La relation intersubjective selon Martin Buberpar Martin Kashila Institut superieur de philosophie et de théologie de Kolwezi - Philosophie 2021 |
I.2. L'homme dans ses relationsLa relation se définit comme un échange entre deux acteurs, qui éveillent chez eux des attentes culturellement définies ; elle est un lien de dépendance ou d'influence réciproque entre les personnes. Ce concept s'oppose tant à l'individualisme, où l'autre n'est perçu que par rapport à lui-même, qu'à la perspective collective, où l'individu est occulté au profit de la société. Martin Buber a pris ce concept d'une façon spéciale et lui a donné une valeur. Pour lui, cette relation n'est pas à voir seulement entre les hommes, mais aussi entre l'homme et Dieu. Il milite pour une relation fraternelle qui n'exclut pas le dialogue. Pour Buber, la vraie relation présente quatre aspects importants : la réciprocité, la présence, la totalité et la responsabilité. La relation chez Buber repose sur la réciprocité, laquelle n'existe que là où il y a la présence réelle des autres. Entrer en relation avec l'autre c'est affronter sa réalité et l'assumer dans la vie vécue. C'est aussi avoir la capacité d'écouter l'autre dans ce qui le touche personnellement. C'est pouvoir l'entendre affirmer ses convictions, ses désirs, ses attentes, le laisser parler de la façon dont il se vit. Dans la réciprocité notre auteur suppose que l'autre soit saisi comme conscience et non comme phénomène. Le Tu agit en moi comme j'agis en lui. Nous parvenons à remarquer ici une attitude d'opération : Je qui opère Tu et Tu qui opère Je. En parlant du Je ou du Tu, Buber évoque l'homme réel. L'autre comme présence, comme être physique est rencontré. Ici on vise l'être intégral. Pour Buber, lorsque nous sommes en présence de l'autre, nous devons l'aimer d'un amour qui ne soit pas aveugle. Puisque dans l'amour les deux partenaires sont conviés à un tête-à-tête exclusif2(*). Etant donné que le Je et le Tu forment un seul monde, celui de la relation dans toute son intégrité, l'action de l'un et de l'autre les concerne. C'est cela qui se produit sous le nom de responsabilité. En dehors de ces quatre aspects, Buber parle expressément de l'autre que je rencontre, qui manifeste un caractère diffèrent que moi, mais qu'il faut supporter et considérer comme tel. Cela nous amène à dire que chacun doit traiter l'autre non pas comme objet, mais comme son semblable. Et lorsque les deux partenaires arrivent à s'abandonner dans une complète mutualité, ils atteindront la sphère de l'interhumain3(*). Voyons à présent les deux couples de relations chez Martin Buber. * 2 BOSOMI, Les thèmes majeurs de la philosophie contemporaine, p. 59 * 3 BUBER, La vie en dialogue,Ed. Montaigne, Paris, p. 20 |
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