SECTION 2 : LA GESTION DU RISQUE DES CREDITS
La gestion du risque des crédits fait partie des travaux
à la charge des responsables financiers des établissements
bancaires les plus complexes. Pour arriver à la simplification des
analyses et la projection à court terme, moyen terme et long terme de
cas à risque.
Dans la gestion du risque des crédits, il y a trois
options que l'on peut relever qui facilitent cette gestion à savoir :
- La prise en compte du cadre général du risque des
crédits ;
- L'évaluation du risque ; - La prévention du
risque.
2.1. Le cadre général du risque de
crédit
Le risque de crédit comporte deux aspects auxquels tout
analyste-crédit doit tenir compte dans sa gestion. Le premier aspect est
externe lié à l'insolvabilité de l'emprunteur et le
deuxième et le dernier aspect est interne lié à la
manière dont l'institution bancaire organise la fonction distribution
crédit.
2.1.1. L'insolvabilité de
l'emprunteur
En parlant de l'insolvabilité de l'emprunteur, il est
utile de relever quatre aspects importants :
a. Le risque général
Dans ce point, il est nécessaire de retenir que
l'insolvabilité de l'emprunteur découle des situations externes
qui proviennent de la situation politique ou économique où ce
dernier exerce ses activités. La source la plus fréquente de son
insolvabilité est les crises économiques.
b. Le risque professionnel
L'insolvabilité de l'emprunteur par rapport à ce
risque est liée à la conjoncture du secteur d'activité
économique dû à la surcapacité de structure, des
innovations qui modifient les procédés de fabrication, la
contraction de la demande ou la concurrence de produits.
c. Le risque propre à l'emprunteur
L'insolvabilité de l'emprunteur au travers ce risque est
le plus fréquent et le plus difficile à identifier pour les
raisons d'origines multiples qui amènent l'emprunteur à ne pas
honorer ses engagements à l'échéance du contrat.
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d. Le risque-pays
En rapport avec ce risque, il est important de retenir que
l'insolvabilité de l'emprunteur provient de catastrophe naturelle, la
crise politique ou économique, sa propre insolvabilité, la
situation monétaire du pays où l'emprunteur exerce ses
activités.
2.1.2. L'ORGANISATION DE LA FONCTION DISTRIBUTION
CREDIT L'institution bancaire dans son organisation, en tenant
compte de la distribution de crédit qui est liée à des
situations variées et complexes doit à travers les cadres de
direction générale concevoir une politique de crédit et
prévoir certaines procédures très appropriées au
traitement des dossiers crédit.
Ainsi, en rapport avec la politique de crédit, la
direction générale s'appuie sur le comité des engagements
ou des risques qui arrête des orientations en indiquant :
y' Les objectifs poursuivis qui doivent être en
adéquation avec le plan stratégique de l'institution ;
y' Les taux d'intérêt que l'on doit facturer aux
clients pour permettre la couverture de coûts engendrés par les
crédits ainsi que les garanties à prendre ;
y' Les délégations de pouvoir qui
précisent les montants maximum de crédit que le comité
local de crédit ou un exploitant peut accorder sous sa seule
signature.
En rapport avec les procédures de traitement de
dossiers de crédit, l'institution bancaire doit disposer d'un
analyste-crédit qui est appelé à faire l'étude de
la demande de crédit en rassemblant toutes les informations
nécessaires sur l'emprunteur en fonction de la liste
préalablement établie de la nature de crédit et de la
qualité de l'emprunteur, particulier ou entreprise qui vont permettre la
prise des décisions d'accorder ou de refuser le crédit.
Après avoir fait l'étude de demande de
crédit et aboutit à la décision d'accorder le
crédit, le contrat de prêt signé entre les deux parties, la
banque et l'emprunteur, l'analyste-crédit doit procéder au suivi
du dossier crédit jusqu'au remboursement intégral en tenant
compte de clauses fixées dans le contrat de prêt et prévoir
le traitement approprié que l'on doit appliquer en cas de non-respect
des engagements par l'emprunteur .
En dehors de suivi de crédit, la direction
générale procède au contrôle de risque qui constitue
un aspect du contrôle interne de la banque en s'appuyant sur les
principes de l'indépendance de contrôleurs et de
contrôlés , et deux degrés de contrôle,
exhaustivité des contrôles, vérification de la
cohérence des dossiers de crédit avec la politique de
crédit de l'institution bancaire, la vérification du respect des
procédures lors de l'étude de la demande de crédit puis du
suivi du dossier crédit.
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2.2. ÉVALUATION DU RISQUE DE CREDIT
Le risque de crédit est une problématique
centrale pour les banques et les marchés financiers. Lorsqu'un
prêteur accorde un prêt à un emprunteur, celui-ci court le
risque que ce dernier n'honore pas ses engagements relatifs au service rendu
à la date fixé dans le contrat. Ceci constitue un cas particulier
pour des prêteurs financiers tels que les banques, les
établissements financiers, les investisseurs pour leurs crédits
aux entreprises qui s'avèrent sensibles au défaut de paiement
et/ou à la fiabilité de leurs contreparties.
Pour arriver à prendre leurs décisions de
manière rationnelle, les prêteurs sont appelés à
mesurer avec précision le risque de crédit des emprunteurs avant
de leur accorder le crédit en fixant les conditions tout au long de la
vie de celui-ci.
C'est ainsi, les institutions bancaires éprouvent les
besoins d'évaluer les risques individuels de chaque client, le risque
global de leurs portefeuilles de crédits.
En se situant dans le cadre de finance directe, les
institutions bancaires disposent d'une véritable expertise qui leur
confère un avantage concurrentiel dans le domaine de l'évaluation
du risque de crédit. Cette évaluation se fait en tenant compte de
catégories de la clientèle ou de l'emprunteur (particulier ou
entreprise). Elle est facilitée par deux approches dont l'une
traditionnelle et l'autre statistique (le crédit storting).
2.2.1. Évaluation du risque des
particuliers
V' Approche traditionnelle
Au travers cette approche, l'évaluation consiste
à saisir la capacité et la volonté de l'emprunteur de
rembourser le crédit. Cette approche focalise son évaluation
principalement sur les crédits à la consommation d'abord
où on procède par la collecte de toutes les informations sur
l'emprunteur et sur les antécédents en matière
d'endettement et de solvabilité puis en s'appuyant sur le montant de
crédit demandé par l'emprunteur , le caractère de revenus
et les incidents pouvant intervenir dans les paiements.
En rapport avec les crédits immobiliers qui sont de
long terme, on procède de la même manière que dans les
crédits à la consommation mais en demandant aussi une assurance-
crédit pour garantir la banque en cas de non remboursement.
V' Approche statistique(le crédit
scoring)
Cette approche est la plus importante car elle permet
d'analyser les risques de crédits aux particuliers au travers les
classements des éléments de la population pour saisir les points
de la difficulté de remboursement par l'emprunteur.
Défaillance de la contrepartie
Pertes attendues
Pertes inattendues
Primes de risque, provisions Fonds propres
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Cette approche est construite à partir des
modèles économétriques (modèles Logit et Probit )
ou statistiques d'analyse de données grâce à une analyse
discriminante où l'analyste-crédit se réfère aux
attributs de solvabilité de l'emprunteur (l'adresse, la profession,
l'âge, le revenu, la situation de famille) puis la détermination
de la note limite qui révèle la probabilité
d'insolvabilité élevée de l'emprunteur qui peut être
un bon client ou un mauvais client.
2.2.2. Évaluation du risque des
entreprises
En fonction de la variété de crédits qui
sont destinés aux entreprises et le montant élevé
différent de ceux destinés aux particuliers, l'évaluation
de ce risque a fait l'objet de beaucoup de considération pour les
banques pouvant permettre aux comités de direction d'une banque de faire
preuve de leurs sens d'affaires et de leurs flairs. Cette évaluation est
faite à l'aide d'une approche traditionnelle complétée par
les méthodes de type crédit scoring.
2.2.2.1. Approche traditionnelle
Dans cette approche, l'analyste-crédit procède
par le diagnostic financier de l'entreprise en se basant sur les informations
collectées sur l'emprunteur telles que la connaissance de marchés
et de produits sur lesquels le client opère, la compréhension de
stratégie développée, la qualité de
compétence et de moralité des dirigeants de l'entreprise puis sur
la situation financière de l'emprunteur afin d'analyser la
solvabilité de ce dernier selon qu'il s'agit de crédit
d'exploitation soit de crédit d'investissement.
2.2.2.2. Les fonctions scorent dans le cas du
crédit aux entreprises (approche statistique)
Cette approche est utilisée dans les entreprises qui
sont classées soit entreprises saines ou entreprises vulnérables
en se basant sur les attributs de solvabilité , des ratios financiers et
la détermination de la note limite qui ont servir de base pour les
nouveaux demandeurs de crédits.
En dehors de ces deux approches, les banques utilisent
d'autres approches pour évaluer le risque de crédit telles que la
notation externe et la notation interne. Ces approches se basent sur les trois
méthodes proposées par le comité de bale telles que la
méthode standard, la méthode IRB de base et la méthode IRB
avancée en focalisant leurs attentions sur la probabilité de
défaillance d'une contrepartie, les pertes attendues et les pertes
inattendues.
Figure n°4 : évaluation et couverture du
risque de crédit
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Source : S. Coussergues : gestion de la banque,
p.194
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