1. L'inégale
répartition spatiale des structures sanitaires
Dans l'arrondissement de Mélong, on note une mauvaise
répartition des formations sanitaires, particulièrement dans les
zones rurales où on note une concentration des centres de santé
et des hôpitaux en zone urbaine au détriment des zones rurales.
Dans nos analyses, nous avons relevé des fortes disparités des
centres de santé. Car la majorité des centres de santé
des zones rurales ne fonctionnent pas faute de personnel, ce qui justifie donc
de fortes migrations des ménages vers d'autres formations sanitaires en
cas de maladie.
La carte suivante présente la répartition des
formations sanitaires dans l'arrondissement de Mélong :
Carte 3: Distribution
spatiale des formations sanitaire
De cette carte, il en ressort que les formations sanitaires
sont mal distribuées sur l'étendue de l'arrondissement avec une
forte concentration en zone urbaines au détriment des zones rurales.
2. La distance à
parcourir pour atteindre une formation sanitaire
La notion de distance est au coeur de toute conception de
l'espace (Lévy L, Takam H, 2003), elle est un élément
important de la géographie « la distance est le
facteur premier de la relation des hommes à la surface de la terre, par
ce qu'elle est le principe de leurs rapports à tout ce qu'il
existe » ( Pichenal H, 1997. P 306). En dépit du fait que
l'OMS recommande un maximum de cinq kilomètres pour atteindre une
formation sanitaire, les recherches des soins de qualité pousse les
populations des zones rurales enclavées de l'arrondissement de
Mélong à aller au-delà car toutes les formations
sanitaires ne sont pas lotis en équipements techniques et
matériels ainsi, la distance à parcourir apparait à ce
stade comme une difficulté d'accès aux soins de santé
modernes. Par ailleurs, plus la distance est longue, moins les personnes seront
motivées à aller dans une formation sanitaire. C'est ce qui fait
dire à Picheral H. (2002) que la distance est un facteur entravant
l'accès aux soins de santé.
Le graphique suivant illustre les proportions des
ménages selon les distances parcourues :
Figure 9: Proportions des
distances à parcourir pour atteindre les formations
sanitaires
Source : enquête de terrain 2020
Il ressort de ce graphique que 38 % ménages parcourent
une distance comprise entre 5 et 45 km pour atteindre la formation sanitaire
la plus sollicitée. En effet, il s'agit des populations des villages
Ninong, Ediengo, Mama et Nzobi qui sont les villages plus
éloignées de notre zone d'étude, c'est ainsi que
« Lorsque nous sommes malades, on ne peut pas se rendre à
l'hôpital par ce que ce dernier est trop loin de votre village, par ce
qu'on a pas aussi de centre de santé dans notre village »
(affirmation d'un chef de ménage nommé Mr NDJABA âgé
de 54 ans).
Cependant, il est aussi à rappeler que ces villages ne
disposent pas des structures sanitaires pour certains (Nzobi, Ediengo) et pour
d'autres, les formations sanitaires ne fonctionnent pas (Ninong, Mama). Ce qui
peut donc expliquer ces longues distances à parcourir à la
quête des structures sanitaires. De plus, 21, 50% de la population
parcourt une distance comprise entre 4 et 5 km, 10.5% parcourt une distance
comprise entre 500 et 1, 5 km, une autre partie de la population de 10%
parcourt une distance comprise entre 1, 5 et 3km. Enfin, certaines populations
sont à moins de 500m de la formation sanitaire. Toutefois, ces derniers
ont affirmé le mauvais fonctionnement de leurs formations sanitaire, ce
qui engendre des déplacements vers les formations sanitaires
situées en ville. Il s'agit des villages Mbouassoum et Ndokou. Ces
distances ne respectent pas les normes prescrites par l'OMS qui est du
rapprochement de 5km maximum d'une formation sanitaire de la population.
Les longues distances à parcourir sont dues à
l'éloignement des formations sanitaires modernes. Par ailleurs, les
personnes les plus âgées éprouvent beaucoup plus de
difficultés à se déplacer facilement par ce que ayant
déjà une santé fragile, par contre les chefs de
ménages moins âgés peuvent parcourir ces distances sans
aucune difficultés majeures. De plus, cette situation s'explique aussi
par l'absence des centres de santé qui amène les populations
à se déplacer pour des soins de santé modernes.Aussi, ces
longues distances à parcourir fragilisent et dégradent davantage
l'état de santé des ménages surtout les personnes les plus
âgées et les enfants.
Ces résultats rejoignent les études
menées par Keunkouo L. (2017, P 68), Takam H. (2017, P 88) qui estiment
que l'éloignement des structures sanitaires entraine le
déplacement des populations rurales en parcourant de longues distances
pour atteindre les formations sanitaires. De plus, selonl'Unicef (2019),
près d'un tiers des familles rurales vivent encore à plus de dix
kilomètres d'un service de santé de base, ce qui pose un
réel problème d'utilisation des services de santé modernes
en zone rurale. C'est ainsi que Leumo (2017) affirme « Dans
l'aire de santé de Batotcha, 84% de la population parcours plus de 5km
pour se rendre dans une structure sanitaire et parmi les 16% couverts par la
structure de santé, 9% sont situés entre 4 km et 5
km ».Comme il a été montré par ailleurs, la
distance peut être un obstacle pour certains soins hospitaliers et peut
constituer un facteur de risque pour certaines maladies où l'urgence
médicale et chirurgicale est essentielle (Takam, 2017, P 77).
Carte 4: Carte des
distances d'accès aux structures sanitaire
De cette figure, on remarque que les ménages qui
résident autour du centre de santé éprouvent moins de
difficultés à fréquenter les centres de santé. Il
s'agit des ménages situés à moins de 500 m d'un centre de
santé. Par contre, les ménages résidant loin des
formations sanitaires éprouvent d'énormes difficultés pour
y atteindre un centre de santé. Il s'agit des ménages
situés à plus de 5km d'une structure sanitaire.
Ces résultats rejoignent les travaux effectués
par Méli V. (2018, P 55) à Bafoussam où elle
affirme « Nous retenons ici que, les femmes qui vivent
à proximité des centres de santé parcourent de très
courtes distances pour bénéficier des soins de santé
maternelle alors que celles qui y vivent loin parcourent de longues
distances».
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