La relation intersubjective selon Martin Buberpar Martin Kashila Institut superieur de philosophie et de théologie de Kolwezi - Philosophie 2021 |
CHAPITRE PREMIERL'HISTORIQUE DU CONCEPT DE LA RELATIONI.0. Introduction partielleLa relation est un thème le plus décisif dans la période contemporaine. La relation comme expression de l'être, la relation comme rapport entre les humains. Elle implique au moins deux êtres, un être et un objet, et est souvent décrite via des typologies différentes, selon la personne s'intéressant à la nature de la relation ou plutôt aux personnes en relation. Les relations humaines d'une manière collective sont nécessaires au développement individuel et intellectuel de chaque être humain, du fait que grâce à ces liens, les sociétés sont constituées. Il y a même lieu de dire que, sans bonnes relations humaines, il ne peut y avoir de bonne qualité de vie. Cela veut dire que Buber a compris qu'une vie pleine se réalise dans la relation. Et il parvient a envisagé quelques attitudes de l'homme en face de ses semblables, essentiellement l'isolement, la solidarité et l'amour mutuel. Dans ce chapitre intitulé `'l'historique du concept de la relation'', nous allons développer la notion philosophique de la relation en premier lieu ; en deuxième lieu nous allons voir l'homme dans ses relations ; par après nous verrons les deux couples de relation chez Martin Buber ; nous traiterons aussi de la relation comme engagement de soi et pour finir, il sera question de voir les attitudes de l'individu envers autrui dans la relation. Commençons avec la notion philosophique de la relation. I.1. Notion philosophique de la relationLa relation fait référence à quelque chose de plus fondamental ; c'est une caractéristique de notre être en tant qu'elle se définit comme lien à autrui. Dans ce sens, on pourrait dire de manière un peu sommaire que l'être humain est marqué par les rapports qu'il entretient avec les autres. A vrai dire, ce concept est interprétatif de la réalité sociale : il exprime d'abord le fait qu'à la base de toute vie, il existe des liens qui unissent les gens. Le concept de `'relation'' apparait comme l'un des concepts fondamentaux du discours pertinent dans la philosophie de Martin Buber. Il désigne toute espèce de rapport. Aristote en fait une des premières catégories aussitôt après la substance, à côté de la qualité et de la quantité. L'Antiquité païenne gréco-latine connaissait déjà une notion de personne caractérisée par des aspects relationnels. Chez Cicéron par exemple, le terme persona désignait l'individu humain doué de raison et agissant dans un contexte social, la présence singulière d'un homme convaincu dans sa proximité1(*). Depuis longtemps, la réflexion philosophique, sociologique et psychologique n'a cessé d'étendre et d'approfondir la notion de relation, en distinguant ses divers types interpersonnels qui interviennent dans la constitution, puis dans le développement de la personne humaine. Dans l'espace de la relation s'orchestre une rencontre des différences, les contestations, les écarts, les divergences. Cette coprésence se déploie vers le « tout monde », un monde chaotique et imprévisible. L'analyse de la structure dialogique de la personne, en phénoménologie, part de l'affirmation suivante : on se découvre être une personne, un `je', lorsqu'on se trouve en relation avec un `Tu'. Cette voie se réfère souvent à Martin Buber. Elle est celle qui intéresse notre travail tout entier. En opposition a Martin Heidegger qui nous montre l'être ainsi posé, l'être dans le monde, Buber pose un principe dialogique. Il ne s'agit plus de décrire la manière dont un sujet atteint un objet mais de préciser l'espace où trouver les structures qui permettent l'objectivation. Pour sortir de ce je enfermé en lui-même, Martin Buber présente la doctrine de la relation Je-Tu comme une volonté de décrire positivement cet effort qui au-delà de l'objet se porte vers l'être sans que cette connaissance n'engendre une entité inhumaine et neutre, mais rende compte d'une relation et, ce faisant, de la société comme d'une modification totale de l'être. Martin Buber ne flotte pas dans les parfums de la mystique, contrairement à ce que certains ont laissé entendre. Il affirme que la condition de toute véritable rencontre tient à la spécificité de ceux qui y participent. Passons au point suivant, celui de l'homme dans ses relations. * 1 M. NEDONCELLE, Prosopon et persona dans l'Antiquité classique, in revue des sciences religieuses, n0 22, 1948, p. 277-299 |
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