2.3. LA PREVENTION DU RISQUE DE CREDIT
Après avoir circonscrit le cadre général
du risque, évaluer le risque de crédit, il est nécessaire
pour le comité de direction de prévenir ce risque sur une base de
considération individuelle ou globale.
Partant de la prévention individuelle, on
procède par une prise de garanties (réelles, personnelles), le
partage de risques (à travers le cofinancement, les engagements de
garanties), les clauses contractuelles (covenants, credit triggers), les
dérivés de crédit.
En rapport avec la prévention globale, cette
dernière est faite sur base de la division et plafonnement du risque de
crédits ainsi que la titrisation.
C'est ainsi nous pouvons retenir que pour une vaste
majorité de banques,la gestion des risques de crédit est une
question de survie. Le profil des clients (à qui l'on a
prêté) doit être transparent. Les risques associés
aux principaux produits bancaires (qu'est-ce qui a été
prêté) doivent être compris et gérés. Le
profil d'échéance des produits de prêt (pour combien de
temps les prêts ont-ilsété accordés) est fortement
lié à la gestion des risques de liquidité.
On peut limiter le risque de crédit en réduisant
les prêts aux tiers liés ainsi que l'importance de ces derniers et
l'exposition aux risques qu'ils représentent. La classification des
actifs et les dotations aux provisions contre les pertes possibles ont un
impact non seulement sur la valeur du portefeuille de prêts mais aussi
sur la valeur véritable sous-jacente du capital de la banque.
En effet, après avoir pris connaissance sur la
façon dont le risque de crédit peut être géré
dans une banque, ce point qui suit est consacrée à la
rentabilité bancaire au cours de laquelle notre attention est
orientée vers la notion de la rentabilité, une revue de la
littérature sur ses déterminants et les différents ratios
de mesure ainsi que les différentes méthodes d'évaluation
de cette dernière.
SECTION 3. LA RENTABILITE BANCAIRE 3.1. Notion de la
rentabilité bancaire
Selon MELYON dans son ouvrage intitulé «
gestion financière, p.166 », la rentabilité est
l'aptitude à produire un profit ou un résultat. C'est ainsi, pour
arriver à faire un jugement de la rentabilité d'une firme, il
parait nécessaire de faire un rapprochement de résultat
dégagé avec les moyens mis en oeuvre pour obtenir ce
résultat c'est-à-dire capital qui s'y trouve investi.
En rapport avec un établissement de crédit, la
rentabilité est le reflet de son aptitude à créer de la
valeur et à dégager des gains suffisants permettant la poursuite
de ses activités et de sauvegarder sa position sur le marché
interbancaire et sur les marchés financiers. Ainsi pour une banque,
l'existence
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d'un niveau minimum de la rentabilité est indispensable
et que l'appréciation de cette dernière est
réalisée au travers l'établissement du compte
d'exploitation de la banque.
3.2. Les théories sur la rentabilité et ses
déterminants
En faisant référence à la plupart
d'études et recherches sur la rentabilité et ses
déterminants, on classe les déterminants de la rentabilité
à trois niveaux différents qui se résument en deux
catégories de facteurs dont les facteurs internes et les facteurs
externes. Les facteurs internes à la banque représentent les
facteurs relevant de la gestion propre à chacune de banque. Alors que
les facteurs externes à la banque sont ceux qui représentent
l'environnement légal à l'intérieur d'une industrie
bancaire et à l'environnement macroéconomique du pays.
C'est ainsi, au travers chacune des catégories de ces
facteurs, il y a eu la proposition des multiples variables donnant
l'explication sur la nature exacte de l'étude. Pour la première
fois, ces variables ont été proposées par les auteurs tels
que Arnold A. HEGGESTAD et John J. MINGO en 1976, Brock SHORT en 1979 et
Philip BOURKE en 1989. Jusqu'à présent, on retient deux
catégories d'études sur ce point. La première
catégorie de ces études est celle où l'analyse de la
rentabilité et de ses déterminants a été faite en
se concentrant sur un seul pays. Parmi les auteurs ayant menés les
études cette première catégorie, on retient Allan
N.GERGER en 1985, Lazarus ANGBAZO en 1997 et Liu et Wilson en 2010. La
deuxième catégorie de ces études est celle où les
chercheurs ont fait l'utilisation d'un panel de plusieurs banques de
différents pays et parmi les auteurs, on a tels que Molyneux et
Thornton en 1992, Abreu et Mendes en 2001 ainsi que Goddard, Molyneux et
Thornton en 2004.
Après ces diverses études, les résultats
qui en résultent varient de manière significative en fonction de
la différence des données utilisées, des horizons
temporels et de l'environnement macroéconomique. Malgré tout ce
qui précède, il y a plusieurs déterminants sur lesquels
différents auteurs et chercheurs s'entendent à cause des effets
que ces derniers peuvent avoir dans le futur ou sur le long terme sur la
rentabilité de la banque.
En ce qui est des facteurs internes, ces auteurs
retiennent :
? La liquidité
La liquidité définie comme étant la
capacité d'un solvens à rembourser ses dettes à son
créancier. Ce qui fait qu'une mauvaise qualité des actifs ainsi
qu'un niveau de liquidité trop infime constituent deux raisons
principales raisons qui peuvent amener une banque à la faillite.
Bourke en 1989 a obtenu une relation significativement positive entre la
liquidité et la rentabilité. Molyneux et Thornton en 1992
ont, quant à eux, trouvé une faible relation inverse entre
la liquidité et la rentabilité.
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? Les capitaux propres
En faisant référence à la
littérature bancaire, plusieurs études démontrent que les
banques possédant un niveau de capital élevé performaient
davantage que celles qui en détenaient un plus faible. Bourke en 1989 a
trouvé une relation positive significative entre le ratio de capital et
la rentabilité. Pour lui, on peut faire la spéculation que les
banques étant bien capitalisées ont la possibilité
d'accéder à des sources de fonds moins dispendieuses. Abreu et
Mendes en 2001 ont à leur tour trouvé des effets positifs entre
ce déterminant et la rentabilité. Liu et Wilson en 2010 ont eu
une relation positive entre le ratio de capital sur actif (KA) et le ROA et
ROE. Toutefois, en ce qui concerne une autre mesure de la rentabilité
qui est NIM, ils ont obtenu une relation négative dans la plupart de
leurs régressions.
? Les charges d'exploitation
bancaire
Le niveau des dépenses d'opérations est vu comme
un indicateur de l'efficacité de la gestion dans une entreprise. Ces
charges représentent donc un des éléments importants dans
l'optique de la détermination de la profitabilité. En 1989,
Bourke et Molyneux ainsi que Thornton en 1992 trouvent une corrélation
positive entre la gestion des actifs efficaces et la rentabilité. En se
basant sur les études antérieures, on se retrouve qu'il n'y a pas
de consensus sur l'impact des coûts liés aux personnels sur la
rentabilité. Pour Bourke, les coûts liés aux personnels ont
une corrélation faible avec la rentabilité bancaire. Molyneux et
Thornton quant à eux, les charges ont une corrélation forte avec
la rentabilité économique(ROA). Ce qui nous amène à
donner des arguments selon lesquels les banques qui ont
généré plus de profits parviennent à
rémunérer mieux leurs employés. Plusieurs chercheurs
supportent l'inclusion d'une variable reliée aux charges
d'exploitation.
? La taille de la banque
Pour arriver à déceler la présence
d'économies d'échelle dans le temps jadis, la variable
représentant la taille de la banque en termes d'actifs, a
été utilisée. C'est pourquoi, selon Short en 1979,
les banques disposant de taille plus grande sont
considérées de manière générale plus
rentable. Alors que Benston, Hanweck et Humphrey pour leur part en 1982,
sont arrivés à donner une conclusion selon laquelle les
banques de grande taille ne parvenaient à bénéficier
d'économies d'échelle. Ce qui fait que ces banques pourraient de
manière éventuelle, faire face à des
déséconomies d'échelle qui affecteront la
rentabilité de ces dernières.
En ce qui concerne les facteurs externes
qui déterminent la rentabilité dans la banque, nous
distinguons les variables de l'environnement macroéconomique et celles
appartenant à l'environnement interne au secteur bancaire. Parmi ces
facteurs, on peut retenir :
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? La concentration
Selon Molyneux et Thornton en 1982, le secteur bancaire
caractérisé par un niveau élevé de concentration
peut conduire à des profits monopolistiques. Short de sa part,
révèle que les banques faisant partie d'un marché
tellement concentré ont la possibilité de pratiquer la
collusion.
? Le Type d'appartenance
La banque peut appartenir au secteur public ou au secteur
privé. A cette appartenance l'un des secteurs, on constate que, les
banques du secteur public ont de ratios de capitaux faibles par rapport
à celles du secteur privé.
? L'inflation
Selon les études menées antérieurement,
l'inflation a un impact sur la rentabilité de la banque en fonction de
la vitesse à laquelle les revenus et les dépenses dans cette
dernière vont augmenter par rapport à l'inflation
(Revell en 1979).
? La concurrence
C'est une variable explicative considérée comme
un déterminant qui influence la rentabilité bancaire. En
examinant l'effet de l'intégration de nouvelles entreprises dans le
marché de la concurrence, Roades en 1980 a trouvé les
résultats selon lesquels qu'aucune relation significative n'existait
entre l'entrée des nouvelles entreprises et la concurrence. Suite
à des difficultés de faire l'évaluation de l'impact de la
concurrence sur la rentabilité, plusieurs chercheurs dans le domaine
préfèrent l'intégrer dans le cadre de la
réglementation du secteur bancaire.
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