WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

L'etat-actionnaire dans une société issue de l'OHADA. Cas de Congo Airways société anonyme avec conseil d'administration


par Anthony NTENDELE BIKELA
ISC - Liège - MBA 2021
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

2.3. Possibilités pour limiter et ramener l'influence de l'Etat sur des bases égalitaires.

Le dénouement à l'influence de l'Etat trouverait assise si la séparation des fonctions de l'Etat puissance et de l'Etat actionnaire sont séparées d'une part et, si l'approche des conventions extrastatutaire est exploitée d'autre part. Il sied de noter également que l'ouverture du capital social aux actionnaires privés limiterait l'influence de l'Etat.

2.3.1. Impérieuse nécessité de séparation des fonctions de l'Etat puissance et de l'Etat actionnaire.

L'Etat, puissance publique dispose des prérogatives qui diffèrent de celles que peut disposer un actionnaire traditionnel : associé à d'autres, il leur fait écran, d'où l'impérieuse nécessité de séparer les fonctions de l'Etat puissance publique de l'Etat actionnaire.

Dès lors que l'Etat est fondateur de l'entreprise, personne ne peut lui contester la qualité d'actionnaire. Ceci est une évidence. Dans le même temps, il n'est pas exclu que la société à participation publique se retrouve sur un même marché avec certaines sociétés privées. Dans ce cas, l'Etat est le seul à prendre des dispositions pour garantir le respect des principes de la concurrence. En tant qu'actionnaireégalement, l'Etat devient juge et partie, ce qui peut être une source d'un réel conflit d'intérêt. Aussi, au sein de l'entreprise publique, est-il fondamental qu'une fois constituée, celle-ci soit gérée par elle-même par le biais des représentants légaux choisis par les organes de la société. De l'indépendance de ceux-ci dépend le respect des règles de droit auxquelles est soumise la société.

En tout état de cause, l'Etat commerçant et puissance publique doit protéger, prévoir, organiser et produire. Pour répondre à ces exigences, il est nécessaire qu'il y ait une distinction entre ses différentes fonctions dans la gestion de la société où il détient une participation. Cette distinction répond à la doctrine tendant à s'assurer que l'entreprise publique est gérée dans l'intérêt de l'Etat actionnaire et non dans celui des dirigeants sociaux ou politiques et permettre ainsi, non seulement à contrer les abus flagrants des dirigeants, mais aussi de répondre à des exigences de compétitivité. Cette démarche ne peut aboutir à un résultat positif à l'entreprise publique qu'en adoptant des règles garantissant au sein de celle-ci une gestion transparente et l'indépendance des dirigeants sociaux vis-à-vis de la tutelle.

En transposant l'idée de HUET (1979, p. 79) en droit de l'OHADA, l'on s'aperçoit que l'application de l'Acte Uniforme à Congo Airways est irrésistible. Dans cette logique, la transparence doit être d'une importance capitale dans la gestion de celle-ci même si en ce qui la concerne, à certains égards, il y a la prévalence du secret.

Pour une prise en compte certaine de la gouvernance dans l'entreprise publique l'on doit dissocier la propriété de la société et sa gestion afin de mettre fin à la faible participation des dirigeants sociaux à sa gestion.

2.3.1.1. Une dissociation de la propriété de la gestion

La création de l'entreprise publique doit être perçue comme une dissociation entre la propriété et la gestion. Ainsi, l'Etat actionnaire, porteur d'actions est aussi propriétaire de l'entreprise ; mais celle-ci est gérée par les dirigeants sociaux. Cependant, dans la pratique l'on constate une confusion quant en ce qui concerne le droit qu'exerce l'Etat actionnaire sur Congo Airways. Ce dernier exerce un droit presqu'absolu sur cette dernière, en ce sens que l'Etat se voit à la fois propriétaire de la société et des biens de celle-ci. Ce qui juridiquement ne peut être défendable dans la mesure où, l'entreprise jouit de la personnalité morale et de l'autonomie de gestion (du moins sur les textes). Elle devrait, à cet effet, gérer ses biens comme une personne physique gèrerait les siens. Ce qui conduirait, sans nul doute à la création d'un patrimoine social et d'un intérêt social qui seront la boussole de l'entreprise publique et qui constituent à leur tour le guide des dirigeants, forçant ainsi l'Etat actionnaire à ne pas faire prévaloir son intérêt sur celui des autres actionnaires et sur celui de l'entreprise publique, c'est ce que pense aussi PALLUSEAU (1998, p. 93).

La doctrine française avec THOMAS (2006, p. 951)est d'avis que, sujet de droit, l'entreprise publique est titulaire d'un patrimoine distinct de celui de son actionnaire. Ceci est cohérent car, en réalité, le droit n'a pas prise sur les corps, pas plus que sur les groupes, il doit, pour cela, recourir à un artefact, celui de la personnalité morale qui ne fait pas, en tout cas, défaut à l'entreprise publique. Le respect de cette dissociation, rapprochera davantage le droit de l'OHADA à celui applicable en France et s'éloignera, certainement du droit américain des sociétés selon lequel l'actionnaire reste maître de l'entreprise, à la seule réserve de la prohibition de la dilapidation des biens de l'entreprise et sous réserve que l'entreprise publique soit cotée en bourse.

Le principe de la dissociation devrait s'étendre également à d'autres domaines comme celui de la concurrence. En effet, dans le cadre de la concurrence, l'on observe que le législateur européen a pris de l'avance. Il a procédé, en effet, à une distinction entre lesnotions de pouvoir « public » et d'actionnaire dans « l'entreprise publique » (80/723, J.O.C.E., L 195 du 29 juillet 1980 relative à la transparence des relations financières entre les Etats membres et les entreprises publiques). Il est écrit en effet, que la transparence « doit permettre de distinguer clairement entre le rôle de l'Etat en tant que pouvoir public et son rôle en tant que propriétaire, pour que soient déterminées les limites de l'application du droit de la concurrence ». Cette délimitation, procède certainement de la reconnaissance du fait que l'Etat peut agir, soit en exerçant l'autorité publique, soit en exerçant des activités économiques de caractère industriel et commercial, consistant à offrir des biens et des services sur le marché.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery