3.2.5.3. Causalités entreles variables de transmission
de la politique monétaire et la croissance économique
La compréhension des canaux de transmission de la
politique monétaire est donc, un préalable pour la conduite de la
politique monétaire efficiente. Pour que la politique monétaire
de la Banque Centrale du Congo soit un succès, les autorités
monétaires doivent pouvoir évaluer précisément le
rythme et l'incidence de leurs actions sur l'économie, ce qui suppose
une compréhension des mécanismes sur lesquels la politique
monétaire affecte le secteur réel. Certes, pour analyser
l'efficacité de la politique monétaire en RDC, nous devons
évaluer les liens de causalité entre les variables de
transmission de la politique monétaire et le Produit intérieur
brut réel.
Le tableau 3.5 ci-après nous donne les
différents tests de causalité au sens de Granger entre le taux de
croissance économique et les variables de transmission de la politique
monétaire en RDC :
Tableau 3.5.Tests de
causalité au sens de Granger entre le taux de croissance
économique (variable- objectif) et les variables de transmission de la
politique monétaire
Variables de transmission de la politique
monétaire
|
Retard optimal du taux de croissance
économique
|
Retard optimal des variables de transmission de la
politique monétaire
|
Les variables de transmission de la politique
monétaire causent le taux de croissance économique
|
Le taux de croissance économique cause les
variables de transmission de la politique monétaire
|
Probabilité associée à la
statistique de F deFisher
|
Décision
|
Probabilité associée à la
statistique de F deFisher
|
Décision
|
TM
|
|
0
|
0,6112
|
Non
|
0,0049
|
Oui
|
TDI
|
0
|
0
|
0,6158
|
Non
|
0,0202
|
Oui
|
TTC
|
|
0
|
0,1264
|
Non
|
0,0185
|
Oui
|
Source : Elaboré par l'auteur
à l'aide du logiciel Eviews 7.
Dans ce tableau, la première colonne représente
les variables de transmission de la politique monétaire, la
deuxième colonne rapporte le retard optimal du taux de croissance
économique. Dans la troisième colonne, nous rapportons le retard
optimal des variables de transmission de la politique monétaire. La
quatrième colonne expose les résultats des tests de
causalité en considérant la variable taux de croissance
économique comme variable expliquée (modèle 1) ainsi que
la décision de causalité obtenue. La cinquième colonne
affiche les mêmes résultats en prenant à chaque fois les
variables de transmission de la politique monétaire comme variable
expliquée (modèle 2).
Les différents tests de causalité au sens de
Granger du tableau 6 nous renseignent au seuil de signification de
5% que :
E Le taux de croissance de la masse monétaire
ne cause pas le taux de croissance économique, mais ce dernier cause le
taux de croissance de la masse monétaire.
L'agrégat monétaire permet de prendre en
compte le canal IS-LM traditionnel ou la monnaie en déséquilibre.
Pour ce dernier, l'offre de monnaie peut différer de la demande à
court terme, la différence entre les deux est susceptible d'affecter le
sentier de dynamique du PIB réel et des prix. Les résultats de
notre étude montrent quela variation de l'offre de monnaie n'a pas
affecté la croissance économique en RDC pendant la période
sous revue.Mais les autorités monétaires font varier la masse
monétaire en fonction de l'évolution de l'activité
économique passée.
E Le taux directeur ne cause pas le taux de croissance
économique, mais ce dernier cause le taux de directeur.
Dans le contexte de la libéralisation
financière, la politique monétaire s'appuie essentiellement sur
les taux d'intérêts directeurs des banques. La transmission des
impulsions monétaires par le canal de taux d'intérêt est la
suivante : une baisse des taux d'intérêts directeur de la Banque
Centrale engendre une hausse de l'offre de monnaie, ce qui crée un
déséquilibre sur le marché de la monnaie, toutes choses
égales par ailleurs. Ce déséquilibre engendre une
expansion temporaire du revenu réel, issue de la hausse des
dépenses réelles de consommation et d'investissement,
consécutive à la hausse des crédits domestiques.
Les résultats des tests de causalité
montrent que la croissance économique n'est pas causée par le
taux directeur en RDC. Ainsi, la dollarisation de l'économie et le
problème de désintermédiation financière que
traverse la RD Congo depuis des nombreuses années limite les efforts
fournis par les autorités monétaires pour influer sur
l'activité économique et fait de sorte que l'utilisation du canal
de taux d'intérêt ne respecte pas fidèlement les attentes
théoriques.
E Le taux de dépréciation du taux de
change nominal ne cause pas le taux de croissance économique, mais ce
dernier cause le taux de change nominal.
La théorie économique stipule que le taux de
change a une influence sur la production d'une économie via son impact
sur les exportations nettes. Dans cette optique, la dépréciation
monétaire baisse les prix des produits nationaux par rapport aux prix
des biens étrangers, ce qui occasionne la hausse des exportations nettes
et de la production.
Les résultats de nos estimations indiquent que la
croissance du PIB réel n'est pas causée par la
dépréciation du taux de change nominal. Cela est dû
à l'inefficacité de la dépréciation du taux de
change à améliorer le solde de la balance commerciale ou à
augmenter les exportations nettes en RDC.
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