4-1-6- Haïti est-elle
bilingue ?
Pour Robert Berrouet-oriol et al, (2011), la
proclamation du statut constitutionnel des deux langues officielle ne suffit
pas à faire d'Haïti un pays bilingue. Haïti n'est pas encore
bilingue au sens où l'ensemble de la population aurait la maitrise des
deux langues officielles. Si on tient compte seulement des publications de
textes officiels et non, on aurait dit qu'Haïti est essentiellement
monolingue français. Et si l'on tient compte seulement des chants et les
« sons des rues », les pratiques langagières du
peuple, on aurait dit qu'Haïti est monolingue créole. Ainsi,
pourrait-on dire que, si Haïti est bilingue c'est surement dans les
utilisations des outils linguistiques : le français pour
écrire et faire les discours intellectuels, et le créole pour
parler. Ce qui fait que le bilinguisme haïtien ne soit pas un bilinguisme
équilibré. Si on tient compte de la population, on pourrait dire
qu'Haïti est un pays où l'on vie en créole, mais que l'on
prétend parler une autre langue qui est le français. Parler une
langue consiste à vivre la culture de la langue, et vivre une culture
consiste à parler la langue de cette culture.
4-2- Contact de langues
à l'école en Haïti
4-2-1- Les langues à
l'école
En Haïti, l'école se fait en deux et même
plusieurs langues. Sans compliquer l'explication. Je dois tenir compte des
langues d'enseignements et non d'autres langues qui font souvent l'objet d'une
discipline enseignée en classe comme c'est le cas pour les langues
vivantes étrangères.
La reforme Bernard avait déjà constitué
la première tentative d'élaboration d'une politique linguistique
pour l'enseignement en Haïti qui veut que l'enseignement se fasse dans la
langue que l'enfant comprend qui est le créole (Robert
Berrouët-Oriol 2011). Selon cette reforme le créole devrait
être langue d'enseignement et le français devrait être
introduit en 2e année fondamentale. Il faut noter aussi, que
cette reforme avait commencé à être opérationnelle
après 30 ans, mais pas dans une formalité concrète.
Voici le résumé d'un rapport dans le cadre de
l'aménagement linguistique dans les salles de classe
réalisée en 2000 par le MENFP : 40% des enseignants disent
qu'ils utilisent exclusivement le français et plus de 35 % à la
fois le créole et le français dans différentes situations.
Quant aux parents « seulement 6,8% d'entre eux disent qu'ils
utilisent le français, et ils sont 62,9 % à indiquer qu'il
utilisent exclusivement le créole. » Dans le cadre de cette
même étude, 57 % des enseignants interrogés reconnu le fait
qu'ils enseignent plus facilement en créole et que le niveau des
élèves est plus élevé en production dans cette
langue.
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