IV.3- Quelques résultats empiriques dans les unions
monétaires
Loewy (1988) ; Nordhaus (1994) à l'aide de la
théorie des jeux arrivent à la conclusion qu'en cas de choc
d'offres dans une économie, le niveau de déficits
budgétaires et de taux d'intérêt d'équilibre
augmente par rapport à leur niveau d'équilibre parétienne.
Mais ce résultat est soumis aux conditions telles que : les
réactions des autorités monétaires et budgétaires
ne sont pas coordonnées ; les agents sont rationnels par rapport au
niveau d'inflation et de variabilité de la production qui en
résulterait (équilibre de Nash). Par ailleurs, Carlino et Defina
(1998) signalent à partir d'un modèle VAR structurel aux
Etats-Unis que lesgouvernements des pays réagissent différemment
aux impulsions des chocs monétaires. Ils trouvent l'origine des
différences de réponses dans
l'hétérogénéité des pays en termes
d'industries.
Vickers (2000) a souligné que la croissance
économique dépend du fonctionnement de l'économie
réelle et qu'il n'existe pas de magie monétaire qui peut
provoquer la croissance économique et donc la coordination a peu
d'importance pour stimuler la croissance. Mais, il reconnait que la politique
monétaire peut contribuer à des conditions d'une croissance
durable par le maintien de la stabilité des prix. La récente
crise économique et financière de la zone euro semble remettre en
cause les solutions théoriques de coordination des politiques
économiques dans les unions monétaires.
Les travaux du (FMI, 2012) portant sur l'UEMOA, ces
dernières années, démontrent que la stabilité des
prix n'est pas suffisante pour une stabilité macroéconomique
globale qui impliquerait une croissance économique forte et durable. En
comparant les pays d'Afrique subsaharienne à ceux de la CEMAC, la
stabilité des prix obtenue par la zone UEMOA ne s'est pas
accompagnée de la croissance économique espérée sur
la période 2006 à 2011. Par ailleurs, le taux de change effectif
réel de la zone a progressé de 4,8%, entre 2002 et 2011, soit une
détérioration moyenne de la position concurrentielle de 0,5%
chaque année (BCEAO, 2012)27. Cette perte de
compétitivité serait non seulement due à
l'appréciation du franc CFA par rapport aux monnaies des partenaires
commerciaux de l'union, depuis 2002 avec l'appréciation de l'euro, mais
aussi à une faiblesse de coordination des politiques économiques.
Rodrik (2008) a fourni une preuve empirique que la sous-évaluation d'une
monnaie stimule la croissance économique surtout lorsqu'il s'agit d'un
pays en développement. De
plus, l'auteur souligne l'importance de la coordination des
institutions.
27 Rapport sur la compétitivité des
économies de l'UEMOA sur la période 2002-2011
En définitive, la gestion des unions monétaires
repose sur une organisation institutionnelle structurée permettant de
concilier la centralisation des opérations monétaires et la prise
en compte des impératifs économiques et politiques
spécifiques à chacun des pays membres. Une meilleure coordination
des politiques économiques, plus particulièrement les politiques
budgétaires, conduit à une amélioration de
l'efficacité de la stabilisation des chocs, Muscatelli et Tirelli,
(2005).
Cependant, la meilleure qualité de la stabilisation
macroéconomique s'obtient à condition que la banque centrale
stabilise les chocs d'offre symétriques et que les gouvernements
s'occupent des chocs de demande nationaux, Uhlig (2002) par des actions
contra-cycliques et à travers les stabilisateurs automatiques, Buti et
al. 1998, 2001). Mais Vilieu (2000) soutient l'idée contraire selon
laquelle dans une union monétaire qui s'élargie, la coordination
budgétaire perd en efficacité si le degré
d'asymétrie des chocs augmente. Les implications de l'équilibre
budgétaire intertemporel des gouvernements et les problèmes de
faiblesse de la coordination constituent les principaux enjeux de l'interaction
stratégique entre la politique monétaire et budgétaire.
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