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Les enseignements de seconde génération pour la formation des citoyens aptes à  promouvoir le vivre ensemble : cas de quelques établissements d'enseignement secondaires de Yaoundé


par Arnauld WANDJI
Université de Yaoundé I - Master en Management de l'éducation 2021
  

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2.2 Recension des écrits

La recension des écrits sur le thème des enseignements de seconde génération pour la formation des citoyens aptes à promouvoir le vivre ensemble, a permis de relever un certain nombre d'acquis et de thématique pouvant être arrêté.

2.2.1 Le contexte des enseignements de seconde génération

Les enseignements de seconde génération naissent dans un contexte où la problématique de la relation formation-emploi se pose avec acuité. Lors de la rentrée pédagogique du 25 Octobre 2016, Au regard des enjeux qui se dessinent dans la professionnalisation des enseignements, le Ministre des Enseignements Secondaire a demandé aux enseignants de passer à un enseignement de seconde génération. Placée sous le thème : "intensification de la professionnalisation des enseignements pour une formation plus compatible avec la demande socio-économique.", les assises de Nkolbisson couplées aux Portes Ouvertes de l'Inspection Générale des Enseignements, ont permis au patron du Minesec, après avoir suivi avec pertinence le bilan de l'année scolaire écoulée, de donner les orientations générales pour l'année scolaire commençante surtout dans le domaine des activités-enseignement.

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Parlant de la pédagogie qui est même la raison d'être du ministère des Enseignements Secondaires voire son cheval de bataille, le Ministre a saisi cette idoine occasion pour donner les grandes directives au triple plan pédagogique, structurel et infrastructurel en adéquation avec le concept de MINESEC 2nde génération en vue d'une amélioration qualitative de notre système éducatif. "Aujourd'hui plus que jamais, notre école a le devoir de rendre nos apprenants aptes à entreprendre et à réussir un parcours scolaire ou à s'intégrer dans la société par la maitrise des compétences professionnelles. Il est donc temps de créer plus de filières porteuses en lien avec nos réalités socio-économiques; d'accorder une attention plus soutenue à l'orientation des apprenants vers ces filières porteuses; de réhabiliter les infrastructures et équipements dans nos établissements; de doter nos lycées techniques et professionnels d'infrastructures et équipements adaptés à notre environnement» (Jean Ernest Massena NGALLE BIBEHE, communication personnelle, 25 octobre 2016)., nous fais comprendre que les programmes pédagogiques de seconde génération repose sur le développement des capacités cognitives et l'esprit d'analyse et de déduction de l'élève contrairement aux programmes précédent axés, sur l'apprentissage par mémorisation, se sont accordés à dire des pédagogues d'Alger.

2.2.2 Les méthodes pédagogiques

2.2.3 L'avènement des APC et des TICE

2.2.4 Les méthodes APC

Le mouvement de l'approche par compétences, souvent désignée par le sigle APC, semble bien en voie de s'imposer dans presque toutes les sphères de l'activité humaine. Tout se passe actuellement comme s'il n'existait pas d'autre chemin pour rendre compte de la trajectoire de l'être humain de la naissance à la mort, pour juger de sa valeur, pour en évaluer la portée. Rarement une idéologie aura suscité autant de réactions dans les secteurs publics, civiques aussi bien qu'éducatifs. Il est vrai que ses protagonistes sont présents sur tous les fronts et reçoivent un large appui des pouvoirs publics dans de nombreux cas. Les raisons qui sous-tendent un tel engouement ne peuvent pas nous laisser indifférents si l'on veut comprendre les tenants et les aboutissants d'une telle force de frappe. L'importance de retracer l'origine de l'APC et de mettre en perspective son impact sur les entreprises de formation et d'éducation apparaît évidente. On le sait bien, ce sont les postures philosophiques, psychologiques et politiques qui infléchissent les actions éducatives, voire l'activité éducative dans son ensemble. Mais avant d'aller plus loin, il nous paraît essentiel d'insister sur la notion même de

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compétence(s) dont l'usage abusif contribue largement à l'instauration d'une pensée unique dans la plupart des champs de l'activité humaine (Gérald Boutin, 2004).

2.2.5 La notion de compétence et ses nombreuses interprétations

Ce mot que l'on retrouve aujourd'hui sur toutes les lèvres reste difficile à définir de façon satisfaisante. Tantôt il désigne un point d'arrivée marqué par un niveau de haute performance, tantôt un processus dont le déroulement est ponctué par des bilans d'évaluation. Les auteurs, même les plus convaincus de la pertinence de la nécessité de transformer tous les programmes d'études en socles de compétences, sont loin de s'entendre sur la définition de ce concept-clé. Ruano-Borbalan (1998) en parle à juste titre comme d'un « concept flou » dans lequel vont se retrouver des éléments disparates, voire contradictoires. La définition de la notion de compétences (au pluriel) varie donc sensiblement selon les auteurs. La confusion demeure en ce qui concerne le rapprochement entre compétences, objectifs et standards de performance. Si les compétences sont définies comme une capacité d'action, il n'en reste pas moins qu'elles présupposent des connaissances, un savoir-faire, certains comportements et des capacités intellectuelles et globales, qui constituent les fondements de la compétence, mais non pas la compétence elle-même.

Dans le monde industriel, les compétences font allusion à « un ensemble relativement stable et structuré de pratiques maîtrisées, de conduites professionnelles et de connaissances, que des personnes ont acquises par la formation et l'expérience et qu'elles peuvent actualiser, sans apprentissages nouveaux, dans des conduites professionnelles valorisées par leur entreprise ». Elles sont donc reliées à la performance requise pour occuper efficacement tel ou tel emploi qui est défini en termes de critères appelés « standards de performance ». Cette dernière expression fait allusion à des comportements attendus de la part des employés par les chefs d'entreprise. Par ailleurs, il convient également d'établir une distinction entre la notion de « compétence » au singulier et celle de « compétences » au pluriel. Le premier désigne un état de perfection que tous peuvent viser sans vraiment l'atteindre et qui fait appel à la notion de capacité, de fiabilité, on dira d'un médecin, d'un professeur, qu'il est compétent, dans le sens où il possède toutes les dispositions qui assurent à sa fonction professionnelle toute la qualité nécessaire. Il en va autrement pour le mot compétences au pluriel. À l'heure actuelle, cette notion désigne des éléments de la compétence que doivent posséder les personnes inscrites à tel ou tel programme ou exerçant tel ou tel métier.

Il existe de nombreuses définitions de la notion de compétence : pour les besoins de l'étude, la définition retenue, généralement partagée par les milieux scientifiques, est la suivante

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: une compétence vise l'efficacité, elle est orientée vers une finalité, car elle n'existe que dans son effectuation (action-réflexion), elle s'accomplit dans l'action et dans un contexte spécifique. Elle se définit par plusieurs connaissances ou savoirs mis en relation, car elle mobilise in situ différentes ressources - cognitives, affectives, sociales, sensori-motrices, procédurales, etc. - ce qui témoigne de son caractère complexe et singulier. Dirigée vers l'action, elle s'applique à une famille de situations, non à une situation singulière. Différents niveaux de compétences existent.

En fin, le sens donné au mot compétence(s) varie selon qu'il est employé par les tenants de telle ou telle école de pensée. C'est ainsi que les béhavioristes y recourent pour désigner des comportements observables et mesurables qui adviennent à la suite d'un apprentissage donné ; les constructivistes pour leur part utilisent le mot compétences pour illustrer une construction de capacités qui proviennent d'une interaction entre individus engagés dans une démarche commune. Dans ce dernier cas, les choses sont beaucoup moins claires et il arrive même que des auteurs qui se réclament du socioconstructivisme confondent les deux types de définition. MEIRIEU (1992a, 180) in (D. LECLERCQ (Ed.), 1998) définit la « compétence » comme un « savoir identifier mettant en jeu une ou des capacités dans un champ notionnel ou disciplinaire déterminé, [le pouvoir] d'associer une classe de problèmes précisément identifiée à un programme de traitement déterminé ». Pour lui, la compétence est « le niveau transféré des micro-expertises ou des capacités locales » (p. 152).

Figure 3: programme de formation de l'école québécoise

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2.2.6 Le contexte, les origines et les fondements théoriques

2.2.7 Le contexte : vers la globalisation des systèmes scolaires

Toute réforme scolaire obéit à des visées politiques qu'on aurait tort de ne pas prendre en considération. À cet égard, plusieurs critiques dénoncent le fait que les écoles dépendent davantage de l'économie que de l'État : il s'agit alors de développer les compétences attendues par une société de rendement et de performance. Au Canada, comme c'est le cas dans certains cantons suisses, les réformes scolaires se fondent sur des principes issus du monde de l'industrie. On comprend alors mieux le mouvement mondial en faveur de la décentralisation extrême du pouvoir. Aux États-Unis, par exemple, on parle de « site-based management » et « out-based education » (GLATTHORN, A.A, 1993) pour désigner un mode de gestion centré sur l'école dont on n'attend ni plus ni moins qu'une performance inscrite dans des palmarès dressés chaque année par des spécialistes de la mesure de la qualité1. La compétition est plus que jamais à l'ordre du jour ! C'est là une évidence, les systèmes scolaires se trouvent aujourd'hui à un tournant : il leur faut, comme on dit, « négocier la courbe ». On les enjoint, d'une part, de mettre en place des dispositifs de formation axés sur des résultats attendus, mesurables et quantifiables et, de l'autre, de respecter le rythme d'apprentissage des élèves selon les prescriptions du constructivisme et du socioconstructivisme. Pour répondre à ce dogme de l'efficacité, le curriculum scolaire « idéal » porte sur les matières de base : mathématiques, sciences naturelles et langues étrangères et n'accorde qu'une place réduite aux disciplines dites culturelles. C'est ainsi que les enseignants se retrouvent face à un dilemme : adhérer à une approche de l'efficacité, calquée sur le modèle industriel, ou alors à une approche de l'action pédagogique considérée comme un processus qui favorise le développement de la personne sous tous ses aspects.

Tous les secteurs des systèmes éducatifs sont touchés : préscolaire, secondaire, collégial et universitaire : aucun d'eux n'échappe à l'APC. Il va de soi que la formation des enseignants, du fait qu'elle reliée aux réformes de l'éducation en cours, est touchée de plein fouet, comme le font remarquer du reste plusieurs auteurs (TEDESCO J.C, 1996) (ELLIOTT, J. ; DAHLSTRÖM, L. O. ; MUSONDA, L.W, 1999). Curieusement, les réformateurs sont peu enclins à prendre en considération les pratiques courantes des intéressés et proposent plutôt des mises au point sur l'APC souvent expédiées en quelques jours. Certes, la profession enseignante évolue et nécessite des mises à jour constantes pour que les enseignants soient en mesure d'affronter de nouveaux défis, pour occuper l'espace qui leur revient dans ce monde en changement. Mais nous ne croyons pas qu'une intervention inspirée de la tabula rasa soit une façon valable d'améliorer la situation.

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2.2.8 Les origines et les fondements théoriques

Le courant de l'approche par compétences, du moins dans sa version initiale, est issu du taylorisme et de l'organisation du travail, en somme du monde de l'industrie. Elle a envahi d'abord le système scolaire américain dès la fin des années 1960 et s'est vue un moment mis en opposition à l'approche centrée sur la personne dont Maslow et Rogers ont été les chefs de file. Assez rapidement, l'APC s'est imposée dans le monde de l'éducation d'abord aux États-Unis, en Australie et ensuite en Europe. Le Royaume-Uni, la Suisse et la Belgique ont été parmi les premiers pays à vouloir repenser leurs systèmes éducatifs selon cette approche. C'est ainsi que les décideurs sont passés de la culture des objectifs à celle des compétences tout en ne parvenant pas à les distinguer l'une de l'autre.

Contrairement à ce qui s'est produit dans le domaine de l'industrie, celui de l'éducation a établi des liens très étroits avec le constructivisme et plus encore avec le socioconstructivisme. La tentative d'établir un lien entre une école centrée sur les comportements observables d'inspiration comportementaliste à la B.F. Skinner et une école fondée sur le développement cognitif de l'individu a pris un essor considérable au cours des dernières années. Plusieurs travaux se poursuivent dans ce domaine sans que pour autant leurs auteurs soient parvenus à proposer des pistes de réflexion et d'action qui répondent vraiment aux attentes des intervenants sociaux ou éducatifs. Le débat autour de la question est encore très vif pour la raison toute simple que la fonction éducative répond à une autre logique que celle de l'industrie. L'école a pour mission de préparer le citoyen de demain sous toutes ses dimensions (affective, cognitive et sociale) ; elle ne saurait s'en tenir au seul aspect socio-économique, à l'homo faber. Ce serait une erreur de réduire ainsi le rôle que la société lui octroie (Gérald Boutin, 2004).

2.2.9 L'impact de l'APC dans le monde de l'éducation et des sciences humaines en général

L'influence de l'APC dans le domaine de l'éducation et de la formation est considérable. À l'heure actuelle, les programmes d'études sont rédigés la plupart du temps en termes de compétences attendues dans presque tous les pays occidentaux. À vrai dire, ces programmes mettent l'accent sur la démonstration du savoir plutôt que sur le savoir lui-même. Cette façon de procéder interpelle un nombre grandissant de critiques qui craignent à juste titre de voir les connaissances céder le pas aux compétences, en d'autres termes, de devoir constater l'accélération de l'avènement d'une société axée uniquement ou presque sur la performance.

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2.2.9.1 La part de l'élève

Les tenants de l'APC placent l'élève au centre de l'apprentissage. Ils considèrent ce dernier comme naturellement doué d'une capacité presque absolue de développer les compétences attendues qui apparaissent dans le programme d'études présenté à partir de domaines d'activités balisés à l'avance. L'élève est responsable de ses apprentissages et il lui appartient de construire lui-même ses propres connaissances. Pour ce faire, il aura à sa disposition des instruments que lui fournira son facilitateur. Il faut dire que le rôle du maître est sensiblement modifié si on le compare à celui qu'il est appelé à jouer dans le contexte de l'école dite traditionnelle. L'enseignant facilitant évitera d'enseigner, il incitera les apprenants à construire leurs connaissances qui, elles, ne devront pas être trop exigeantes pour l'élève, d'où l'allègement des curriculums. Il laissera une bonne partie de ses tâches au groupe-classe qui sera invité à procéder à son organisation. On notera au passage que cette façon de procéder emprunte largement au courant de l'école dite nouvelle avec cette différence fondamentale qu'on aurait tort de négliger que, selon les principes de cette dernière, il appartient à l'élève de déterminer lui-même les objectifs qu'il poursuit.

À vrai dire, dans une telle perspective, l'enseignant doit éviter le plus possible la transmission de connaissance et même dissimuler à l'apprenant qu'il est soumis à une évaluation. Cette opposition n'est pas nouvelle. En effet, au cours des années 1960, la centration du processus éducatif était portée, comme c'est le cas aujourd'hui, sur l'élève (devenu apprenant). Cette centration prend ses racines dans le courant bien connu de l'école nouvelle. On sait que, déjà dans les années 1920, Dewey insistait, à l'instar des pédagogues et des psychologues européens (Decroly, Claparède, Ferrière, Montessori et Freinet), sur la part de l'initiative de l'élève dans son apprentissage : il s'en prenait entre autres à l'enseignement magistral et à l'autoritarisme dont l'éducation traditionnelle a été le théâtre depuis des siècles. Ce courant préconise la centration sur l'élève plutôt que sur la matière ou la discipline. Il s'inspire, entre autres, de la psychologie humaniste dont Rogers a été l'un des principaux instigateurs et qui exerce encore aujourd'hui son influence tant dans le domaine de l'éducation que dans celui des sciences sociales et humaines en général (Gérald Boutin, 2004).

2.2.9.2 La relation maître-élève

Mais revenons à la relation entre l'enseignant et l'élève qui, comme nous le savons, est au centre de toute entreprise pédagogique. La conception que l'on se fait de cette relation est étroitement liée aux références théoriques et aux expériences de chacun. Pour leur part, les novateurs recourent aux principes que l'on retrouve à la base du constructivisme pour décrire

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tant le rôle de l'enseignant que celui de l'élève. Pour eux, la part de l'élève peut se résumer ainsi : L'élève est responsable de son apprentissage et devient un « apprenant ». On s'attend à ce qu'il soit : curieux, plein d'initiative et persistant dans les tâches qu'il a à accomplir, qu'il soit en mesure d'organiser son propre travail. Il doit : recueillir de nouvelles informations ; apprendre de nouvelles façons d'apprendre ; savoir utiliser de nouvelles technologies : le software comme instrument pour atteindre de nouveaux objectifs, Internet pour avoir accès à de nouvelles informations et les partager, avoir accès à la recherche. Alors que la part de l'enseignant prend la forme suivante.

Il devient un facilitateur qui : planifie, organise des activités ; conseille, accompagne, encourage, soutient ; apprend en cours de route ; fait des suggestions mais n'impose jamais ; stimule la créativité, encourage le développement d'une pensée indépendante. Le facilitateur soutient l'apprenant, tient compte de ses possibilités, de ses forces, de ses besoins, de ses sentiments. Ce sont là, à peu de choses près, les principes de base de l'école nouvelle que la plupart des enseignants, qui ont suivi à un moment ou à un autre de leur formation des cours de pédagogie ou de didactique générale, connaissent. Effectivement, la relation maître-élèves a fait l'objet de travaux innombrables depuis plusieurs décennies. On tend aujourd'hui à adopter une ligne de conduite qui se situe dans une perspective d'interaction, d'échange, de synergie, pour reprendre un mot à la mode. Entre le maître-camarade et le maître absolu, entre la nonintervention et la modification des comportements sous toutes ses formes, n'y aurait-il pas une place pour des positions plus nuancées ? C'est du moins la question que se posent plusieurs observateurs qui se demandent à juste titre comment il peut être possible de combiner une approche axée sur l'efficacité, l'obligation des résultats (comme le préconise l'APC) et une approche qui se dit humaniste et respectueuse du rythme de développement de chacun des élèves.

Figure 4: le triangle pédagogique

Savoir

Enseigner Apprendre

Enseignant Apprenant

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Former

2.2.10 Conception de l'apprentissage et de son évaluation

2.2.11 Conception de l'apprentissage

L'élève, selon l'APC, est invité non pas à acquérir des connaissances, comme cela se faisait au temps des programmes d'études établis à partir d'objectifs, mais bien à développer des compétences attendues. La différence est loin d'être évidente. Dans les deux cas, on se retrouve en présence de listes d'actions à accomplir qui sont, comme on le sait, établies par des experts ; dans les deux cas, apprendre, c'est se comporter en tenant compte de comportements, de compétences attendues, donc de visées établies à l'avance par des tiers. Qui plus est, les élèves doivent savoir à quoi sert telle ou telle notion et comment ils pourront effectuer son transfert dans un autre champ selon le principe de la transversalité également imposé par les réformateurs. Il n'est plus question d'apprendre pour le simple plaisir de savoir ! Apprendre, dans une telle perspective, c'est être en mesure de puiser dans un stock de compétences établies à partir de conditionnements antérieurs.

2.2.11.1 Conception de l'évaluation

Le problème de l'évaluation dans la perspective de l'APC est particulièrement complexe. Le paradoxe qui marque les réformes de l'éducation apparaît ici de façon évidente : comment répondre à des compétences attendues d'une part et procéder à l'acquisition de connaissances selon une perspective constructiviste ? La plupart des systèmes éducatifs qui

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optent pour l'APC ont fini par imposer des examens à la fin de chaque cycle de l'école primaire et conserver les épreuves qui ponctuent la fin du cours secondaire, etc. Il y a là un paradoxe que certains observateurs n'ont pas manqué de souligner à juste titre. Les enseignants, pour leur part, en sont venus à jouer sur les deux plans : d'une part, une pédagogie souple liée à l'autoévaluation par le truchement de portfolios et, de l'autre, un « bachotage » dans le but de préparer leurs élèves aux examens officiels.

Le système de la notation

Le système de notation des élèves dans cette approche va aussi changer. Il y aura toujours des notes, mais le système d'évaluation sera basé sur la situation exacte des lacunes dans chaque matière en vue de les pallier. « Le système d'évaluation va passer d'une évaluation globale, notes et observations, à celle de la définition exacte des lacunes dans chaque matière en vue de faciliter leur traitement et leur assurer un soutien scolaire », a expliqué le ministre de l'éducation algérien (« Les enseignements de seconde génération », 2016). Le secteur de l'éducation absorbe 4% du PIB par an, alors que le taux de réussite est très insuffisant. En effet, sur 100 élèves qui entrent à la première année primaire, seuls quatre obtiennent le bac sans redoublement et 32% abandonnent l'école avant l'âge de 16ans. Il s'agira surtout, de cerner les facultés de l'élève afin de déterminer son profil par anticipation et à travers une évaluation périodique à chaque fin de palier (primaire, moyen et secondaire), le but d'une telle démarche étant d'appréhender son avenir professionnel.

Le programme de seconde génération est fondé sur le principe de « l'approche globale » qui permet d'évoquer le même sujet à travers différentes matières, scientifiques et littéraires, en fonction des spécificités de chacune. Afin de concrétiser cette approche sur le terrain, un travail commun doit être fait par les enseignants dans le cadre d'un « conseil de classe » au sein des établissements scolaires pour préparer les leçons et trouver des solutions aux problématiques qui peuvent être posées. Dans ce nouveau concept, l'évaluation n'est plus un outil de sanction mais un moyen de comprendre les défaillances que l'élève présente.

2.2.11.2 Les curricula de formation

Selon l'Approche Par Compétences (APC), la notion du programme scolaire a cédé la place à celle de curriculum qui désigne la conception, l'organisation et la programmation des activités de l'enseignement-apprentissage selon un parcours éducatif bien déterminé. Dans l'APC, le curriculum prescrit le parcours de formation pour l'apprenant et propose, donc, une vision plus complète qu'un programme scolaire. En effet, le curriculum d'un apprenant

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détermine le profil d'homme à former durant un cycle d'études suivant des compétences bien définies afin de lui faciliter l'accès au monde du travail, et l'aider à s'adapter aux progrès scientifique et socio-économique. Le curriculum comprend des indications non seulement sur les profils d'entrées et des sorties des apprenants, mais aussi sur les méthodes pédagogiques, sur les modalités d'évaluation et sur les supports didactiques, affichant ainsi son ambition de couvrir plusieurs dimensions du système éducatif, et de les mettre en cohérence pour atteindre les finalités que le système s'est fixées. Enfin, le »curriculum» met davantage l'accent sur le processus et sur les besoins, plutôt que sur les contenus.

Un curriculum devra comprendre les finalités du cursus, qui sont : l'Objectif

Terminal d'Intégration (OTI), ou la une macro compétence qui reprend les principaux acquis d'une année ou d'un cycle donné ; les Objectifs Intermédiaires d'Intégration (OII) que sont

les objectifs définis pour chaque niveau d'études ; les Compétences de Base (CB), des
prérequis qui permettent à l'apprenant d'affronter avec succès les apprentissages ultérieurs ; Les Objectifs Spécifiques (OS) qui se rapportent à la matière devant être enseignée ; Les Objectifs Opérationnels (OO) ou les comportements que l'on attend d'un apprenant à l'issue d'une leçon ou une séquence de formation ; les contenus-matières qui comprend les points

essentiels, susceptibles d'éclairer l'enseignant de la matière à enseigner ou à prévoir ; les
méthodes et techniques présentées sous forme des directives ou des indications

méthodologiques dont l'enseignant doit s'inspirer pour ses leçons ; la grille horaire (gestion
du temps) qui permet de déterminer le nombre d'heures par semaine pour chaque discipline ou sous-discipline ; les travaux pratiques appropriés à chaque branche technique; les moyens d'évaluation qui sont des situations d'intégration des acquis ; le programme devrait préciser qui évalue et pour prendre quelle décision, et aussi quand et selon quelles modalités doit avoir lieu l'évaluation ; les ressources : ce sont les matériels et les produits à utiliser pour l'enseignement mais aussi des documents, des enregistrements, des sites à visiter, etc. La pédagogie de l'intégration est surtout caractérisée par la cohérence systémique, c'est-à- dire partant des objectifs généraux jusqu'aux contenus-matières, tous les éléments sont cohérents, tel que le montre le schéma de »l'arbre d'intégration» proposé par ROEGIERS (2000).

Figure 5:exemple de schématisation de l'arbre d'intégration par niveau scolaire

O.I.T CB1

OS1

OOContenu

OS2 OO-Contenu

OS3

OO-Contenu

OO- Contenu

OO-Contenu

OO-Contenu

OO-Contenu

OO-Contenu

OO-Contenu

O.I.I

CB2

CB3

OS1

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OS2

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OO-Contenu OO-Contenu OO-Contenu OO-Contenu OO-Contenu OO-Contenu

OO-Contenu OO-Contenu OO-Contenu

OO-ConteOO-

nuOO-Contenu Contenu OO-ConteOO-

nuOO-Contenu Contenu OO-Contenu OO-ConteOO-

nu

Contenu

37

Ou

Selon l'approche par compétences, les apprentissages sont organisés à partir d'une macro compétence qui décrit les acquis envisagés. L'Objectif Terminal d'Intégration (OTI) est une macro compétence qui reprend les principaux acquis d'un cycle donné. Les Objectifs Intermédiaires d'Intégration (OII) sont les objectifs définis pour chaque niveau d'études. L'OTI ou l'OII ne peut qu'être maîtrisée après avoir atteint certaines Compétences de Base (CB), c'est-à- dire, certains minima des prérequis nécessaires comme base pour l'assimilation des apprentissages. La matière devant être enseignée pour arriver à une compétence de base est formulée dans les Objectifs Spécifiques (OS). Finalement les comportements que l'on attend d'un apprenant à l'issue d'une leçon ou une séquence de formation sont décrits par les Objectifs Opérationnels (OO), ceux-ci à leur tour sont accompagnés par les nécessaires Contenus-Matières, qui constituent l'ensemble les notes de cours mises à la disposition de l'apprenant.

Exemple : - OTI : A la fin des humanités, le technicien agronome du niveau A2 doit être capable d'encadrer les paysans dans l'identification et la résolution des situations problèmes relatives à la production agricole, de gérer l'environnement afin de lutter contre la pauvreté et d'assurer un développement intégral durable.

- OII : A l'issue de la 3ème année, l'élève sera capable de : conduire et aménager une pépinière

;

- CB : Assurer la conduite d'une pépinière ; Réaliser la multiplication des plantes cultivées, Utiliser rationnellement l'outillage aratoire

- OS : Préparer les sols, définir l'assolement, préparer les semences.

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- OO : A la fin de la leçon, l'apprenant sera capable de :

1. Citer, en deux minutes, l'outillage à utiliser pour la préparation du sol ;

2. Décrire correctement le procédé de préparation d'une pépinière ;

3. Ordonner chronologiquement les étapes de préparation d'une pépinière (Ir. Denis-Didier MUNANGI MPUNG, Inspecteur Principal, IGE / EPSP Idrissa ASSUMANI ZABO, Professeur à l'U.P.N. Robert LOLEKONDA KALONDA, DEA en Didactique de Biologie, 2009).

2.2.12 L'avènement des TICE dans le système éducatif Contexte d'intégration des TICE en éducation

Lancé en Tunis en 2011, le forum ministériel sur l'intégration des TIC dans l'éduction en Afrique est un mécanisme régional de dialogue au niveau politique créé par l'association pour le développement de l'éducation en Afrique (ADEA), le groupe de la banque de développement (BAD), l'organisation des nations unis pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) et leurs partenaires.

L'objectif du forum est de permettre aux Etats partenaires de tirer profit du potentiel des TIC dans l'enseignement pour favoriser l'émergence d'une éducation en Afrique inclusive, de qualité et équitable et de promouvoir un apprentissage pour tous tout au long de la vie.

Organisé à Abidjan du 7 au 9 juin 2016, cette rencontre a réuni les décideurs politiques, des experts des universités, des instituts de recherches des partenaires au développement et des entreprises du secteur des TIC. Ces différents acteurs ont participé à diverses tables rondes pour réfléchir et partager des connaissances sur la meilleure manière d'intégrer les TIC plus efficacement pour assurer le développement d'une éducation africaine de qualité. Cette rencontre vise principalement à trouver des solutions pour :

- Fournir un accès universel à une éducation de qualité et développer des possibilités pour un apprentissage tout au long de la vie à tous les africains.

- Outiller les apprenants en compétence pour leur permettre de devenir les acteurs de la société du savoir.

- Promouvoir par l'éducation une culture d'alphabétisation numérique et de la créativité pour permettre à l'Afrique de renforcer les capacités d'innovation de l'industrie des TIC.

En ce sens, le forum doit permettre de mettre en place un cadre propice à la génération des partenariats et à la mise en oeuvre des projets qui devaient bénéficier de l'appui des différents

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acteurs et parties prenantes concernées par l'amélioration de la qualité de l'éducation en Afrique.

2.2.13 Usage des TIC en éducation

Dans le cadre de la sixième conférence internationale sur les TIC dans l'éducation, qui s'est tenue du 20 au 22 mai à Addis-Abeba, un rapport sur l'usage des TIC en Afrique a été présenté par Elletson et Annika Burgess.

Selon les auteurs, les enseignants en Afrique se montrent encore réticents à l'utilisation des technologies de l'information et de la communication dans l'éducation, alors même qu'ils considèrent les nouveaux outils pédagogiques comme essentiels à l'amélioration de la qualité de l'enseignement.

Malgré, le rôle essentiel que jouent les TIC dans l'éducation, de nombreuses écoles, universités, établissements et agences gouvernementales ne sont pas encore suffisamment sensibilisées aux avantages qu'elles apportent. Ce constat révèle même un paradoxe, alors que des engagements, des déclarations, des initiatives pilotes sont quotidiennement mise en avant un peu partout sur le continent.

Ainsi, un échantillon de 1500 professionnels africains de l'éducation sondés, 57% estiment que les enseignants de leurs pays ne sont pas suffisamment informés des avantages de l'utilisation des TIC dans l'enseignement. Les auteurs du rapport identifient ainsi un certain nombre d'obstacles liés notamment au cout des services et des équipements, au manque d'infrastructure et à l'absence de sensibilisation sur les bonnes pratiques et les meilleurs usages en matière de TICE.

2.2.14 L'éducation à la citoyenneté

La question de la diversité culturelle et religieuse est devenue, en cette fin de millénaire, un enjeu majeur dans un grand nombre de sociétés du monde. C'est maintenant une thématique omniprésente, les sciences humaines et sociales et les publications sur le sujet ont littéralement explosé au cours des dernières décades. Ces développements ont bien sûr eu un impact sur l'éducation. On a vu apparaître plusieurs mouvements éducatifs visant à promouvoir une plus grande ouverture à la diversité culturelle et religieuse et à lutter contre la discrimination et le racisme : l'éducation multiculturelle/interculturelle, l'éducation anti- raciste, l'éducation au développement, l'éducation dans une perspective mondiale (global éducation), l'éducation à la paix, l'éducation bilingue, l'éducation à la démocratie, l'éducation à la citoyenneté. L'Éducation Civique est définie comme un ensemble de connaissances, de compétences, de

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savoirs et de valeurs à transmettre, mais aussi de pratiques et de comportements à adopter en société par des citoyens. Elle permet une meilleure connaissance de l'environnement, la formation aux règles de la vie en société et la maîtrise par le citoyen de ses droits et devoirs.

Enfin, l'éducation civique, en tant que processus continu, permet à l'individu de développer des valeurs indispensables à l'exercice de la citoyenneté. Grâce à l'appropriation et à l'application de ces valeurs, il peut ainsi passer du statut d'individu à celui de citoyen (personne qui jouit de ses droits politiques et s'acquitte de ses devoirs envers sa patrie et exerce librement sa citoyenneté dans un Etat de droit) (Cameroun, 2013).

2.2.14.1 L'éducation à la citoyenneté : diversité des conceptions

Les développements récents de la réflexion théorique sur l'éducation interculturelle tendent depuis une dizaine d'années à articuler étroite- ment celle-ci à l'éducation à la citoyenneté. La plupart des auteurs s'entendent pour attribuer à l'école une responsabilité dans la formation des citoyens, dans une société démocratique marquée par le pluralisme (Fernand OUELLET, 2002). Certains vont même jusqu'à préciser les principaux axes de son intervention. Ainsi, Michel Pagé propose cinq « dispositions que l'on pour- rait considérer comme des éléments du code de vie du citoyen d'une société pluraliste » : la modération dans l'affirmation de son identité sociale, l'acceptation de la tension entre les forces d'unité et de diversité dans l'identité nationale, le sens politique de la participation à la vie des institutions, l'habileté à juger les dirigeants politiques en collaboration avec d'autres, la sensibilité aux intérêts généraux de la société (PAGÉ (M.), 1996).

Ce sont là des propositions intéressantes qui méritent d'être examinées de près, mais les discussions qui précèdent permettent d'anticiper le fait que l'on aura une interprétation tout à fait différente de chacune de ces dispositions selon que l'on se situe dans l'une ou l'autre des nombreuses traditions politiques qui proposent une vision globale de la société et de la citoyenneté. Kymlicka identifie huit écoles de pensée qui proposent des conceptions souvent très différentes de la citoyenneté : 1. la Nouvelle Droite, qui remet en cause les acquis sociaux de l'État- providence qui serait responsable de la passivité des citoyens et insiste sur la « citoyenneté responsable » et sur l'autosuffisance économique ;

2. la Nouvelle Gauche ;

3. les théoriciens de la société civile, qui insistent sur l'importance de l'action volontaire dans divers groupes et associations ;

4.

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les féministes, qui soulignent la nécessité de lever les obstacles structuraux à la participation politique ;

5. les théoriciens de la vertu libérale, qui insistent sur la délibération démocratique et la raison publique ;

6. les républicains civiques, qui mettent l'accent sur la participation à la vie politique ;

7. L'individualisme libéral ;

8. le pluralisme culturel.

Il en mentionne une neuvième, le « communautarisme conservateur » dont il décrit ainsi les principales caractéristiques : selon cette opinion, l'État devrait favoriser activement l'assimilation au mode de vie traditionnel de la collectivité. L'État ne devrait pas appuyer politiquement les identités de groupes non traditionnels en fait, il devrait même décourager les tentatives individuelles de maintenir la différence d'un groupe. Être véritablement membre de la collectivité présuppose l'acceptation de valeurs partagées qui découlent des traditions historiques de la collectivité (KYMLICKA (W.), 1992, p. 59).

Ce modèle se rapproche de ce que (SCHNAPPER (D.), 1991) appelle le « nationalisme ethnique ». Un dixième modèle, qui représente un mélange original des visions libérale et pluraliste, est celui de l'« intégration pluraliste » développé par (SPINNER (J.), 1994). Cet auteur propose un élargissement de la notion de citoyenneté pour qu'elle devienne inclusive pour des groupes traditionnellement exclus. Il souligne d'une manière nuancée les transformations inévitables de l'ethnicité qu'entraînent l'acceptation des « exigences de la citoyenneté libérale » et la participation politique. On aura une conception très différente de l'éducation à la citoyenneté selon que l'on se situe dans l'un ou l'autre de ces courants de pensée. Cette pluralité de visions de la citoyenneté colore également la nature des dispositions et vertus qu'elle devrait chercher à développer et des moyens que devrait prendre l'école pour la mettre en place.

Par exemple, (LAMOUREUX (D.), 1996) explicite la conception des droits et « vertus civiques » de trois grandes traditions politiques : la tradition libérale, la tradition républicaine et la tradition « participationniste ». La tradition libérale insiste surtout sur les droits civils qui visent à protéger les individus les uns des autres et des intrusions de l'État dans la sphère privée. Les droits sociaux ont été acceptés sur une base pragmatique, pour empêcher l'instabilité sociale. Voici comment l'auteur décrit les vertus civiques que demande une telle conception du droit : Sur le plan personnel, ce qui est valorisé, c'est l'obéissance à la loi et la loyauté, à savoir

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le respect des engagements et de la parole donnée. Sur le plan social, l'accent est mis sur l'indépendance, entendue fondamentalement comme la capacité de se suffire à soi-même et de limiter ses désirs, et sur l'ouverture d'esprit nécessaire à la tolérance. Sur le plan économique, on insiste sur l'éthique du travail, sur la capacité de reporter les gratifications, sur l'adaptabilité aux changements économiques et technologiques, bref, sur tout ce qui permet de subvenir soi-même à la satisfaction de ses besoins matériels. Si la tradition libérale valorise la capacité des individus à s'organiser une vie personnelle bien rangée et à vivre essentiellement dans la sphère privée, elle est très peu exigeante en ce qui concerne l'implication dans la vie politique ou collective. Dans ce domaine, l'individu idéal de la pensée libérale doit beaucoup plus s'abstenir qu'agir, puisqu'il est fondamentalement question du respect des autres, du respect des institutions, de modération dans ses exigences et dans l'expression de ses opinions (LAMOUREUX (D.), 1996, p. 15).

Dans la tradition républicaine, ce n'est pas le marché qui assure la régulation sociale, mais l'État « qui devient en quelque sorte producteur de sens » par l'intermédiaire de l'école et de l'armée : L'école a pour fonction de donner des valeurs et des référents communs aux individus, alors que l'armée concrétise l'idée de nation en unissant les individus dans un projet de défense de l'État et de sa souveraineté (ibid.).

Cette tradition véhicule une conception de la nation civique dont la base est territoriale et non ethnique, et elle met surtout l'accent sur les droits politiques. Elle n'a pas les réticences du libéralisme par rapport aux droits sociaux qui lui apparaissent comme un moyen de renforcer la cohésion sociale. Elle est beaucoup moins méfiante que le libéralisme par rapport à la bureaucratie étatique. Même s'il ne subordonne pas complètement l'individu à la société, comme dans le républicanisme antique, le républicanisme moderne « reste imprégné de la notion de volonté générale qui devrait modeler les comportements individuels ». À cette conception des droits correspond une vision des vertus civiques qui s'éloigne du modèle libéral : Sur le plan personnel, la tradition républicaine privilégie elle aussi l'obéissance à la loi et la loyauté, entendue non seulement comme respect des engagements personnels mais également comme amour du pays, en plus de valoriser la sociabilité.

Sur le plan social, l'indépendance républicaine exclut l'égoïsme, et la tolérance qu'elle prêche n'implique aucune distance par rapport à la différence, mais plutôt la volonté de se l'assimiler, c'est-à- dire de s'ouvrir dans la mesure où cela force l'autre à s'intégrer. Sur le plan économique, il y a également insistance sur l'éthique du travail et la fidélité à l'entreprise, mais ce qui est surtout valorisé, c'est la solidarité. Dans cette optique, la tradition républicaine est

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plus exigeante que la tradition libérale sur le plan politique ; celui-ci n'est plus défini sur un mode essentiellement négatif, puisque, dans l'optique républicaine, le politique est le lieu de la « communion civique ». À ce titre, le service militaire, le patriotisme pouvant aller jus- qu'au chauvinisme national, le respect de l'État et l'implication dans un parti politique sont des comportements valorisés, quand ce n'est pas carrément imposé par la Loi. La tradition républicaine demande aux citoyennes et aux citoyens non seulement d'avoir une vie privée bien réglée, mais également de se plier à certains rituels civiques afin de manifester ouvertement et de réitérer leur sentiment d'appartenance à une collectivité politique spécifique (ibid.).

La troisième tradition politique identifiée par Lamoureux, la tradition « participationniste », préconise une citoyenneté active. Elle met l'accent sur les droits sociaux, « c'est-à-dire sur une justice distributive qui devrait permettre à toutes et à tous de pouvoir satisfaire leurs besoins élémentaires ». Le rôle de l'État est de protéger ces droits, mais il doit laisser la place à la société civile lorsqu'il s'agit de définir la vie des collectivités. C'est par le biais de ses appartenances « communautaires » que l'individu s'insère dans la collectivité nationale. Cette tradition véhicule une vision des vertus civiques très différentes de celle du libéralisme et du républicanisme moderne : Sur le plan social, ce qui est valorisé, c'est la solidarité, l'appartenance et la disponibilité. Sur le plan économique, l'accent est mis essentiellement sur le partage et sur l'enracinement.

Bref, alors que dans les autres traditions l'individuation se mesure essentiellement à l'aune de la capacité de se suffire à soi-même, dans la tradition participationniste, l'individuation passe par la capacité de contribuer de façon originale à la vie sociale. Sur le plan politique, le modèle participationniste est nettement le plus exigeant. Il s'agit en effet pour les citoyennes et les citoyens, non seulement d'adhérer aux institutions, mais de leur insuffler du mouvement. À cet égard, on valorise l'implication directe dans les milieux de vie et de travail, la capacité de cri- tique, de contestation et de mobilisation, la vigilance par rapport au pouvoir et à l'autorité (ibid, p. 16).

Il est évident que l'on aura une conception très différente de l'éducation à la citoyenneté selon que l'on adhère à l'un ou l'autre de ces courants de pensée politique. Lamoureux ne croit pas qu'il faille choisir l'une ou l'autre de ces traditions qui ont chacune leurs avantages et leurs inconvénients. Elle suggère plutôt un bricolage qui emprunte des éléments de ces trois traditions (4). Cette typologie, plus simple que celle de Kymlicka, peut nous aider à voir un peu plus clair dans l'enchevêtrement des différentes positions qui structure les débats contemporains sur l'éducation à la citoyenneté. Toutefois, l'analyse de Lamoureux laisse dans l'ombre un courant

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qui a pris une importance grandissante dans les débats récents sur l'éducation à la citoyenneté : le courant de la démocratie délibérative, dans lequel (HABERMAS (J.), 1995) a eu une influence déterminante (DUHAMEL (A.), WEINSTOCK (D.) et TREMBLAY (L. B.), 2001, 2001; LEFRANÇOIS (D.), 2001; POURTOIS (H.), 1993). De plus, sa discussion ne reflète pas la diversité des positions au sein de la tradition libérale elle-même. En effet, la possibilité de faire une place aux revendications sociales, ethniques ou nationales de groupes particuliers au sein des démocraties libérales soulève des débats importants parmi les libéraux. Plusieurs craignent que cela puisse mettre en péril la stabilité de l'ensemble poli- tique.

Il existe également chez les libéraux un débat sur les finalités de l'éducation civique qui s'est polarisé récemment en une opposition entre le libéralisme politique et le libéralisme intégral (compréhensive). D'après les tenants du libéralisme politique (GALSTON (W. A.), 1991 ; MACEDO (S.), 1995 ; RAWLS (J.), 1993), l'éducation civique proposée le libéralisme intégral tel que défini par Kant et Mill est intrinsèquement hostile à la diversité culturelle et religieuse parce qu'elle enseigne des valeurs spécifiques, l'autonomie et l'indépendance des individus, qui ne laissent pas de place à la diversité sociale. Le libéralisme politique ne présenterait pas ces inconvénients, parce qu'il ne repose pas sur une conception particulière de la bonne vie mais sur des principes politiques qui per- mettent à diverses conceptions de la bonne vie de s'épanouir. (GUTMANN (A.), 1995) Gutmann n'est pas du tout convaincue de cette supériorité intrinsèque du libéralisme politique face à la diversité culturelle et sociale. Parce que les tenants du libéralisme politique ne se contentent généralement pas, comme le fait Galston, d'enseigner aux enfants la tolérance et le maintien de l'ordre public (5), mais insistent sur l'enseignement du « respect mutuel » et d'un « sens de l'équité », il y a peu de différence en pratique entre les deux formes de libéralisme.

Gutmann croit qu'il est impossible d'enseigner aux enfants le respect mutuel sans leur enseigner en même temps les valeurs de l'individualité et de l'autonomie. Il n'est donc pas possible selon elle d'enseigner les vertus démocratiques libérales « sans demander aux enfants de réfléchir sur des perspectives politiques antagonistes, qui sont souvent associées avec des modes de vie différents, mais une telle réflexion n'implique pas un scepticisme moral ou métaphysique ». (PAGÉ (M.), 2001) a proposé récemment une typologie plus complète que celle de Lamoureux. Il distingue quatre conceptions dans la pensée des théoriciens qui décrivent la citoyenneté vécue par les citoyens des démocraties d'aujourd'hui :

1)

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la conception libérale, qui met l'emphase sur les droits qui protègent la liberté des citoyens d'investir dans leur épanouissement personnel, familial, professionnel, sans trop se soucier de la participation civique, sauf lorsque ces droits sont menacés ;

2) la conception délibérative pluraliste, qui insiste sur la participation à la délibération de la communauté politique, seule garantie que les décisions prises en vue du bien commun soient des compromis acceptables par toute la diversité des citoyens ;

3) la citoyenneté civile différenciée, qui met aussi l'emphase sur la participation, mais à l'échelle de la société civile seulement, où les citoyens estiment pouvoir plus sûrement contribuer à la création de biens communs qui satisfont les espérances convergentes des communautés ou des groupes restreints auxquels ils appartiennent ;

4) la conception nationale unitaire, qui favorise davantage l'épanouissement d'une identité collective forte qui constitue la base de la cohésion de la société, dans le respect des droits des citoyens. Selon Pagé, il n'est pas possible pour le chercheur d'opter pour l'une ou l'autre de ces quatre conceptions théoriques de la citoyenneté, car elles sont toutes « légitimes en regard de la norme fondamentale de l'égalité intégrale de tous les citoyens dans une société démocratique » (p. 50). On est en présence d'une « diversité de formules de citoyenneté qui devraient être étudiées dans l'éducation à la citoyenneté comme autant de manières légitimes de vivre la citoyenneté » (p. 10). Et c'est par la recherche empirique que l'on pourra déterminer quelle est celle qui rallie davantage l'adhésion des citoyens. Le développement d'un programme d'éducation à la citoyenneté sup- pose qu'on tienne compte de la diversité des conceptions de la citoyenneté qui coexistent légitimement dans la société.

Toutefois, cette diversité peut parfois rendre difficile l'accord sur les finalités de ce programme. Le défi que représente la conciliation des trois préoccupations/valeurs au centre de tout programme d'éducation interculturelle, l'ouverture à la diversité, la cohésion sociale et l'égalité se retrouve également. Dans toute initiative de ce genre. La cohésion sociale sera sans doute une préoccupation plus centrale dans l'éducation à la citoyenneté qu'elle ne l'était dans les divers projets d'éducation interculturelle. Cependant, aucun pro- gramme d'éducation à la citoyenneté ne peut ignorer la nécessité pour les sociétés démocratiques de faire à la préoccupation d'ouverture à la diversité une place plus grande que par le passé. De plus, un programme d'éducation à la citoyenneté ne serait pas viable s'il n'accordait pas une place centrale à la problématique de l'égalité et de l'équité.

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2.2.15 L'intégration nationale

L'intégration nationale est la manifestation d'une vie d'ensemble conforme au devoir et à la conscience morale. Elle est également comprise comme la manifestation qui s'exprime dans les rapports interindividuels et les agissements des personnes. En substance, l'intégration nationale vise à former des citoyens enracinés dans leur culture, respectueux de l'intérêt général, du bien commun, de l'éthique et des valeurs démocratiques, soucieux du vivre ensemble harmonieux et ouverts au monde (MINEJEC CAB, 2015).

2.2.15.1 Les différents modèles d'intégration nationale

Les diverses conceptions de l'intégration ont donné lieu à trois grands modèles d'intégration nationale : le modèle républicain, le modèle ethnique et le modèle communautaire ou multiculturel.

2.2.15.2 Le modèle républicain d'intégration nationale

Encore appelé modèle politique, la France en est l'exemple type. Il est fondé sur le modèle assimilationniste, où la nationalité-citoyenneté se fonde sur l'adhésion individuelle au contrat social (droit du sol ou jus soli). Les identités ethniques ou religieuses sont gommées ou refoulées dans la sphère du privé, c'est ce modèle qui explique la politique de la laïcité, laquelle participe du fait que le lien social national doit transcender les liens sociaux primaires et dépasser tous les particularismes originels. (Ernest RENAN, s. d.), définit celle-ci comme un vouloir-vivre-ensemble, c'est- à-dire une communauté d'individus qui, quelles que soient leurs origines culturelles ou ethniques, ont cette envie de faire partie d'une même entité. Le modèle ethnique C'était le modèle en Allemagne jusqu'en 1999 où la nationalité repose sur la filiation (droit du sang- jus sanguinis), la culture, la langue, la religion. Selon Fichte, la nation est un peuple issu de la même origine et qui a en partage la même race, la même culture, la même religion, la même langue, la même histoire, etc. L'idée allemande de nation n'est donc pas politique, mais renvoie à une conception généalogique de la communauté nationale, selon laquelle la nation allemande est composée de tous ceux qui ont du sang allemand. Si la modification constitutionnelle de 1999 consacre désormais le droit du sol, elle ne fait pas encore l'unanimité.

2.2.15.3 Le modèle communautaire ou multiculturel

Ce modèle renvoie à trois registres qui, dans la pratique, ont tendance à se recouper, voire se confondre ; le registre sociologique, qui constate l'existence de demandes et

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d'affirmations identitaires, (cas du Canada depuis la fin des années 1960) ; le registre de la philosophie politique et de l'éthique, qui a surtout cours dans le monde Anglo-saxon et chez les Néerlandais, avec des débats opposant les « communautarians », favorables à une reconnaissance des particularismes culturels et des minorités comme acteurs politiques, et les « liberals », qui s'y opposent ; le registre politique, qui s'efforce d'inscrire dans la loi fondamentale la reconnaissance des particularismes culturels (cas d'Israël où le gouvernement actuel veut inscrire dans la Constitution qu'Israël est l'Etat juif). Dans ce modèle, les minorités sont reconnues comme des acteurs politiques et leurs droits culturels sont garantis. Les communautés peuvent se développer de façon séparée et autonome au sein d'un grand ensemble. Au terme de cette revue, l'intégration nationale apparaît comme une construction, jamais achevée, d'une identité nationale résultant d'une double démarche destinée, d'une part, à rassembler en un tout cohérent, la nation, les diverses entités infranationales qui la composent, tout en préservant les caractéristiques spécifiques ; c'est l'intégration à la collectivité ou intégration tropique, d'autre part, à organiser l'entité nationale afin d'en rationnaliser les mécanismes intrinsèques de fonctionnement : c'est l'intégration de la collectivité ou intégration systémique.

L'intégration se présente à la fois comme le résultat recherché ou proclamé des politiques publiques et comme processus social susceptible, comme tout processus, d'avancées différentes selon les domaines, mais aussi de décalages, de retournements, de contre-tendances ou de pistes nouvelles et inédites. C'est donc un processus qui n'est ni itératif, ni cyclique, mais essentiellement progressif et ouvert. Pour Durkheim, selon que l'on se trouve dans des sociétés traditionnelles ou modernes, l'on observera la prééminence de solidarités de type mécanique ou organique, même si cette césure n'est pas toujours aussi nette et que subsiste un peu de l'une ou de l'autre. Les différentes écoles ont permis de faire le constat du caractère polysémique de la notion d'intégration nationale et de passer en revue les différentes applications, selon que l'accent est mis sur le droit du sol ou sur le droit du sang ou encore sur une prise en compte plus ou moins poussée des particularismes et identités infranationales.

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