Problematique de l'efficacite de la politque monétaire dans une économie dollarisée, cas de la RDC de 1988 a 2018par Thomas LOKUNDA ETAMBELA Université de Kinshasa - Licence 2019 |
2.2. Canaux de transmission de la politique monétaire48(*)L'évolution monétaire et financière de la décennie 1990 a profondément influencé le comportement des agents économiques en RDC et, partant, les mécanismes de transmission de la politique monétaire. Elle a également réduit les délais de réaction de certaines variables macroéconomiques aux impulsions monétaires. Pour rappel, au cours de la décennie précitée, la prédominance budgétaire avait continument perturbé la conduite de la politique monétaire laquelle n'était qu'accommodante. Dans un contexte de contraction de l'assiette fiscale et de la base financière de l'Etat, le recours excessif et quasi-permanent par ce dernier aux crédits de la Banque Centrale s'est traduit par une expansion désordonnée des moyens de paiement. Il est vite apparu une complète déconnexion entre la quantité de monnaie en circulation (en constante augmentation) et le rythme de production (en fléchissement continuel). Cette situation a généré l'hyperinflation et accéléré le rythme de dépréciation monétaire. En raison de la volatilité excessive du taux de change et de la dollarisation de l'économie, une déformation sensible du canal de transmission de la politique monétaire s'est opérée, conférant de facto une place charnière au taux de change dans la chaîne de transmission. Avec l'institutionnalisation de la mémoire inflationniste, les agents économiques se réfèrent moins aux mouvements du taux directeur qu'aux fluctuations du taux de change dans leur processus de formulation des anticipations des prix des biens et des services. L'interaction entre volatilité du taux de change et de l'inflation, dans un contexte de dollarisation, a neutralisé deux variables importantes dans le processus de transmission de la politique monétaire, à savoir : le taux directeur et le crédit à l'économie. En dépit du recul significatif de l'inflation depuis 2002, les canaux classiques de la politique monétaire en RDC n'ont toujours pas été restaurés. Trois faits majeurs, conséquences de l'expérience de la décennie 1990, demeurent à la base des distorsions persistances dans le mécanisme de transmission. Ces distorsions rendent malaisée la compréhension des effets des décisions de politique monétaire, en termes d'impact, de délais de réaction et de persistance dans le temps. Il s'agit de : i. l'amplification de la demande des monnaies étrangères - monnaies refuges - et de la dollarisation de l'économie nationale ; ii. l'interaction complexe entre les mouvements du taux de change, ceux des prix à la consommation et des anticipations des agents économiques ; iii. l'influence de la circulation imparfaite de l'information entre les différents marchés, à l'effet d'engendrer des bulles sur le marché des changes avec leur incidence sur les prix à la consommation. S'agissant des délais de réaction, les chocs monétaires se répercutent sur le taux de change dans un horizon temporel allant d'une semaine à un mois. Quant aux prix intérieurs, ils réagissent avec un décalage d'environ deux mois. * 48 Bcc, cadre de référence, op.cit. 82 |
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