I.1.2- L'analyse en termes d'inflation
Pour l'analyse de l'inflation dans la zone, nous allons faire
abstraction de la Guinée Bissau pour ses données aberrantes.
Ainsi, sur trente-cinq années, l'UEMOA affiche un taux d'inflation
égale à 4,10%, ce qui est largement au- dessus des normes
fixées (=3%) par les États. Pendant les quatre grandes
périodes, ce taux a beaucoup évolué à la baisse ;
en passant respectivement de
5,41% entre 1980 et 1994 à 5,10% de 1995 à 1999
et à 3,17% entre 2000 et
2009 avant de se maintenir à un niveau assez stable
entre 2009 et 2014 soit
2,72%. Cette diminution progressive du taux à partir de
1995 est imputable à une forte baisse des prix des produits alimentaires
consécutive à l`amélioration de la production
vivrière constatée dans la plupart des pays. En plus cette
période est marquée par une tendance plus régulière
des taux d'inflation et le resserrement de leurs écarts, manifestant
ainsi la convergence des niveaux d'inflation autour de la
référence (3%). La figure n°3 montre cette
évolution.
Figure 3 : Taux d'inflation moyen dans l'UEMOA de
1980 à 2014
5,41
5,10
3,17
2,72
1980-1994 1995-1999
2000-2008 2009-2014
Source : Auteur, à partir des données de la
BCEAO
Cette tendance cache cependant une réalité
puisque la dévaluation en 1994 avait provoqué une poussée
inflationniste dans tous les pays. Mais à partir de 1995, le taux
d'inflation moyen de l'union a connu une baisse dans l'ensemble des
pays.Toutefois cette tendance à la baisse a été rendu
possible par un groupe de pays qui ont connu des taux assez bas comme la Cote
d'ivoire avec (5,33%) contre (6,93%), le Niger (3,65%) contre (5,15%), le
Sénégal (3,37%) contre (6,31%) et le Togo (5,84%) contre (6,47%).
À l'opposé, le Bénin, le Burkina Faso et le Mali ont
continué d'enregistrer encore des taux élevés ;
respectivement de (5,78%) contre (2,62%), (4,21%) contre (3,89%) et (7,55%)
contre (6,5%). De 2000 à 2014, les taux d'inflation des pays pour
l'ensemble de la zone semblent converger autour de la norme fixée. Cela
traduit la volonté des gouvernements à aller vers une
maîtrise de l'inflation à 3%. On peut dire que globalement les
taux ont fluctué entre un minima de (0,54%) noté au
Sénégal de 2009 et 2014 et un maxima de (7,55%) au Mali entre
1995 et 1999.
Pour la Guinée Bissau aussi, on note une baisse
drastique du taux sur toute la période passant respectivement de
(51,08%) entre 1980 et 1994 à (27,69%) entre
1995 et 1999 pour tomber à (11,49%) entre 2000 et 2008
et enfin à (2, 98%) entre
2009 et 2014. De tels résultats traduisent une
volonté pour ce pays de rattraper ces voisins dans le cadre du pacte de
stabilité. La figure n°4 illustre cela ci-après.
Figure 4 : Évolution du taux d'inflation par
pays de 1980 à 2014
60
51,08699724
50
40
27,69656946
30
20
11,49366315
10
2,986536636
0
1980-1994 1995-1999
2000-2008 2009-2014
BENIN BURKINA FASO CI GB
MA NI SEN TOGO
Source : Auteur, à partir des données de la
BCEAOI.1.3- L'analyse des flux commerciaux
Une des raisons explicatives des comportements
hétérogènes des pays est aussi leurs parts relatives aux
flux d'échanges commerciaux. Les échanges commerciaux dans
l'UEMOA se sont déroulés dans un environnement économique
caractérisé par la mise en oeuvre de réformes et de
politiques de soutien de l'activité économique
instaurées par les pouvoirs publics et les banques centrales. Au cours
de la dernière décennie, le commerce intracommunautaire est
estimé à 12% alors que celui dans la zone euro est de
64% et pour les pays de l'Amérique du Nord 40% (Rapport
UEMOA, 2016). Les échanges communautaires ont représenté
11,5% des importations et 15% des exportations en 2010 (OMC, 2013). Cependant,
il convient de noter que de 1980 à 2014, les échanges intra-UEMOA
ont fortement progressé. Ainsi, les importations en valeur sont
passées de 15685,783 milliards de francs entre 1980 et 1994 à
187740,198 milliards de francs entre 2009 et 2014 soit une augmentation de plus
de 172054,415 milliards en valeur absolue. Cette performance pour la zone
s'explique par un renforcement du cadre de l'intégration
économique, la promotion des exportations et les effets positifs issus
des nombreuses réformes institutionnelles mises en oeuvre depuis la
dévaluation du franc CFA en 1994.
Figure n°5 : Évolution des échanges
intra-communautaires dans l'UEMOA de 1980
à 2014
200000
180000
160000
140000
120000
100000
80000
60000
40000
20000
0
1980-1994 1995-1999
2000-2008 2009-2014
Source : Auteur, à partir des données de la
BCEAO
En comparaison aux autres unions de la zone franc comme la
CEMAC et les Comores, le poids du commerce intra régional dans l'UEMOA
est encore supérieur. Malgré l'existence d'une monnaie commune et
surtout de la liberté de circulation des biens et des facteurs au sein
de l'UEMOA, les flux d'échanges restent faibles. Selon le FMI (2014)
cela est dû à l'instabilité socio-politique, à un
secteur financier peu développé, aux capacités
institutionnelles peu solides, au déficit d'infrastructures et aux chocs
asymétriques fréquents. Les principaux biens
échangés dans le cadre du commerce intra-UEMOA sont
présentés dans le tableau n°1 ci-après :
Tableau 1 : Principaux produits exportés dans le cadre
du commerce intra- UEMOA
Produits
|
Part %
|
Exportateurs
|
Importateurs
|
Produits pétroliers
|
24,5
|
Cote d'Ivoire
|
BF, TG, BEN
|
Engrais
|
18,0
|
SEN, CI
|
BF, BEN, CI
|
Ciments et sel
|
8,2
|
CI, SEN, TG
|
BF, CI, NI
|
Préparations alimentaires diverses : café et
potages, bouillons, préparations pour assaisonnement
|
5,5
|
CI, SEN
|
SEN, BF, BEN
|
Matières plastiques et ouvrages en plastiques
|
4,8
|
CI (96,6% ), SEN
|
BF ; BEN
|
Graisses et huiles animales ou végétales :
huiles de palm, margarine, etc.
|
4,6
|
CI, TG, BEN
|
NI, BF, BE
|
Produits divers des industries chimiques : insecticides,
antirongeurs, fongicides, herbicides, désinfectants, acides gras
monocarboxyliques indistriels, huiles acides de raffinage, alcools gras
industriels
|
3,6
|
|
BF, BE, ML
|
Animaux vivants
|
3,0
|
BF NI ML
|
CI
|
Produits de beauté autres que pharmecitiques ;
produits de parfumeries ou de toilette
|
2,7
|
CI (99,2% ), SEN
|
SEN BEN TG
|
Coton et produits à base de coton
|
2,7
|
ML CI BF
|
CI BEN
|
Source : Rapport sur le commerce intrazone, Commission UEMOA
(2013)
Les échanges de biens sont dominés
essentiellement par les produits pétroliers qui occupent (24,5%) et sont
fournis entièrement par la Côte d'Ivoire, ensuite les engrais pour
(18%) produit par le Sénégal et la Côte d'ivoire suivi du
ciment et du sel qui représentent (8,2%) et fournis par la Côte
d'Ivoire, le Sénégal et le Togo.
I.1.4- L'analyse du déficit primaire
De 1980 et 2014, le solde budgétaire a connu des
fluctuations assez importantes pour passer de -99,8 milliards à -1707,17
milliards de francs. Durant la période d'avant d'évaluation de
1980 à 1993, le déficit primaire de la zone était
excessif, atteignant une moyenne de 11% du PIB soit -6332,5 milliards de
francs. Par la suite, à la faveur de la dévaluation et de la mise
en oeuvre des politiques d'ajustement structurel dans les pays, le solde
primaire de l'union a amorcé une tendance baissière jusqu'au
milieu des années 2000, en se situant respectivement à -1916,2
milliards de francs soit 6,9% sur la période de 1994 à
1999 et de -2771,6 milliards de francs, soit 5,3% de 2000
à 2005. Cette baisse est due à l'introduction du pacte de
convergence en 1999 dans l'union. En effet, le pacte avait imposé des
règles en termes de solde budgétaire et de déficit
commercial que les États devaient respecter durant la phase de
convergence en
2005. À partir de 2008, la situation de déficit
s'accentue davantage par rapport à la première phase en de
-531,35 milliards de francs à plus de -1707,17 milliards de francs entre
2008 et 2014, soit un accroissement annuel de -195,
97 milliards. La figure n°5 permet d'illustrer
l'évolution du solde de base primaire
Figure 5: Évolution du solde de base des pays
de l'UEMOA
BENIN BURKINA FASO CI GB
MA NI SEN TOGO UEMOA
2000
1500
1000
500
0
-500
-1000
-1500
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19
20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35
-2000
-2500
Source : Auteur, à partir des données de la
BCEAO
Le déficit budgétaire dépend
naturellement de l'évolution des recettes et dépenses. Il est
donc intimement lié aux chocs exogènes, aux aléas qu'ont
subis les pays de l'UEMOA et aux orientations de politique économique
des gouvernements. Les États affichent une réelle volonté
d'harmonisation des politiques économiques au-delà même des
réformes institutionnelles. Ils mettent en oeuvre les mesures prises
dans le cadre de la surveillance multilatérale. Cependant,
Ouédraogo (2003) développe une analyse stimulante de la CEDEAO
comme zone monétaire potentiellement optimale ; en se fondant sur les
analyses du « second-Mundell », prend du recul par rapport à
son article de 1961, en optant pour une appréciation « relative
» de la notion d'optimalité, Mundell (1973 ;
2001).
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