3. Les déterminants
socioculturels et l'utilisation des soins de santé traditionnels.
Les services de santé traditionnels sont l'ensemble
des normes, des valeurs, des savoirs et des pratiques populaires en lien avec
la santé, régissant les manières de faire, de dire et de
penser la santé, la maladie ou encore les soins (OMS, 2018). Les
Africains sont restés pendant longtemps attachées à la
médecine traditionnelle. C'est ainsi que Lemouogue J.et Djoudja Feudjio
(2018) présentent une prédominance de la médecine
traditionnelle depuis la période précoloniale en rapport avec la
culture locale dans la ville de Dschang et plus loin, l'OMS estime que
« Les populations rurales africaines sont restées
très attachées aux pratiques de la médecine
traditionnelle. Avant l'arrivée des colons, la médecine
traditionnelle était l'unique forme de médication utilisée
pour la prévention, le diagnostic et le traitement des maladies
sociales, mentales et physiques pour des populations vivant en Afrique, et elle
le reste encore pour la majorité d'entre elles, en particulier dans les
zones rurales difficilement accessibles »,car 80 % de la population
des pays à faible revenu ou moyen comptent en premier lieu sur la
médecine traditionnelle pour des soins primaires « les
guérisseurs traditionnels forment un groupe de praticiens importants qui
bénéficient souvent d'une grande crédibilité et
d'un profond respect au sein de leurs communautés »(OMS,
2000).
Le coût élevé de la médecine
moderne contraint les populations rurales à se tourner vers la
médecine traditionnelle. Dans un environnement où les ressources
sont limitées, la médecine traditionnelle permet de fournir des
traitements autres que des produits pharmaceutiques coûteux (Homsy,
1999), (Jaffré, 2000). Plus d'un tiers des habitants des pays en
développement n'ont pas accès aux médicaments essentiels.
L'accès à des thérapies traditionnelles ou
complémentaires et parallèles sûres et efficaces pourrait
être déterminant pour le développement des soins de
santé (Samuel Yonkeu, 2005).
La fréquentation de la médecine traditionnelle
est le fait que la population consulte plus les tradi-praticiens que la
médecine moderne. Une étude menée au Sénégal
par SADIO&DIOP F (août1994) sur l'utilisation et demande des soins de
santé a pu révéler plusieurs facteurs qui influencent sur
l'utilisation des structures de santé dont le coût des soins, le
revenu insuffisant et la grande fréquentation de la médecine
naturelle. Ainsi, il affirme
Parmi les 6331 individus de la zone de santé rurale
ayant déclaré être tombés malades durant le mois
précédent le passage de l'enquêteur, 50% n'ont pas
cherché les soins au moment opportun compte tenu de la pauvreté,
le secteur sanitaire moderne y compris les établissements sanitaires
tertiaires de la santé publique servent essentiellement les couches
aisées des populations rurales et la majorité de la population se
dirige principalement vers les tradi-praticiens.
Dans une zone fortement enclavées, le recours à
la médecine parallèle est urgente, Comme Auge(1986) et al, nous
disent que diverses approches diagnostiques et thérapeutiques peuvent
coexister c'est-à-dire le parcours suivit par une personne
exposée à un problème de santé pour tenter de le
résoudre. Il appelle cela le comportement de recherche de soins ou
stratégie de recours aux soins. Ceux-ci répondent à la
quête de la guérison et aussi à celle du sens de la
maladie dans les zones enclavées. Patricia Joly(2005) pense qu'en
cas de maladie d'une personne, la mise en évidence des recours
thérapeutiques traditionnels et populaires propres à la culture
s'impose. Elle présente une société en Gouteloupe qui
utilise régulièrement la thérapie comme mesure palliative
aux soins de santé modernes vu que les structures sanitaires modernes
sont absentes.
Le niveau d'étude participe également au choix
du type de médecine. Il est de ce fait relevé
que« Parmi d'autres facteurs culturels nous avons constaté
que les habitants sont peu scolarisés et ceux ayant
fréquenté n'ont pas atteint un niveau d'études
élevé. Ceci réduit les chances de postuler à un
emploi, de réaliser un revenu pour se faire soigner. A cela s'ajoute
l'ignorance de l'importance d'aller se faire soigner à l'hôpital.
Quand bien même il leur arrive de se rendre dans la formation sanitaire,
ils sont mal reçus et sont souvent obligés de recourir à
la médecine traditionnelle » Magne (2012). On constate
donc que plus le niveau d'instruction est élevé, le chef de
ménage consulte la médecine moderne, moins le niveau
d'instruction est bas, moins le chef de ménage consulte la
médecine moderne.
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