CONCLUSION PARTIELLE
Le crédit bancaire constitue une des principales
sources de profitabilité de l'activité d'intermédiation
bancaire. Ce dernier représente l'acte par lequel une personne agissant
à titre onéreux et/ou promet de mettre des fonds à la
disposition d'une autre personne ou prend dans l'intérêt de
celle-ci, un engagement par signature tel qu'un aval, un cautionnement ou une
garantie. Cette activité comporte des effets néfastes
dans le long terme lorsque l'institution bancaire ne fait pas l'analyse de la
qualité de personnes auprès desquelles elle accorde de
crédits qui, à l'échéance ne parviennent pas
à honorer leur engagement. Ceci engendre ce que nous appelons le risque
de crédit qui est le pourcentage de chances pour qu'un débiteur
ou l'émetteur d'un moyen de paiement soit dans l'impossibilité de
payer l'intérêt dû
27
ou de rembourser le principal selon les termes
spécifiés dans la convention de crédit qui est
inhérent à l'activité bancaire.
De ce fait, le risque de crédit constitue une des
sources du non réalisation des objectifs que la banque dans le long
terme. Ceci nous amène à mettre fin à ce chapitre qui
était consacré aux généralités où
nous avons passé en revue les concepts sur les crédits bancaires,
les risques bancaires, les objectifs stratégiques puis la
présentation du champ d'investigation qui est l'Afriland First Bank
CD.
Selon Crouzille et alu dans un article intitulé Bank
stock volatility, news and asymetric information in banking : an empirical
invesgation. Journal of Multional Financial publié en 2004 affirment que
les
28
CHAPITRE DEUXIEME : REVUE DE LITTERATURE
La prise élevée de risque de crédit dans
une banque peut avoir comme origine un mauvais traitement des
différentes informations relatives à la qualité de ses
emprunteurs. C'est ainsi, la prise de décision de crédit qui en
découle exige un diagnostic important de la capacité qu'a un
emprunteur de rembourser un crédit.
Selon Jensen et Meckling, en 1976, les dirigeants /
actionnaires d'une entreprise n'ont pas les mêmes intérêts
que les créanciers et disposent davantage d'informations sur la
qualité de leurs projets et sur leurs propres intentions de
remboursement des crédits accordés. Suite à
l'asymétrie d'information cela entraine divers phénomènes
de sélection adverse et d'aléa moral. L'emprunteur peut cacher
une importante information concernant le risque que comporte son projet
d'investissement en vue d'obtenir un crédit ou dans le souci d'avoir le
crédit dans les conditions plus favorables.
C'est ainsi, nous constatons que la sélection adverse
provient de l'incapacité du prêteur à faire la distinction
entre les bons et les mauvais emprunteurs. En dehors de ceci, l'emprunteur peut
aussi adopter certaines attitudes, stratégies risquées pour
maximiser l'espérance de son revenu au détriment du prêteur
lorsque le crédit lui est accordé. De ceci apparait le
phénomène d'aléa moral qui est le fruit de
l'incapacité du prêteur à contrôler les
différentes intentions de l'emprunteur et d'évaluer ses efforts
une fois le crédit accordé.
En effet, au travers cette première section de ce
chapitre de notre thème sous étude, notre attention est
orientée en premier lieu sur la relation bancaire et le risque de
crédit puis pour finir enfin avec les objectifs stratégiques en
termes de rentabilité et part de marché.
SECTION 1 : RELATION BANCAIRE ET RISQUE DE CREDIT
Dans l'intermédiation financière, les banques
jouent un rôle principal de l'obtention de l'information relative
à la qualité de l'emprunteur nécessaire pour pallier
à l'imperfection du marché de crédit et de
l'asymétrie d'information. C'est ainsi, dans le financement de
l'économie, l'asymétrie d'information semble être la
principale contrainte dans la mesure où les différentes parties
au contrat financier n'ont pas une information précise entre elles.
De ce qui précède, dans le système
financier, les institutions bancaires assurent une relation entre les agents
ayant une capacité de financement et ceux ayant un besoin de
financement. Ces dernières font les opérations de transferts de
fonds de déposants vers les emprunteurs. Elles ont pour matière
première, la monnaie et le traitement de l'information.
29
banques et les intermédiaires financiers, en
général, sont considérés comme les agents jouant un
rôle primordial dans le système financier comme les
intermédiaires d'informations.
Suite à cette asymétrie informationnelle des
marchés financiers, cela a entrainé la mise en place d'importante
littérature bancaire, notamment la théorie
d'intermédiation financière qui a mis en exergue un niveau
supérieur d'information de la banque au détriment d'autres
intermédiaires financiers. Et ce niveau de supériorité est
assignée à la particularité de relation liant les banques
à leurs clients et leurs permettant de disposer d'une source
d'information privée. A partir de ceci, les banques semblent disposer
d'une certaine expertise dans l'évaluation des emprunteurs et des
risques auxquels elles sont exposées en accordant le crédit.
C'est ainsi, au travers cette première section de ce
chapitre notre attention est focalisée sur les problèmes de
l'asymétrie d'information entre les banques et les emprunteurs, les
différentes voies de sortie de l'asymétrie d'information
proposées par les emprunteurs et les banques, les dispositions prises
par les banques face à l'asymétrie d'information ainsi que les
différentes théories sur la relation bancaire et le risque de
crédit bancaire.
1.1. LES PROBLEMES D'ASYMETRIE D'INFORMATION ENTRE LA
BANQUE ET LES ENTREPRISES
Dans les relations entre les intermédiaires financiers
et les emprunteurs lorsque les agents ne sont pas dotés d'informations
à un même niveau, nous nous retrouvons dans une situation
d'asymétrie informationnelle. Et sur le marché de crédit,
face à l'emprunteur, le prêteur ne peut qu'être en position
de faiblesse, car le premier dispose d'une information précise sur le
projet à financer.
C'est ainsi, dans l'évaluation du risque de
crédit, la contrainte découle de l'asymétrie d'information
rendant difficile l'évaluation des emprunteurs. Pour minimiser le risque
des crédits, les banques doivent avoir la capacité de collecter
et de bien traiter les informations lors de la sélection des demandes de
crédits. Dans la sélection, le prêteur cherche
d'information sur les différentes caractéristiques de
l'emprunteur et lorsque le crédit est attribué à
l'emprunteur, il cherche les informations dans le souci de bien contrôler
les diverses actions entreprises par ce dernier. Alors dans cette recherche
d'information, la banque est confrontée à une situation
d'asymétrie d'information qui donne lieu à deux problèmes
sur le marché de crédits dont l'un intervenant avant la
conclusion du contrat est appelé sélection adverse et l'autre qui
se produit après la signature du contrat et l'octroi du crédit
appelé aléa moral.
1.1.1. La sélection adverse
Lorsque l'emprunteur détient plus d'informations que le
prêteur, il peut les dissimuler ou ne pas révéler ce qui
fait à ce que la banque se trouve dans l'impossibilité de faire
l'observation de sa qualité. Dans ce contexte, l'asymétrie
d'information est ex ante, la banque est exposée à un
problème de
30
sélection adverse. Cette sélection adverse qui
apparait avant que le contrat soit signé, découle du fait qu'une
information concernant les caractéristiques de l'emprunteur est
dissimulée.
Dans l'histoire, cette notion fut abordée par le
modèle de Georges AKERLOF en 1970 dans sa revue intitulée The
Market of Lemons: Quality uncertainty and the Market mechanism». Vol. 31,
pp. 488500, dans une étude menée sur la vente des voitures
d'occasion. Ce modèle demeure parmi les modèles fondamentaux
d'économie d'information. Dans ce modèle, l'asymétrie
d'information se traduit par une application d'un prix moyen unique pour les
produits ayant de qualités différentes. La sélection
adverse peut entrainer l'éviction des acteurs qui proposent de produits
de meilleure qualité. L'incertitude sur la qualité du produit
induit la possibilité de fraude.
En rapport avec la relation crédit, les mauvais
emprunteurs adoptent les attitudes pour être considérés
comme étant peu risqués. Ils sollicitent le crédit
même à un taux d'intérêt élevé car ils
n'ont pas le souci de remboursement, ce qui affecte les bons emprunteurs. Les
bons risques quittent le marché et les mauvais y restent.
Par conséquent, les prêteurs sont
confrontés à la difficulté de faire la discrimination de
manière efficiente entre les emprunteurs peu risqués ou de bonne
qualité. Ils peuvent sélectionner les projets les plus rentables
ou plus surs difficilement. L'asymétrie d'information ex ante dans ce
cadre induit une allocation inefficace du crédit. Dès lors, le
taux d'intérêt peut agir comme un mécanisme de
tri. Et pour pallier au problème d'asymétrie, les
prêteurs essayent de séparer les bons des mauvais risques de
crédit.
En effet, l'identification des bons emprunteurs est assez
difficile et problématique. Suite à cette incapacité pour
la banque de connaitre avec exactitude le risque des emprunteurs potentiels,
J. STIGLITZ et WEISS en 1981 dans une revue intitulée
«Credit rationing in markets with imperfect information». Vol
n°3, p. 93-110, disaient que la banque applique le même taux
à tous les candidats et ce taux permet de maximiser son rendement
anticipé. Dans leur analyse, l'hypothèse fondamentale est celle
d'une banque passive qui ne peut différencier les demandeurs de
crédit que par l'application du taux d'intérêt unique
à travers des contrats mélangeants. Pour que les emprunteurs
puissent révéler d'une manière ex ante, leurs
qualités, la banque peut être active et mettre en place des
contrats séparants tout en proposant dans cette perspective, une gamme
des contrats différenciés.
Et les théories qui sont fondées sur une
hypothèse de banque passive et celles reposant sur les banques actives
ne s'affrontent pas mais se complètent dans un contexte d'un
marché bancaire qui est caractérisé par une
asymétrie d'information forte.
1.1.2. L'aléa moral entre institution bancaire
et les emprunteurs
Lorsque la signature du contrat intervient et après
cette dernière, l'asymétrie d'information ex post induit au
problème d'aléa moral. Ce dernier intervient et met le
préteur dans l'incapacité de faire
31
l'observation des actions indésirables dans lesquelles
l'emprunteur s'engage qui sont à la base de diminution de la
probabilité de remboursement du prêt.
En effet, une fois que l'emprunteur a obtenu du prêt,
peut tenter d'exploiter l'avantage informationnel dont il a à sa
disposition de manière opportuniste en prenant des risques plus
importants qui peuvent dégager un rendement plus élevé
mais s'accompagnant aussi d'un risque de défaut grand. C'est ainsi,
l'aléa moral est le résultat du non-respect des termes du
contrat.
Toutes fois, les problèmes qui sont liés aux
risques de comportement opportuniste adopté par l'emprunteur intervenant
après la signature du contrat sont de deux sortes dont l'un ex ante et
l'autre est ex post. D'une part, l'aléa moral ex ante se manifeste avant
que le contrat touche à sa fin où l'emprunteur peut faire
l'allocation des fonds prêtés à des fins plus
risquées que prévu dans le contrat , soit pour l'usage personnel
soit pour l'investissement dans les projets non rentables qui sont susceptibles
de renforcer sa richesse personnelle disait Fréderic MISHKIN en 2013
dans son ouvrage intitulé Monnaie, banque et marchés financiers ,
p.249. Ainsi, l'emprunteur se trouve dans l'incapacité d'honorer ses
engagements envers la banque, ce qui augmente son exposition au risque de
crédit .Alors, on assiste à un désavantage informationnel
qui peut impliquer une mauvaise allocation de crédit et exposer la
banque à un risque de crédit important. D'autre part,
l'aléa moral ex post se produit à la fin du contrat où
honorer ses engagements envers la banque qui est son prêteur.
C'est ainsi, pour pallier au problème de l'aléa
moral ex ante ou ex post, la banque entant que contrôleur
délégué, contrôle et surveille les actions qui sont
menées par l'emprunteur. Elle doit inciter l'emprunteur au respect de
ses engagements. Ce contrôle est coûteux mais il permet à la
banque de réduire l'aléa moral. Elle doit inciter l'emprunteur
à une prise de décisions optimales qui assurent le remboursement
du crédit emprunté en faisant le choix du projet le plus
sûr et en fournissant un effort adéquat pour arriver à sa
réussite.
En ce qui concerne la sélection adverse, la banque
active est appelée à mettre en place la structure incitative pour
pallier le problème de l'aléa moral de l'emprunteur. Dans ce cas,
elle exige des garanties, contrôle les performances de projets et la
structure des contrats de crédits de manière à permettre
le remboursement des fonds qu'elle a accordé.
Eu égard à ce qui précède, nous
pouvons retenir que les banques étant parmi des créanciers
souffrent du déficit d'information par rapport aux emprunteurs. C'est
ainsi, tout ceci peut être synthétisé à travers le
schéma ci-dessous qui donne les risques inhérents à
l'asymétrie d'information.
32
Figure n°2: Problèmes inhérents
à l'asymétrie d'information
Asymétrie d'information
![](Risques-de-crdits-et-ralisation-des-objectifs-stratgiques-d-une-banque6.png)
Information cachée
![](Risques-de-crdits-et-ralisation-des-objectifs-stratgiques-d-une-banque7.png)
Aléa moral ex ante
![](Risques-de-crdits-et-ralisation-des-objectifs-stratgiques-d-une-banque8.png)
Aléa moral ex post
![](Risques-de-crdits-et-ralisation-des-objectifs-stratgiques-d-une-banque9.png)
Comportement caché
Information cachée
![](Risques-de-crdits-et-ralisation-des-objectifs-stratgiques-d-une-banque10.png)
Conséqu
Sélection adverse
ences
Temps
![](Risques-de-crdits-et-ralisation-des-objectifs-stratgiques-d-une-banque11.png)
Ex post
![](Risques-de-crdits-et-ralisation-des-objectifs-stratgiques-d-une-banque12.png)
Échéance du contrat
![](Risques-de-crdits-et-ralisation-des-objectifs-stratgiques-d-une-banque13.png)
Causes
![](Risques-de-crdits-et-ralisation-des-objectifs-stratgiques-d-une-banque14.png)
Ex ante
Nous constatons que, la réduction de l'asymétrie
d'information et des problèmes qui en résultent devient
essentielle. C'est pourquoi, dans ce point qui suit nous nous
intéressons aux différentes solutions prises par les emprunteurs
et les prêteurs pour diminuer l'asymétrie d'information suite aux
conséquences néfastes qu'elle engendre car selon Joseph STIGLITZ
et WEISS en 1981, les emprunteurs aussi bien que les prêteurs subissent
les conséquences négatives de l'asymétrie d'information.
En cas de sélection adverse, les emprunteurs de bonne qualité
voient leurs demandes de crédit refusées, tandis qu'à
cause du comportement d'aléa moral adopté par les solliciteurs de
crédit, les prêteurs voient leurs expositions au risque de
crédit augmentée.
1.2. LES SOLUTIONS PRISES PAR LES EMPRUNTEURS ET
LES
PRETEURS FACE A L'ASYMETRIE D'INFORMATION
Face à une situation d'asymétrie d'information
et les risques qui en résultent dont la sélection adverse, les
entreprises qui empruntent se trouvent dans l'obligation de
révéler leur qualité aux prêteurs. C'est ainsi, les
entreprises de bonne qualité ont le pouvoir de faire le choix de se
signaler aux prêteurs. Elles utilisent ainsi, les moyens mis à
leur disposition pour faire la signalisation de leur qualité au
marché et ces moyens sont coûteux. Alors les prêteurs et la
banque notamment peuvent procurer à ces moyens une certification
bancaire moins coûteuse.
33
1.2.1.Les signaux émis par
l'emprunteur
Comme évoqué dans le point
précédent, l'asymétrie d'information ex ante provoque un
effet de la sélection adverse, ce qui fait que sur le marché de
crédit, les emprunteurs de bonne qualité ayant un faible risque
de défaut se trouvent ainsi évincés. Ces derniers
deviennent les premières victimes de l'incapacité des
prêteurs de faire l'identification de leur qualité.
Dans ces conditions, ils sont incités à envoyer
des signaux révélant leur qualité pour minimiser cette
exclusion à laquelle ils font face. Et en prolongeant le travail de
Georges AKERLOF de 1970, SPENCE en 1973 s'intéresse aux
mécanismes de transfert de l'information qui permettront de mieux faire
l'évaluation de la qualité du produit que l'on échange sur
le marché du travail. Au travers ce prolongement, il montre qu'un
chercheur d'emploi doit signaler sa compétence à son futur
employeur.
De manière générale, pour arriver
à lever l'asymétrie d'information, celui qui détient le
produit de meilleure qualité voudra faire la signalisation de celui-ci
sur le marché. L'efficacité de ce signal est toutefois
tributaire, d'une part, à la perception partagée de ce dernier
considéré comme véhicule d'information par
l'émetteur et le récepteur. D'autre part, le signal ne doit pas
être imité. C'est pourquoi Spence en 1973 établit une
condition : le cout marginal du signal doit être décroissant avec
la qualité de l'émetteur.
En appliquant la théorie du signal au marché de
crédit qui est caractérisé par une forte
l'asymétrie d'information, celle-ci montre que le niveau d'endettement,
la participation du dirigeant dans la capital de la firme et la maturité
de la dette peuvent constituer des signaux crédibles de la
qualité des emprunteurs et de leurs capacités financières.
Ces signaux permettent ainsi à l'atténuation de
l'asymétrie d'information et favorisent donc une obtention de
financement à des conditions favorables pour les entreprises ayant une
bonne qualité.
1.2.2. La production d'information par la
banque
L'emprunt bancaire revêt un caractère de
signalisation. Dans le cas où les entreprises sont dans
l'incapacité de faire la signalisation, la banque procède par une
production et une transmission au marché d'une information gratuite sur
la qualité de l'entreprise et ses revenus futurs. Selon Vilanova en
1999, cette information s'adresse aux partenaires externes qu'ils soient
investisseurs ou non-investisseurs car ces derniers sont sous informés
et incapables d'atténuer leur déficit informationnel. Dans ces
conditions, ils sont incités à exploiter l'information transmise
par la décision du prêt bancaire pour faire l'évaluation de
la santé financière de la firme.
C'est ainsi FAMA en 1985 argumente que les entreprises qui
sont financées par les crédits bancaires parviennent à
émettre un signal de bonne performance au marché. Ce signal est
d'autant plus important lorsque la dette est à court terme. Dans ce cas,
la banque est considérée un créancier de rang
inférieur et le renouvellement de la dette aux créanciers de rang
supérieur. Ce qui fait que ces derniers
34
recourent à ce signal et ne s'engagent pas, à
leur tour, dans le processus d'évaluation couteux de la santé de
la firme en question.
L'emprunt bancaire est considéré donc comme une
dette interne qui donne un accès à une information privée
indisponible au prêteur externe. L'endettement bancaire permet ainsi
à l'emprunteur de réaliser des économies des couts de
production de l'information.
En effet, le signal bancaire semble être un outil de
prise de décision pour les partenaires investisseurs, à savoir
les actionnaires externes et d'autres créanciers. L'information qui est
transmise par la banque permet aux partenaires de réduire leur effort de
surveillance, ce qui les amène à se concentrer sur la production
des biens et services et de déléguer le contrôle de la
l'entreprise à la banque. Alors le mécanisme de transfert de
l'information peut se présenter de la manière suivante au travers
cette figure ci-dessous : Figure n°3 : la signalisation par
l'emprunt bancaire
![](Risques-de-crdits-et-ralisation-des-objectifs-stratgiques-d-une-banque15.png)
Emprunteur
Étape1 : décision de prêt
Étape3 : décision
d'investissement
Banque (informée)
Étape2 : signal sur l'emprunteur
Partenaires externes (sous-informés)
Source : Vilanova (1999, p.60)
Elle est à mesure de donner la solution aux
problèmes de manière plus efficace que d'autres partenaires
externes grâce aux quatre fonctions qu'elle assure. Ces quatre fonctions
sont les suivantes :
? Elle collecte d'abord une information privative sur
l'emprunteur ;
? Elle traite l'information et contrôle le risque ;
? Elle produit l'information destinée au marché,
véhiculée par les
contrats de crédit ;
? Elle dispose la capacité de signalisation.
A partir de ceci, le problème se pose sur la
supériorité du savoir bancaire et de la crédibilité
de
l'information transmise par la banque où la
préoccupation majeur est de savoir pourquoi la banque est
35
la plus apte que d'autres intermédiaires financiers
à lever l'asymétrie d'information des emprunteurs ? Ce qui nous
amène à aborder le point lié aux actions menées par
la banque face à la situation d'asymétrie d'information.
1.2.3. Les actions de la banque face à
l'asymétrie d'information
Selon Lobez et Vilanova, 2006, p.126, « la banque n'est
pas passive face aux problèmes informationnels posés par les
emprunteurs ». C'est ainsi, les contrats bancaires peuvent constituer un
moyen efficace pouvant permettre de résoudre les problèmes
d'asymétrie d'information. En étant active, la banque parvient
à une mobilisation des outils qui incitent les différentes
entreprises au respect de termes de contrats de crédit initial. Dans
cette optique, la banque met en place de contrats séparants, incitatifs
qui sont caractérisés par les clauses contractuelles restrictives
et exige des garanties afin de minimiser ses pertes en cas de
défaillance de l'emprunteur.
En effet, suite à la discussion axée sur la
définition de la relation bancaire et de ses dimensions, nous proposons
dans le dernier point de cette première section, un aperçu
théorique sur le développement d'une relation bancaire en mettant
une évidence sur la supériorité de l'information
dégagée par cette dernière.
1.2.4. Les théories sur la relation
bancaire
Dans l'histoire bancaire, les premières études
de la relation bancaire remontent aux années 50. C'est en 1951 que ROOSA
fut pour la première fois une étude sur la relation bancaire
entre la banque et le client en se situant dans un environnement
caractérisé par le rationnement de crédit. Dans cette
étude, il est abouti au résultat selon lequel la
disponibilité du crédit augmente lorsque l'entreprise parvient
à établir une relation de long terme avec sa banque. Les
relations bancaires sont considérées alors comme étant un
moyen d'assurer la disponibilité du crédit.
C'est ainsi en 1961 et 1963, HODGMAN en se basant sur une
enquête réalisée auprès des principaux dirigeants de
dix- huit banques commerciales, s'intéresse à la relation de
dépôt d'une manière générale et
particulièrement sur l'existence de la double relation entre le client
et la banque. Au travers de son étude, il constate que les
déposants reçoivent des crédits à des conditions
plus avantageuses que les non-déposants, ce qui fait que la relation de
dépôt semble constituer la base de développement de la
relation bancaire.
En dehors de ces auteurs, Veine, Kane et Malkiel en 1965 vont
se baser sur le travail mené par Hodgman en 1961 et 1963 en argumentant
qu'une forte relation de dépôt, donc une forte relation bancaire
permet d'augmenter l'offre de crédits et que la banque n'offre de
conditions de financements avantageuses qu'à ses anciens clients avec
lesquels elle entretient une relation. Ce que Fried et Howitt en 1980 dans leur
modèle théorique donnent un enseignement selon lequel les anciens
clients ayant
36
déjà été évalués par
la banque, sont moins rationnés que les nouveaux et que les emprunteurs
qui entretiennent une relation de long terme avec la banque ont la
facilité d'accéder au crédit.
A partir de ces premiers modèles théoriques,
nous arrivons à la conclusion selon laquelle les entreprises sont moins
rationnées lorsqu'elles s'engagent dans les relations de long terme avec
leurs banques. Et au travers toutes ces études, on trouve un point
commun qui est celui dont la banque gagne plus un avantage informationnel sur
ses concurrents dans la mesure où elle parvient à identifier et
contrôler les comportements de ses clients grâce à leurs
comptes de dépôt. Cet avantage permet la réduction du
rationnement des crédits que l'on accorde aux emprunteurs.
En effet, en dehors de la relation de dépôt, WOOD
en 1975 affirme que la relation bancaire de long terme peut aussi
s'établir dans un premier temps au travers les conditions avantageuses
de crédits offertes par la banque telles que le taux
d'intérêt faible pour pouvoir bénéficier et dans un
second temps, à partir d'un durcissement des conditions de financement
ce qui va entrainer dans ce cas, un taux d'intérêt plus
élevé.
Dans la détermination des coûts et la survie des
firmes en périodes de difficultés, le choix d'une banque pour ces
derniers est une décision importante a signalé STANCILL en 1980.
En 1981, OKUN va affirmer que les banques commerciales constituent une
principale source de financement des entreprises de petite taille et des
ménages. Il ajoute en plus que, une relation clientèle à
long terme s'établit entre les banques et les emprunteurs dans le sens
où les firmes acceptent de fournir de manière
régulière l'information aux institutions bancaires du fait de
l'exercice des activités dans un même espace. Tout ceci
amène Okun à mettre en considération que le marché
de crédit est un marché des contrats implicites amenant les
signataires de préférer entretenir les relations durables au lieu
de viser la maximisation de profit de manière immédiate. Ce qui
amène la banque dans cette perspective de faire une exigence d'un taux
d'intérêt plus élevé tout en assurant une
satisfaction aux besoins de l'emprunteur quel que soit la situation et/ou la
conjoncture économique.
Cependant, ces différentes approches présentent
de limites du fait du non prise en considération de certains aspects
informationnels de la relation entre la banque et les emprunteurs. Ce qui fait
que, suite au développement de l'économie d'information, on
assiste à la recherche qui s'est massivement orientée vers les
analyses plus approfondies de la relation entre la banque et les
emprunteurs.
C'est ainsi, après avoir donné une description
théorique sur la relation bancaire entre la banque et sa
clientèle qui est source de la naissance du risque des crédits,
il est utile et pertinent à présent d'aborder dans cette section
qui suit de quelle manière le risque de crédit peut être
gérer pour permettre à la banque de réaliser ses objectifs
qu'elle s'est déjà fixé pour atteindre dans le long
terme.
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