Chapitre IIInterpellation de l'Histoire dans la
littérature maghrébine
francophone
2.3. L'Algérie :
La littérature algérienne francophone
était toujours à l'avant-garde par rapport aux pays du Maghreb
avec une certaine ressemblance dans le contexte social et surtout historique.
Les romanciers algériens ont cette spécificité
d'êtrepréoccupés et tournés vers la guerre de
libération nationale à cause des blessures profondes et les
traumatismes subis au fond de la conscience commune de tout le peuple.Ce cadre
historique a donc marqué la majorité des oeuvres
littéraires avant et à la postindépendance.
Dans les années 1950, une floraison de
littérature militante a accompagné la lutte de
libérationce qui en a fait, ce que M. Lacheraf qualifiait de «
littérature de combat », éclairant l'opinion occidentale et
surtout les français sur les souffrances et les privations dont
pâtissaient les indigènes.
La colline oubliée, premier roman du grand
écrivain Mouloud Mammeri sorti en 1952, retrace la misère
à laquelle était réduit un petit village Tasga en
kabylie, un village qui vit à l'ombre et coupé du reste du monde,
cette situation catastrophique a été déjà
soulevée par Albert Camus en 1939 dans un reportage pour Alger
républicain. Le récit de M.Mammeri tire déjà
la sonnette d'alarme et prédit le 1 novembre 1954 d'une manière
prophétique et géniale, cette alarme était adressée
au pouvoir colonial. Au demeurant, ce roman a été critiqué
par Md Cherif Sahli, du fait de son éloignement de la dimension
nationale algérienne et sa limitation dans la région de
Kabylie.
Mouloud Feraoun, dans les chemins qui montent (1957),
dénonce le mépris des colons envers les indigènes et
avertit l'administration coloniale. L'histoire se passe pendant l'époque
coloniale en Algérie, c'est une quête d'amour impossible entre,
Dahbia et Mokrane, deux trahis par leur différence culturelle et
sociale, elle estchrétienne, lui, il est un non-croyant, l'histoire se
termine par le suicide délibéré du jeune homme en se
laissant tué par son cousin, quant à Dahbia, elle s'est
mariée au président. Un conflit de moeurs et de cultures toujours
en relation problématique avec la France coloniale, mais
également, terre d'immigration.
L'oeuvre majeure de Kateb Yacine Nedjma(1956) ne peut
que refléter cette réalité historique du colonialisme
oppressif français, ainsi le récit est fortement marqué
par les évènements du 8 mai 1945. A travers la métaphore
de Nedjma, il pose l'identité séculaire de
l'Algérie, certes métissée, car plusieurs fois
violée mais elle est toujours vierge.
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