5. Enclavement topographique et
accès aux soins de santé modernes
L'enclavement topographique est l'ouverture ou la fermeture
des territoires ruraux à travers les nuances observées sur le
relief. Dans les zones rurales enclavées de
l'arrondissement de Mélong, on note la présence des altitudes
hautes ou basses, des fortes pentes, des collines et même des reliefs
accidentés. C'est ainsi que ces éléments de la topographie
constituent un obstacle pour la mobilité des patients en cas de maladie.
Car les ménages les plus éloignés (Ediengo, Nzobi, Ninong)
en subissent les plus lourdent conséquences sur le plan sanitaire
à cause des hautes montagnes et la topographie accidentée.
Parfois, pour se rendre dans une formation sanitaire, il faut non seulement
parcourir de longues distances, mais aussi faire face à l'enclavement
spatial des villages.
La carte suivante fait ressortir le model numérique de
terrain à travers l'enclavement topographique des zones rurales
enclavées de l'arrondissement de Mélong.
![](Accessibilite-aux-soins-de-sante-modernes-dans-les-zones-rurales-enclavees-de-larrondissement27.png)
Carte 6Carte de
l'enclavement topographique de l'arrondissement de Mélong
D'après cette carte, l'arrondissement
a un relief diversifié avec des altitudes divergentes. La couleur jaune
représente la topographie de plus de 200 mètres d'altitude, la
couleur de terre représente l'altitude comprise entre 1500-2000
mètres, la couleur Orange représente l'altitude comprise entre
1000 et 1500 mètres, la couleur rouge représente l'altitude
comprise entre 500-1000 mètres ; la couleur citron
représente une altitude de plus de 500 mètres. Toutefois, l'on
remarque aussi la présence des sommets, des bas-fonds, ainsi que des
vallées. L'ensemble des tous ces éléments constitue
l'enclavement topographique, obstacle pour l'accès des ménages
aux soins de santé modernes.
6. Accessibilité aux
soins en fonction du moyen de transport utilisé
L'accessibilité aux soins pourrait se préciser
par le pourcentage de la population pouvant se rendre à un centre de
santé en moins d'une heure de marche ou en empruntant un moyen
de transport facilement disponible(Meli V, 2018).Le mode de transport dans
notre contexte d'étude est l'ensemble des moyens utilisés par
les ménages pour se rendre dans une formation sanitaire. Dans les
zones rurales de l'arrondissement de Mélong, l'évacuation des
patients est plutôt difficile du fait du mauvais état de la
route, le manque des moyens de transport et d'engin de déplacement. Il
existe deux modes de déplacement qui se font à pied et à
moto. Le déplacement à pied consiste à parcourir une
certaine distance pour trouver un moyen de transport pour les populations des
villages Ediengo et Nzobi où même la moto n'y arrive pas du fait
du manque d'une piste. De plus, Les difficultés d'accès aux
transports sont ressenties par tous (Rebouha, 2008). C'est ainsi donc qu'ils
trouvent eux-mêmes les stratégies de transport des patients
gravement malades, en transportant les transportant soit au dos, soit sur les
brancards fabriqués localement, soit sur le porte-tout, par ce que
n'ayant pas de formation sanitaire et vivant dans des zones
éloignées et difficilement accessibles.
Le tableau suivant fait un récapitulatif du mode de
transport des patients transportés dans les ménages :
Tableau 9: Modes de
transport des patients
Mode de locomotion
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
|
Moto
|
60
|
30%
|
A pied
|
80
|
40%
|
Moto et pieds
|
60
|
30%
|
Total
|
200
|
100%
|
Source : enquête de terrain 2020
D'après ce tableau, 30% de ménages ont
affirmé qu'ils se rendent souvent à moto dans les structures
sanitaires, alors que 40% y vont généralement à pied et
30% des ménages affirment qu'ils y vont souvent à pieds et
à moto. Toutefois, il est aussi à rappeler que le transport par
moto ne se fait qu'après une longue marche à pieds.
Ces moyens de transport pour se rendre dans les formations
sanitaires sont utilisés par les ménages à cause de
l'éloignement des structures sanitaires et le mauvais état des
pistes rurales, ce qui fait que la marche à pieds est le moyen le plus
approprié. Par ailleurs, on aimerait savoir si ces moyens de transport
des patients ne génèrent pas des conséquences
néfastes sur l'état de santé des patients vu les longues
distances à parcourir et l'enclavement des routes. D'une manière
générale, les personnes adultes seront plus vulnérables
que les personnes moins âgées.
Au regard de ce résultat et contrairement aux
études menées par Méli V. (2018, P54) sur
l'accessibilité aux soins de santé maternelles à
Bamougoum, il ressort que « 65, 6% de femmes empruntent la moto
pour se rendre dans une structure sanitaire, 28,2% vont à pied, 3,1%
vont en taxi et en voiture personnelle ». Dans le même
ordre d'idée, Leumo L. (2017) estime dans ses analyses que 14% de la
population rurale de Bansoa y vont à pieds pour se rendre dans les
structures sanitaires.
Cependant en dehors de la moto et des pieds, les
ménages les plus éloignés ont adopté les
stratégies de transport des patients vers les structures sanitaires car
au cas où le patient ne peut pas marcher, il est nécessaire de
trouver d'autres moyens de transport. Ainsi, le tableau suivant présente
ces stratégies :
Tableau 10: Les
stratégies de transport des patients et nombre de patients
transportés par les ménages les plus éloignés des
zones rurales enclavées de l'arrondissement de Mélong
Stratégies de transport des patients
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
|
Portage au dos
|
60
|
30%
|
Porte tout
|
20
|
10%
|
Brancard
|
50
|
25%
|
Total
|
130
|
65%
|
Source : enquête de terrain 2020
Il ressort de ce tableau que les ménages ont
adopté trois principales stratégies à savoir le portage au
dos dont 30% de patients, les brancards fabriqués localement
représentant 25% de patients dans les ménages, le porte-tout
représente 10% de patients généralement transportés
dans les ménages.
Photo 2
Photo 1
![](Accessibilite-aux-soins-de-sante-modernes-dans-les-zones-rurales-enclavees-de-larrondissement28.png) ![](Accessibilite-aux-soins-de-sante-modernes-dans-les-zones-rurales-enclavees-de-larrondissement29.png)
Clichet : MBELLA
Planche 7: Transport d'un
patient sur les brancards fabriqués localement
Cette planche(photo 1 et photo 2) présente le transport
d'un patient sur un brancard fabriqué localement dans le village
Nzobi. Il est à rappeler que les populations villageoises ont
créé une équipe appelé en langue locale
« Nkeimein » et en français
« équipe d'ambulance » qui est chargée de
transporter les patients gravement malades et les femmes enceintes qui ne
parviennent pas à marcher.
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