EPIGRAPHE
« Il faut deux êtres humains dont chacun,
pensant à l'autre pense en même temps à ce qui est
destiné de plus élevé a cet autre, à ce qui sert de
plus élevé à l'accomplissement de sa destinée sans
vouloir lui imposer en quoique ce soit sa propre réalisation, il faut
deux êtres humains, dis-je, pour qu'en eux s'incarne concrètement
la grandeur de l'être ». (M. Buber)
« Celui qui est prisonnier de sa souffrance et
de son orgueil, n'est pas apte à accueillir et à comprendre. Il
est fermé sur lui-même au sens le plus littéral du terme et
ne peut pas entrer en relation vraie avec les autres ». (A.
Bernard)
« L'homme qui peut se mettre à la place
des autres, qui peut comprendre le mécanisme de leurs pensées,
celui-là n'a pas à s'inquiéter de ce que l'avenir lui
réserve ». (A. Young)
DEDICACE
A vous chers parents Jean-Pierre KAYEMBA ILUNGA et
Christine MASENGU LUKENGU. De vous nous avons appris qu'une bonne
éducation est le meilleur héritage que les parents puissent
léguer à leurs enfants. Nous avons vu jour devant vos yeux et
vous avez pu veiller à notre croissance dans un amour si grand que nous
ne saurons exprimer par écrit.
A vous mes chers frères et soeurs : Willy-Am
MWAMBA, Clarisse KADIOMBO, Ezéchiel KALALA et Carine CIALA. Pour vos
encouragements permanents et vos soutiens tant maternels, moraux que
spirituels.
A vous mes chers Oncles et Tantes : Ezéchiel KALALA
KANGULU, José LUMBALA, Marie Véronique NDAYA, José DJONGA,
Kalex KALENGA. Vous qui avez éclairé par vos sages
avertissements, riches soient-ils et vos attentions combien indispensables le
temps de notre jeunesse.
A vous tous qui, les premiers avez humidifié avec
nous dans le bain du dialogue, traçant pour nous une ouverture
aérée vers la grande rencontre et la gratuite relation, celles du
cosmos et des autres hommes nos frères et soeurs.
Nous consacrons, en toute reconnaissance, ce travail,
premier pas de nos efforts scientifiques et philosophiques.
Martin KASHILA KAYEMBA, Ofm
AVANT-PROPOS
L'homme est une tension vers ; cet état n'est
possible que grâce aux relations entretenues avec autrui. Etant dans la
société, nous demeurons sans aucun doute dans le devoir de
gratifier ceux qui ont participé à notre formation
intellectuelle, morale, culturelle et religieuse nous permettant
l'élaboration harmonieuse de ce travail.
Ainsi, dans la reconnaissance des biens-faits, nous adressons
nos remerciements avant tout au Souverain Bien, Dieu de gloire et de
pitié qui ne cesse de nous assister jour et nuit. Nous formulons nos
vifs remerciements aux pères : Emmanuel MUTOMBO, Dieudonné
MUSANGU, André MPIANA, Georges MBAYO, Anicet MIKOBI, Martial NGALET,
Gustave MBAK, Moïse MUYEMBA, Alphonse MWAMB, Marcel TSHIKEZ, Oscar OMARI,
Damien ISABELL, pour leurs dévouements dans le souci de guider nos pas.
Nos sincères reconnaissances s'adressent à notre
ministre provincial Grégoire BOWA, à son vicaire Benoit MUTOMBO
et à tous nos formateurs qui nous ont apporté assistance en
voulant notre avancement.
Nous remercions également toutes les autorités
académiques du Scolasticat Saint Jean XXIII ainsi que tous nos
professeurs pour leur aide tant intellectuelle que spirituelle etde
manière spéciale, monsieur l'abbé Jean-Hilaire ILUNGA qui,
malgré ses multiples occupations, s'est donné corps et âme
pour diriger ce travail.
Nous remercions enfin tous ceux qui ont apporté leur
contribution d'une manière ou d'une autre, à la
réalisation de ce travail ainsi que tous nos collègues avec
qui nous avons partagés les bons et mauvais moments, peines et joies de
promotion : François MBOMBO, Dieudonné ILUNGA, Elie
MUNGUAKONKUA, Jacques KAPAYA.
Vous tous qui, de par votre existence, valez notre gratitude,
trouvez ici l'expression de nos sincères remerciements.
Martin KASHILA KAYEMBA, Ofm
INTRODUCTION GENERALE
1. CHOIX
ET INTERET DU SUJET
L'homme de par sa nature est un être avec les autres.
C'est-à-dire un être en relation permanente ; il ne peut pas
vivre seul ou s'approcher de l'existence sans les autres. Se laisser ouvert aux
autres, c'est rendre témoignage de cette corrélation
indispensable pour se compléter. Ainsi, être homme n'est pas
seulement le fait de naître des humains, mais vivre avec eux et parmi
eux.
Le monde en évolution aujourd'hui, manifestant
certaines caractéristiques telles que l'égoïsme, la
séparation, la guerre, les troubles, etc. tend à sa disparition
faute de collaboration, d'ententes, d'unité, de dialogue, de relation
entre les humains. Les conditions de vie dans des foyers, dans des
églises voir dans des entreprises, ne nous laissent pas insensibles.
Vu tout ceci, une théorie sur la relation
intersubjective s'avère importante dans le but de rendre clair ce que
les hommes de ce monde doivent faire pour vivre dans la paix, dans
l'unité et l'entente. Ainsi que faire la part des choses entre les
genres de relations qui sont pourtant co-naturelles à l'être que
nous sommes.
2.
PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESE
L'une des difficultés parmi tant d'autres que le monde
rencontre depuis toujours est la proximité interpersonnelle. Tout le
monde se voit préoccuper par ce qui lui est nécessaire : sa
survie.
L'intersubjectivité, par ailleurs, a depuis un temps
perdu de sens du fait que certaines personnes ne cherchent pas de vivre en
harmonie avec leurs semblables. A ce point, certains cas peuvent nous faire
comprendre cette indifférence humaine : le fait de s'estimer riche
ou pauvre, fort ou faible de manière physique ou intellectuelle, le fait
de repousser consciemment ou inconsciemment la collaboration avec nos
semblables, ceux qui nous entourent etc. En observant toutes ces attitudes,
nous nous trouvons dans l'obligation de nous poser ces quelques
questions auxquelles nous essayerons de répondre au cours de notre
réflexion :
- Qu'est-ce qu'une relation selon Martin Buber ?
- Pourquoi la relation ne retrouve elle pas son sens profond
entre les humains ?
- Pourquoi une proximité intersubjective dans la
société actuelle ?
- Quelle est la finalité d'une relation ?
Voyons sans tarder la méthode et la division de ce
travail.
3.
METHODE ET DIVISION DU TRAVAIL
Pour une meilleure élaboration de notre travail, nous
allons nous servir de la méthode herméneutico-critique afin
d'interpréter, comprendre et exposer la pensée de l'auteur. Nous
allons aussi apporter notre appréciation critique tout en relevant les
bienfaits et les manques dans son opinion. Le livre de base de Martin Buber
« Je et Tu» ainsi que d'autres ouvrages vont contribuer dans la
réalisation de ce travail.
En dehors de l'introduction et la conclusion
générales, notre travail comprend trois grands chapitres. Le
premier chapitre traitera de l'historique du concept de la relation, le
deuxième chapitre abordera la philosophie bubérienne de
l'intersubjectivité et le troisième chapitre sera consacré
à l'appréciation critique.
4.
NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE
Martin Buber est né le 08 février 1878 à
Vienne, en Autriche dans une famille juive. Il reçut une
éducation complète, et pour le moins polyglotte : il parlait
à la maison yiddish et allemand, il apprit l'hébreu et le
français dans son enfance, ainsi que le polonais au cours de ses
études secondaires.
En 1892, il retourna dans la maison paternelle, en proie
à une crise religieuse qui l'amena temporairement à se
détacher du judaïsme. Au cours de cette période, il s'initia
à la lecture de Nietzsche et de Kant.
En 1896, il fait ses études de philosophie à
l'université de Vienne, de Leipzig, Berlin et Zurich. Comme juif, Buber
a vécu de tristes expériences, en particulier au sein de sa
famille, avec la séparation de ses parents, et a été
éduqué par ses grands-parents qui exercèrent une grande
influence sur lui. Il vécut surtout le drame de l'antisémitisme
et cela influencera très profondément sa philosophie.
De 1924 à 1933, il est professeur de philosophie de la
religion juive à l'université de francfort. En 1933, il est
nommé directeur du bureau central de l'éducation des adultes
juifs. De 1938 à 1951, il est professeur de philosophie sociale à
l'université de Jérusalem. De 1952 à 1953, il
reçoit le prix de Goethe et la prise de la paix des éditeurs en
Allemagne. En 1963, il reçoit à Amsterdam le prix Erasme.
Martin Buber était docteur honoris causa en droit
hébreu (à Cincinnati), en lettres (à Paris), en
théologie (à Aberdeen), en humanité (à New York) et
en philosophie (à Jérusalem). Il est mort à
Jérusalem le 13 juin 1965, travaillant sur une traduction allemande du
livre de Job.
Parmi ses oeuvres les plus connues, nous citons : Moise,
PUF, Paris, 1957, Judaïsme, trad., Paris, Gallimard, 1986 ; Deux
types de foi, Cerf, Paris, 1991 ; Je et Tu, Aubier-Montaigne, Paris 1992.
Abordons à présent le premier chapitre
consacré à l'historique du concept de relation.
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