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Effets de débordement des politiques budgétaires en union monétaire hétérogène: cas de l'union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA)


par Ismaila SANGHARE
Université Cheikh Anta Diop Dakar (UCAD) - Doctorat  2021
  

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I.2- Sources de disparités économiques

Pour Timbergen (1954), tous les processus d'intégration économique prennent en compte deux aspects, à savoir : l'intégration négative qui renvoie à l'élimination de tous les obstacles qui limitent la mobilité des biens, des services et des facteurs de production entre les pays et l'intégration positive qui concerne l'harmonisation et la coordination des instruments économiques existants. La littérature économique met en avant trois facteurs explicatifs des sources d'hétérogénéité des économies des pays en l'union. Il s'agit du marché financier, du marché du travail et du marché des biens et services. À ce jour, l'intégration économique dans l'UEMOA ne déroge pas à cette règle depuis 1994, d'où l'intérêt d'analyser l'hétérogénéité des économies à travers ces composantes de l'économie.

I.2.1- L'hétérogénéité du marché financier

Il faut rappeler que la théorie traditionnelle du commerce international reposait sur des hypothèses d'immobilité parfaite des facteurs de production, de concurrence pure et parfaite et de rendement constants ou décroissants. Le cadre réel du marché financier est à l'inverse. Sur le plan théorique, les débats ont privilégié deux principales approches pour expliquer les différentiels d'inflationau sein d'une union monétaire : d'une part, l'effet Balassa (1964) et d'autre part la théorie de la croissance sous l'angle de la convergence (Kane, 2013). De manière générale, l'analyse de Balassa explique les différences dans les taux d'inflation au sein d'une union monétaire par la relation entre l'évolution des prix des biens non échangeables et la croissance de la productivité (Aubert, 2001).

Sur le plan empirique, Akpo (2017) a mis l'accent sur l'hétérogénéité du marché financier dans l'UEMOA via le marché du crédit bancaire. En effet, sur la période de 1980 à 2014, le ratio crédit à l'économie/PIB est en moyenne élevé en Côte d'Ivoire avec 22% ; au Sénégal avec 20% et au Togo avec 18%. Par contre dans les autres pays il est relativement plus faible : le Niger pour 9% ; le Bénin 11% ; le Burkina Faso 11% et le Mali 11%. D'autres chercheurs ont utilisé les VAR en panel pour analyser la transmission des chocs asymétriques entre pays et dans le temps. Les travaux de Kane (2013) confirment que les écarts d'inflation observés à travers les régimes reflètent non seulement le degré d'hétérogénéité des structures économiques, mais aussi les capacités d'absorption des chocs asymétriques. Dans la zone euro, Love et Zicchino (2006) mesurent l'impact des chocs sur les secteurs financiers et sur la dimension transversale des entreprises américaines. Des études récentes suggèrent que les causes de l'hétérogénéité du marché financier sont multiples et leurs implications sont très différentes. Ainsi, Ciccarelli et al. (2012a) mettent l'accent sur l'hétérogénéité des liens macro- financiers entre les économies développées et comparent la transmission des chocs réels et financiers entre pays à partir d'un modèle de VAR en panel. Les résultats concluent qu'un choc sur une variable dans un pays donné affecte tous les autres et la transmission semble plus rapide et plus profonde entre les variables financières qu'entre les variables réelles. Néanmoins, les facteurs spécifiques aux pays restent importants et expliquent le comportement hétérogène pour les pays observés. Les travaux effectués par la BCE (1999) et Alberola (2000) insistent sur l'existence de deux grands facteurs explicatifs des écarts d'inflation dans une union monétaire : la convergence des niveaux de productivité et de prix (facteurs de convergence), et le maintien depositionnement dans le cycle différencié selon les pays (c'est-à-dire le décalage des conjonctures). Arnold et Kool (2003) ont mis en évidence le rôle joué par d'autres éléments dans la dispersion des taux d'inflation de la zone euro : il s'agit des différences en termes d'exposition aux évolutions du taux de change euro/dollar, des disparités dans la sensibilité aux évolutions du prix du pétrole, des degrés de rigidité plus ou moins grands des marchés ou encore des évolutions différentes des prix administrés au niveau national ou des taxes indirectes.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus