'utérus : la partie
supérieure en forme de dôme.
- Le corps de l'utérus : partie
centrale longitudinale.
- Le col de l'utérus : partie
inférieure qui débouche sur le vagin, et est
extra-péritonéale.
L'isthme est une région transitoire entre le corps et
le col de l'utérus. De part et d'autre de l'utérus, on trouve les
trompes de Fallope qui mènent aux ovaires d'environ 10 cm de long,
orientées postéro latéralement (figure 01) (Boury-Heyler
et al., 1981 ; Gerard et al., 2007).
![](Etude-cytogenetique-des-avortements-spontanes--repetition-dans-la-region-de-Constantine10.png)
Figure 01 : Localisation de l'utérus
dans le corps féminin (vue de profil) (Courbiere, 2012).
L'utérus a pour origine la fusion de la portion caudale
des 2 canaux de Müller qui s'effectue lors de la 7ème
semaine de grossesse. Ces canaux sont aussi à l'origine des trompes
utérines, du col de l'utérus et du tiers supérieur du
vagin. Concernant l'appareil ligamentaire de l'utérus, vers le
3ème mois, le ligament inguinal va se différencier en
ligament rond en dessous de son croisement avec la corne utérine tandis
qu'au-dessus, il se différencie en ligament propre de l'ovaire (Devaud,
2008).
Chapitre I Physiologie et physiopathologie de la
reproduction chez l'humain
4
L'utérus est constitué d'une paroi
utérine, épaisse et résistante qui comporte trois tuniques
: la séreuse, la musculeuse et la muqueuse (figure 02).
![](Etude-cytogenetique-des-avortements-spontanes--repetition-dans-la-region-de-Constantine11.png)
Figure 02 : Anatomie de l'appareil
génitale féminin (Courbiere, 2012).
1-1- Le péritoine utérin
Le péritoine utérin ou périmétrium
est d'autant plus adhérent qu'on s'approche du fundus. La limite de la
zone décollable est située sur la face antérieure à
la partie moyenne du corps utérin et sur la face postérieure
au-dessus de l'isthme. En avant, il recouvre la face vésicale du corps
et de l'isthme. Il se continue avec le péritoine vésical au
niveau du cul-de-sac vésico-utérin. En arrière, il
recouvre toute la face intestinale et descend jusqu'à la face
postérieure du vagin pour former le cul-de-sac recto-utérin ou
périmétrium est d'autant plus adhérant qu'on s'approche du
fundus (Le Moigne et Foucrier, 2009).
Chapitre I Physiologie et physiopathologie de la
reproduction chez l'humain
5
1-2- Le muscle utérin
La majeure partie de l'utérus est constituée par
du muscle lisse, composé de faisceaux entrecroisés de cellules
musculaires lisses longues, fusiformes, groupées en couches mal
définies. Les faisceaux de fibres sont visibles sur la section
microscopique en coupes transversale, longitudinale et oblique. Le muscle est
vascularisé par un riche réseau d'artères et de veines
contenues dans du tissu conjonctif dense. Pendant la grossesse, le
myomètre augmente énormément de volume du fait des
divisions cellulaires (hyperplasie) et de la croissance cellulaire
(hypertrophie) (Abadijan, 2006).
Dans le corps, la proportion des cellules musculaires est
environ de 25% ; dans l'isthme et le col, au fur et à mesure qu'on
descend, les cellules musculaires deviennent plus rares. Le myomètre se
compose de trois couches mal individualisées :
- La couche moyenne, de loin la plus
développée, est particulièrement riche en vaisseaux.
- La couche interne, plus mince, se situe en
dessous de la muqueuse.
- La couche externe, également mince,
elle est formée de quatre lamelles qui contiennent
alternativement des tractus circulaires et longitudinaux (Maiga,
2002).
1-3- La muqueuse utérine
(endomètre)
L'endomètre, bordant la cavité utérine,
est constitué par un épithélium glandulaire cylindrique
simple, reposant sur un épais chorion de tissu conjonctif très
cellulaire appelé le chorion cytogène endométrial. Sous
l'influence des hormones (oestrogènes et progestérone),
sécrétées par l'ovaire durant le cycle ovarien,
l'endomètre subit des changements réguliers cycliques afin de
constituer un milieu favorable à l'implantation d'un ovule
fécondé (Abadijan, 2006). L'endomètre est divisé en
trois couches histologiques et physiologiques :
- La couche la plus profonde ou basale :
adjacente au myomètre, présente les changements
les moins importants durant le cycle menstruel et n'est pas
expulsée durant la menstruation.
- L'épaisse couche intermédiaire :
est caractérisée par un stroma à apparence
spongieuse ; c'est la couche spongieuse.
- La couche superficielle : plus mince,
présente une apparence compacte ; c'est la couche compacte. Les
couches compactes et spongieuses subissent des changements importants au cours
du cycle et disparaissent pendant la menstruation, de telle sorte qu'elles sont
réunies sous le terme de couche fonctionnelle (Abadijan, 2006).
Chapitre I Physiologie et physiopathologie de la
reproduction chez l'humain
|