II. LES DIFFICULTES ECONOMIQUES
D'ACCES AUX SOINS DE SANTE MODERNES DANS LES ZONES RURALES ENCLAVEES DE
L'ARRONDISSEMENT DE MELONG
L'accessibilité financière suppose un
équilibre entre le coût, la qualité des prestations
sanitaires, d'une part, et le pouvoir d'achat des populations d'autre part.
Dans plusieurs pays d'Afrique, l'accès aux services de santé
reste problématique, surtout pour les populations
désavantagées qui exercent des activités
économiques faiblement rentables (Kouadio, 2012). En outre, elle demeure
restrictive pour les personnes vivant en zones rurales où les services
de santé sont insuffisants voire inexistants (Develtere, 2004).
Le principal déterminant de l'utilisation de
l'utilisation des services de santé modernes est l'aspect financier. En
Afrique en général et au Cameroun en particulier, les campagnes
sont caractérisées par un développement des
activités agricoles (Takam, 2017). En effet, ces activités
agricoles sont un moyen de subsistance car les produits dérivés
de cette exploitation des terres sont autoconsommés et interviennent
aussi dans le petit commerce organisé par les paysans. Les campagnes
sont donc caractérisées par une extrême pauvreté
qui est justifié par le niveau de revenu très bas voir même
inexistant conduisant à un contexte socioculturel plus ou moins
défavorable face à la situation des habitants.
1. La pauvreté
financière de la population
Les populations des zones rurales enclavées de
l'arrondissement de Mélong sont pauvres et vivent dans des conditions de
vie très difficiles. En effet, ces paysans vivent essentiellement de
l'agriculture de subsistance et d'autoconsommation, il s'agit essentiellement
de la culture du café-cacao, du mais, du manioc et de la banane
plantain. Ils pratiquent l'agriculture extensive à cause de
l'extrême pauvreté. Ces activités selon nos enquêtes
les rendent davantage pauvres et ceci à cause de la chute des prix du
café sur le marché mondial, puisque l'arrondissement de
Mélong est une région productive du café depuis
l'époque coloniale. Les terres sont propices pour la culture du
Café, ce qui fait que les paysans des zones rurales enclavées
dépendaient essentiellement de cette culture qui malheureusement ne
génère plus assez de revenu. Toutefois, l'on note
l'émergence des nouvelles cultures pour mesure de résilience
(élevage, pêche etc...). Ainsi, après un sondage fait sur
un échantillon de 200 ménages dans les zones rurales
enclavées del'arrondissement de Mélong, nous avons obtenu le
graphique ci-dessous :
Figure 10: Les
activités économiques menées par les
ménages
Source : enquête de terrain 2020
Il ressort de ce graphique que 90% des ménages vivent
essentiellement de l'agriculture de subsistance alors que le petit commerce est
pratiqué seulement par 5% contrairement à l'élevage et
les autres activités qui représentent respectivement 3% et 2%.
Par ailleurs, ces activités ne facilitent pas l'utilisation des services
de santé modernes dans les ménages.
La diversité des cultures se caractérise par un
mélange des plantes sur une parcelle, aboutissant à la
polyculture. De plus, les techniques de culture restent archaïques, ce qui
explique cette faible production, et en plus le vieillissement de la population
et le phénomène d'exode ruralont contribué au
dépeuplement des zones rurales enclavées de l'arrondissement de
Mélong. Ce qui contribue par ailleurs à la faible utilisation des
services de santé modernes et par conséquent un faible revenu.
Ce constat est conforté par Béninguisse B.
(2003, P 240) et Jean L.(2001, P 70) qui estiment que accès aux
soins de santé demeure restrictif notamment pour les populations
à faible revenus exerçant des activités économiques
faiblement rentables. Ensuite, Kouamé J. (2002, P120), estime que
« la faiblesse de rémunération des produits
agricoles constitue un handicap sérieux pour les populations rurales
dans leur volonté de transformation de leur cadre de vie et de
modernisation de leurs exploitations ».
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